Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Bret Easton Ellis

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colimasson
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyLun 18 Fév 2013 - 21:10

Merci pour ton engouement Kannskia ! Very Happy

Queenie, qu'est-ce que tu attends ?

Et Lunar Park, en effet, ne me semble pas être le meilleur B.E.E...
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyLun 18 Fév 2013 - 21:22

colimasson a écrit:
Et Lunar Park, en effet, ne me semble pas être le meilleur B.E.E...
Ah bon il est si mauvais que ça ?

Ça m'inquiète ce que vous dites.
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simla
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MessageSujet: Luna park   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMar 19 Fév 2013 - 1:05

Effectivement, pas génial No

Autant American Psycho (que j'ai détesté) avait un intérêt pour dépeindre une certaine société newyorkaise de jeunes branchés, avec un déluge de marques significatif et les pulsions meurtrières d'un serial killer (très bien décrites par ailleurs mais vu le nombre de meurtriers en série aux US, il a sans doute eu le choix !) , autant Luna Park, à mon avis, n'a aucun intérêt.

Toujours la description d'une certaine classe riche, qui sniffe de la coke, avec des problèmes existentiels...c'est tout ce dont je me souviens...et encore !

Mais il y a les inconditionnels de Brett Easton Ellis, peut-être aimeras-tu Kannskia Wink
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMar 19 Fév 2013 - 9:29

colimasson a écrit:


Queenie, qu'est-ce que tu attends ?

Va savoir.
J'ai dit que c'était mon défi 2013 : j'ai encore 9 mois (le temps d'une petite gestation)
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMar 19 Fév 2013 - 11:36

simla a écrit:
Mais il y a les inconditionnels de Brett Easton Ellis, peut-être aimeras-tu Kannskia Wink
Et je vais y croire dur comme fer rire

De toute façon, je l'ai donc ça serait dommage de ne pas lui laisser une chance, et puis, j'ai passé un pacte avec Queenie, je dois lire un B.E.E en 2013. En 9 mois, je trouverai bien le temps et le courage de bouquiner un livre inutile.
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMar 19 Fév 2013 - 20:03

Kannskia a écrit:
Queenie a écrit:
Décidément... faut que je le lise ce American Psycho... Je dois être la seule personne au monde à avoir lu des livres de Bret, mais pas celui-ci... quelle honte... Allez... 2013, je me le fais (ou pas...) !

Et moi je dois être la seule personne au monde à avoir adoré American Psycho et à n'avoir rien lu d'autre de sa bibliographie ! On fait la paire. En 2013, tu lis American Psycho et je lis Lunar Park. Wink

American Psycho est aussi le seul que j'ai lu de BEE, j'ai depuis bien longtemps Lunar park sur mes étagères, mais je n'ai pas osé l'ouvrir, me disant que ce serait forcément moins bon. Il faudra que je m'y mette moi aussi.
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMer 20 Fév 2013 - 1:02

domreader a écrit:
American Psycho est aussi le seul que j'ai lu de BEE, j'ai depuis bien longtemps Lunar park sur mes étagères, mais je n'ai pas osé l'ouvrir, me disant que ce serait forcément moins bon. Il faudra que je m'y mette moi aussi.
Tiens c'est amusant ce que tu dis, j'y ai pensé aussi. On s'y est pris à l'envers, on a commencé par le haut du panier... Mais bon, on n'est pas à l'abris d'une bonne surprise ! Je te préviendrai quand j'entamerai Lunar Park, ça t'encouragera peut être à te lancer aussi Wink
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMer 20 Fév 2013 - 20:33

Kannskia a écrit:
domreader a écrit:
American Psycho est aussi le seul que j'ai lu de BEE, j'ai depuis bien longtemps Lunar park sur mes étagères, mais je n'ai pas osé l'ouvrir, me disant que ce serait forcément moins bon. Il faudra que je m'y mette moi aussi.
Tiens c'est amusant ce que tu dis, j'y ai pensé aussi. On s'y est pris à l'envers, on a commencé par le haut du panier... Mais bon, on n'est pas à l'abris d'une bonne surprise ! Je te préviendrai quand j'entamerai Lunar Park, ça t'encouragera peut être à te lancer aussi Wink

C'est noté !
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMer 20 Fév 2013 - 21:31

Kannskia a écrit:
colimasson a écrit:
Et Lunar Park, en effet, ne me semble pas être le meilleur B.E.E...
Ah bon il est si mauvais que ça ?

Ça m'inquiète ce que vous dites.

Attention, je n'ai jamais dit qu'il était mauvais ! Je l'ai juste trouvé moins bon, ce qui reste encore relativement très, très lisible !

Queenie a écrit:
colimasson a écrit:


Queenie, qu'est-ce que tu attends ?

Va savoir.
J'ai dit que c'était mon défi 2013 : j'ai encore 9 mois (le temps d'une petite gestation)

Je t'attends au tournant fin 2013...
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyLun 1 Avr 2013 - 12:43

Kannskia a écrit:
domreader a écrit:
American Psycho est aussi le seul que j'ai lu de BEE, j'ai depuis bien longtemps Lunar park sur mes étagères, mais je n'ai pas osé l'ouvrir, me disant que ce serait forcément moins bon. Il faudra que je m'y mette moi aussi.
Tiens c'est amusant ce que tu dis, j'y ai pensé aussi. On s'y est pris à l'envers, on a commencé par le haut du panier... Mais bon, on n'est pas à l'abris d'une bonne surprise ! Je te préviendrai quand j'entamerai Lunar Park, ça t'encouragera peut être à te lancer aussi Wink

Domreader, si tu en as la volonté et le temps, sache que j'ai commencé Lunar Park, c'est le moment de te lancer Wink
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyDim 7 Avr 2013 - 14:57

easton - Bret Easton Ellis - Page 7 Lunar-10


simla a écrit:
Autant American Psycho (que j'ai détesté) avait un intérêt pour dépeindre une certaine société newyorkaise de jeunes branchés, autant Luna Park, à mon avis, n'a aucun intérêt. Toujours la description d'une certaine classe riche, qui sniffe de la coke, avec des problèmes existentiels...c'est tout ce dont je me souviens...et encore !
Mais il y a les inconditionnels de Brett Easton Ellis, peut-être aimeras-tu Kannskia Wink
Oups, on dirait bien que vous allez pouvoir me classer dans la catégorie des inconditionnels Embarassed


Veterini a écrit:
On change radicalement de décors. Enfin, plus ou moins, la drogue coule toujours à flot et le personnage principal est un paumé. Mais ce personnage est Bret Easton Ellis ! Mi-autobiographique Mi-fantastique à la Stephen King, c’est aussi et surtout un grand retour sur ces précédents livres. Au niveau autobiographique on a les problèmes d’Ellis avec de la responsabilité d’être un père dans le monde moderne. Mais en fait difficile de dire ce qui est autobiographique ou non (Ellis ne s’est jamais marié par exemple), mais peu importe le mélange fiction-réalité est particulièrement réussi ne serait ce qu’au niveau de l’horreur.
Oui, oui, oui ! J'ai vraiment bien accroché à ce mélange autobiographique/fantastique. D'un côté, j'ai adoré me demander quelle était la part de véracité du récit et de l'autre, je me suis laissée emportée par les éléments fantastiques. Un mélange savamment dosé.


Veterini a écrit:
Bref, on peut reprocher à Ellis de ne se centrer que sur un monde : celui des stars, du fric et des paillettes. Mais son style froid, et les extravagances de ses personnages mêlés à une réalité bien trop présente donne un sentiment à la fois de dégoût et de plaisir coupable à les voir évoluer.
C'est exactement ça, je me suis sentie comme une groupie borderline, fascinée par un artiste excentrique au nez bourré de coke rire


Suny a écrit:
Dans l'approche qu'on a du narrateur et personnage central, c'est extrêmement bien décrit, c'est comme si on regardait le monde avec ses yeux, comme si on se pochtronnait et camait avec lui...
C'est vrai que c'est troublant cette capacité à faire fusionner le lecteur avec le personnage. En plus, Ellis fait preuve d'une introspection assez épatante. On dirait qu'il déchiquette des bouts de sa psyché pour les jeter dans le récit mais qu'en parallèle, il a préféré les mêler à une enquête surnaturelle pour ne pas se retrouver totalement à poil. Et c'est là que le mélange autobiographique/fantastique prend tout son sens parce que du coup, on n'a aucun moyen de démêler le vrai du faux.

J'ai beaucoup aimé l'écriture, le style désinvolte et blasé de Ellis.

J'ai retrouvé le même punch littéraire que dans American Psycho et ça, c'est bon !


" Et comme j'étais très fort pour inventer des trucs et les détailler méticuleusement, leur donner la tournure et l'éclat nécessaires, j'ai commencé à monter un nouveau film avec d'autres scènes et une fin plus heureuse, où je ne me retrouvais pas tremblant dans la chambre d'amis, seul et apeuré. Mais c'est toujours ce que fait un écrivain : sa vie est un maelström de mensonges. L'embellissement est son point focal. C'est ce que nous faisons pour plaire aux autres. C'est ce que nous faisons pour nous fuir nous-mêmes. La vie physique d'un écrivain est au fond condamnée à l'immobilisme et pour combattre cette contrainte, un monde tout autre et un moi tout autre doivent être construits chaque jour. "
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMer 24 Avr 2013 - 12:49

Je suis dans la lecture éprouvante d'American psycho.
Avec beaucoup d'admiration.

Pour l'instant, je vois l'écrivain en digne héritier de Fitzgerald, qui n'a pas ménagé sa peine pour signifier à quel point l'abondance matérielle rend malheureux et évidemment Selby, que j'ai lu il y a peu (le fameux Démon).
Certains disent que c'est du plagiat du second.

Non, il y a de nombreuses différences, la première sautant aux yeux : la monomanie du personnage, omniprésente avec la dépendance pathologique des marques.

Nous avons un obsédé, enfermé dans un monde mental limité, que le lecteur découvre un peu plus à chaque page, en ayant peur que que ce soit pire. Et ça l'est toujours.

Ce Bateman est souvent sous l'empire de sentiments anxieux, voire de terreur (point commun avec le héros de Selby). On sent qu'il est sous tension en permanence.

Le culte du corps, des apparences et le luxe culinaire n'arrivent pas à masquer la dérive existentielle d'un être perdu et donc dangereux.

Cette ultra violence est-elle le fruit du libéralisme délirant ? Ou celle d'un pervers ?

Je répondrais : les deux !

Il suffit d'ouvrir les journaux pour voir la concentration incroyable de "déviants" dans ce pays américain. Son système, intrinsèquement, entraîne la violence. Et pas seulement sexuelle. L'ultra compétitivité rend fou !

Quant au côté psychologique de ce sombre héros, Ellis se montre plutôt efficace en parlant à la première personne du singulier. Le lecteur doit épouser ce sadique. Il ne peut pas l'analyser, on ne lui en laisse pas le temps.

Procédé littéraire monstrueux dans le cas présent.

En même temps, la sensation de délire permanent nous fait douter : où est le réel ? Les fantasmes ? Je trouve les dialogues très réussis car se manifeste là la vraie dualité du personnage : il répond mécaniquement tout en continuant ses odieux monologues et rêves intérieurs.

Un livre très provocant...

Je ne peux pas m'empêcher de penser - même s'il est Canadien - au cas Luca Magnotta. Cet assassin qui est passé en France avant d'être arrêté. Même souci de l'apparence, du corps, érotomanie et cruauté. Là, ce n'est pas du "gore", mais la réalité.

Il y en a combien en liberté ???




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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMar 14 Mai 2013 - 12:34

Lunar Park (2005)


easton - Bret Easton Ellis - Page 7 Luna_p10

Bret Easton Ellis est devenu grand mais il ne suffit pas de laisser filer le temps ; il faut aussi savoir dresser le bilan d’un certain passé. Ainsi, le récit de Lunar Park commence à la manière d’un mea culpa. Bret Easton Ellis s’est assagi au tournant de la quarantaine et, chargé de cette décennie supplémentaire, il évoque les années d’American Psycho (décennie de la vingtaine) et de Glamorama (décennie de la trentaine) comme de lointaines périodes qui semblent désormais loin de lui. Mais les cris d’orfraie les plus virulents ne sont-ils pas poussés par ceux qui savent être le plus en droit de s’inquiéter ?


Le succès, la gloire, les relations artificielles, la drogue, les filles faciles, les grands lofts et les voitures hors de prix ont fait leur temps. Après s’être laissé charmer par les avantages de la gloire violente, Bret Easton Ellis a connu une période de dépression profonde et d’hallucinations provoquées par le manque de ces drogues dont il a essayé de se passer –pas particulièrement pour se sauver lui-même, mais bien plutôt pour rattraper les lambeaux d’une gloire finalement aussi éphémère qu’elle lui avait d’abord semblé éternelle. Au moment où il écrit Lunar Park, Bret Easton Ellis vit une autre forme de rêve américain : marié, père de deux jeunes enfants de treize et sept ans, propriétaire d’une demeure avec piscine, passant son temps entre cours à l’université, dîners avec les amis de la famille –d’autres couples avec enfants- et activités de développement personnel.


Pour autant, tout ne va pas pour le mieux. Au début, pourtant, Bret Easton Ellis tente de nous en persuader, mais l’aspect idyllique de sa nouvelle existence est bientôt perturbé par deux phénomènes : dans la région où il habite, la disparition d’enfants des beaux quartiers fait régner la psychose tandis que dans sa nouvelle demeure, des manifestations inexplicables transforment son habitation en maison hantée. Peut-on se racheter une bonne conduite avec une épouse, des enfants et une baraque ? Est-il si aisé de se détourner d’un passé marqué par deux décennies d’errance et d’illusions ?


Une fois encore, après American Psycho, Bret Easton Ellis mêle la réalité et la fiction dans des mesures dont il sera difficile d’appréhender la juste valeur. Cette vie de famille classique –bien qu’aisée- semble parfaitement crédible alors qu’en réalité, Bret Easton Ellis n’a jamais été marié. En revanche, plus fictives semblent être ces manifestations de revenants qui se produisent dans sa maison –est-ce Patrick Bateman, le héros sanguinaire d’American Psycho, ou est-ce son père avec qui il a rompu tout contact ? Et le criminel qui rôde autour des gosses de riches pour les capturer ne fait parler de lui que de loin, mystérieuse arlésienne dont les actes entraînent pourtant des conséquences dramatiques. Mais le roman passe, et la tendance s’inverse. La famille modèle montre ses failles et devient aussi volatile qu’un rêve, tandis que les disparitions et les revenants prennent de l’ampleur et finissent par envahir la vie et l’esprit de Bret Easton Ellis.


Celui-ci avait pensé pouvoir faire une croix sur son passé, rapidement et sans séquelles -il remarquera bientôt, avec une culpabilité mégalomaniaque, que l’artificialité et l’individualisme de son mode de vie passé ont atteint toute une génération –celle qui succède à la sienne. Les enfants de Lunar Park sont de petits êtres effrayants qui déambulent, tels des zombies dopés au Ritalin. Ils vagabondent d’une activité à une autre –reiki, yoga, cinéma, centre commercial, pilates, psychologue…- et acceptent de se plier aux exigences les plus loufoques de leurs parents, au prix d’un désenchantement et d’une lucidité qui ressurgissent dans des dialogues surréalistes. Par ailleurs, le spectre de Patrick Bateman se fait de plus en plus oppressant et envahit un Bret Easton Ellis qui semble de nouveau perdre pied dans la réalité –savant fou créateur d’un monstre dont l’horreur et le goût sanguinaire le dépassent désormais. Bret Easton Ellis se sent responsable de l’avidité malsaine qu’il ressent autour de lui, et Lunar Park ressemble à une tentative d’expiation de sa culpabilité.


Bret Easton Ellis aurait-il envie de cesser de rire aux dépens de ses semblables, maintenant qu’il réalise que ses mauvaises blagues ne l’excluent pas non plus de leurs retombées funestes ? Après Lunar Park, on se demande si Bret Easton Ellis va pouvoir continuer à écrire comme avant. Si oui, alors ce roman n’aura été qu’une vaste blague. Reste à savoir si cela nous décevrait…


Pour les partisans de l'hypothèse : Breat Easton Ellis = fantastique du 21e s. -des ambiances mêlant banal et lugubre :

Citation :
« Il y avait un corbeau caché dans les arbres derrière moi et je pouvais entendre les battements d’ailes et lorsque je l’ai vu tourner au-dessus de moi inlassablement je l’ai regardé fixement puisqu’il n’y avait rien d’autre à observer dans ce ciel blanc et qu’il y avait des choses auxquelles je ne voulais pas penser (et sur cette terrasse ce soir un autre écureuil sera éventré par une peluche que tu as achetée pour une petite fille) mais c’était ce qui se passait quand vous refusiez de visiter ou d’affronter le passé : le passé commence à vous rendre visite et à vous affronter. »


Un passage qui m'interpelle :

Citation :
Qu’était-il arrivé au simple désir de voir ses enfants contents et cool ? Qu’était-il arrivé à la possibilité de leur dire que le monde déconne ? Qu’était-il arrivé à la distribution de claques de temps en temps ? Ces parents étaient des scientifiques et ils n’élevaient plus leurs enfants instinctivement –chacun avait lu un livre ou vu une vidéo ou surfé sur le Net pour se faire une idée de ce qu’il fallait faire. […] il y avait des enfants de cinq ans qui avaient des gardes du corps (la fille d’Adam Gardner). Il y avait des enfants au bord de l’évanouissement à cause de la pression subie en cours élémentaire et qui suivaient des thérapies parallèles, et il y avait des enfants de dix ans qui souffraient de désordres alimentaires provoqués par des représentations irréalistes de leur corps. Il y avait des listes d’attente remplies des noms d’enfants de neuf ans pour les séances d’acupuncture du Dr Wolper. […] Et puis on a parlé de : supprimer les pâtes dans le menu des déjeuners à la cantine, du nutritionniste qui avait fait office de traiteur pour la bar-mitsva, et des cours de Pilates pour des enfants de deux ans, la petite fille de huit ans qui a besoin d’un soutien-gorge de sport, le petit garçon qui tire sur la jupe de sa mère dans le supermarché de luxe pour lui demander : « Il y a des hydrates de carbone dedans ? »


Et une pointe d'humour désespéré:

Citation :
« Voilà les enfants, ai-je annoncé à Jay en désignant Robby et Sarah. Son look à elle, c’est glam et le rose est très tendance pour les six-sept ans cette saison. Robby, lui, s’habille hip-hop, en blanc et il est désormais officiellement un tween.
- Un tween ? a beuglé Jay, puis murmuré en se penchant vers moi, Attends, ce n’est pas un truc gay, non ?
– Non, c’est un tween. Tu comprends, c’est quelqu’un qui n’est plus un enfant et qui n’est pas encore un teenager.
- Mon Dieu, a soufflé Jay. Ils ont pensé à tout, hein ? »
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMar 14 Mai 2013 - 12:41

Pour résumer : c'est bien ou pas sourire ?
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 EmptyMar 14 Mai 2013 - 13:41

colimasson a écrit:
Citation :
« Il y avait un corbeau caché dans les arbres derrière moi et je pouvais entendre les battements d’ailes et lorsque je l’ai vu tourner au-dessus de moi inlassablement je l’ai regardé fixement puisqu’il n’y avait rien d’autre à observer dans ce ciel blanc et qu’il y avait des choses auxquelles je ne voulais pas penser (et sur cette terrasse ce soir un autre écureuil sera éventré par une peluche que tu as achetée pour une petite fille) mais c’était ce qui se passait quand vous refusiez de visiter ou d’affronter le passé : le passé commence à vous rendre visite et à vous affronter. »
Je l'avais noté cette citation, j'aime beaucoup.


topocl a écrit:
Pour résumer : c'est bien ou pas sourire ?
Oui, c'est vrai que même moi qui ai lu le livre en plus de ta critique ce n'est pas très clair.

Je n'arrive pas à savoir vraiment si tu as aimé ou non.

Il me semble que oui mais mystère et boule de pomme.
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MessageSujet: Re: Bret Easton Ellis   easton - Bret Easton Ellis - Page 7 Empty

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