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| Philippe Claudel | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 18:31 | |
| - sousmarin a écrit:
- Claudel, à travers ses personnages, se complaint dans l’inévitable, dans l’impuissance des hommes à changer, à réagir, à aller à contre-courant…
Je pense qu'il démontre très bien la réaction la plus fréquente dans ces conditions extrêmes : la lâcheté, l'impuissance, la non-assistance. Il faut beaucoup de courage pour oser lutter et s'affirmer contre... peu de personnes peuvent le faire. Donc, pour moi, le personnage de Brodeck est très "vrai" dans cette pauvreté de réactions "actives", il réagit comme la plupart des personnes le ferait, tout en restant conscient de ce qui se passe, il n'est jamais dupe mais comme paralysé devant ce qu'il voit, comme nous le serions sans doute nous-mêmes dans les mêmes conditions... passif veut donc dire qu'il y participe aussi d'une manière ou d'une autre, et bien oui, c'est un fait, et je crois qu'il la reconnait également, cette "participation passive" . Il finit toutefois par partir, donc par réagir, même s'il s'agit plus d'une fuite que d'un nouveau départ ! Et je n'ai jamais eu l'impression de lire une littérature à recettes Nous ne sommes pas chez Grangé tout de même |
| | | sousmarin Zen littéraire
Messages : 3021 Inscription le : 31/01/2007 Localisation : Sarthe
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 19:28 | |
| Brodeck est très nettement hors norme. Les résistants ne sont pas les plus nombreux, je te l’accorde mais il y en a peu qui iraient jusqu’où va Brodeck ; que ce soit dans les camps ou au village. Sur ce dernier point, la plupart des gens réagiraient par vengeance. Les personnalités du village l’ont condamné à mort en le dénonçant puis ont violé sa femme et lui il les aide en acceptant de rédiger un rapport pour camoufler un nouveau meurtre …mais ce personnage est tout de même possible même s’il apparaît comme peu probable… Le problème majeur vient de l’absence de toute résistance réelle de qui que ce soit, comme si, pour Claudel, les 2 seules solutions possibles, et adoptées, par tout homme, en toutes les circonstances, étaient de faire le « gros dos » en attendant que ça passe ou de sombrer…c’est cette uniformité d’un noir d’encre qui apparaît comme factice, comme une recette nihiliste. Résistance est un grand mot qui n’est pas uniforme, il y a des degrés, il y a des périodes où nous le sommes plus que d’autre et puis elle n’est pas due qu’à nos qualités…il y a aussi l’impulsivité, la colère, la haine même qui peuvent en être les ingrédients… M. Claudel, apportez quelques âmes grises dans toute cette noirceur…et votre talent de conteur s’en trouvera renforcé… | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 19:46 | |
| Je partage complètement l'avis de Sentinelle. Si Claudel avait voulu nous dessiner le portrait d'un rebelle il aurait pu nous toucher tout autant et peut-être même plus. Et cela aurait aussi pu faire cliché. Cela dépend du pont de vue, des sensibilités... Ce qui me plait chez lui, c'est que justement il montre un homme ordinaire pris dans le ravage de la guerre. Dans un état qu'il n'a pas choisi et qui lui laisse peu de marge de maneuvre. Le héros reconnait qu'il est lâche et impuissant. Lorsqu'on a connu l'avilissement extrême, je crois que d'autres agiraient de même. Le livre commence ainsi. Je m'appelle Brodeck et je ne suis rien. Ce constat d'impuissance, de négation de personnalité est pour moi d'une violence extrême. Il est dévasté, la colère, la vengeance, l'insubordination sont déjà des réactions qui impliquent une force en soi, force dont il est démuni. Ce type est allé au bout de lui-même et Claudel nous en fait la démonstration implacable. Je trouve cela très fort au contraire personnellement! | |
| | | sousmarin Zen littéraire
Messages : 3021 Inscription le : 31/01/2007 Localisation : Sarthe
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 20:17 | |
| Je ne vois pas absolument pas Brodeck comme un homme ordinaire mais comme un homme, au contraire, extrêmement atypique. Survive aux camps d’extermination n’est pas franchement courant et son comportement, même avant son séjour dans ces derniers, ne l’est pas plus. Il ne semble pas dévasté, c’est plutôt sa femme qui est dans ce cas, mais apathique, sans réaction (alors qu’il a des émotions, y compris négatives), uniformément docile quel que soit les circonstances.
Mais, comme je l’ai déjà dit, pour moi le problème majeur de ce roman est son noir uniforme et non Brodeck. | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 20:27 | |
| Ne peut-on voir ça comme une allégorie? Le retour volontaire de Brodeck au village, à la libération, et le fait qu'il y côtoie ceux qui l'ont dénoncé, est-ce qu'il n'en a pas été ainsi partout, chez des politiques et préfets de police pas clairs en France? | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 20:31 | |
| - sousmarin a écrit:
- ...et son comportement, même avant son séjour dans ces derniers (les camps), ne l’est pas plus (courant)
N'oublions pas d'où il vient, recueilli et charrié sous les bras de la vieille femme sur les routes. Ses parents ont déjà subi tout ça, c'est une sorte de recommencement. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 20:32 | |
| - Citation :
- le problème majeur de ce roman est son noir uniforme
Il n'y a pas que Brodeck.. Tout Claudel! Enfin, tout ce que j'ai lu. Cela serait intéressant de savoir pourquoi il est aussi sombre, cet homme.. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 20:37 | |
| - Marie a écrit:
-
- Citation :
- le problème majeur de ce roman est son noir uniforme
Il n'y a pas que Brodeck.. Tout Claudel! Enfin, tout ce que j'ai lu. Cela serait intéressant de savoir pourquoi il est aussi sombre, cet homme.. Ah mais alors tu devrais lire Le Café de l'Excelsior qui va te remonter le moral.. et même son La petite fille de Monsieur Linh n'est pas si sombre | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 22:13 | |
| Marie: je t'en ai prêtés des Claudel; ils ne sont pas tous sombres mais nostalgiques.
J'ai quaisment tout de lui, même des petits livres de rien du tout. Je vais chercehr de suite des critiques que j'avais écrites pour mon blog. | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 22:21 | |
| LA MORT DANS LE PAYSAGEComme on dit, quand on aime on ne compte pas. Donc je n'ai pas compté quand j'ai déboursé 12€ pour un livre d'une trentaine de pages. Oui mais,il est signé Philippe Claudel ce livre. Et à l'intérieur, il y a deux étonnantes photos de Nicolas Matula, photographe que je ne connaissais pas. Le papier est beau, l'impression est réalisée à l'ancienne et ce livre n'a été tiré qu'à 500 exemplaires. L'histoire: le narrateur est hanté par un tableau qu'il a vu au musée d'Anvers, représentant un Christ sur fond de collines. Tout est raconté en quelques pages, quelques lignes sur chacune. Ce n'est donc pas la quantité qui compte mais bien la qualité. Et pour qui aime Philippe Claudel, on n'est pas déçu: toujours autant de poésie et de jolies phrases qui entraînent le lecteur dans le délire du narrateur. Car là, on assiste à un pur délire après description et interprétation de la peinture (que je n'ai pas trouvée malgré une recherche sur le net). Je vais le relire pour m'imprégner complètement du récit car ces quelques pages sont lues en 5 minutes et 5 minutes, c'est trop court pour profiter pleinement d la beauté du style Claudel. Quant à la photo, il n'y a pas toujours de rapport direct avec l'histoire ; elle est très spéciale, avec cet homme (une représentation de la Mort peut-être) aux gros yeux qui fixent le lecteur mais elle est belle et m'a procuré une certaine émotion en même temps qu'une certaine gêne, justement à cause de ce regard. D'ailleurs, il n'y a pas une mais deux photos,qui se superposent. Ce livre est publié par Aencrages qui possède un site ainsi qu'un blog qui a pris le relais du site depuis que leurs entrepôts ont brûlé. Je crois que c'est une petite maison d'édition à découvrir. Voici la photo à l'origine de ce petit livre.
Dernière édition par Sophie le Mer 1 Oct 2008 - 22:25, édité 1 fois | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 22:22 | |
| AU REVOIR MONSIEUR FRIANT
Ceci est le cinquième livre de Philippe Claudel que lis et la magie opère toujours. L'objet-livre est en lui-même sublime: publié aux éditions Nicolas Chaudun, le papier est épais, tout lisse, et surtout, de temps à autre, il y a une reproduction du peintre Emile Friant. Rien que le livre en lui-même est un enchantement.
Au revoir Monsieur Friant est un des derniers livres écrits par Philippe Claudel. Ici, il se souvient de son enfance, en Lorraine, avec sa grand-mère qui habitait dans une maison au bord du canal puisqu'elle était éclusière. En parallèle, il nous fait découvrir Emile Friant, peintre lorrain de la fin du XIXème siècle, décrit et interprète certains de ses tableaux, nous parle de sa vie qu'il compare à la sienne. Cela peut faire penser au "Café de l'Excelsior" (que je n'ai pas encore lu) où il s'invente un grand-père. D'ailleurs, dans "Au revoir...", il fait allusion à ce livre.
Comme d'habitude, le tout est fascinant, d'une poésie incroyable. Il m'est arrivé de ne pas connaître certains mots, d'avoir du mal à saisir une figure de style mais malgré tout, je me suis régalée rien qu'en lisant ces termes. En fait, les livres de Philippe Claudel, je les savoure, les déguste, relis les phrases, m'en imprègne, me reconnaît, ou pas mais je plonge. Dans l'ensemble, Claudel est tout de même relativement pessimiste et mélancolique mais il possède une si belle plume qu'on n'y voit que du beau.
Voilà, je reste fascinée par le talent d'écriture de Philippe Claudel et vais poursuivre tranquillement la lecture de tous ses ouvrages. | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 1 Oct 2008 - 22:24 | |
| J'ABANDONNE
Si vous connaissez Olivier Adam ou Brigitte Giraud, et que vous les aimez, vous devriez aimer ce livre aussi. C'est aussi triste mais aussi fort que les livres de ces deux auteurs. "J'abandonne" parle d'un homme de 33 ans, veuf et papa d'une petite fille de 16 mois. Il exerce un métier très particulier: hyène, plus précisément, il est chargé d'annoncer le décès d'un proche aux familles et de leur soutirer l'autorisation de prélever des organes sur le défunt. Or, il ne peut plus supporter cette fonction, son collègue; il ne supporte plus le monde tle qu'il tourne, ses absurdités, sa vie est trop insoutenable sans la femme qu'il aime mais qui n'est plus là. IL veut en finir avec la vie, malgré sa fille; heureusement, un évènement lui fait passer cette sordide envie. Superbe, mais à ne pas lire si on a un petit moral.
Je sais que ce livre est loin de faire l'unanimité car il est plus que sombre, encore plus que Les âmes grises et Le rapport de Brodeck, si c'était possible d'y arriver! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Philippe Claudel Dim 5 Oct 2008 - 9:37 | |
| - sousmarin a écrit:
- Brodeck est très nettement hors norme. Les résistants ne sont pas les plus nombreux, je te l’accorde mais il y en a peu qui iraient jusqu’où va Brodeck ; que ce soit dans les camps ou au village.
Sur ce dernier point, la plupart des gens réagiraient par vengeance Décidément, nous avons une opinion très divergente quant à ce qui est dans la norme ou hors norme : je trouve le personnage de Brodeck aussi crédible que le personnage principal des Bienveillantes de J. Littell était tordu, contrairement à toi Il est totalement au-delà de la haine et de la vengeance, et je n'ai aucun mal à trouver cette réaction crédible. C'est cette façon de réagir qui lui a permis de survivre là où normalement on ne revient pas, en mettant de côté tout ce qui peut faire de nous une personne individuelle et pensante. Mettre une chape sur tous ses sentiments lui permet justement de tenir le coup et de ne pas partir à la dérive... |
| | | sousmarin Zen littéraire
Messages : 3021 Inscription le : 31/01/2007 Localisation : Sarthe
| Sujet: Re: Philippe Claudel Dim 5 Oct 2008 - 10:44 | |
| - sentinelle a écrit:
- Décidément, nous avons une opinion très divergente quant à ce qui est dans la norme ou hors norme : je trouve le personnage de Brodeck aussi crédible que le personnage principal des Bienveillantes de J. Littell était tordu, contrairement à toi
Je n’ai jamais dit que Maximilian Aue n’était pas tordu, il l’est assurément, mais il est certainement plus crédible que Brodeck…et les 2 personnages sont hors norme. Définition de norme : État habituel, régulier, conforme à la majorité des cas. Si revenir des camps d’extermination correspond à la norme, il y a quelque chose que je n’ai pas compris… - sentinelle a écrit:
- Il est totalement au-delà de la haine et de la vengeance, et je n'ai aucun mal à trouver cette réaction crédible. C'est cette façon de réagir qui lui a permis de survivre là où normalement on ne revient pas, en mettant de côté tout ce qui peut faire de nous une personne individuelle et pensante. Mettre une chape sur tous ses sentiments lui permet justement de tenir le coup et de ne pas partir à la dérive...
Les émotions ne sont pas des sentiments que l’on peut contrôler à loisir, ils vous échappent…le passage à l’acte est contrôlable dans la majorité des cas, jamais l’émotion. Mais il est vrai que certains individus, ayant échappés à la mort dans les camps, peuvent inconsciemment développer un état d’apathie comme protection mais ce n’est pas le cas de Brodeck, qui nous livre ce qu’il pense de ses concitoyens, qui adore la fille de sa femme et sa mère adoptive. Il n’est pas un apathique des sentiments, il l’est de l’action et cela est incohérent par rapport à la capacité à résister qu’il a montré lors de son séjour dans les camps…même si ce comportement est possible, pour plusieurs raisons que je ne vais pas développer ici, il apparaît comme peu probable. | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Philippe Claudel Dim 5 Oct 2008 - 11:15 | |
| Apathique de l'action, Brodeck cependant parvient à faire acte de résistance non pour faire part de ses émotions (dont on est parfois dans le dénie) mais pour témoigner. En cachette. Il écrit la nuit caché dans une remise. Et le compte rendu attendu par les notables du village ne ressemblera pas à ce qu'ils en attendent. Le roman lui-même n'est-il pas finalement l'entrée dans l'action de Brodeck? | |
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| Sujet: Re: Philippe Claudel | |
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| | | | Philippe Claudel | |
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