Russell Banks

Bon alors je verrais, mais tu comprendras aisément qu'il est loin d'être dans mes priorités. J'aime bien qu'on me bouscule les tripes à l'air, et Banks c'est plutôt un la face cachée de l'iceberg.

je termine "Trailerpark"

une très bonne lecture où se retrouve effectivement la vision pessimiste et les sentiments dont parle l'auteur dans les 2 extraits d'interwiew que Senti a inclus dans son message.

Citation:
[…] j’ai une vision très pessimiste de la capacité des hommes à contrôler leur existence, à dépasser les entraves que la vie oppose à leurs désirs et à leurs actions, accablés qu’ils sont par les conditions économiques dans lesquelles ils vivent et par la marche de l’histoire. Sans doute ce pessimisme traverse-t-il toute mon œuvre romanesque. Mais elle est aussi habitée par la colère – la colère de voir l’inhumanité avec laquelle les hommes agissent les uns envers les autres.


Citation:
[…] je crois de moins en moins à la capacité de l’homme à vaincre ces forces insurmontables qui l’oppressent. Chacun de nous prend la mesure du monde en fonction de ses origines, de sa propre expérience. C’est peut-être, d’ailleurs, la seule façon de dépasser ses propres limites.

Ce livre de 13 nouvelles forme dans sa construction un véritable roman. En effet dans la première nouvelle le lecteur découvre l'ensemble des habitants des caravanes de ce park à travers plus précisémment la locataire du n° 11 surnommée par cette communauté "'la Dame aux cochons d'inde"
Le parcours de vie des habitants du park se dévoile dans les autres nouvelles. Le lecteur rencontre chaque locataire et a connaissance alors des évènements qui les ont conduit à vivre dans les caravanes de ce park situé en dehors de la ville de Catamount.



Je lirai prochainement un autre livre de cet auteur que je ne connaissais pas mais dont cette première rencontre m'a plu.

Lara, j'ai déjà lu Virginia Wolf (Orlando) mais il me reste encore à lire Les vagues, Mrs Dalloway et Une chambre à soi
Contente qu'il t'ait plu Bédou, dommage pour Queenie qui rame un peu, mais on ne peut pas plaire à tout le monde, même si on s'appelle Russell Banks.

Pfiou, j'en suis arrivée au bout de cet American Darling. Je voulais savoir la fin, et en fait je la savais déjà.

Mais à qui s'adresse-t-elle finalement ?


C'est dommage y'a vraiment des phrases percutantes, mais il manque tellement de chair ce livre... c'est vraiment pas pour moi.

Manquer de chair....ça correspond vraiment à que j'avais éprouvé en lisant "De beaux lendemains" et pourtant avec un sujet pareil.....

Manquer de chair ? Ne lisez jamais alors La Réserve, vos mentons risqueraient de tomber définitivement (j'en profite pour exploiter mes récentes acquisitions en expressions suédoises - cf le fil de Camilla Läckberg).

darkanny a écrit:

Manquer de chair....ça correspond vraiment à que j'avais éprouvé en lisant "De beaux lendemains" et pourtant avec un sujet pareil.....

Pareil pour American Darling, le sujet avait de quoi prendre aux tripes... Puis non.

sentinelle a écrit:

Manquer de chair ? Ne lisez jamais alors La Réserve, vos mentons risqueraient de tomber définitivement (j'en profite pour exploiter mes récentes acquisitions en expressions suédoises ).

Tu assimiles vite !
Le menton m'en tombe.

Queenie a écrit:

Tu assimiles vite !
Le menton m'en tombe.

J'en pleure de rire
il faut dire, je m'en suis farcie des expressions mentonnières aujourd'hui, je crois que je vais garder cette expression bien au chaud pour la ressortir aux moments opportuns

sentinelle a écrit:

Queenie a écrit:

Tu assimiles vite !
Le menton m'en tombe.

J'en pleure de rire
il faut dire, je m'en suis farcie des expressions mentonnières aujourd'hui, je crois que je vais garder cette expression bien au chaud pour la ressortir aux moments opportuns

Oui, moi aussi peut-être bien : et dans 6 mois tous les jeunes de banlieue l'auront en bouche !

J'avais tenté il y a quelques années Russell Banks, deux livres lus presque coup sur coup, De beaux lendemains et Continents à la dérive et je me suis sentie frustrée suite à ces lectures, il me manquait quelque chose d'essentiel. Pourtant tout y était, construction impeccable, histoire complexe, documentation approfondie sur les sujets. Et en plus si je résumais les livres, j'étais en accord avec la vision du monde et les idées véhiculées. Manque de chair dit Queenie, c'est aussi un peu ça pour moi. Après réflexion, j'ai eu le sentiment d'être en face de quelque chose de pensé, avec intelligence, brio, mais pas en face de quelque chose de vraiment sentie par l'auteur, dont l'écriture était une nécessité d'expression de quelque chose de personnel. Et avec les sujets forts qu'il traite, en rester à quelque chose d'extérieur, et dans lequel l'auteur reste un témoin, un spectateur pas impliqué au premier chef a quelque chose de gênant pour moi.

Par exemple, dans Les beaux lendemains, le sujet de l'inceste est évoqué, et j'ai ressenti le traitement qui en était fait comme une sorte de passage obligé, puisqu'on abordait la vie quotidienne, les relations enfants-parents dans une petite ville, donc il fallait que ce soit là, comme d'autres éléments de la vie de la communauté. Et je pense pour ma part, que pour traiter cette thématique, il faut être, ou tout au moins être en capacité de donner l'impression d'être concerné par le sujet, impliqué, et en dire quelque chose qui ne soit pas banal, juste là parce que c'est logique dans le tableau, mais parce qu'on éprouve une véritable nécessité de parler de ça. Sinon, cela fait lieux communs, et là cela me gêne terriblement pour ce sujet. Mais c'est juste un exemple, j'ai eu le même genre de sentiment pour d'autres aspects des livres. Et je préfère donc ne pas continuer avec cet auteur, même si le trouve parfaitement respectable, et si peux adhérer à la vision du monde qu'il donne dans ses livres.

Eh bien merci de mettre exactement les mots que j'ai du mal à sortir pour parler de mes impressions sur American Darling. C'est exactement la même expérience que j'ai eu (avec, aussi, des sortes de passages qui semblaient "obligatoires" et font un peu clichés)

Arabella a écrit:

Par exemple, dans Les beaux lendemains, le sujet de l'inceste est évoqué, et j'ai ressenti le traitement qui en était fait comme une sorte de passage obligé, puisqu'on abordait la vie quotidienne, les relations enfants-parents dans une petite ville, donc il fallait que ce soit là, comme d'autres éléments de la vie de la communauté. Et je pense pour ma part, que pour traiter cette thématique, il faut être, ou tout au moins être en capacité de donner l'impression d'être concerné par le sujet, impliqué, et en dire quelque chose qui ne soit pas banal, juste là parce que c'est logique dans le tableau, mais parce qu'on éprouve une véritable nécessité de parler de ça. Sinon, cela fait lieux communs, et là cela me gêne terriblement pour ce sujet. Mais c'est juste un exemple, j'ai eu le même genre de sentiment pour d'autres aspects des livres. Et je préfère donc ne pas continuer avec cet auteur, même si le trouve parfaitement respectable, et si peux adhérer à la vision du monde qu'il donne dans ses livres.

Je ne crois pas que le livre ait gagné en ayant approfondi ce thème de l'inceste.
Le thème central est le bouleversement de la vie d'une petite communauté villageoise suite à un terrible accident de bus scolaire.
Tout est remis en question, les rapports entre les différents membres de cette communauté et la suite à donner à la vie quotidienne.
J' ai vu le thème du pardon, de la culpabilité à travers ces événements, mais ce rapport père/fille est abordé au contraire avec une certaine retenue (dans le film surtout) beaucoup de tact et surtout qui n'appelle aucun jugement.
J'ai trouvé dans cette approche une certaine force au contraire, ce n'est pas cela qui m'a gênée.

Je suis d'accord quand tu dis que le livre n'aurait pas gagné en approfondissant le thème de l'inceste, parce qu'en effet ce n'est qu'un thème secondaire. Et c'est cela qui me gêne, utiliser cela comme un thème secondaire, en passant, sans en dire quelque chose de vraiment fort et authentique. Le glisser comme ça en passant, comme un élément de décor presque me questionne, je trouve que cela banalise ce genre de problématique, ce qui m'inquiète.

Les ressentis de chacun sont différents bien sûr, mais quand tu parles de retenue, moi j'y verrais presque de l'indifférence.

Je n'ai pas vu le film, d'après tous les commentaires il semble plus réussi que le livre, à l'occasion je me lancerai.

Arabella a écrit:

Je n'ai pas vu le film, d'après tous les commentaires il semble plus réussi que le livre, à l'occasion je me lancerai.

Il faut que tu le voies, absolument.

J'ai découvert Russell Banks avec Pourfendeur de nuages, qui m'a fortement marqué...par sa vision d'une personnalité flamboyante et insaisissable, sa perception de l'histoire traversée de soubresauts, de remises en question perpétuelles. J'ai le souvenir d'une écriture intense et souvent bouleversante.
Par contre, cette impression ne s'est pas renouvelée par la suite. Je partage les reproches de Queenie vis à vis d'American Darling, et De beaux lendemains souffre de la comparaison avec l'adaptation d'Egoyan (un des plus beaux films des années 90). Enfin, La réserve m'a procuré un ennui poli.