Lars Von Trier

La scène avec l'enfant est une auto-citation ironique qui reprend la séquence d'ouverture d'Antichrist. Tout le film est d'ailleurs plein d'allusions à certains films précédents. C'est vraiment un journal intime qui mêle toutes les préoccupations de Lars Von Trier et qui vont des tentations les plus cyniques, burlesques, faussement intellectuelles (il est à la fois très cultivé mais iconoclaste), perverses même, à des élans plus romantiques et une certaine beauté dans la recherche esthétique ou thématique. Il m'a toujours donné l'impression d'un artiste qui se référait à la grande forme et s'amusait à tout pervertir comme un gamin surdoué et malicieux. C'est à la fois profond et complètement superficiel, ludique et glaçant. On passe par beaucoup d'émotions contradictoires qui font le portrait de cette femme et surtout celui de Lars Von trier lui-même. Un exemple parfait est la scène à la fois comique et terrifiante où Charlotte Gainsbourg tente d'écarter toute stimulation visuelle l'incitant au sexe. Elle se retrouve dans un désert absolu.



et le final forcément un coup de pied dans tout l'édifice construit comme pour désamorcer toute tentative d'apaisement un peu humaniste. Il est résolument misanthrope.

Plus que misanthrope, je dirais égocentrique.

Un peu à côté de la plaque, vous m'excuserez... toujours pas vu le Nympho mais séance de rattrapage avec


S'il n'avait été qu'un drame, Dancer in the dark ne se serait pas différencié de tous les tristes mélos que connaît le cinéma et s'il n'avait été qu'une comédie musicale, il aurait difficilement réussi à emprunter les caractéristiques de la gravité. Mais ce n'est pas le cas et Dancer in the dark mêle à la fois l'intensité tragique d'une histoire que personne n'aimerait vivre, à la légèreté insouciante d'un univers musical incarné par la très expressive actrice/chanteuse Björk.


Comme le Parfum de Patrick Süskind nous permettait d'entrer dans l'âme d'un homme qui voit le monde grâce à son odorat, Lars von Trier parvient à traduire une existence en sons en s'aidant du biais cinématographique -pari plutôt audacieux. Il permet par la même occasion d'appréhender la musique de Björk sous un angle à la fois auditif et visuel, et nous conforte dans l'idée que l'imaginaire et la réalité sont à la base d'une synergie capable de nous faire supporter les plus atroces des situations. Dancer in the dark est un film cruel qui ne se complaît pas dans son atrocité. Il relâche parfois toute la tension que Lars von Trier parvient à accumuler en quelques minutes -la vie paraît alors à la fois absurde, cruelle et fantasque au point de réclamer une vénération de chaque instant.

Vite, le 2 !

colimasson a écrit:

Nymphomaniacs - Volume 1

Vite, le 2 !

      
Ah super ! Contente de ton enthousiasme !
Oui il faut voir les deux !  

C'est en cours !

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film aussi prenant. Je pensais avoir perdu beaucoup de ma sensibilité cinématographique -je n'en ai pas douté une seconde au cours de la visualisation des quatre heures de Nymphomaniacs. Le point de vue est nuancé et Lars von Trier tisse son fil d'interconnexions étonnantes, savoureuses et pertinentes. Surtout, aucune prétention à la moralisation ou à la condamnation. Lars von Trier reste fidèle à lui-même : il nous montre que le monde est, ni plus, ni moins.

Zut pas de tartine aujourd'hui sur le film. J'aurais bien aimé lire tes développements. Mais il n'est pas forcément évident d'en parler (ou as tu dit le strict nécessaire?). Je ne l'ai d'ailleurs pas vraiment fait moi même. Juste une question alors. Pourquoi as-tu retenu l'image de Jamie Bell (excellent et glaçant. Touchant aussi d'un certain côté) pour illustrer?

Pas de tartine non, mon enthousiasme seulement

J'ai choisi cette photo car elle représente le tournant majeur de l'évolution du personnage féminin dans ce deuxième volume. Après lui, une étape décisive est franchie...

Une nouvelle (énième ?) version de Nymphomaniac a été présentée à Venise.

Citation :

On pensait qu’on nous racontait des bêtises, que la version soi-disant tronquée du film soi-disant hard de Lars Von Trier, Nymphomaniac, serait bel et bien la seule et unique et tout le monde pourrait amplement s’en satisfaire. Eh bien pas du tout, puisque le réalisateur danois était à Venise pour la présentation lundi soir de la version Director’s cut, soit 5h30 au lieu des deux fois deux heures de la version officielle. Autant avouer que l’on n’a eu ni le courage ni l’envie de se livrer à une deuxième vision de cette pénible descente aux enfers du personnage de Charlotte Gainsbourg, obsédée sexuelle donc évidemment frigide et maso.

Plus intéressant :

Citation :

Lars Von Trier a profité de son passage vénitien pour annoncer un nouveau projet de série intitulée The House That Jack Built, dont le tournage n’est cependant pas prévu avant 2016.

Source : http://next.liberation.fr/cinema/2014/08/29/mostra-de-venise-beauvois-et-le-vol-du-cercueil-de-chaplin_1089495

Roh, ben j'aurais bien aimé voir la totale de 5h30 moi...

colimasson a écrit:

Roh, ben j'aurais bien aimé voir la totale de 5h30 moi...

itou

Faudra que je le vois celui là. En générale j'aime bien ses films sans trop savoir dire pourquoi. Enfin peut etre en terme d'ambiance, il a un truc.

Une des scènes d'un de ses film m'avait totalement fait flippé. La crise de terreur, a la fin de Epidemic, pris dans l'ambiance du film sans y avoir tout compris, j'ai vraiment flippé par mimétisme (il faisait nuit aussi, et j'étais tout seul a regardé ce film un peu space).

Dans un entretien, Lars Van Trier dit n'être plus accro à la drogue et à l'alcool. Il se pose des questions sur sa créativité sans l'usage de ces substances.

Citation :

"Le réalisateur, connu pour son combat contre la dépression, explique que tout son œuvre a été réalisé sous l'empire de l'alcool ou de la drogue. Il affirme que la consommation d'une bouteille de vodka lui permettait d'entrer dans « l'univers parallèle dans lequel il a eu beaucoup de plaisir » nécessaire à la création. Et cesser de consommer de l'alcool et de la drogue pourrait l'entraîner à réaliser des « films de merde ».

« Je ne sais pas si je pourrai encore tourner, cela m'inquiète. Rien de créatif n'a jamais été réalisé par d'anciens alcooliques et d'anciens drogués. Qui s'intéresserait à un disque des Rolling Stones ou de Jimi Hendrix s'ils n'avaient pas été enregistrés dans une atmosphère de beuverie ou sans l'influence de l'héroïne ? »

Dans cet entretien, on apprend que l'écriture de Nymphomaniac a duré dix-huit mois, pendant lesquels il a été sobre, tandis que celle de Dogville ne lui a pris que douze jours de consommation effrénée de drogue."

( voir http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/11/29/lars-von-trier-passe-a-confesse_4531436_3246.html )

Je le préfère en sobre-Nympho qu'en bourré-Dogville.

En ce moment je regarde une série diffusée en 1994 qui s'appelle L'hôpital et ses fantômes :

Citation :

Un matin, dans le meilleur hôpital de Copenhague. Le professeur Helmer cherche des noises à son jeune collègue Krogshoj. Le docteur Bondo donne une leçon de dissection à des étudiants pour le moins farceurs. Moesgaard, le chef du service neurologique, lance l'opération "Brise matinale" pour améliorer le climat de travail. Mais tout ne va pas si bien : une méchante rumeur accuse le professeur Helmer d'avoir commis une erreur médicale…

Lien

Un genre de Dr House beaucoup plus cru et gore.
Avec des revenants, de l'hypnose, des exorcismes... pas mal du tout.