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 Arthur Koestler [Hongrie]

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shanidar
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Aaliz
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MessageSujet: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyDim 14 Avr 2013 - 16:51

Arthur Koestler [Hongrie] Arthur10

Arthur Koestler, né Artúr Kösztler le 5 septembre 1905 à Budapest et décédé le 3 mars 1983 à Londres, est un romancier, journaliste et essayiste hongrois, naturalisé britannique.

Citation :
Arthur Koestler naît dans une famille hongroise juive ashkénaze et de langue allemande. Il est le fils d'Henrik Koestler, un industriel et inventeur prospère dont le grand succès commercial avait été le « savon de santé », dans lequel les graisses animales, difficiles à trouver durant la Première Guerre mondiale étaient remplacées par des substances minérales faiblement radioactives. On pensait en effet à cette époque que la radioactivité avait des vertus curatives.
Entre 1922 et 1926, Arthur Koestler étudie l'ingénierie à l'école polytechnique de Vienne.
Arthur Koestler étudie en même temps la philosophie et la littérature à l'université de Vienne. Il fait partie de l'une des associations d'étudiants juifs, Unitas, et s'y familiarise avec le judaïsme. Il fait la connaissance de Vladimir Jabotinsky et adhère à la cause sioniste révisionniste qui veut créer en Palestine un État juif moderne et démocratique. Koestler devient le plus jeune président des associations d'étudiants sionistes et le cofondateur du Betar (mouvement de jeunesse sioniste révisionniste). Parallèlement à ses études, il fouille la psychanalyse, lisant Freud aussi bien que les écoles dissidentes, Jung, Adler, Steckel.
Le 1er avril 1926, il abandonne ses études et part en Palestine comme simple khaluts (pionnier ou ouvrier agricole dans une kvutsa, communauté plus petite que le kibboutz). Son expérience ne dure pas longtemps, son livre La Tour d'Ezra, s'en inspire. Il part pour Haïfa où, avec Abram Wienshall, il crée Zafon (hebdomadaire en hébreu), ainsi que Sehutenu [Notre droit], qui est la ligue des droits civiques, fournissant une assistance judiciaire aux juifs. Il entre au Parti communiste allemand en 1931 et en sort en 1938, suite aux procès de Moscou. Il fait plusieurs séjours en Union soviétique durant cette période.
Couvrant la guerre d'Espagne pour un journal anglais, il est emprisonné et condamné à mort par les franquistes, mais est échangé quelque temps plus tard contre un prisonnier espagnol par le gouvernement britannique. De cet épisode naît le livre Un Testament espagnol qui est d'abord publié en anglais par l'éditeur Gollancz. Le succès remporté par ce témoignage conduit à des traductions de l'ouvrage. C'est ainsi que ce témoignage exceptionnel est publié sans changement de titre en français. Mais, curieusement, l'édition française, sans qu'aucune raison soit donnée, ne comporte pas la totalité du texte anglais.
Durant la « drôle de guerre », Arthur Koestler couvre la situation en France mais est ensuite interné au camp du Vernet par les autorités françaises. Il s'engage dans la Légion étrangère, change d'identité, quitte les rangs de la Légion sans autorisation et rejoint Londres. Le livre autobiographique La Lie de la terre est entièrement consacré à cette période française. En 1940, il publie Darkness at noon, traduit en 1945 sous le titre Le Zéro et l'Infini. Ce texte, qui préfigure de vingt ans le récit L'Aveu d'Arthur London, décrit l'emprisonnement, le procès stalinien et l'exécution d'un haut responsable soviétique. Ce décodage du stalinisme lui vaut naturellement beaucoup d'inimitiés parmi les intellectuels français de gauche (Simone de Beauvoir en particulier). Francine Bloch figure parmi les très rares journalistes sympathisants communistes qui prennent la défense de l'œuvre et de l'homme.
Après la guerre, Koestler, qui a conquis une notoriété internationale, est évidemment fasciné par la création de l’État d'Israël, création qu'il décrit de façon magistrale dans L'Analyse d'un Miraclebiblio 1.
Dans les débuts de la guerre froide, Arthur Koestler sert la propagande anticommuniste menée par les services de renseignements britanniques. Il est l’un des plus importants conseillers de l’Information Research Department lors de sa mise en place en 1948 et milite au sein du Congrès pour la liberté de la culture. Arthur Koestler est fait officier de l'ordre de l'Empire britannique (OBE) en 1972.
En 1976, à la recherche de ses origines, il écrit La Treizième Tribu, premier ouvrage qui conteste la thèse de l'expulsion des Juifs de Palestine par les Romains et qui avance l'idée d'une conversion massive de non juifs par des prédicateurs juifs, en Europe de l'est (royaume khazar) et en Afrique du nord (Kabylie). Les idées de Koestler seront reprises trente ans plus tard par l'historien israélien Shlomo Sand dans Comment le peuple juif fut inventé.
Il s'intéresse à la parapsychologie dès les années 1950, et devient membre de la Society for Psychical Research. Cette préoccupation se reflète dans ses ouvrages L'Étreinte du crapaud (1971), Les Racines du hasard (1972) et dans le roman Les Call-girls (1972). Il a fait un legs à l'université d'Édimbourg pour la fondation d'une unité de recherche dans ce domaine.
En 1979, il fait partie du comité d'honneur de la Nouvelle École, liée à la Nouvelle Droite. Atteint de la maladie de Parkinson et de leucémie, il met fin à ses jours par absorption de médicaments en 1983, conjointement avec sa troisième épouse Cynthia. Il défendait depuis longtemps l'euthanasie volontaire et était devenu en 1981 vice-président d'« Exit (en) ». Son testament prévoyait la création de la chaire de parapsychologie de l'université d'Édimbourg, laquelle fut effectivement inaugurée un an plus tard.
L'Encyclopædia Britannica lui est redevable de nombreux articles

source : wikipédia

Bibliographie

Citation :
Index : cliquez sur le numéro de page pour y accéder directement

Romans

1932  Au chat qui louche
1939 Spartacus ,  Page 1
1945 Le Zéro et l'Infini , Pages 1 , 4
1946 Croisade sans croix ,  Page 2
1946 La Tour d'Ezra , Page 1
1951 Les hommes ont soif
1972 Les Call girls

Théâtre

1945 Le Bar du crépuscule, une bouffonnerie mélancolique en quatre actes

Essais

1945 Le Yogi et Le Commissaire
1957 Réflexions sur la peine capitale, en collaboration avec Albert Camus
1959 Les Somnambules : essai sur l'histoire des conceptions de l'Univers
1960 Le Cri d'Archimède : l'art de la découverte et la découverte de l'art
1967 Le Cheval dans la locomotive
1971 L'Étreinte du crapaud , un récit des recherches de Paul Kammerer sur le lamarckisme et les « coïncidences en série »
1972 Les Racines du hasard , suite du précédent
1976 La Treizième Tribu : L'Empire khazar et son héritage , Pages 3 , 4
1978 Janus , la suite de Le Cheval et la locomotive
1998 Analyse d'un miracle
2006 La pulsion de l'autodestruction

Autobiographies

1937 Un Testament espagnol
1941 La Lie de la terre ,  Page 2
1950 Le Dieu des ténèbres, avec Ignazio Silone, Richard Wright, André Gide, L. Fischer, Stephen Spender et Richard Crossman
1952 La Corde raide, Page 5
1954 Hiéroglyphes , Pages 2, 3
1983 L'Étranger du square

Biographie

2005 Michel Laval, Un homme sans concessions, Arthur Koestler et son siècle, à retrouver sur le fil de Michel Laval : ici

Citation :
mise à jour le 20/12/2014



Nous avons fait une Lecture Commune de La lie de la terre : ici

Nous avons fait une Lecture Commune de Hiéroglyphes : ici

Nous avons fait une Lecture Commune de La Treizième tribu :  ici

Nous avons fait une Lecture Commune de La corde raide : ici


Dernière édition par Aaliz le Dim 14 Avr 2013 - 16:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyDim 14 Avr 2013 - 16:54

Arthur Koestler [Hongrie] Le_zar10

Le Zéro et l'Infini

Citation :
« Les personnages de ce livre sont imaginaires. Les circonstances historiques ayant déterminé leurs actes sont authentiques. La vie de N.-S. Roubachof est la synthèse des vies de plusieurs hommes qui furent les victimes des soi-disant procès de Moscou. Plusieurs d’entre eux étaient personnellement connus de l’auteur. Ce livre est dédié à leur mémoire. »

Ainsi commence Le zéro et l’infini d’Arthur Koestler. On y suit le parcours d’un haut responsable du parti communiste russe N.S. Roubachof de son arrestation à sa condamnation. Nous sommes en Russie sous Staline à l’époque des grandes purges et des procès de Moscou. Roubachof est un « ancien » du parti, il a participé aux Révolutions de 1917 et, de ce fait, est fortement imprégné des idéaux révolutionnaires de l’époque, idéaux que Staline a, selon lui, trahi. Roubachof s’engage alors dans l’opposition mais finit par être démasqué.
Les interrogatoires qu’il subit et les périodes qu’il passe dans sa cellule sont l’occasion de revenir sur son action, ses choix, sa vision de ce qu’est devenue la Révolution.

A travers ce récit, Koestler décortique la mentalité des partisans du régime stalinien et celle de ses opposants. L’analyse qu’il fait du régime se base sur le titre même du récit : le zéro représente alors la place de l’individu au sein de la société communiste russe, l’être humain en tant qu’entité individuelle n’existe pas et doit se sacrifier au bénéfice de la communauté : l’infini. La communauté est tout et l’individu n’est rien. A partir de cette « philosophie », tout est alors excusable, peu importe que certains meurent de famine, peu importe que d’autres soient arrêtés et condamnés arbitrairement, tant que tout cela participe au bien collectif.

Pour les partisans du régime, l’URSS est une grande expérience unique dans le monde et dans l’Histoire. Et une expérience n’est pas complètement prévisible et peut amener à faire des erreurs. Mais seule l’expérimentation permet d’évoluer. Peu importent les dommages collatéraux, la fin justifie les moyens.
Citation :
« Chaque année plusieurs millions d’humains sont tués sans aucune utilité par des épidémies et autres catastrophes naturelles.[…] La nature est généreuse dans les expériences sans objet auxquelles elle se livre sur l’homme. Pourquoi l’humanité n’aurait-elle pas le droit d’expérimenter sur elle-même ? »

De son côté Roubachof couche par écrit ses propres réflexions, tente de comprendre comment l’idéal révolutionnaire original a pu dévier vers un régime politique autoritaire où les libertés ont disparu, il élabore des théories que ses accusateurs critiquent par la suite apportant leurs propres contre-arguments. Le tout est extrêmement intéressant, pousse le lecteur à réfléchir et à se poser des questions.

J’ai trouvé ce récit extrêmement fort et poignant. J’ai adoré le personnage de Roubachof, qui loin d’être un héros, se comporte en humain avec ses forces et ses faiblesses. Il témoigne également de la grande difficulté à assumer ses idées et ses opinions dans un régime aussi oppressif et répressif, comment sauver sa tête sans en dénoncer d’autres ? J’ai admiré la force et l’intelligence avec laquelle il a résisté et répondu à l’interrogatoire de Gletkin, Gletkin modèle parfait de l’agent russe endoctriné et appliquant à la lettre toutes les ruses du système pour faire avouer aux condamnés des faits qu’ils n’ont jamais commis. Roubachof démonte les arguments de Gletkin en en faisant ressortir l’absurdité et l’incohérence donnant des passages assez jouissifs à la lecture.

Une scène m’a particulièrement touchée, c’est celle où à l’occasion d’une promenade au sein du centre de détention, Roubachof échange quelques mots avec un nouvel arrivé, occupant de la cellule à côté de la sienne. Le pauvre homme est originaire d’un « petit état du sud-est de l’Europe » où il a passé vingt ans en prison avant d’être envoyé en Russie. Il semble avoir perdu l’esprit mais pourtant cet échange entre lui et Roubachof est très révélateur de la désillusion qu’ont connu nombre de soviétiques à l’époque :
Citation :
« Je n’y peux rien, dit-il à voix basse. On m’a mis dans le mauvais train.
- Comment ça ? demanda Roubachof
Rip Van Winkle lui sourit de son air doux et triste.
« A mon départ, ils m’ont emmené à la mauvaise gare, dit-il, et ils ont cru que je ne m’en étais pas aperçu. Ne dites à personne que je le sais. »
La Russie telle qu’elle est en réalité est bien loin de l’image de la Russie soviétique idéale telle que la véhicule la propagande communiste.

Le Zéro et l’infini est un récit extrêmement stimulant intellectuellement, le fait qu’il se base sur des faits réels en accroit d’autant plus la force et l’intérêt. Koestler a effectué là un travail remarquable et cet ouvrage devrait être plus connu et plus lu qu’il ne l’est. Le style est agréable, on sent la maîtrise de l’argumentation, la logique du texte et l’intelligence de celui qui l’a écrit. Voilà un livre que je relirai assurément et qui gagnerait à être étudié et davantage lu.





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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyDim 14 Avr 2013 - 19:47

Un grand témoin de son époque, Koestler ! Le zéro et l' infini a été dénoncé par les communistes pour son excès de franchise. Tout comme Orwell ou Panait Istrati...
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyDim 14 Avr 2013 - 21:12

Enfin le fil sur Koestler et le Zéro et L'Infini !
Je t'attendais Aaliz et tu ne m'as pas déçu ... même réjoui en me relatant brièvement le récit.
Gletkin m'avait fasciné : je cherchais à apercevoir une faille et à chaque fois je me laissais prendre à ses ruses !
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyDim 14 Avr 2013 - 22:56

GrandGousierGuerin a écrit:
Enfin le fil sur Koestler et le Zéro et L'Infini !
Je t'attendais Aaliz et tu ne m'as pas déçu ... même réjoui en me relatant brièvement le récit.
Gletkin m'avait fasciné : je cherchais à apercevoir une faille et à chaque fois je me laissais prendre à ses ruses !

Oui, Gletkin est un pur produit made in URSS, il en est terrifiant. Roubachof a beau lui démontrer par A+B que ses accusations ne tiennent pas la route, il trouve toujours autre chose. Une véritable lutte psychologique. J'ose à peine imaginer ce que ça peut donner en vrai, surtout avec le régime imposé aux détenus, la fatigue, la pression, impossible de ne pas craquer ...
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyDim 14 Avr 2013 - 22:58

Ton avis sur ce livre me donne envie de le mettre en tête de ma LAL. content
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyJeu 9 Mai 2013 - 11:20

Arthur Koestler [Hongrie] Koestl10 Le zéro et l'infini

J'ai bien peu de chose à ajouter au remarquable commentaire d'Aaliz.

Placé sous les 'commandements' de Machiavel, Le zéro et l'infini met l'individu au cœur d'un système qui le considère non pas comme un mais comme le quotient d'un million par un million. Cette perspective qui abolit purement et simplement l'idée même d'individu au profit du collectif, ouvre sur une logique absurde, vertigineuse et qui pourtant a été celle de Roubachov.
Parce qu'il ne faudrait pas voir ce 'héros' comme une victime mais bien comme le pur produit de l'intellectualisme rationnel d'une époque (pour ne pas dire d'une épopée).
La souffrance d'un seul est nécessaire si elle permet de faire avancer la collectivité, cette idée à elle seule justifie que Roubachov laisse assassiner sa secrétaire plutôt que lui. Lui, étant bien plus utile pour le Parti avec sa bonne tête bien pleine.
Les fins justifient donc les moyens et la pensée doit se plier à l'idée que la conscience individuelle doit être totalement étouffée (tout comme les questions tristement orgueilleuses de la dignité, de l'honneur et du devoir).
C'est pourquoi il est si facile d'abdiquer et d'avouer des crimes que l'on n'a pas commis, puisqu'au fond la parole d'un seul n'existe pas. Roubachov en fin tacticien, usera de toutes les ruses pour essayer de conserver intacte sa foi dans l'opposition au régime.
Il est d'ailleurs troublant de voir à quel point le vocabulaire religieux est mis au service des hérésies du personnage et cette manière toute inquisitoriale de le faire passer aux aveux est le reflet exact de ce que l'on peut imaginer des pires moments de l'Inquisition catholique...
Troublante aussi l'idée que la négation de soi au profit du collectif devienne une des antiennes du stalinisme alors même que le culte de la personnalité du N°1 se répand dans tous les foyers...

Arthur Koestler nous offre un roman bouillonnant de réflexions sur la place de l'individu au sein du collectif, sur l'engagement, le renoncement à ses idéaux pour le bien (?) des peuples (?). Ce livre soulève un florilège de questions dont il est impossible de venir à bout. Et c'est tant mieux !

Aaliz le soulignait : ce livre n'a pas assez de lecteurs ! Alors lisez-le !
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyJeu 9 Mai 2013 - 12:59

Ma mère m'avait offert son exemplaire il y a longtemps, je m'étais toujours promis de le faire... Faut que je le fasse !
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyVen 10 Mai 2013 - 10:08

Merci Shanidar pour ce commentaire qui me rappelle ma lecture passée !
Un livre que je conseille dentsblanches
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptySam 11 Mai 2013 - 14:06

Très beau commentaire Shanidar ! bravo Et tu as raison de souligner le paradoxe entre le culte de la personnalité de Staline et la volonté de réduire à néant l'individualité de tout autre citoyen soviétique. ( je n'y avais même pas pensé !)

Je suis bien curieuse de voir ce que le Spartacus donnera... S'il est aussi bon, je vais bien me régaler miammiam
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyLun 12 Aoû 2013 - 11:11

Arthur Koestler [Hongrie] Koestl10 La Tour d'Ezra

Ce livre parle de La Palestine et du retour des Juifs sur cette terre. Si certains de mes propos vous paraissent déplacés, n'hésitez pas, modos, à les supprimer.

La biographie de Koestler nous apprend qu'il fut dans les années 1920 le plus jeune président des jeunesses sionistes révisionnistes. Un mouvement nationaliste qui prône le retour en Palestine.

Pourtant, La Tour d'Ezra est loin, très loin d'être un pamphlet à la gloire du sionisme… Et je ne cesse de m'interroger sur l'existence de ce Koestler qui juif hongrois et sioniste décrit dans ce livre l'installation dans un kibboutz d'un jeune anglais qui n'aime pas les nationalismes, a une vision souvent négative (on dira à la limite de la détestation) pour les juifs vis-à-vis desquels il se sent proche sans vraiment être des leurs (Joseph est juif par son père et anglais par sa mère, donc pas tout à fait juif).

Et voilà, ce qui est surprenant : loin d'emboucher la trompette flamboyante de la cause sioniste, Koestler explique sans aucune lourdeur didactique les différentes problématiques des nouveaux arrivants juifs dans un pays arabe gouverné par les Anglais. Passant tour à tour du kibboutz, au village arabe ou à un déjeuner chez un diplomate anglais, il donne un large éventail des réactions, jeux et règles d'un monde compliqué, souvent rusé parfois violent.

Surtout il s'intéresse à deux thématiques des plus passionnantes : les kibboutz et leur régime communautaire : tous les biens sont mis en commun, la règle étant : d'abord les enfants, puis les vaches, ensuite les travailleurs, on évite au maximum les échanges d'argent et le travail salarié, toutes les décisions sont prises à l'unanimité et la vie religieuse se réduit à rien. En somme, c'est ici que l'idéal communiste se réalise vraiment.

Et il soulève la brûlante question du terrorisme. Car la donne est très simple : de jeunes colons arrivent pour travailler sur des terres entourées de villages arabes et de Patriotes (arabes terroristes). Les colonies sont attaquées mais défendues par l'armée sioniste (la Haganah)… jusqu'au jour où une partie de cette armée, fait scission créant une branche terroriste (l'Irgoun). Quel camp va choisir Joseph ? Lui, qui commence à se sentir à l'étroit dans la communauté de la Tour d'Ezra où on le force plus ou moins à vivre avec la jeune femme qu'il désire (mais qui n'est pas celle qu'il aime)… Car même dans une communauté libertaire, la liberté s'arrête là où le malheur de la jeune femme et le bien-être des autres semblent poser problèmes.

D'ailleurs, Koestler ne renonce jamais à poser les questions qui fâchent, celles qui déstabilisent les pouvoirs, celles qui mettent à mal les règles plus ou moins établies. Par exemple :
Quelle est la différence entre tuer quelqu'un à la guerre et tuer quelqu'un quand ce n'est pas la guerre (par acte terroriste, de vengeance ou de défense) ?
La caution des militaires n'est-elle pas tout simplement une grande et effroyable hypocrisie ?  
Que faire quand sa sécurité est en danger ? Prendre les armes, œil pour œil et dent pour dent ou tendre l'autre joue ?
Qui peut trancher ? Qui peut dire dans quel camp (arabe, anglais, sioniste) se trouve la justice ?

Koestler semble indiquer à travers le personnage de l'américain journaliste Matthew que la solution au conflit pourrait venir d'outre-Atlantique, on sait aujourd'hui que cette solution n'en est pas une.  
Mais à force de tourner toutes ces questions dans ma tête, je finis par me dire qu'il n'y a pas de solutions possibles (ni dans la création de deux Etats, ni dans la fusion en un seul…), les erreurs, les incompréhensions, les horreurs sont trop fortes pour qu'elles puissent être effacées, érodées, aplanies. Dans un camp comme dans l'autre, les terroristes, les politiciens et les pacifistes ont fait trop de mal pour qu'une solution durable et paisible puisse être envisageable.

Je ne suis pas particulièrement à l'aise avec le problème du retour des juifs en Palestine, mais ce livre de Koestler aura eu le grand mérite de me donner quelques réponses sur la manière dont les évènements se sont déroulés de 1937 à 1939. Deux années riches en rebondissement, qui virent l'interdiction de l'immigration survenir au moment où les juifs quittaient massivement l'Europe fasciste, l'interdiction pour les juifs habitants en Palestine d'acheter des terres aux fellahs, la réalisation par les colons juifs de véritables colonies communautaires, indépendantes et lucratives, l'impossibilité pour les arabes de sortir de leur marasme économique et d'accéder à l'éducation et à la santé. Bilan sur deux années qui prouvent à quel point les choses n'ont pas changé en Israël : même problèmes de possessions des terres et de l'eau (mais inversé au profit des Israéliens), même problèmes disons d'évolution sociale pour la société arabe et même forme de terrorisme…

Constat particulièrement amer donc. En tout cas la lecture de ce livre a été très importante pour moi, dans ma quête pur comprendre un peu mieux la manière dont le monde se vit aujourd'hui. Je le rapproche bien sur de ma lecture récente et tout aussi passionnante de Daniel Stein, Interprète de L. Oulitskaïa, qui lui se penche davantage sur les problèmes des différentes communautés religieuses.

A noter, enfin, le grand plaisir que j'ai éprouvé à lire un livre à l'ironie toute britannique (mais il se pourrait qu'il s'agisse d'un humour de l'Est...), aux histoires juives absurdes et drôles, à la lucidité politique impressionnante et au style limpide et efficace.

Merci à Aaliz pour la proposition comme auteur du mois.

Un auteur qui aura goûté à toutes les utopies de son époque (sionisme, communisme, parapsychologie…) et dont il me reste encore quelques facettes à découvrir.
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyMer 14 Aoû 2013 - 17:13

Magnifique commentaire Shanidar ! enthousiaste 

Connaissant les positions de Koestler sur ce sujet, je me demandais si, justement, il resterait impartial. Tu me rassures sur ce point car c'est un sujet qui m'attire beaucoup mais comme il est plutôt brûlant, c'est difficile de trouver des lectures le traitant avec objectivité. Koestler semble être beaucoup plus dans l'interrogation et la réflexion.
Je vois qu'en plus le roman aborde l'aspect des kibboutz (cette expérience du communisme m'a toujours intriguée).
Je le rajoute d'emblée sur ma LAL ! miammiam 

Merci beaucoup à toi Shanidar !
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyMer 14 Aoû 2013 - 22:22

Impartial : oui, je crois. En tout cas, pour l'époque Koestler est d'une grande honnêteté, il pose les questions qui encore aujourd'hui sont source de conflit. Il fait également œuvre d'auteur ce qui est plutôt bien.
Je pense que je vais lentement mais surement poursuivre la découverte de cet auteur atypique mais franchement très agréable à lire. Je suis absolument séduite par sa manière sans fioriture, directe, d'entrer dans le vif des sujets qu'il veut traiter (le communisme, le sionisme), sans jamais être directif, sans jamais oublier qu'il écrit, Koestler offre un miroir de son temps, de son époque, avec intelligence et style. Ce qui est bien agréable.
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyVen 6 Sep 2013 - 16:49

Arthur Koestler [Hongrie] Sparta10

Spartacus

« Nous vivons au siècle des révolutions avortées » c’est le constat d’un avocat romain au 1er siècle avant JC. L’empire romain connaît alors une grande période de désordre politique, économique et social. C’est dans ce climat troublé que Spartacus va entraîner avec lui gladiateurs et esclaves dans une révolte qui aura fait trembler Rome.
Cependant le Spartacus d’Arthur Koestler n’est pas un banal roman historique bourré d’actions et d’aventure. Il se veut plutôt une analyse et une réflexion sur le processus de la révolution, son mécanisme et tente d’expliquer pourquoi toute révolte semble être vouée à l’échec.
Bien entendu, le soulèvement opéré par Spartacus est pour Koestler un exemple de base autour duquel il construit son argumentation mais le propos s’applique de façon plus générale. S’agissant de Koestler, on pense notamment au cas de la Russie d’autant plus que Koestler profite de la légende de la Cité du soleil pour aborder le sujet du communisme et de son utopique mise en œuvre.

La démonstration est menée avec habileté. Arthur Koestler met d’abord en scène un simple fonctionnaire de l’Etat romain, un greffier de province ambitieux qui cherche les honneurs et à gravir les échelons après de nombreuses années de bons et loyaux services. Il se fait témoin extérieur des évènements mais pourtant constitue à lui seul l’exemple même du citoyen moyen condamné à la médiocrité. Par le cas de ce greffier, Koestler permet une généralisation du type même du candidat à la révolte mais qui se résigne à son état.

Citation :
« Car, aux débuts du monde, les dieux ont privé les hommes de la joie sereine et leur ont enseigné qu’ils devaient obéir aux interdictions et renoncer à leurs désirs. Et ce don de la résignation, qui rend l’homme différent des autres créatures, est si bien devenu chez lui une deuxième nature qu’il en use comme d’une arme contre ses semblables, d’un moyen infaillible d’oppression.
La nécessité de se résigner, de renoncer s’est, depuis les origines, si profondément ancrée dans les hommes qu’ils ne tiennent plus pour noble que l’enthousiasme de l’abnégation. Peut-être ainsi expliquera-t-on que l’humanité s’ouvre tous les jours à l’enthousiasme qui puise ses sucs dans la mort et qu’elle reste sourde à l’enthousiasme de la vie. »
Spartacus, lui, ne se résigne pas et veut recouvrer sa liberté, il refuse que sa vie soit vouée à servir de divertissement aux « maîtres romains ». Il rejette sa condition d’homme asservi courbant l’échine. Dans un premier temps, nombreux sont ceux qui le suivent. Puis la désillusion et le découragement plus que les tentatives de matage des forces romaines ont raison du mouvement. Nombreux le désertent et retournent chez leurs anciens maîtres.
Pourquoi la révolte s’essouffle-t-elle et se saborde-t-elle elle-même ?

Citation :
« Il y a deux forces agissantes : le désir de changement et la volonté de conservation. Celui qui part reste attaché par les liens du souvenir, celui qui reste s’abandonne à la nostalgie. De tout temps les hommes se sont assis sur des ruines et ont gémi … »
Koestler pointe alors du doigt la frilosité de l’homme face à l’incertitude du changement. Par sa nature, il préfère un état qui lui est défavorable mais qu’il connaît à une possible meilleure situation dont il ignore tous les tenants et toutes les difficultés qu’il lui faudra affronter pour y parvenir. On sait ce qu’on perd mais on ne sait pas ce qu’on trouve.
Autre raison invoquée par l’auteur : l’étroitesse de la conception que se fait la masse de la liberté :

Citation :
« Pour l’homme moderne, la liberté ne signifie qu’une chose : ne plus être obligé de travailler. »
Et Koestler d’expliquer par la bouche de Crassus comment Spartacus aurait du s’y prendre. A cette occasion le discours de Crassus n’est d’ailleurs pas sans rappeler les valeurs stakhanovistes prônées sous le régime stalinien :

Citation :
« Si réellement vous aviez voulu des solutions sérieuses, vous auriez dû prêcher une nouvelle religion élevant le travail au rang d’un culte. Vous auriez proclamé que la sueur du travailleur était un liquide sacré ; que c’est uniquement dans le labeur et la souffrance, dans le maniement de la pelle, du pic ou des rames que s’affirme la noblesse de l’homme, tandis que la douce oisiveté et la contemplation philosophique sont méprisables et condamnables. »
Bref, Arthur Koestler analyse de nombreux éléments, s’arrête aussi sur l’importance du meneur de la révolte, sur son attitude et la mentalité qu’il se doit d’avoir. Il retrace le schéma type du déroulement d’une révolte incluant les querelles de partis au sein du mouvement, la scission etc… Il fait intervenir de nombreux protagonistes d’horizons différents : l’homme de religion, le philosophe, le militaire, le simple citoyen, le magistrat... Le contexte politique, économique et social est minutieusement étudié. Koestler prend d’ailleurs la peine d’écrire une postface dans laquelle il raconte la genèse du roman, son contexte d’écriture et dans laquelle il souligne l’importance qu’il a accordé à la rigueur historique dans tous les détails ( jusqu’aux descriptions vestimentaires).

Spartacus est à l’image du Zéro et l’infini, un roman d’une grande richesse où la réflexion et l’interrogation est constante. Toutefois, j’ai trouvé la première moitié assez longuette et parfois maladroite au niveau du style ( ou de la traduction ?) mais la deuxième moitié redresse la barre et compense largement tant elle pousse au questionnement. Le sujet m’intéressant particulièrement, je ne vous cache pas qu’encore une fois je suis comblée par ma lecture.

Arthur Koestler est décidément un auteur qui me plaît de plus en plus. J’ai repéré à la bibliothèque La lie de la terre ( roman autobiographique dans laquelle il relate son expérience du camp) mais aussi une biographie d’Arthur Koestler par Michel Laval, je vais donc m’empresser de les emprunter !
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MessageSujet: Re: Arthur Koestler [Hongrie]   Arthur Koestler [Hongrie] EmptyVen 6 Sep 2013 - 17:59

Heureux qu' on redécouvre Koestler. Puisqu' on discute sur ce qu' est un intellectuel, il représente assez bien ce qu' il devrait etre.
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