Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Philip Roth

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Maline
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyVen 11 Fév 2011 - 0:15

roth - Philip Roth - Page 11 GetImage?Source=BERT&Quality=WEB&Component=FRONTCOVER&EAN13=9780224089531

Je viens de terminer « Nemesis » de Philip Roth et je suis enthousiaste. Philip Roth sait écrire, raconter, énoncer des problèmes humains. Il ne sait pas seulement évoquer les déchirements intérieurs des hommes âgés et décrire leur perte de virilité comme dans ses derniers romans Everyman (en fr. Un homme), Indignation et The Humbling Wink Roth fait brillamment percevoir au lecteur le dilemme dans lequel s’enferme un jeune homme de 23 ans nommé Bucky Cantor lors d’une épidémie de polio en été 1944 à Newark. Génial !
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topocl
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptySam 19 Fév 2011 - 10:19

Je reviens sur Indignation que nous a présenté Traversay.Je me reconnais assez, dans ma lointaine jeunesse, dans Marcus, ce bon garçon travailleur et obstiné, qui veut réussir ses études et satisfaire ses parents, et découvre avec effarement le monde bêtement jouissif ( mais désespérément fragile) de ses congénères, dont il avait été protégé par une enfance heureuse et choyée. Dieu merci, je n’ai pas toujours eu le courage d’exprimer mon indignation comme Marcus, et je ne vivais pas dans l’Amérique puritaine des années 50 au moment de la guerre de Corée. Si j’en crois Philipp Roth, cela m’a sauvée…
On retrouve un grand talent pour mettre en scène les personnages et les situations, humour à fleur de texte, et transformer une farce étudiante en message métaphysique. Pas le meilleur des Roth, mais un bon !

Et aussi Maline tu me fais regretter de ne pas avoir mieux travaillé mon anglais pour pouvoir lire Nemesis en anglais. J’attends avec impatience la traduction française, avec plus d’impatience depuis que je t’ai lue !
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Epi
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyDim 20 Fév 2011 - 18:30

Pastorale américaine

Lors d’une réunion d’anciens élèves, Nathan Zuckerman, le narrateur, se souvient de sa jeunesse à Newark, et plus particulièrement de Seymour Levov, le héro de son adolescence. Seymour, surnommé le Suédois à cause de ses cheveux blonds et de son physique nordique, le champion humble, celui que tout le monde aimait et respectait mais qui est toujours resté modeste face à ses succès.

Pour Zuckerman,
Citation :
La vie de Levov le Suédois avait été, à ma connaissance, très simple et très banale, et par conséquent formidable, l’étoffe même de l’Amérique.

Seymour était le rêve américain personnifié. De la troisième génération d’immigrants juifs, il représente la réussite et un peu l’ennui de celui que la vie a gâté et que rien n’a jamais perturbé. Bon fils puis bon mari, bon père, bon patron, bon citoyen…

Jerry son frère, le décrit comme
Citation :
un type bien, simple, stoïque. Pas un humoriste, pas un passionné. Un gars adorable, qui a eu la malchance de voir sa vie bousillée par une poignée de cinglés authentiques. D’une certaine façon, on peut penser qu’il était totalement banal et conformiste. Absence de valeurs négatives, voilà tout. Abêti par son éducation, congénitalement conventionnel. Une petite vie bien banale, bien comme il faut, comme tout le monde veut en avoir ; dans le respect des normes sociales. Brave type.

Les « cinglés authentiques », ce sont ceux qui ont entraîné Merry, la fille du Suédois sur la voie du terrorisme. Merry qui un jour, a décidé de poser une bombe en ville. Badaboum ! Tout explose, la bombe tue un homme et Merry disparaît.

Ces révélations bouleversent Zuckerman qui avait de son héro une vision simpliste. A partir de ces quelques éléments, de vieux articles de journaux et de beaucoup d’imagination. Zuckerman va s’éclipser pour donner vie au Suédois.

C’est vraiment là que le roman commence et que l’on rentre dans une histoire qui scotche jusqu’à la fin. L’histoire de la fin d’un monde, celui des années 50 où l’ordre établi va être remis en question, la guerre du Vietnam, les mouvements contestataires, le terrorisme, tout cela aurait dû à peine effleurer la vie du Suédois qui pourtant va basculer dans l’horreur. Le malheur va s’installer dans sa maison, au cœur de son foyer.

La vie simple et ordinaire qu’il était parvenu à se fabriquer devient un enfer, une douleur, que rien ne peut apaiser. Toute sa vie, le Suédois n’aura de cesse de comprendre pourquoi. Qu’a-t-il fait de mal pour que la chair de sa chair soit devenue une poseuse de bombe ? Où est son erreur ? Alors, il ressasse les souvenirs, cherche tout ce qui pourrait expliquer l’impensable. Peut-être ce baiser un peu trop passionné qu'il lui a offert parce qu'elle réclamait qu'il l'embrasse comme il embrasse maman ?

Citation :
Tout s’était passé trop vite pour qu’il y réfléchisse. Elle n’avait que onze ans. Sur le moment, cela faisait peur. La question ne l’avait jamais préoccupé : il s’agissait d’un tabou qu’on n’avait même pas besoin de s’imposer. En l’occurrence, il paraissant si naturel de ne pas le faire, ça ne requérait aucun effort – or voilà que, même si ça n’avait duré qu’un instant, il y avait eu ça. De toute sa vie de père, de mari, de fils et même de patron, il n’avait jamais cédé à une impulsion aussi étrangère aux règles qui gouvernaient ses émotions ; et, par la suite, il se demanda si ce curieux faux pas paternel n’était pas le manquement qu’il avait dû payer pour le restant de ses jours.

Seymour a toute sa vie essayé d’être l'américain modèle, et c’est exactement ce que lui reproche Merry, qui, dans sa colère adolescente, fait l'amalgame entre ce qu'est l'Amérique et ce qu'est sa famille. L’Amérique est le mal absolu, son père incarne l’Amérique, il est donc le mal. Alors elle le déteste, elle pose des bombes, elle se détruit et entraîne son père dans sa chute.

Il y a pas mal de répétitions dans le roman et de longues longues descriptions sur la fabrication du gant et pourtant, pas une seule minute d’ennui. Les mêmes faits sont vus sous différents angles, les mêmes questions posées encore et encore. Le Suédois a beau retourner la situation dans tous les sens, il ne comprendra jamais Merry car elle est trop tordue, trop éloignée de ce qu’il est lui-même. Au fil de la lecture, on découvre également un Suédois pas si parfait que cela, avec ses failles et ses contradictions, ce qui atténue l'impression du début d'un homme trop bien pour être vrai.

Roth ne nous laisse aucune minute de répit, C’est brillant, complètement maîtrisé, Il ne fait pas dans le sentiment mais touche au cœur, en plein dans le mille.

Son truc, en plus de faire une critique assez acerbe d’une certaine Amérique, c’est quand même de poser le problème de la connaissance d'autrui, le fossé qui existe entre ce que l’autre projette et ce que l’on en perçoit et j'aime la façon dont il le dit, que ce soit dans Pastorale américaine ou dans La tache, c’est grandiose.
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odrey
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyDim 20 Fév 2011 - 22:33

Il est super ton commentaire, Epi. En te lisant, je retrouve toutes les sensations que m'a procuré ce roman. Pour moi, un des meilleurs Roth que j'ai lu. "J'ai épousé un comuniste" est aussi très bien. En fait, la trilogie américaine est formidable.
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Marko
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyDim 20 Fév 2011 - 22:35

Je n'avais pas réussi à rentrer dans ce roman. Ton commentaire me pousse à tenter le coup une nouvelle fois un de ces jours!
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Epi
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyLun 21 Fév 2011 - 0:09

odrey a écrit:
Il est super ton commentaire, Epi. En te lisant, je retrouve toutes les sensations que m'a procuré ce roman. Pour moi, un des meilleurs Roth que j'ai lu. "J'ai épousé un comuniste" est aussi très bien. En fait, la trilogie américaine est formidable.
Merci Odrey. Ce roman ne me quitte pas, je l'ai lu il y a bien 3 mois maintenant (oui, je suis un peu en retard dans mes commentaires...) mais c'est comme si c'était hier. C'est juste un livre fabuleux. Je vais bientôt attaquer J'ai épousé un communiste pour compléter la "trilogie".

Marko a écrit:
Je n'avais pas réussi à rentrer dans ce roman. Ton commentaire me pousse à tenter le coup une nouvelle fois un de ces jours!
Ca vaut le coup de persévérer, le début est un peu lent c'est vrai mais après, c'est un pur régal.
Bon, j'avais dit la même chose à Queenie pour La tache mais elle n'a pas aimé du tout alors bon... rire
Non mais sérieux, vas y Marko, c'est vraiment beau.


Dernière édition par Epi le Lun 21 Fév 2011 - 10:13, édité 1 fois
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyLun 21 Fév 2011 - 8:20

merci Epi pour ce très juste commentaire. J'ai beaucoup aimé aussi ce livre et je lirai le suivant (la Tâche déjà lu) Mais hélas je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens, alors j'ai plaisir à lire de tel commentaire.
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyLun 21 Fév 2011 - 8:28

Oui Epi, c'est extra ce com'!
Comme d'habitude lorsque tu nous parles des lectures qui t'ont frappée. Et Roth ce n'est pas la première fois...
(Je me souviens encore de celui sur La tache sourire )
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyLun 21 Fév 2011 - 10:36

Bédoulène a écrit:
merci Epi pour ce très juste commentaire. J'ai beaucoup aimé aussi ce livre et je lirai le suivant (la Tâche déjà lu) Mais hélas je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens, alors j'ai plaisir à lire de tel commentaire.
Je me souviens que tu l'as lu à peu près au même moment que moi oui. Et finalement, tu fais quand même un petit commentaire, donc c'est cool, surtout que c'est pour en dire du bien Very Happy

aeriale a écrit:
Oui Epi, c'est extra ce com'!
Comme d'habitude lorsque tu nous parles des lectures qui t'ont frappée. Et Roth ce n'est pas la première fois...
(Je me souviens encore de celui sur La tache sourire )
Roth, je suis obligée de commenter, je l'aiiiimmmeeeuuu rire
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topocl
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyLun 21 Fév 2011 - 11:00

J’avais lu Pastorale américaine , mais il y a assez longtemps, et, si je me souvenais l’avoir adoré, j’avais comme souvent oublié les détails
Je me rends compte avec le compte rendu de Epi que beaucoup de thèmes se retrouvent dans Indignation. D’une part le type bien comme il faut , un peu parfait mais trop, dont la perfection est sans doute une parade à ses faiblesses, qui va être bouleversé par sa confrontation avec la vraie vie, et d ‘autre part l’indignation contre le système qui mène Merry à sa perte : ces deux tendances sont, dans Indignation, réunies dans un même personnage, Marcus.
Et puis, la critique de l’Amérique , bien sûr qui est un fil directeur de Philipp Roth.
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Marie
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyMer 23 Fév 2011 - 0:24

Citation :
c’est quand même de poser le problème de la connaissance d'autrui, le fossé qui existe entre ce que l’autre projette et ce que l’on en perçoit et j'aime la façon dont il le dit
Moi aussi..merci pour ta critique, Epi!
Du coup, j'ai ressorti mon exemplaire, un des seuls livres lus que j'ai gardés parce qu'il était dédicacé, et je l'ai reparcouru, j'aime toujours autant!

Un extrait:

On lutte contre sa propre superficialité, son manque de profondeur, pour essayer d’arriver devant autrui sans attente irréaliste, sans cargaison de préjugés, d’espoirs, d’arrogance; on ne veut pas faire le tank, on laisse son canon, ses mitrailleuses et son blindage; on arrive devant autrui sans le menacer, on marche pieds nus sur ses dix orteils au lieu d’écraser la pelouse sous ses chenilles; on arrive l’esprit ouvert, pour l’aborder d’égal à égal, d’homme à homme comme on disait jadis. Et, avec tout ça, on se trompe à tous les coups. Comme si on n’avait pas plus de cervelle qu’un tank. On se trompe avant même avant même de rencontrer les gens, quand on imagine la rencontre avec eux; on se trompe quand on est avec eux; et puis quand on rentre chez soi, et qu’on raconte la rencontre à quelque un d’autre, on se trompe de nouveau. Or, comme la réciproque est généralement vraie, personne n’y voit que du feu, ce n’est qu’illusion, malentendu qui confine à la farce. Pourtant, comment s’y prendre dans cette affaire si importante- les autres- qui se vide de toute la signification que nous lui supposons et sombre dans le ridicule, tant nous sommes mal équipés pour nous représenter le fonctionnement intérieur d’autrui et ses mobiles cachés? Est-ce qu’il faut pour autant que chacun s’en aille de son côté ,s’enferme dans sa tour d’ivoire , isolée de tout bruit, comme les écrivains solitaires, et fasse naître les gens à partir de mots, pour postuler ensuite que ces êtres de mots sont plus vrais que les vrais, que nous massacrons tous les jours par notre ignorance? Le fait est que comprendre les autres n’est pas la règle, dans la vie. L’histoire de la vie, c’est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C’est même comme ça qu’on sait qu’on est vivant: on se trompe. Peut être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et continuer, rien que pour la balade. Mais si vous y arrivez, vous..alors vous avez de la chance.
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyMer 23 Fév 2011 - 9:57

Merci pour cet extrait Marie.
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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyMer 23 Fév 2011 - 20:16

Epi a écrit:
Merci pour cet extrait Marie.
Tout ça me donne envie de lire un nouveau Roth rire


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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyMer 23 Fév 2011 - 21:36

odrey a écrit:
Epi a écrit:
Merci pour cet extrait Marie.
Tout ça me donne envie de lire un nouveau Roth rire


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MessageSujet: Re: Philip Roth   roth - Philip Roth - Page 11 EmptyJeu 24 Fév 2011 - 13:18

Epi a écrit:
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