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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Mar 1 Oct 2013 - 9:36
merci Jimmy, ton commentaire m'invite à noter ce livre (j'avais beaucoup apprécié "Moi qui ai servi le roi d'angleterre ")
Invité Invité
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Mar 1 Oct 2013 - 10:21
Merci, "moi qui ait servi le roi d'Angleterre est bien" mais "Jarmilka" et "La petite ville où le temps s'est arrêté" sont très beaux aussi.
Y a de quoi se faire plaisir Bédoulène . Mes commentaires devraient suivre petit à petit.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Jeu 3 Oct 2013 - 13:05
C'est plus que de l'enthousiasme... le livre qui te parle le plus, peut-être ?
Invité Invité
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Jeu 3 Oct 2013 - 13:11
Je ne sais pas si c'est celui qui me parle le plus car je ne m'identifie à rien dans ce livre mais c'est peut être celui qui m'apporte le plus en jubilation et en plaisir de lecture. C'est le livre que j'aurais aimé écrire si j'avais eu le talent d'un écrivain.
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Ven 4 Oct 2013 - 23:30
Une trop bruyante solitude traduit du tchèque par Anne Marie Ducreux-Palenicek
Vous avez tous beaucoup parlé de ce livre, et je n'ai pas grand chose à rajouter. En exergue:
Seul le soleil a droit à ses taches Goethe
L'histoire donc, déjà racontée sur le fil , de cet Hanta qui dit de lui:
Je suis un peu le Don Quichotte de l'infini et de l'éternité, et l'infini et l'éternité ont sans doute un faible pour les gens comme moi..
Je relève quelques notes
eXPie a écrit:
mais j'avais trouvé le roman globalement sombre. Burlesquement sombre. La fin, notamment... Elle est terrible, non ?
Oui, du burlesque et du sombre.. plus dans le cadre d'un conte dans lequel la fin a sa propre logique .
Arabella a écrit:
C'est une poésie de chaque instant, dans les gestes et les évenements les plus quotidiens voire les plus sordides, dans son métier de détruire, de broyer des livres, dans le bruit, la saleté, une activité qui révulse profondement cet amoureux des livres et des auteurs.
Effectivement, il y a une grande dimension poétique toujours présente,et ce même s'il raconte des choses absolument atroces, en particulier l'histoire de la petite tzigane dont le prénom clôt le récit.
Arabella a écrit:
Et je trouverais dommage de réduire le propos de l'auteur à une critique du régime socialiste,
Oui.. bien sûr c'est un texte écrit dans un contexte bien particulier, mais le texte est tellement fort en lui-même que même sans connaître le contexte, il peut exister seul et avoir une dimension universelle, c'est un peu ce que dit Jimmy..
Je n'ai pas le temps de commenter tous les messages qui parlent de ce livre, il n'y a de toute façon pas de note discordante.
Je vais m'arrêter un peu plus sur l'excellente analyse d'Emmanuelle Caminade pour pouvoir recopier l'extrait qui contient la phrase du Talmud dont elle parle, et la resituer dans son contexte. Car cette phrase est importante finalement dans l'intelligence-et l'ironie- du texte, jusqu'au bout, peut être répondant à eXPie qui parle de cette fin terrible..
En spoiler , c'est long!
Spoiler:
A la mort de maman, tout pleurait en moi, mais je n'avais plus de larmes à verser. Au sortir du crématorium, une petite fumée montait vers le ciel, maman s'élevait joliment vers les cieux...Cela faisait dix ans que je travaillais dans les caves des dépôts de vieux papiers: je gagnai par habitude le sous-sol du crématorium, j'avais l'impression de faire la même chose qu'avec les livres. On avait brûlé quatre cadavres, maman était le troisième. Sans un geste , je regardais l'ultime substance humaine, le croque-mort retirer les os pour les passer à la moulinette, puis mettre les derniers restes de ma mère dans une boîte en fer, et moi j'écarquillais les yeux comme lorsque s'éloignait le train au chargement superbe qu'on vendrait en Suisse et en Autriche une couronne le kilo. Je n'avais à l'esprit que ces vers de Sandburg: il restera de l'homme juste assez de phosphore pour fabriquer une boîte d'allumettes et juste assez de fer pour forger le clou d'un pendu. Un mois plus tard, j'entrai dans le jardin de mon oncle avec l'urne qui contenait les cendres de maman que je venais de recevoir. Assis à son poste d'aiguillage, en nous voyant mon oncle s'exclama: " Ah, ma petite soeur, te voilà de retour!" Il soupesa l'urne; il n'en restait pas bien lourd de sa soeur, elle qui faisait bien soixante-quinze kilos de son vivant! Et de calculer qu'il manquait au moins cinquante grammes à ses cendres. Puis, il rangea l'urne sur le haut de l'armoire. Un beau jour d'été qu'il binait ses navets, il se souvint tout d'un coup que sa soeur, ma maman, raffolait des navets; il alla ouvrir l'urne avec un ouvre-boîtes et dispersa les cendres de ma mère sur ses navets qu'on dégusta plus tard. A cette époque, quand je pressais des livres dans ma presse mécanique, quand, dans un cliquetis de ferraille, je les écrabouillais par une force de vingt atmosphères, j'entendais des bruits d'ossements humains, comme si je broyais à la moulinette les crânes et les os des classiques écrasés dans ma presse, comme s'il s'agissait des phrases du Talmud: " Nous sommes semblables à des olives, ce n'est qu'une fois pressés que nous donnons le meilleur de nous même.
Jimmy a écrit:
Un grand roman, écrit par un grand homme.
Tout à fait d'accord!
Flibustière Agilité postale
Messages : 884 Inscription le : 29/09/2012 Localisation : Paris
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Jeu 17 Oct 2013 - 19:16
Une trop bruyante solitude. Quel flot de parole ! Une logorrhée ! Comme s'il l'avait écrit d'une traite ! Souvenirs, images, impressions condensés, notre narrateur Hanta, qui a vécu trente-cinq ans comme presseur de livres dans un cloaque, n'a pas la langue dans sa poche ! C'est un récit agréable à lire, les images qu'il nous donne à voir ou à sentir sont peu ragoutantes mais tout ce qui pue ne tue pas ! Envahi de livres qu'il sauve de sa presse, il n'a plus d'espace pour respirer, que celui de nous énumérer, depuis le Petit Lord en trois volumes jusqu'à la Théorie générale du ciel de Kant ses compagnons de 35 ans de vie commune. Pour moi, c'est parce qu'il est court que ce récit est intéressant. Mais pour découvrir cet auteur, je ne sais pas si c'est la meilleure voie d'entrée.
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Jeu 17 Oct 2013 - 21:06
Flibustière a écrit:
Une trop bruyante solitude. Quel flot de parole ! Une logorrhée ! Comme s'il l'avait écrit d'une traite ! Souvenirs, images, impressions condensés, notre narrateur Hanta, qui a vécu trente-cinq ans comme presseur de livres dans un cloaque, n'a pas la langue dans sa poche ! C'est un récit agréable à lire, les images qu'il nous donne à voir ou à sentir sont peu ragoutantes mais tout ce qui pue ne tue pas ! Envahi de livres qu'il sauve de sa presse, il n'a plus d'espace pour respirer, que celui de nous énumérer, depuis le Petit Lord en trois volumes jusqu'à la Théorie générale du ciel de Kant ses compagnons de 35 ans de vie commune. Pour moi, c'est parce qu'il est court que ce récit est intéressant. Mais pour découvrir cet auteur, je ne sais pas si c'est la meilleure voie d'entrée.
Je ne sais pas si c'est la meilleure voie mais en tout cas ton commentaire dynamique donne très envie. (mais tu en as peut-être lu d'autres ?)
Flibustière Agilité postale
Messages : 884 Inscription le : 29/09/2012 Localisation : Paris
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Jeu 17 Oct 2013 - 21:30
shanidar a écrit:
Je ne sais pas si c'est la meilleure voie mais en tout cas ton commentaire dynamique donne très envie. (mais tu en as peut-être lu d'autres ?)
C'est mon premier livre de Hrabal, je tenterais bien une autre fois un roman (et non un récit) de cet auteur !
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Jeu 15 Oct 2015 - 11:30
Les souffrances du vieux Werther
Ce sont les souvenirs de son oncle que l'auteur nous dévoile. Un oncle qui nous est sympathique dès les premières pages de la préface.
Je me suis essoufflée à suivre l'écriture qui s'exalte dans les paroles de l'Oncle, sans pause, mais je n'en souhaitais pas. C'est un enchainement de longues phrases qui m'ont tenue jusqu'à la dernière page.
Ouf quel Homme cet Oncle ! Qui a comme "bréviaire" le livre de Batista, ce qui lui permet de "philosopher" sur tout et sur les femmes particulièrement.
Quel auteur que Bohumil Hrabal ! encore une fois ce fut une très bonne lecture.
Extraits :
"sauf que l'excès vous fait du mal comme dit Batista, c'est celui qui écrit des choses qu'on comprend pas trop parce qu'il a été aux écoles"
"Les nobles étaient vicieux parce qu'ils avaient de quoi et puis ils avaient le sens de l'art et de la culture, ils apprenaient juste à bien abêtir les gens par le trône et l'autel"
"et le Christ, surnommé autrement Jésus, a fait des choses que personne n'était arrivé à faire avant, c'était un juif baptisé, comme Ghandi il voulait la justice, que personne sur terre ne fasse cocu et ne vole, et c'est pour ça qu'il a subi la passion. Jan Hus aussi s'est laissé brûler par simple entêtement, et comme ils voulaient picoler pendant la noce, le Christ leur a changé le vin en eau, c'était un rigolo et un magicien ..."
"J'ai encore pu lui jouer un rôle d'officier de la garde, et si je m'étais entraîné dès ma petite enfance, maintenant je serais aussi dans les journaux, c'est exactement comme Jésus, depuis son plus jeune âge, il s'était entraaîné à faire le docteur, le législateur et le magicien, s'il n'avait pas été tout ça, on ne l'aurait pas considéré comme Dieu, les libres penseurs reprochent à l'église que s'il était Dieu, pourquoi il entretenait des relations avec une femme perdue, mais il lui donnait seulement des leçons d'hygiène publique, comme Batista, et elle, Marie-Madeleine, quoique grue à l'origine, elle a quand même fini par parvenir à la sainteté..."
Ariane SHOYUSKI Sage de la littérature
Messages : 2372 Inscription le : 17/04/2014
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Jeu 15 Oct 2015 - 23:24
Merci beaucoup Bédoulène pour ce commentaire. Hrabal n'est pas uniquement pour Trop Bruyante Solitude. Il confirme son talent avec les autres œuvres...
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Bohumil Hrabal [République tchèque] Sam 7 Nov 2015 - 18:51
La chevelure sacrifiée
Une récit à la première personne de Maryška, une jeune femme, qui est la vie personnifiée, marié à un homme trop sage, épris de juste mesure et de maîtrise de soi. Maryška mord dans l'existence à pleines dents, au propre comme au figuré, ce qui crée des situation cocasses, et donnent bien du soucis à son époux.
Un livre drolatique, mais plein de poésie également et de nostalgie d'une vie qui n'existe plus au moment où le livre a été écrit, une petite ville de Bohême où il faisait bon vivre, plein de personnages truculents, qui n'arrivent pas à se discipliner. Un livre tout en sensations, un éloge de la joie de vivre.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Nous sommes en 1945, une petite gare en Bohême sous occupation allemande. La guerre est en train d'être gagnée par les Alliés, mais la lutte dure encore, et des trains chargés d'armes et de soldats passent par la petite gare. Le narrateur, stagiaire dans les chemins de fer, a tenté de se suicider à cause de problèmes amoureux. D'autres événements, cocasses ou tragiques sont en cours.
Hrabal campe une galerie de personnages, légèrement allumés, qui semblent vivre dans un monde décalé, mais la souffrance et la tragédie n'est jamais loin, même mise à distance par l'humour. Texte ramassé, plein d'entrain et de tristesse, il se lit vite, mais ne s'oublie pas le livre terminé.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Oui, d'habitude je fais comme ça aussi... mais il était passé il y a quelque temps sur le câble, la tentation était grande, et je n'avais pas le livre sous la main...