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| Christine Montalbetti | |
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+4Igor GrandGousierGuerin animal topocl 8 participants | |
Auteur | Message |
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Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Mar 16 Juil 2013 - 8:44 | |
| PETIT le problème! Et dans ce cas, rêver oui, à un point que ça a pris le pas sur le texte... | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Mer 17 Juil 2013 - 16:10 | |
| Je viens de lire le premier chapitre de Western. On retrouve tous les ingrédients d'écriture de Journée américaine : ce qu'on peut appeler des tics si on n'aime pas, ou un style si on aime. Cette façon non pas de raconter quelque chose, mais de raconter le regard que l'auteur porte dessus, et d'impliquer le lecteur comme un interlocuteur partageant l'observation, de moduler le discours dans des parenthèses. C'est l'aube. Un trentenaire se balance sur sa chaise sous l'auvent de la maison. Une colonne de fourmis aborde sa botte. Il ne se passe rien. La lumière éclaire peu à peu la scène. C'est tout, et je me régale!
J'y retourne! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Mer 17 Juil 2013 - 16:26 | |
| Les commentaires de Topocl sont souvent sévères. Sévères mais justes (?). Castigat ridendo mores. Qui aime bien chatie bien. Etc, etc. Mais en fin de compte elle fait comme tout un chacun, elle juge selon son -ses- humeur (s), sa subjectivité... son héritage génétique, les caprices de son ordi. Et Miles qui s' en fout... Bon, allez, je note Montalbetti... | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Mer 17 Juil 2013 - 16:41 | |
| Allez, je sais dire que c'est bien, des fois, aussi ! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Mer 17 Juil 2013 - 17:58 | |
| - topocl a écrit:
- Allez, je sais dire que c'est bien, des fois, aussi !
Bien sur que oui, juste une manière contournée pour dire que tu m' as convincu de lire Montalbetti... | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Jeu 18 Juil 2013 - 15:06 | |
| Western
Vous vous souvenez de Il était une fois dans l'Ouest ? Les gros plans sur les hommes, la mouche qui passe, la goutte qui tombe sur le chapeau… De tous les bons vieux classiques, Le train sifflera trois fois, les Sergio Leone, etc… ? Eh bien Western, c'est ça, réinventé. On ne sait rien des hommes, juste qu’il sont liés par une amitié un peu bizarre, comme toutes les amitiés.
Tous n’ont même pas droit à un nom – croit-on. On les observe, c’est lent, il ne se passe rien, on ne sait rien du passé, l'instant présent est là, la lumière, le ciel et les ombres changent au fil des heures.
Christine Montalbetti raconte cela, commente, livre ses interprétations, ses pensées, ces digressions, décortique le détail, nous tend la main et nous propose d'entrer dans la danse. Elle se réapproprie toutes les règles, tous les bons vieux clichés, dans un humour discret qui trouvera son apothéose au dernier chapitre. Il y a là une jouissance de l'instant, du temps qui passe, de l’objet qui traîne et prend curieusement vie, du détail qu'on pourrait croire non signifiant, qui, assemblés, construisent un déconcertant suspense immobile . Elle peut écrire des pages sur des fourmis, sur une façon d'être au monde, sur le dessin d'une tapisserie, sur une boucle d’oreille que fait trembler l’émotion… Les pages défilent, le discours bifurque, diverge, revient au point de départ. Les phrases n’ont pas de fin. Il n'y a pas de sens réel, pas d'histoire (et pourtant…), des hommes sont là, pendant une journée, traînant leur passé …qui finira par les rattraper : on est dans un western, quand même.
Pour un esprit curieux, ça vaut le détour, même si j’imagine bien qu’on puisse détester . Les quelques longueurs m'ont été totalement indifférentes. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Jeu 18 Juil 2013 - 15:14 | |
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Sam 20 Juil 2013 - 13:26 | |
| depuis l'ouverture de ce fil, je voulais parler de ma lecture d'un des livres de Chrstine Montalbetti Petits déjeuner avec quelques écrivains célèbres - Citation :
- Christine Montalbetti raconte neuf petits déjeuners qu’elle a pris, les uns, dans des circonstances privées, les autres, dans des contextes institutionnels, avec quelques écrivains.
Ces récits constituent des hommages discrets et délicats à ces auteurs, dont le portrait n’est jamais appuyé, mais seulement esquissé, presque fantomatique. Car ces textes s’inquiètent (et s’amusent) de notre fascination pour ce tout ce qui est « people » et qui hante le discours contemporain. Ils interrogent, implicitement ou dans un jeu explicite, notre curiosité, et les motivations de cette attente. Il ne s'agit pas d'un roman, mais de vrais rencontres avec d'autres auteurs: - Citation :
- Sommaire : L’aquarium (avec Jean-Philippe Toussaint) – Un déjeuner de soleil (avec Laurent Mauvignier) – Les Carnets de Mendiska (avec Anne F. Garréta) – Le sentiment de la maison (avec Tanguy Viel) – Heures Bauloises (en l’absence de...) – Roméo et Juliette (avec Olivier Cadiot) – Trouville story (mais où est passé Jérôme Beaujour) – Les jardiniers (avec Éric Laurrent) – Hôtel Komaba Eminence (avec Haruki Murakami).
Mais plus qu'un "question-réponse" elle fait quelque chose de tout à fait extraordinaire. Cela fait assez longtemps que je l'ai lu (lors de la sortie en 2008) mais j'en garde de très bons souvenirs, surtout concernant cette écriture que je voulais poursuivre dans d'autres livres... Depuis que tu nous as parlé de Journée américaine, il se trouve sur ma tablette Plus d'information sur ce livre des petits déjeuners et le lien pour le lire en ligne: site de l'éditeur | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Mar 6 Aoû 2013 - 8:33 | |
| Trace
J’aurais pu dire brume, parce qu’on avance à tâtons dans les mondes de fiction qu’on forme depuis l’étrange cocon de sa table de travail. Et que cette brume enveloppe aussi, je crois, le lecteur, qui reçoit confusément des choses que l’auteur lui transmet sans toujours les reconnaitre. J’aurais pu choisir instant, complexité de l’instant, parce que je suis attentive aux émotions contradictoires qui l’innervent, à ce qui se joue de batailles incroyables et microscopiques en chaque moment, où tant à la fois nous traverse. Mais trace, oui, allons-y pour trace, parce que c’est de ça avant tout qu’il s’agit, de cette pulsion éperdue de retenir ce qui s’enfuit. Ces émotions qu’on a ressenties. Ce qui est d’abord labile, éphémère, que la phrase voudrait prendre dans son tamis. Ce qui meurt aussi et se délite autour de soi. Les paysages mangés par la catastrophe. Mais aussi les mots, un certain état du langage. Les livres comme des conservatoires tous azimuts, de sensations, de fantômes, de vocabulaires, de lieux. Pas des conservatoires figés : plutôt l’espace où leur donner une nouvelle vie, où les réanimer. Que de la rêverie même quelque chose demeure. La rêverie volatile par nature, mais regardez, une fois qu’elle s’est évaporée, restent les cristaux visibles des caractères de l’alphabet qu’on a fait apparaître en pressant une à une les touches du clavier de la pulpe de ses doigts, dans le mouvement physique que c’est aussi d’écrire. Au lecteur de les réanimer.Dans Lexique Nomade, dont je parle ici | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Ven 8 Nov 2013 - 21:29 | |
| L'évaporation de l'oncle - Citation :
- Aux fugueurs, aux prodigues,
et à ceux qui sont restés dans la maison Nous sommes au Japon dans une époque incertaine où on porte encore soques et kimono, un Japon qui ressemble parfois à un haiku, parfois à une estampe où l’on peut croiser un samouraï. Vous qui entrez dans ce livre, soyez prêts à prendre votre temps. À regarder tomber la pluie d'automne, puis la neige couvrir doucement le paysage et céder la place à l'épanouissement des bourgeons. Il ne se passe pas grand-chose. Dans ce calme solitaire, vous observerez soigneusement les insectes, prendrez garde aux objets qui, des indices l’indiquent, mènent leur vie propre la nuit. Dans ce curieux décor fait de digressions et de poésie mutine, vous suivrez les pas de Yasu, parti un beau matin, après une douce étreinte, rechercher l'oncle, avec qui il se promenait enfant au bord de l'eau, et disparu jadis sans laisser de traces. C'est l'occasion pour lui, tout au long du chemin, d’auberge en auberge, d'imaginer les possibles de l’oncle, de retrouver son ami d’enfance dont il ne sait plus grand chose mais avec qui il partage quelques soirées de silence sous la véranda. - Citation :
- Ils baissent naturellement le ton avec le soir qui descend. C'est comme si dans l'obscurité, tu as remarqué, la parole était plus secrète. Le rythme de leurs propos devient plus lent ; entre deux phrases, s'installent des silences songeurs, terreau propice au développement de petites rêveries où chacun laisse résonner en lui les prolongements intimes de ces retrouvailles. Leur imagination surfe doucement sur les paroles de l'autre ; leurs souvenirs, comme aussi leur perception de leur vie contemporaine, pèsent ensemble sur les mots prononcés, et font palpiter dans l'air du soir les bénéfices de leur conversation. Dans ces silences entre de la fatigue aussi, celle qui prend quand la journée est derrière soi ; une fatigue contre laquelle ils ne luttent pas, pour laquelle ils se laissent faire, et puisque le partage silencieux tranquille de la fatigue est aussi, je crois, un des privilèges de l' amitié.
- Citation :
- Quelles pensées brasse-t-elle alors, dans le flux distendu, incomplet, des voix des deux amis, dont le vent tantôt lui apporte tantôt lui dérobe les sons, quels ressouvenirs de ses propres amitiés, peut-être, ou quel afflux d’ enfance, quand, vous savez, les invités continuent de parler dans la nuit et que, petite fille, depuis la chambre elle écoutait le chant en même temps rassurant et bizarre que cela faisait, l'impression contradictoire de protection et d'exclusion ; et le murmure familier vous endormait, tandis que la curiosité vous laissait lutter contre cet endormissement même.
Dans la vieille maison dans la montagne, son épouse, Yunko, confinée, croit-on, à l'espace domestique, observe et patiente. Elle visite une vieille voisine qui, sans doute, elle aussi, cache un secret. Tous ces personnages ont en commun la solitude et le poids des secrets, secrets qui pourraient être les mêmes de génération en génération. En symbiose avec la nature et avec l’eau, ils affrontent leur quête avec une douce sérénité. Le livre est fait de silences, de fins détails qui n’attirent habituellement pas l’attention, et d’émotion retenue. - Citation :
- (…) car est-ce que tout ce qui est végétal, et qu'il est tout de même bien agréable d'embrasser du regard, n'a pas cet effet de vous rendre, inexplicablement, quelque chose de vous-même, comme sait parfois le faire la nature au matin quand on sort sur sa terrasse et qu'on contemple le jardin, les bras croisés sur son torse et des mains nous frottant un peu les épaules à cause du froid tout neuf après la chaleur du lit.
- Citation :
- Il y a parfois je ne sais quoi dans l'air qui vous paraît inexplicablement en accord avec vos pensées.
. Raconter l'histoire d’un livre de Christine Montalbetti, c'est en cacher l'essentiel : une façon unique de raconter, de s'attacher à un souffle de vent, à une émotion qui passe, à une intuition, un soupir. Elle donne vie et corps à la fumée qui s'échappe de la soupe, à la conversation entre quatre hommes qui ne se connaissaient pas, à la chute brutale des feuilles de bouleau quand arrive le froid, à une brindille emportée par le ruisseau. Dans une complicité égale avec ses personnages, dont elle dispose comme de pions, et avec le lecteur, elle nous livre au passage quelques souvenirs personnels et se raconte en train d'écrire ce récit humble et limpide. - Citation :
- (…) car raconter ce n'est plus être l'otage de ce qu'on vous oblige à vivre, mais, dans une certaine mesure, se le réapproprier.
Tout cela comme une histoire douce, qui n'empêche pas le recours à un humour subtil. Christine Montalbetti raconte avec un détachement à la fois tendre et espiègle une histoire de temps qui passe, de vie qui s'échappe, sublimée par la vigueur d’émotions fugitives. - Citation :
- Peut-être avons-nous peur aussi d’être réduits aux choses terribles que nous avons vécues.
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Sam 4 Jan 2014 - 14:52 | |
| Expérience de la campagne - Citation :
- Vous vous demandez, fugitivement, si, oui, dans une certaine mesure, écrire un roman, ce n'est pas justement cela, classer ses images intérieures sans les reconnaître, de manière à fournir une suite lisible.
Cela vous est peut-être arrivé, lors d'un week-end entre amis à la campagne, de laisser les autres au salon, de rester calmement dans la nuit de la véranda, d'observer le soir, l'orage qui passe, de penser à l’ami parti, au roman entamé, et d'en venir, peu à peu, à des images d'enfance… - Citation :
- Simon s'enfonçait dans ce sentiment de l'étrangeté des campagnes, dans l'impression difficile de s'y trouver déplacé, sans rapport, hétérogène à toute cette nature verdoyante, qui pourtant entretenait un lien flou avec la peinture qu’on connaissait, avec la poésie qu'on avait apprise, avec le roman qu'on pouvait s’efforcer d’écrire, avec le théâtre dans le même élan, et qui, dans le même temps, rendait presque tangible les contours d'une solitude que tout, la nuit opaque, les prés indéfinis, concourait à designer, à faire émerger, dans le tableau de cet homme seul sur cette terrasse sans lune, assis derrière cette table sur la toile cirée de laquelle se reflétaient ces deux ampoules à nu.
C'est ce que nous raconte Christine Montalbetti dans ce tout petit roman de 75 pages, où l'on retrouve ses phrases sans fin, scandées par des virgules, ses digressions, son émotion à fleur de peau, son amour du détail insignifiant… Une écriture qui n'est, dans ce livre, pas toujours parfaitement fluide, demandant parfois de reprendre la phrase, mais ce soir qui tombe sur un homme au repos n'en a pas moins un charme certain | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Jeu 9 Oct 2014 - 7:42 | |
| Plus rien que les vagues et le vent - Citation :
- Présentation de l’éditeur
Christine Montalbetti revient aux paysages américains. Cette fois, ce sont ceux de la côte Ouest. La petite ville de Cannon beach, au bord de l’océan. Déserte, hors saison. Un Français échoue au Waves Motel, et il n’y a bien que ça, les vagues, à s’encadrer dans la baie vitrée de sa chambre. Le spectacle de cette colère immémoriale de l’océan. Une colère qui semble avoir contaminé Colter, Shannon et Harry Dean, qu’il retrouve tous les soirs au bar de Moses. Le début de cette lecture a été un commentaire dans Le Magazine Littéraire qui commence ainsi : - Citation :
- Du nouveau roman de Christine Montalbetti, on pourrait dire que c'est du vent. Non pour l'esbroufe, mais parce qu'un souffle le traverse, lequel semble balayer les chapitres dans un mouvement qui laisse étourdi, sonné, et dont la puissance ne se mesure qu'au soir de la marche, le livre refermé. Le titre est en soi un aveu de l'auteur, le résultat d'une concentration accrue sur les paysages, manifeste depuis L'Évaporation de l'oncle (2011) : il n'y a là « plus rien que les vagues et le vent », plus rien d'autre d'essentiel. Comme si l'œuvre, en montgolfière, s'était progressivement délestée de ses personnages pour s’épanouir dans les hauteurs atmosphériques, la mer en toile de fond.
à ce moment-là, j’ai arrêté parce que je savais que je voulais d’abord lire ce roman. Christine Montalbetti se met dans la peau d’un homme, change de pays… et le tout tient la route. On y croit, on se trouve à côté de lui et on l’accompagne tous les soirs dans ce bar pour prendre quelques bières en compagnie de Colter, Harry Dean, Shannon… et on va apprendre peu à peu leurs histoires qu’ils racontent dans ce bar de Moses. Elle alterne ces soirées avec l’histoire de Lewis et Clarke qui ont fait entre 1804 et 1806 la première traversée du continent américain. Tout dans ce livre devient paysage, même les hommes et leurs histoires deviennent toile de fond pour raconter ce pays, cette côte pacifique qui se retrouve dans cette arrière-saison sous les battements d’une mer furieux. À force de le dire, on a l’impression après quelques pages d’entendre le roulement des vagues. C’est fascinant, intéressant, terriblement bien écrit et tout ce qui me fait penser à un roman américain… écrit par une Française ! Pour lire les premières pages, c'est par ici | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Jeu 9 Oct 2014 - 9:06 | |
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Sam 29 Nov 2014 - 10:13 | |
| Plus rien que les vagues et le vent - Citation :
- Chaque fois que je relève les yeux vers l'océan et que je repense à toutes les histoires que j'ai entendues chez Moses, je ne peux pas m'empêcher de trouver un lien inexplicable entre le spectacle inutile et violent des rouleaux qui viennent s’écraser contre la grève et l’acharnement du sort à briser méthodiquement les éclats de bonheur auxquels Colter et les auters étaient parvenus.
Un français dont on ne saura rien arrive à Cannon Beach, Oregon. Un lieu perdu où la sauvagerie de la nature, l'océan tempétueux, la plage déserte , le volcan pas bien loin, un stack majestueux, le phare abandonné, semblent dicter une loi. Un lieu qui fut l’aboutissement de la première exploration transaméricaine de Lewis et Clarke Notre français se prend une chambre au motel (à visiter ici) pour un nuit, s'installe au bar ("Le retour d'Ulysse") où il va finalement revenir soir après soir écouter les récits de vie de trois losers penchés sur leur bière, Colter, Shannon et Harry Dean, " soumis à la misère comme si c'était un mileu naturel, à la vie toute petite"qu'il prend peu à peu en sympathie. - Citation :
- C'étaient des histoires dans lesquelles il fallait accepter qu'il y ait des trous, des zones plus vagues, des bouts de puzzle qu'on s’appliquerait plus tard à recomposer , morceau après morceau, jusqu'à former une image qui resterait sans doute incomplète. Chaque soir, je rentrais au motel avec des pièces du puzzle en plus, qui gisaient en vrac dans ma tête alourdie par les bières.
Je vous raconte l'histoire, parce que, une fois n'est pas coutume, elle prend plus d'importance que dans ses autres livres, avec un début, un déroulement et une fin. Mais l’important n’est pas là. L'important est dans le regard, la façon d'observer, de raconter , de s'étendre en digressions, de mettre son grain de sel mutin qu'a Christine Montalbetti de livre en livre. De nous raconter aussi l'histoire des personnages secondaires qui ne font que passer. D'observer le détail et de se délecter à sa description scrupuleuse et attentive (une partie de ping-pong, le bruit du moteur d'un réfrigérateur, la maitrise que l'on ressent à ouvrir sa voiture à distance d'un simple clic, la façon d'allumer un feu ou de se tenir assis dans le soir sur les marches de l'entrée, une non-rencontre dans un car...). De commenter l'action (ou la non-action) avec malice et d'établir ainsi une connivence avec le lecteur. Et puis, aussi , toujours, de parler de la solitude,de l 'abandon et de la perte. Haystack rock | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Christine Montalbetti Sam 29 Nov 2014 - 11:41 | |
| - topocl a écrit:
- Plus rien que les vagues et le vent
- Citation :
- Chaque fois que je relève les yeux vers l'océan et que je repense à toutes les histoires que j'ai entendues chez Moses, je ne peux pas m'empêcher de trouver un lien inexplicable entre le spectacle inutile et violent des rouleaux qui viennent s’écraser contre la grève et l’acharnement du sort à briser méthodiquement les éclats de bonheur auxquels Colter et les auters étaient parvenus.
Un français dont on ne saura rien arrive à Cannon Beach, Oregon. Un lieu perdu où la sauvagerie de la nature, l'océan tempétueux, la plage déserte , le volcan pas bien loin, un stack majestueux, le phare abandonné, semblent dicter une loi. Un lieu qui fut l’aboutissement de la première exploration transaméricaine de Lewis et Clarke
Notre français se prend une chambre au motel (à visiter ici) pour un nuit, s'installe au bar ("Le retour d'Ulysse") où il va finalement revenir soir après soir écouter les récits de vie de trois losers penchés sur leur bière, Colter, Shannon et Harry Dean, " soumis à la misère comme si c'était un mileu naturel, à la vie toute petite"qu'il prend peu à peu en sympathie.
- Citation :
- C'étaient des histoires dans lesquelles il fallait accepter qu'il y ait des trous, des zones plus vagues, des bouts de puzzle qu'on s’appliquerait plus tard à recomposer , morceau après morceau, jusqu'à former une image qui resterait sans doute incomplète. Chaque soir, je rentrais au motel avec des pièces du puzzle en plus, qui gisaient en vrac dans ma tête alourdie par les bières.
Je vous raconte l'histoire, parce que, une fois n'est pas coutume, elle prend plus d'importance que dans ses autres livres, avec un début, un déroulement et une fin. Mais l’important n’est pas là. L'important est dans le regard, la façon d'observer, de raconter , de s'étendre en digressions, de mettre son grain de sel mutin qu'a Christine Montalbetti de livre en livre. De nous raconter aussi l'histoire des personnages secondaires qui ne font que passer. D'observer le détail et de se délecter à sa description scrupuleuse et attentive (une partie de ping-pong, le bruit du moteur d'un réfrigérateur, la maitrise que l'on ressent à ouvrir sa voiture à distance d'un simple clic, la façon d'allumer un feu ou de se tenir assis dans le soir sur les marches de l'entrée, une non-rencontre dans un car...). De commenter l'action (ou la non-action) avec malice et d'établir ainsi une connivence avec le lecteur.
Et puis, aussi , toujours, de parler de la solitude,de l 'abandon et de la perte.
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