Un membre permanent de la famille
Douze nouvelles aussi décapantes les unes que les autres , qui enchanteront les amateurs du genre !
Rares sont les recueils de nouvelles où l'on peut s'accorder le droit de penser qu'elles sont toutes de même qualité :J'étais sceptique donc en me lançant dans cet ouvrage , Russels Banks n'a pas une réputation assise de nouvelliste , il est davantage connu pour ses romans .
Agréable surprise donc !
Si l'écriture de Russells Banks ne brille pas d'un éclat ostentatoire ,cet effacement conduit à mieux toucher le lecteur qui s'immerge immédiatement dans ses tranches de vie douloureuses de ces héros du banal dont nous faisons partie ......
Chaque nouvelle apporte un éclairage particulier , soulignant les faiblesses et blessures de ces personnages parvenus à l'automne de leur vie .
Des fragments de vie de monsieur tout le monde , choisis pour appuyer sur les failles de l'homme , sa noirceur , sa fragilité , souvent sur le fil du rasoir ...........
Comment l'être humain est acculé à des retranchements irréversibles ,
comment le regard d'autrui peut définitivement vous isoler ,
combien l'être humain est prisonnier du "politiquement correct " ,
combien l'effet miroir peut devenir douloureux lorsque le temps n'est plus là pour laisser encore un peu de chance de reprendre sa vie en main et échapper à la médiocrité ,
combien il est difficile d'assumer la puissance de la gloire et la notoriété acquise avec l'ostracisme en prime qui vous isolera sous les feux des projecteurs ....
comment nous passons à côté de nous mêmes sans en avoir conscience alors que le temps se chargera de vous rappeler cette opportunité jamais saisie et qu'il est définitivement trop tard ,
comment la cohésion d'un groupe et son bon fonctionnement peut être anéanti en un quart de seconde par un souffle de vent qui aura l'effet d'un tsunami ,
et combien l'être humain est désespérément seul, victime de lui -même , victime d'un système , tout autant que bourreau de lui-même et des autres ...
Russels Banks enlève le masque de ces personnages , et nous voilà dérangés par un effet miroir violent de nos propres démons , nos propres manques , la boue que l'on tente de cacher pour "faire propre sur soi " .
Point de psychologie là-dedans ,juste la nécessité de montrer sans jugement , mais avec beaucoup d'empathie , ce que nous sommes, au delà du masque social : Russels Banks de par sa position de retrait bienveillante semble vouloir bercer ses personnages comme "dieu le père là haut au plus haut des cieux ".........
Finalement on en ressort lavés , comme sous l'effet d'une absolution .
J'ai adoré !