Philippe Claudel

tout à fait d'accord.. et surtout je dis toujours - je ne peux pas savoir SI je serais du 'bon' côté - mais j'espère surtout de ne me retrouver jamais dans une situation pour le découvrir

Tu as tout à fait raison, je ne suis pas pressée de le savoir

sentinelle a écrit:

Le rapport de Brodeck

Un grand roman d’un grand auteur.

Oui, un des grands livres de l'année pour moi aussi...
S'il vous plaît Monsieur Claudel...plutôt en Littérature qu'au cinéma...

Un de mes chouchous français J'avais bien aimé son film aussi et là, il travaille pour le théâtre...

Nathria a écrit:

Un de mes chouchous français

Je n'ai pas assez lu de livres de lui pour le dire mais les deux que j'ai lus (La petite fille de Mr Linh et Le rapport de Brodeck) ont été pour moi les deux livres de l'année (06 et O8 ) qui m'ont le plus touchée ...
Un grand auteur pour moi aussi

aériale a écrit:

Nathria a écrit:

Un de mes chouchous français

Je n'ai pas assez lu de livres de lui pour le dire mais les deux que j'ai lus (La petite fille de Mr Linh et Le rapport de Brodeck) ont été pour moi les deux livres de l'année (06 et O8 ) qui m'ont le plus touchée ...
Un grand auteur pour moi aussi

Je suis d'accord avec vous. J'en ai lu 2 : le rapport Brodeck et les âmes grises. Vraiment deux beaux livres.

Le rapport de Brodeck :

Il y a indéniablement un style Claudel qui vous remue les tripes…avec ses personnages témoins plus qu’acteurs. Ce rôle d’observateur passif atteint son apogée avec Brodeck ; d’homme chien pour survivre, il passe à complice, involontaire mais réel, d’un meurtre collectif.

Ce personnage est très ambigu…à la fois d’une résistance inouïe, puisqu’il revient de l’endroit d’où on ne revient pas, et d’une passivité déconcertante. Peut être est-ce ce trait de caractère qui lui a sauvé la vie, peut être est-il revenu des camps avec lui, l’auteur ne se prononce pas mais cet homme, plein de tendresse et de bonté, ne résiste pas (plus ?) au mal.
Ces hommes, pour qui il accepte de rédiger ce fameux rapport n’ont fait, après tout, que de le dénoncer aux troupes d’occupation comme impur ; ils l’ont envoyé à la mort puis, une fois parti, ils ont participé au viol collectif de sa femme ; viol qui a détruit totalement cette femme mais qui a crée un enfant que notre héros adore. Il possède les noms de ceux qui font perdurer l’horreur et qui renouvelleront leurs actes en sa présence et que fait-il ? Rien puis, une fois que le prévisible arrive, il rédige un rapport sur leur demande…Claudel, à travers ses personnages, se complaint dans l’inévitable, dans l’impuissance des hommes à changer, à réagir, à aller à contre-courant…

Le laisser-faire est une forme de complicité ; quand on laisse s’installer l’horreur sans réagir, peut-on dire que l’on n’y est pour rien ?

Claudel rentre de plein fouet dans l’émotionnel pessimiste, avec talent et noirceur.
Un beau livre, qui aurait néanmoins gagné en force avec des personnages plus nuancés, avec des points de résistances plus marquées…l’homme n’est pas qu’un tronc d’arbre qui ballotte au gré du courant, il réagit parfois et pas que stupidement comme l’Anderer mais avec réflexion également…

C'est la première fois que nous avons ce point de vue, sousmarin. Un point de vue qui interpelle enfin; et comme j'ai pris le recul nécessaire depuis ma lecture, je pense que si le lecteur ne se pose pas tout de suite ces questions pourtant fondamentales, c'est qu'il est happé, abasourdi par l'épaisseur de ce texte, sa richesse. L'allégorie est puissamment menée par cette écriture imposante. On en ressort avec émotion mais en perdant peut-être notre objectivité.
Car en effet chez Brodeck, victime et témoin, la douleur ne fait naître aucun acte de résistance, si ce n'est ce texte qu'il nous offre. Plutôt une forme d'abnégation, une sagesse dont on fait bien de douter...
Comment ne pas avoir quitté ce village en emportant sa femme et l'enfant... Est-ce humain de ne pas évoquer le désir de vengeance...
Comment décider de continuer de croiser ces hommes...
Autant de questions que tu fais resurgir. Je n'avais pas mis en parallèle sa passivité avec celle de l'homme-chien... comme si aucun mal à venir ne sera jamais pire que le précédent. S'il ne s'est pas installé ailleurs c'est que sa grand-mère adoptive était trop âgée pour le suivre...
On tourne en rond. Toutes les réponses sont possibles.

ce n'est pas le fil que je suis le plus mais comme vous parlez beaucoup de ce livre ça m'interpelle ! Seulement après la lecture des Ames grises et la lecture "à froid" tout à l'heure du commentaire de sousmarin... je n'ai pas vraiment l'envie de m'y risquer.

animal a écrit:

ce n'est pas le fil que je suis le plus mais comme vous parlez beaucoup de ce livre ça m'interpelle ! Seulement après la lecture des Ames grises et la lecture "à froid" tout à l'heure du commentaire de sousmarin... je n'ai pas vraiment l'envie de m'y risquer.

Je viens de relire tes impressions concernant Âmes grises.. je ne vais ni essayer de te faire changer concernant ce livre, ni t'imposer la lecture du Rapport Brodeck mais je pense que tu passes à côté d'un livre vraiment bon et important.. et à ta place je lirais plutôt le commentaire de Sentinelle que celui de Sousmarin

ça doit être parce que j'imagine plus facilement retrouver mes impressions avec celui de sousmarin

animal a écrit:

ça doit être parce que j'imagine plus facilement retrouver mes impressions avec celui de sousmarin

je me le suis dit aussi.. mais bon.. on peut toujours essayer

sousmarin a écrit:

Claudel rentre de plein fouet dans l’émotionnel pessimiste, avec talent et noirceur.uant à ses p
Un beau livre, qui aurait néanmoins gagné en force avec des personnages plus nuancés, avec des points de résistances plus marquées…l’homme n’est pas qu’un tronc d’arbre qui ballotte au gré du courant, il réagit parfois et pas que stupidement comme l’Anderer mais avec réflexion également…

C'est très joliment dit...
Cela rejoint un peu mon avis, exprimé de manière plus brutale et avec beaucoup moins de talent : Claudel joue trop sur l'émotion, trop de pathos, de clichés.
C'est artificiel, et ses personnages sont stéréotypés, caricaturaux.

Source : critique-livre.fr

Citation :

Ce livre est un succès de librairie, paraît-il. Rien d’étonnant à cela, d’une part parce que son auteur est de plus en plus médiatisé, d’autre part parce que son talent de conteur est indéniable. La narration dans ses romans est une petite mécanique bien huilée, à l’efficacité éprouvée. On se laisse prendre. Et c’est un tour de force que de retenir le lecteur dans un univers aussi sombre, celui de l’être humain dans toute sa noirceur, pour aller vite.

Plus haut, j’ai écrit « ses oeuvres », car ce qui caractérise Le Rapport de Brodeck, s’applique aussi à un précédent roman: Les âmes grises.

Si l’on compare les deux livres, on remarque un dispositif narratif et des situations semblables: la guerre en toile de fond, un narrateur-personnage qui a vécu un drame que l’on découvre petit à petit, un événement meurtrier et central (« l’affaire » dans Les âmes grises, « l’ereignïess » dans Le rapport de Brodeck ).

Dès lors, au plaisir de lire les deux ouvrages succède l’impression désagréable d’être confronté à une « littérature à recettes »…
Et on comprendra ce dernier mot dans toutes ses acceptions. Ou bien, il faut considérer que P Claudel entreprend là un sorte de série (une trilogie?), autour d’un même thème dont il propose des variations.

On ne sait que penser, au final le lecteur demeure circonspect, son jugement en supens, dans un entre-deux à l’image du gris des âmes des héros de Philippe Claudel.

Stell_A a écrit:

Dès lors, au plaisir de lire les deux ouvrages succède l’impression désagréable d’être confronté à une « littérature à recettes »…

Pour moi, la "recette" du Rapport de Brodeck était excellente...Il est vrai que je n'aimerais pas que l'on me resserve éternellement le même plat...
A suivre...