Arnaud des Pallières

 

Citation :

Arnaud des Pallières est un réalisateur et scénariste français, né le 1 décembre 1961 à Paris

 
Filmographie

Cinéma
1997 : Drancy Avenir
2003 : Adieu
2009 : Parc
2010 : Diane Wellington (CM ; durée 16 min)
2011 : Poussières d'Amérique
2013 : Michael Kohlhaas

Télévision
2000 : Is Dead (Portrait incomplet de Gertrud Stein) ; dans la collection Un siècle d'écrivains
2002 : Disneyland, mon vieux pays natal ; dans la collection Voyages, voyages (Arte).

 

 
Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières

Citation :

Au XVIème siècle dans les Cévennes, le marchand de chevaux Michael Kohlhaas mène une vie familiale prospère et heureuse. Victime de l'injustice d'un seigneur, cet homme pieux et intègre lève une armée et met le pays à feu et à sang pour rétablir son droit.

Adapté du court roman de von Kleist, le Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières semble lui être resté très fidèle, à l'esprit sinon à la lettre, tout en transposant l'action dans les Cévennes. Cette terre, réputée pour son austérité, "colle" parfaitement à la tonalité que le réalisateur a souhaité donner à son récit. Pas de grandes envolées lyriques ou épiques dans ce film contemplatif, bien que parfois bavard, dont l'appellation de western médiéval ne correspond pas véritablement à son contenu. Le personnage incarné avec un charisme impressionnant par Mads Mikkelsen reste énigmatique, muré dans un hiératisme qui le rend sinon antipathique du moins parfois difficile à comprendre. Si ce n'est que le thème est finalement universel et moderne : devant une injustice flagrante, se révolter est une attitude aussi courageuse que suicidaire et Michael Kohlhaas devra payer le prix fort. C'est un beau sujet dont on regrette tout de même que des Pallières l'ait traité avec une telle distance, sans passion, dans une aridité de style exigeante et, autant l'avouer, source d'ennui croissant. Les dernières scènes, superbes, sont source d'émotion. On aurait aimé la trouver davantage dans ce film qui mérite sans doute une deuxième vision.
 

 
PS : Vu à La Rochelle, après un déjeuner où il fut fait un sort à une belle bouteille de rosé (non, non, pas seul, heureusement). Ceci explique les quelques difficultés rencontrées pour rester totalement éveillé. Oups.

Je pense que j'essaierais d'aller le voir celui-là...
ça m'a l'air beau, j'aime bien le Moyen-Âge, et il y a des chevaux...  

Chymère a écrit:

Je pense que j'essaierais d'aller le voir celui-là...
ça m'a l'air beau, j'aime bien le Moyen-Âge, et il y a des chevaux...  

Oui, Chymère, les paysages sont superbes. Les chevaux aussi  

traversay a écrit:

PS : Vu à La Rochelle, après un déjeuner où il fut fait un sort à une belle bouteille de rosé (non, non, pas seul, heureusement). Ceci explique les quelques difficultés rencontrées pour rester totalement éveillé. Oups.

Je compte aller le voir également, pour les paysages, les costumes d'époque, les chevaux (   ) et pour Mads Mikkelsen bien entendu (Sentinelle où es-tu ?). J'ai malgré tout un peu peur de trouver le temps long et si Traversay s'est ennuyé, il se pourrait que je finisse dans le coma au pied de mon fauteuil ou affalé sur spectateur voisin.

Heyoka a écrit:

traversay a écrit:

PS : Vu à La Rochelle, après un déjeuner où il fut fait un sort à une belle bouteille de rosé (non, non, pas seul, heureusement). Ceci explique les quelques difficultés rencontrées pour rester totalement éveillé. Oups.

Je compte aller le voir également, pour les paysages, les costumes d'époque, les chevaux (   ) et pour Mads Mikkelsen bien entendu (Sentinelle où es-tu ?). J'ai malgré tout un peu peur de trouver le temps long et si Traversay s'est ennuyé, il se pourrait que je finisse dans le coma au pied de mon fauteuil ou affalé sur spectateur voisin.

Tu dois le voir absolument Heyoka, c'est comment dire ? Comme une évidence  
Et si sa diction un peu plate m'a un peu déçue,  je n'irai pas jusqu'à dire que je le préfère muet comme dans Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn  
Alors oui le film est d'une certaine rudesse et sècheresse, pour ne pas dire aride comme le souligne traversay, le personnage restant énigmatique tout le long du film tout en étant assez fascinant et suffisamment intriguant. Et puis il y a Mads  

sentinelle a écrit:

Tu dois le voir absolument Heyoka, c'est comment dire ? Comme une évidence  
Et si sa diction un peu plate m'a un peu déçue,  je n'irai pas jusqu'à dire que je le préfère muet comme dans Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn  
Alors oui le film est d'une certaine rudesse et sècheresse, pour ne pas dire aride comme le souligne traversay, le personnage restant énigmatique tout le long du film tout en étant assez fascinant et suffisamment intriguant. Et puis il y a Mads  

Ah ah je savais que tu ne résisterai pas, on n'attire pas les mouches avec du vinaigre mais avec du Mads.  

J'irai le voir c'est sûr, tu as de bons arguments.  

Vu cet après-midi...
Alors oui, je vous rejoins c'est lent, c'est âpre, tellement "nu" dans le style que j'ai eu un peu de mal à me transposer au 16ème siècle, mais peut-être parce que ça ne correspond pas à l'imagination et aux codes visuels que l'on retrouve dans la plupart des films en costume (et puis il y a des "erreurs" qui peuvent se voir, par exemple, je ne suis pas sûre qu'il existait des bergers malinois tels que ceux que l'on voit dans le film au Moyen-Âge, je pense que l'aspect des chien était beaucoup moins travaillé, mais bon, je chipote...  ) ? Je ne sais pas...
Mais c'est beau. La photo est parfaite, et les paysages grandioses sont magnifiquement filmés, les musiques sont très belles...
L'histoire me fait penser un peu à une tragédie grecque, d'une certaine façon : un homme qui s'enferme dans son désir de se voir rendre la justice, quitte à tout perdre... (mais bon, je ne vais pas trop en dire pour celles et ceux qui ne l'auraient pas encore vu...).

Arnaud des Pallières reste un cinéaste français important de la précédente décennie et sa filmographie (notamment Drancy avenir, Disneyland, mon vieux pays natal et Adieu) aurait pu mériter plus de reconnaissance. C'est tout de même un cinéma très rigoureux, âpre et pas toujours adapté aux festivals (la tiédeur de l'accueil du film à Cannes ne m'a pas surpris).

Michael Kohlhaas


Film formidable, tendu comme un arc, tenu de bout en bout, parfaitement dirigé (tous les comédiens sont excellents, même Denis Lavant qui m'insupporte d'habitude). Il a surtout le mérite de créer l'atmosphère idéale pour rendre hommage à l'univers du romantisme allemand. Tout y est de la nature en accord avec cette âme torturée et révoltée, déchirée dans son appel au libre arbitre qui se heurte à la foi et à la loi. Les paysages, les animaux, la terre, le sang, le brouillard... tout est habité et d'une âpreté saisissante. La musique lancinante, très percussive, qui arrive à donner une tonalité intemporelle tout en se référant à une époque médiévale, donne un sentiment de tempête sous un crâne qui enfle pour se libérer à la fin. Les dialogues ne surlignent jamais l'action, les silences fascinent et émeuvent (ces regards, ces gestes qui remplacent tout long discours!)... Et puis il y a deux morceaux de bravoure que sont les interventions du pasteur (Luther dans le roman) et de la princesse. Chacun hypnotise Kohlhaas de sa force de conviction, le trouble, le renvoie à ses paradoxes. Ces scènes sont merveilleusement filmées. Il y a cette bataille étonnante dans sa sobriété, vue à distance. La violence graphique et implacable de l'attaque du château.  La lumière et l'obscurité qui s'affrontent sur ces paysages minéraux. Ce final glaçant et bouleversant grâce au regard de Mikkelsen. Je vois peu de critique à formuler. Je ne me suis jamais ennuyé et j'ai été captivé par cette atmosphère et cette force narrative qui distille une émotion puissante qui éclate à la fin. Dire que je n'ai rien vu d'autre de ce réalisateur!

Voilà qui redonne un peu d'espoir.

Michael Kohlhaas

Déception ? ça m'a paru long dès les premières minutes. visuellement frustrant : pour le côté allons filmé dans un coin superbe pour en montrer pas grand chose (pas de sens du paysage c'est dommage, l'image ci-dessus est presque ce qu'il y a de mieux et c'est extrêmement fugitif), pour le côté guignolesque et pacotille de la crasse de synthèse, de la teneur en clichés modernes (cette scène d'attaque du château..., le côté vaguement japonisant de quelques petites choses ?), surfait ?

Et puis c'est mortellement plan plan d'une linéarité non dramatique extrême, tout se perd dans des éclairages très, voir trop choisis, et il faut attendre longtemps pour avoir le speech "religion" et quelques très vagues idées. sachant que dans l'ensemble on reste sur un scénario qui frôle le B belle époque : la vengeance c'est mal mais c'est bien mais c'est mal mais on est gentils, ce monde est cruel. accessoirement Dolph Lundgren, Steven Seagal, Jean-Claude Van Damme (surtout lui ?) auraient largement fait aussi bien l'affaire. (Mads Mikelsen s'il se baldwinise peut-être que... ). 80% au moins des dialogues ont l'air de cheveux sur la soupe.

ce qui m'a le plus botté c'est la musique je crois bien dans cette pas terrible soupe à l'image...  

désolé pour ceux qui ont apprécié mais franchement je doute.

animal a écrit:

sachant que dans l'ensemble on reste sur un scénario qui frôle le B belle époque : la vengeance c'est mal mais c'est bien mais c'est mal mais on est gentils, ce monde est cruel.

 

ça ne me décourage pas pour autant.  

animal a écrit:

Michael Kohlhaas

Déception ? ça m'a paru long dès les premières minutes. visuellement frustrant : pour le côté allons filmé dans un coin superbe pour en montrer pas grand chose (pas de sens du paysage c'est dommage, l'image ci-dessus est presque ce qu'il y a de mieux et c'est extrêmement fugitif), pour le côté guignolesque et pacotille de la crasse de synthèse, de la teneur en clichés modernes (cette scène d'attaque du château..., le côté vaguement japonisant de quelques petites choses ?), surfait ?

Et puis c'est mortellement plan plan d'une linéarité non dramatique extrême, tout se perd dans des éclairages très, voir trop choisis, et il faut attendre longtemps pour avoir le speech "religion" et quelques très vagues idées. sachant que dans l'ensemble on reste sur un scénario qui frôle le B belle époque : la vengeance c'est mal mais c'est bien mais c'est mal mais on est gentils, ce monde est cruel. accessoirement Dolph Lundgren, Steven Seagal, Jean-Claude Van Damme (surtout lui ?) auraient largement fait aussi bien l'affaire. (Mads Mikelsen s'il se baldwinise peut-être que... ). 80% au moins des dialogues ont l'air de cheveux sur la soupe.

ce qui m'a le plus botté c'est la musique je crois bien dans cette pas terrible soupe à l'image...  

désolé pour ceux qui ont apprécié mais franchement je doute.

J'ai également quelques réticences. Ceci dit, avoir lu le livre avant perturbe peut-être plus qu'autre chose. Toutes les scènes du livre qui se passent en ville, avec du monde, ont été modifiées de sorte de ne pas montrer beaucoup de monde, la ville... C'est sûr que la reconstitution aurait coûté très cher. On me dira que le film peut très bien tenir comme il l'est. C'est très bien de donner dans l'allusif, ne pas tout expliquer, mais parfois ça m'a semblé artificiel. Par exemple quand ils attaquent l'abbaye. On voit le début de l'attaque, les jolies flammes dans la nuit, et puis... quoi ? On passe à autre chose. Que se passe-t-il ? Y aura-t-il massacre ou pas ? (dans le livre, il y a négociations, explications, on comprend bien tout).
Je ne sais pas si j'ai rêvé, mais il m'a semblé qu'à un moment on parlait "des enfants" de Kohlhaas, mais finalement on ne voit que sa fille, ou bien j'ai mal vu/compris ?

Certaines scènes sont un peu inutiles (scène de coucherie interrompue par la fille... on me dira que c'est pour montrer que Kohlhass a élevé sa fille dans la droiture - "tu m'avais dit que si je vous entendais faire l'amour, je ne devais pas faire semblant de dormir, mais vous le dire") et d'autres semblent faites exprès pour voir un nu masculin (quand l'aide de Kohlhaas montre ses blessures, a-t-il vraiment besoin de se mettre totalement à poil ? Je ne veux pas me montrer prude, mais ça m'a semblé vraiment sonner faux. Et rebelotte quand la princesse arrive, il est à pol, personne ne le prévient de son arrivée suffisamment à l'avance... franchement, vous y croyez ?).
A un moment la fille de Kohlhaas demande à son père : "Est-ce pour maman que tu te bats ?" Réponse du père : "Non."
Elle : "Est-ce pour les chevaux ?"
Lui : "Non".
Et on en reste là. C'est totalement absurde. Dans la vraie vie, elle aurait demandé à son père "Alors, pour quoi te bats-tu ?"
Là, non, on coupe. Pourquoi ? Pour faire de l'Art ?
Par rapport au livre, on ne voit pas du tout ce qui se passe dans le camp adverse, la surprise, les tentatives d'arrangements, etc. Ça n'est pas un reproche, mais dans le film on ne sent pas vraiment l'évolution qu'on perçoit dans le livre. C'est un choix.
Mais on comprend beaucoup moins bien le personnage que dans le livre, où il est humain. Dans le film, il est vraiment opaque. On voit les gens qui le suivent, de plus en plus nombreux, et on ne comprend pas vraiment ce qu'ils font là, pourquoi ils viennent avec lui.
C'est bien de faire dans l'ellipse, mais parfois, c'est trop. Le Guerrier Silencieux, c'était un autre film.
Le speech "religion" dont parle Animal m'avait semblé largement meilleur dans le livre. Mais c'est vrai qu'il parlait à Luther...

Animal parle des paysages mal filmés. Il n'a pas vraiment tort. Il y a quelques beaux paysages, mais ils sont mal exploités. Il y a peut-être trop de plans rapprochés des personnages (le fond devenant une jolie tapisserie floue), et souvent la caméra n'élargit pas le champ, ou mal, je veux dire qu'on visualise mal où l'on se trouve. C'est l'impression que ça m'a donné. Enfin, il y a quelque chose qui ne va pas, qui aurait pu être mieux.
La fin est mal explicitée, aussi. La rupture de l'accord est mal expliquée. Vue comme ça, c'est un peu stupide. Ça n'est pas parce qu'un ex membre de sa troupe fait des exactions que la faute devrait incomber à Kohlhaas. Lui éprit de justice, pourrait-il laisser passer une injustice pareille, une telle stupidité ? Le livre n'est pas stupide, c'est expliqué. Une histoire de vengeance, la type fait croire que c'est sur ordre de Kohlhaas qu'il continue. Ça n'est pas la même chose.
Alors, si on veut garder des rebondissements du livre, très bien, mais il faut aller jusqu'au bout des choses. Une fois de plus, rester allusif, très bien (un film assez silencieux ça impressionne toujours, d'autant que ça renforce le côté âpre), mais il faut un minimum d'explications pour que le spectateur non lecteur puisse comprendre, non ?

A part ça, il y a quand même de bonnes choses. Mads Mikkelsen a toujours une sacrée présence. Bon, il faut parfois faire attention à ce qu'il dit pour tout comprendre.
Ah, encore un truc bizarre : il se met à parler Allemand, à un moment ! Que font deux Allemands ? Est-ce pour dire que c'est d'après Kleist ? A quoi ça sert, franchement ? Hop, quelques phrases, et on rebascule en français.
C'est incompréhensible, non ? A ce compte-là, il aurait aussi bien pu parler en danois.

je confirme pour les enfants. J'ai supposé que le jeune qui bossait avec lui, peut-être ?

pour chipoter, dans ce que j'ai trouvé "à la noix" il y a le côté moyen-âge crado. Kohlhaas c'est le type qui ne se lave pas mais à toujours la barbe à pile-poil trois jours et une heure. Il rentre chez lui, il ne se lave pas non plus. Quand il vit dans les bois il est moins dégueux que quand il fait son boulot (prospère). Si si il prend un bain quand même mais c'est plus classe quand c'est juste quand la princesse arrive... 

les ellipses pourquoi pas si on avait pu sentir une construction au film.

le passage en allemand je l'ai mis sur le compte du revenons sur le fait que ces gens bien du pays sont peut-être malgré tout d'ailleurs ?

Bizarrement cela me donne une irrésistible envie de le voir.