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| Cesar Aira [Argentine] | |
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+4GrandGousierGuerin shanidar HamsterKiller bix229 8 participants | |
Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Mer 11 Juin 2014 - 16:33 | |
| Oui je piocherai dans vos choix respectifs. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Jeu 12 Juin 2014 - 10:29 | |
| J'ai emprunté Varamo, quelqu'un l'a lu ? | |
| | | HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Jeu 12 Juin 2014 - 11:22 | |
| J'ai pas lu celui là non plus. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Mer 2 Juil 2014 - 9:50 | |
| VaramoComment envisager l'hétérogénéité de toute chose au cœur d'un ensemble ? Comment représenter l'individu évoluant au sein d'un groupe, d'une collectivité, d'une ville, d'une place, d'une nation ? Comment faire la différence entre le vrai billet de 100 pesos et un faux ? Comment différencier la cause de ses effets ? Voici une minuscule partie des questions évoquées dans ce très court roman de César Aira. Une fois de plus, l'auteur s'interroge sur la pensée, la manière dont elle se déplie, se déplace, se déploie. La manière dont le personnage Varamo accède à l'existence, sort du lot, devient tout à la fois expérience d'une solitude et existence au sein d'une communauté (ici la ville de Colón au Panama). D'où vient son unicité, son caractère à la fois unique et universel ? Lui, le célibataire, fonctionnaire, absurdement taxidermiste, qui se voit refiler de faux billets en guise de salaire et finira par écrire un poème (lui qui n'en a jamais ni lu ni écrit auparavant) qui sera l'un des plus célèbres d'Amérique centrale ? Que se passe-t-il dans ce court laps de temps entre la remise des faux billets et l'achèvement du poème ? Quelles causes pour quelles conséquences dans la vie d'un homme qui semble gérer par l'absurdité totale de ses passions (la taxidermie entre autre), de ses distractions (un bonbon en forme de dé à jouer qui fond dans sa main), de ses obligations (une mère sénile) ? Un roman dans lequel il est assez difficile d'entrer tant les questions métaphysiques affluent dès les premières pages, créant une espèce de distance entre la vie et la littérature. Une littérature que l'on peut sans doute qualifier d'intellectuelle puisqu'elle aborde l'idée même dont la pensée s'exprime, s'invente ou se refuse, mais qui (peut-être grâce au recours à l'absurde, au rire absurde) reste à hauteur d'homme pour ce qu'elle remue en chacun (éternelle question de la véracité du dire quand il s'agit d'une œuvre littéraire et question existentielle de la place de l'Etre au sein de l'univers). Sans jamais tomber dans la grandiloquence, ni l'incompréhensible, Aira parvient à écrire un drôle de texte et un texte drôle, atypique, foisonnant, sorte de labyrinthe dans lequel on se perd avec plaisir. Un texte qui s'intéresse aussi à lui-même, sorte de métafiction tentaculaire qui se regarde et s'analyse en court de lecture/écriture. La nouveauté étant justement, non plus l'œuvre finie, offerte dans sa globalité, mais un produit en gestation, un work in progress, un objet subjectif dont on peut observer l'évolution, le déploiement, les interrogations et les choix. Le poème, écrit par Varamo, est cette œuvre d'avant-garde dont on ne connaitra pas le moindre mot mais dont on assiste en quelque sorte à la procréation. Les Chinois, je crois, compte leur âge à partir du début de la gestation, la mère de Varamo est chinoise et il semble donc presque logique que l'intérêt du lecteur se porte plus sur la période de gestation de l'œuvre que sur son résultat. Aira s'amuse ainsi à recréer les évènements de la vie de Varamo qui vont le conduire à écrire. Et ces évènements sont tous liés à l'argent (les faux billets) sorte de clin d'œil méchant ou sans illusion lancé au monde capitaliste et à l'art contemporain. - Citation :
- Extrait page 69 :
Le Chant de l'Enfant et de la Vierge appartient à la catégorie de ce que l'on appelle la "littérature expérimentale", en tant qu'exemple particulièrement extraordinaire des avant-gardes latino-américaines des premières décennies du vingtième siècle. Sa capacité à contenir tous les traits circonstanciels préalables à son écriture est un élément historique définitoire. Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'une œuvre d'avant-garde qu'elle a ce pouvoir, c'est l'inverse : c'est une œuvre d'avant-garde parce qu'elle permet cette déduction. Autrement dit : est d'avant-garde tout art qui permet de reconstruire les circonstances réelles dans lesquelles il est né. Alors que l'œuvre d'art conventionnelle thématise sa cause et son effet et, ce faisant, se ferme sur elle-même d'une manière hallucinatoire, l'œuvre avant-gardiste reste ouverte à ses conditions d'existence. Et plus elle est réussie, plus le critique peut rétablir avec certitudes les faits et les pensées qui l'ont précédée. Duchamp*Mais il ne faudrait pas croire qu'Aira se contente d'une narration purement intellectuelle qui confinerait à l'essai littéraire. Non. Le lecteur découvrira ébahi puis ébloui : une course de régularité, deux vieilles créoles faisant de la contrebande de club de golf, un attentat anarchiste, trois éditeurs pirates et toute une foule de péripétie dont les écrivains latinos sont si friands n'hésitant jamais à pousser le récit vers les fantaisies les plus étonnantes, les plus inattendues et les drôles. Duchamp**Rare. Intelligent. Drôle. *Il m'apparait que Nu descendant un escalier de Duchamp est la métaphore parfaite et totale de la vision avant-gardiste de l'œuvre d'art proposée par Aira. Où l'on voit l'acte s'incarner au fur et à mesure de son accomplissement, sans que la cause et l'effet ne puissent être ici séparés l'un de l'autre. ** Le Grand Verre par sa transparence et sa fragilité marque également pour moi l'image de cette modernité à la recherche d'elle-même, à la fois miroir et transparence, œuvre ininterrompue, jamais achevée tout comme la vie, sorte de performance provisoire, jamais figée, évolutive, pour laquelle il suffit de mettre un visiteur de l'autre côté du verre pour que le spectacle offert en soit éminemment transformé. | |
| | | HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Jeu 3 Juil 2014 - 14:35 | |
| rha ça me donne envie d'en relire un de Aira ton commentaire détaillé.
J'sens que ça va être bientot être le moment, ça fait un p'tit temps que j'en ai pas ouvert un de l'auteur. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Jeu 3 Juil 2014 - 16:17 | |
| Merci pour ta lecture pointue et perspicace, Shanidar !
Je reconnais bien là l' excentricité personnelle d' Aira personnelle,- quasiment de l' extravagance - son humour particulier et sa façon de rester lui-meme tout en raontant des histoires chaque fois différentes. Qui disait qu' on manquait d' écrivains originaux en Amérique Latine. Dommage que je ne puisse participer à la LC. J' aurai prouvé le contraire... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Jeu 3 Juil 2014 - 17:36 | |
| Le prochain sera Les nuits de Flores (mais pas tout de suite, j'ai besoin de laisser décanter). Pourquoi ne pas nous rejoindre bix ?? | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Dim 12 Avr 2015 - 8:36 | |
| Como Me Hice Monja How I Became a Nun Cesar Aira
Como Me Hice Monja - Comment Je Suis Devenue Nonne - n’a pas encore été traduite en français (je ne l’ai pas trouvé en tous cas), mais comme je suis toujours un peu méfiante envers les écrivains sud-américains, c’est ce roman très court que j’ai choisi pour découvrir l’auteur. Un père emmène sa petite fille de six ans découvrir le goût de la crème glacée chez le glacier de la ville. La glace et les glaciers étant peu répandus à l’époque, cela promet d’être un vrai moment de plaisir, de partage et de découverte entre le père et la fille. Mais la glace à la fraise va faire basculer la vie de tous de façon tragique.
Voilà le tout début du récit et il m’a tout de suite captivée, mais j’ai été très vite un peu perdue, puis lassée par chaque épisode qui constituait ce très court roman d’environ 125 pages. J’en suis sortie avec un sentiment plus que mitigé d’écriture un peu brouillonne, non pas dans le style mais dans la construction. On a l’impression que l’auteur suit sa plume et qu’il ne sait pas trop où il va, l’identité du personnage change, la petite fille devient un petit garçon par moments qui prend même le nom de l’auteur, Cesar Aira. Aira se perd dans des dédales peu convaincants dont on ne perçoit pas le but. On croit assez peu aussi au personnage principal de la petite fille/garçon qui a des réactions finalement assez peu ‘enfantines’, un double de l’auteur ? une mise en abyme un peu psychanalytique ?
Alors, pour le moment, avec ce livre-là, je crois bien que Cesar Aira n’est pas un auteur pour moi. Mais peut-être qu’avec un roman plus abouti……. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Dim 12 Avr 2015 - 16:30 | |
| Je comprends ton embarras, Dom. Aira écrit beaucoup -trop ?- Des livres trés différents, y compris dans le style. A le lire, on a l' impression de lire des auteurs différents. Et meme, à l' intérieur d' un meme livre, comme celui dont tu parles... Un mystère !
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| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Dim 12 Avr 2015 - 16:34 | |
| - bix229 a écrit:
- Je comprends ton embarras, Dom. Aira écrit beaucoup -trop ?- Des livres trés différents, y compris
dans le style. A le lire, on a l' impression de lire des auteurs différents. Et meme, à l' intérieur d' un meme livre, comme celui dont tu parles... Un mystère !
Il se peut aussi que je ne comprenne rien a Cesar Aira, ou bien encore qu'il écrive trop comme tu dis et que tout ne mériterait pas d'être publié...? | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Dim 12 Avr 2015 - 18:34 | |
| jamais lu cet auteur, mais je remarque que vous êtes plusieurs à avoir des réticences avec les auteurs d'amérique du sud, c'est dommage ; personnellement j'ai leu avec eux de très bonnes lectures (Augusto Roa Bastos - Fils d'Homme, Christophe et son oeuf Carlos Fuentès, Sempreviva d' Antonio Callado, le Cubain Alejo Carpentier (la danse sacrale, le partage des eaux), Le soleil se couche à Sao Paulo de Bernardo Carvalho, Tierro del fuego de Francisco Coloane, Diadorim de Joao Guimaraes rosa etc.... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Lun 13 Avr 2015 - 10:08 | |
| Il faut reconnaître que Aira est un auteur particulièrement cérébral (peut-être à rapprocher de Vila-Matas mais un Vila-Matas ayant plus ou moins complètement renoncé à la logique narrative). Cet auteur soulève énormément de questions philosophiques et l'ensemble peut sembler parfaitement indigeste ou délétère. Peut-être lire les deux nouvelles Les brebis et La robe pour entrer dans son univers, qui sont vraiment deux petits bijoux précieux ?? De mon côté j'hésite pour l'instant à me lancer à nouveau dans une lecture d'Aira car je sais qu'il y faut une grande disponibilité et une certaine fraîcheur intellectuelle qui me manquent pour l'heure...
Et Bédou a raison de souligner que tous les auteurs latino ne sont pas aussi compliqués que Borges, Aira ou Bellatin ! | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Lun 13 Avr 2015 - 11:31 | |
| tu as lu aussi quelques uns des auteurs que j'ai cité Shanidar | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Lun 13 Avr 2015 - 17:32 | |
| - Bédoulène a écrit:
- tu as lu aussi quelques uns des auteurs que j'ai cité Shanidar
Absolument Bédou et j'avoue que si deux sortes d'écrivains se dessinent (érudits et magiciens ?), j'avoue que je serais bien incapable de dire lesquels j'aime le plus... | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Cesar Aira [Argentine] Lun 21 Mar 2016 - 22:54 | |
| La preuve
Une écriture particulièrement concise et efficace, qui suit la forme d'un lent crescendo. Une jeune fille est abordée par deux "punkettes" qui lui dévoilent immédiatement leur attirance : bousculée et choquée, elle cherche d'abord à rejeter cette rencontre avant de peu à peu céder face à la promesse d'un absolu, d'une démesure amoureuse qui s'incarne dans la "preuve" donnant son titre à l'ouvrage.
Le final explosif, en escalade m'a semblé un peu précipité et artificiel, mais César Aira va jusqu'au bout d'une logique : la réalité devient peu à peu absorbée par les mots, par une illusion flamboyante et macabre qui contient sa propre finitude. | |
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