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| Kent Meyers | |
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Auteur | Message |
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topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Kent Meyers Mar 5 Nov 2013 - 17:24 | |
| - coline a écrit:
Je n’aurai pas autant d’enthousiasme que Topocl
C'est tout à fait impardonnable, coline ! - coline a écrit:
On pourrait presque envisager ce texte comme une suite de nouvelles, qui auraient à voir tout de même les unes avec les autres.
Oui , des nouvelles qui s'entremêlent, et cela donne une densité particulière au récit. - coline a écrit:
- . Les paysages marquent-ils les âmes de ceux qui y vivent?
Je crois que c'est finalement le grand message du livre; j'avais entendu Ron Rash dans une interview qui disait la même chose, et c'est vrai qu'il y a quelque chose de commun dans leurs univers. Merci, coline d'avoir donné une chance à ce livre ! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Kent Meyers Mar 5 Nov 2013 - 17:31 | |
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| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Kent Meyers Jeu 5 Déc 2013 - 12:49 | |
| Twisted tree
Chef-d'œuvre… on peut le murmurer, en tout cas œuvre totale, assurément. Car tout est là. Des personnages percutants, des êtres qui prennent forme, qui prennent vie sous nos yeux, avec une grande force. Des métaphores extrêmement originales. Du sentiment, bons et méchants au gré des caprices de la vie. Des rêves qui s'effondrent, des erreurs que l'on refait. Une écriture magistrale, superbement rythmée et efficace, poétique et effrayante, capable de se jouer d'à peu près tous les codes du roman. Fascinant.
La vie… Toute la vie en un chaos qui loin d'être disparate se lie aux êtres et les relie malgré eux.
Une réflexion (et un vocabulaire) vraiment étonnante posée sur la religion et en particulier sur la religion des américains (qui, mais c'est mon avis, ont une vision exacerbée du religieux, lequel doit être forcément mystique, hypertrophié pour sembler réel)(car, il faut le savoir dieu est mort en Europe mais pas encore en Amérique, et cette nuance donne une grande force à certaines scènes, en particulier tout le premier chapitre du livre, intitulé : L'élu. Cette vision apocalyptique de la croyance, le mélange sacré-profane (la résurrection et l'anorexie, la mutilation de la chair humaine et de la chair christique) toute cette sublimation, écrite sans que l'auteur ne porte aucun jugement, glace, inquiète et interroge.
Passionnant à différents niveaux, ce livre est une Somme. Un grand jeu avec la littérature (une sorte d'adaptation du Short cuts d'Altman) où les personnages n'ont que des liens ténus les uns avec les autres mais dont on devine aveuglément que se cache une tragédie derrière les rideaux des uns et des autres. Un livre qui nous parle aussi de la communauté (animal l'a souligné également), quelle est-elle, qu'est-ce qu'on en fait, comment les êtres vivent dans une minuscule bourgade, en essayant de ne jamais se parler vraiment, en jouant le jeu des convenances, en ne dépassant jamais la limite secrète et intrinsèque des relations humaines, celle qui fait passer de l'indifférence à la re-connaissance.
Un livre dont la thématique centrale pourrait être le remord, puisque la plupart des personnages finissent par se dire : et si j'avais fait/dit/agi et même j'aurai dû dire/faire/agir… Tous sont happés par le regret d'avoir manqué un geste qui aurait pu venir en aide à un autre et les aurait du même coup éloigné de la culpabilité. Voilà, Twisted tree est un livre sur la culpabilité, le regret et le remord. A noter le nombre de personnages (souvent féminin) qui finissent par renoncer au passage à l'acte par peur, confort, par manque de confiance et qui gâche une partie de leur existence, sans compter tous ceux qui ont préféré le silence… si paisible, si rassurant et si menteur.
Mais j'aurais dû parler à Hayley Jo Zimmerman. J'ai une voix. J'ai une langue. J'aurais dû lui attraper le poignet avant que la dernière pièce de monnaie n'atteigne sa main, avant même les billets, avant même les pièces de vingt-cinq cents. Sur-le-champ, pendant que je comptais les pennies. Lui attraper la main et lui dire qu'il était impossible de se cacher. Se peut-il qu'il existe un autre univers où elle serait encore en vie parce qu'une autre version de moi-même lui aurait serré la main, lui aurait parlé ? Ici, c'est mon univers. Je ne peux y être innocente.
Queenie le disait, Kent Meyers donne de la voix au silence, à tous les silences et il met en lumière les défaillances, les renoncements, toutes les fois où l'on préfère fermer les yeux, détourner le regard et fuir...
Et puis, je voudrais aussi souligner le travail de l'éditeur et des collègues/amis de Kent Meyers, qui prouvent une nouvelle fois à quel point un bon livre nait d'une collectivité et d'une confrontation aux univers des autres. Ce travail, qu'à mon avis les éditeurs français ne font pas ou pas assez (peut-être parce que les auteurs français sont considérés comme des génies ?) est ici absolument exemplaire et invisible.
Une écriture cinématographique ? Relisant les commentaires de topocl, j'en arrive à cette conclusion. Kent Meyers parvient à obtenir l'illusion de ralenti comme au cinéma (lorsque l'ancien prêtre reçoit la confession d'une indienne accidentée et que les gyrophares tournent inlassablement, il y a comme une suspension de l'action, une mise au ralenti qui densifie le propos, lui donne une profondeur terrible et qui ne peut manquer d'étreindre le cœur et soudain le lecteur a l'impression d'être Caleb , d'être celui qui se penche pour saisir la blague de tabac et d'avoir dans la paume de sa main la lourdeur et la douceur du cuir, c'est impressionnant de pouvoir écrire ainsi).
J'insiste peut-être lourdement mais je pense vraiment que le départ de topocl est un énorme gâchis pour le forum et pas seulement à cause de Kent Meyers. Je pense aussi, évidemment, à toutes les autres lectures que topocl défendait passionnément (de Montalbetti à Rolin et bien d'autres), je pense aussi à toute la générosité dont elle a fait preuve pour nous initier patiemment au découpage de petits papiers. Je pense enfin à toutes les discussions que nous avons pu avoir et qui me manquent. Parce que nous avions rarement la même lecture d'une même œuvre mais nous pouvions en parler, sans forcément vouloir changer le regard de l'autre mais en échangeant son propre point de vue tout en sachant écouter celui de l'autre.
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| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Kent Meyers Jeu 5 Déc 2013 - 14:34 | |
| Quel superbe commentaire Shanidar ! Je suis heureuse de l'avoir commandé pour Noël, la relecture se fait ardemment désirer. (Et Topocl aussi) | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Kent Meyers Jeu 5 Déc 2013 - 17:18 | |
| - shanidar a écrit:
- Twisted tree
Chef-d'œuvre… on peut le murmurer, en tout cas œuvre totale, assurément. Car tout est là. Des personnages percutants, des êtres qui prennent forme, qui prennent vie sous nos yeux, avec une grande force. Des métaphores extrêmement originales. Du sentiment, bons et méchants au gré des caprices de la vie. Des rêves qui s'effondrent, des erreurs que l'on refait. Une écriture magistrale, superbement rythmée et efficace, poétique et effrayante, capable de se jouer d'à peu près tous les codes du roman. Fascinant.
[...] J'insiste peut-être lourdement mais je pense vraiment que le départ de topocl est un énorme gâchis pour le forum et pas seulement à cause de Kent Meyers.
Quel enthousiasme Shanidar pour Twisted tree! Je me dis que Topocl doit bien au moins suivre le fil Kent Meyers et se réjouir de ton bonheur de lecture. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Kent Meyers Jeu 5 Déc 2013 - 20:42 | |
| oui je suis totalement conquise et pour donner envie à Arabella (et ceux que peut-être la question du style taraude), je vais en dire encore deux mots. J'avoue que ma propre légère réticence venait du côté américain du récit : grosses voitures, grands magasins et manque de repère historique ne me font pas aimer cette littérature souvent stéréotypée. Kent Meyers parle de cette Amérique-là, celle des K-mart (je crois que c'est ça) et des virées en grosses cylindrées, mais j'ai très rapidement dépassé ce problème (ce manque) culturel parce que l'écriture de Meyers est une vraie merveille, d'une grande pureté, d'une profonde sensibilité, comme une main de fer dans un gant de velours. Car les vies racontées sont percutantes et la manière de faire absolument unique d'intelligence et de subtilité. J'ajoute qu'en filigrane se dessine aussi l'histoire de l'Amérique, celle des blancs et des indiens et là Meyers se rapproche de Pynchon, de cette manière de revisiter une histoire douloureuse en redonnant à chacun la place (souvent mauvaise) qu'il a tenue alors.
Voilà. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Kent Meyers Jeu 5 Déc 2013 - 20:45 | |
| - shanidar a écrit:
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J'avoue que ma propre légère réticence venait du côté américain du récit : grosses voitures, grands magasins et manque de repère historique ne me font pas aimer cette littérature souvent stéréotypée.
S'il faut rassurer...ce n'est pas cette Amérique-là qui reste dans mon souvenir de Twisted tree. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Kent Meyers Jeu 5 Déc 2013 - 20:48 | |
| - coline a écrit:
- shanidar a écrit:
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J'avoue que ma propre légère réticence venait du côté américain du récit : grosses voitures, grands magasins et manque de repère historique ne me font pas aimer cette littérature souvent stéréotypée.
S'il faut rassurer...ce n'est pas cette Amérique-là qui reste dans mon souvenir de Twisted tree. Plutôt celle des grands espaces, du rodéo et des énormes trucks ? | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Kent Meyers Jeu 5 Déc 2013 - 20:58 | |
| - shanidar a écrit:
- coline a écrit:
- shanidar a écrit:
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J'avoue que ma propre légère réticence venait du côté américain du récit : grosses voitures, grands magasins et manque de repère historique ne me font pas aimer cette littérature souvent stéréotypée.
S'il faut rassurer...ce n'est pas cette Amérique-là qui reste dans mon souvenir de Twisted tree. Plutôt celle des grands espaces, du rodéo et des énormes trucks ? Exactement! Des grandes solitudes désolées et d'une ville de malheur perdue au milieu. | |
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| | | | Kent Meyers | |
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