Jonathan Coe

Viens de lire une mauvaise critique des derniers Coe et Irving. Il m'en faudra plus pour faire l'impasse.

Citation :

Maxwell Sim est un loser de quarante-huit ans. Voué à l’échec dès sa naissance. Une proposition inattendue lui fait traverser l’Angleterre au volant d’une Toyota hybride, le ramenant parmi les paysages et les visages de son enfance.

Amertume, désenchantement, humour and Co(e). Le nouveau Jonathan Coe, bien qu'inférieur à Testament à l'anglaise et Bienvenue au club, et en dépit de quelques langueurs monotones, est un ouvrage hautement recommandable, d'une invention permanente, satire sociale d'une Grande-Bretagne en perte de repères et critique acerbe des nouveaux modes de communication, qui rendent nos existences encore plus solitaires. Maxwell Sim est le prototype de l'anti-héros, pas doué pour le bonheur, couard et dépressif, parti dans un road-movie (ou plutôt un road-book) improbable de Reading à Aberdeen. Pathétique Mr Sim, qui tombe amoureux de la voix féminine de son GPS et revoit défiler ses souvenirs d'enfance et d'adulte irresponsable, fraîchement séparé de sa femme et de sa fille. A chaque étape de son périple, Maxwell met la main sur d'anciens documents qui lui donnent une vision nouvelle de ses proches et de ce qu'ils pensent de lui (aïe). Pas de quoi lui redonner le moral, on s'en doute. Au fil du livre, au gré de ses cocasses mésaventures, Jonathan Coe enfonce la tête de Mr Sim sous la ligne de flottaison, au point que celui-ci commence à s'identifier à Donald Crownhurst (navigateur amateur, ce dernier fit croire à l'Angleterre entière qu'il était en tête de la course autour du monde à la voile, à la fin des années 60, avant de se suicider alors que sa supercherie allait être découverte). Bref, Maxwell Sim file un mauvais coton, situation tempérée par quelques minces motifs de croire à un avenir meilleur. Le livre recèle moult rebondissements et un cynisme libérateur qui culmine dans un dernier chapitre formidable et stupéfiant. Lire Coe est un vrai bonheur, sadique, certes, mais cela fait tellement de bien de voir un homme qui nous ressemble, peu ou prou, aller aussi mal, dans un monde prisonnier des valeurs frelatées de l'ultra libéralisme et de la communication virtuelle.

Je n'ai jamais lu de roman de cet auteur.

D'après les connaisseurs de son oeuvre, par quel roman un néophyte devrait-il commencer l'exploration de son oeuvre ?

Je l'ai découvert moi-même il n'y a pas très longtemps avec "Bienvenue au club" et sa suite "Le cercle fermé" dans la foulée.
Un grand plaisir de lecture et c'est donc ce que je te conseillerai comme introduction dans son œuvre.
En poche chez folio...

Merci Igor !

Les livres en format poche m'intéressent particulièrement.

j'ai préféré "Testament à l'anglaise", personnellement.

krys a écrit:

j'ai préféré "Testament à l'anglaise", personnellement.

L'histoire semble très intéressante.

krys a écrit:

j'ai préféré "Testament à l'anglaise", personnellement.

J'ai pas encore eu le temps de m'y plonger mais il a rejoins ma PAL fissa suite à la lecture de "Bienvenue au club".
En fait, j'ai commencé par ces deux volumes parce que c'était les plus récent en format poche. Une manie, quand je découvre un auteur, j'ai une préférence pour ses derniers livres...

Anna a écrit:

Je n'ai jamais lu de roman de cet auteur.

D'après les connaisseurs de son oeuvre, par quel roman un néophyte devrait-il commencer l'exploration de son oeuvre ?

Je ne les ai pas tous lus mais j'ai découvert Jonathan Coe avec La Maison du sommeil. Avec du recul, je me dis que j'ai bien fait de commencer l'œuvre de Coe avec ce roman-là, tant c'est un bon roman mais sans plus, juste ce qu'il faut pour donner envie d'aller plus loin et découvrir mieux par la suite :)

Testament à l'anglaise est effectivement très bon, mais pour les raisons citées ci-dessus, vaut mieux ne pas commencer par celui-là.

Sinon le diptyque Bienvenue au club et Le cercle fermé permet de se faire une excellente idée de l'auteur.

Reste le très bon La pluie avant qu'elle tombe mais qui est pour le moment un peu à part de ses autres romans, il ne te donnera donc pas vraiment une bonne idée de son univers habituel.

Par contre, je déconseille Les nains de la mort, un roman traduit en français après le grand succès du Testament à l'anglaise mais qui ne vaut vraiment pas grand chose, à peine un bon passage ou deux qui annoncent l'auteur en devenir.

sentinelle a écrit:

Avec du recul, je me dis que j'ai bien fait de commencer l'œuvre de Coe avec ce roman-là, tant c'est un bon roman mais sans plus, juste ce qu'il faut pour donner envie d'aller plus loin et découvrir mieux par la suite :)

Par contre, je déconseille Les nains de la mort, un roman traduit en français après le grand succès du Testament à l'anglaise mais qui ne vaut vraiment pas grand chose, à peine un bon passage ou deux qui annoncent l'auteur en devenir.

Avec Sentinelle, nous avons déjà eu un début de discussion sur Les nains de la mort ailleurs. Je reprends ses avis pour lancer mon post. J'ai déjà lu il y a quelques temps La maison du sommeil, qui m'avait déçu.
J'appréhendais un peu de commencer un nouveau livre de Coe. Et, pour le début du moins, c'est une bonne surprise.
William, le narrateur, est un musicien, besogneux, qui n'arrive pas à jouer correctement à l'oreille ; il doit travailler tout morceau qu'il veut jouer. Mais il compose, joue dans un groupe, avec des collègues pas très doués... Mais il y croit et veut la gloire. Puis, une soirée qui part de toute façon en vrille, et il assiste à l'assassinat de Paisley, musicien qu'il connaît vaguement par deux nains cagoulés. C'est le point de départ du roman, et le point d'arrivée. Entre, il y a des fameuses trouvailles.... Une colocataire qu'il ne voit jamais, avec qu'il communique par mémo. Les mémos reconstitue l'histoire entre Tina, Pédro, son compagnon et William. Avec l'aide des messages sur le répondeur.... Une relation avec Madeline, fille avec qui il ne semble jamais faire un pas en avant.... Une observation des rues londoniennes, féroces, hilarantes par moments - notamment tout ce qui concerne les bus et surtout les bus le dimanche.... Une relation naissante avec Karla, serveuse dans un bar.... La description des membres de son groupe.... Beaucoup de choses agréables, qui ne forment pas un roman au final ; surtout que la fin c'est un peu du n'importe quoi. Mais ça se lit bien, c'est plaisant et prometteur. Et ça me donne envie de poursuivre avec cet auteur - ce que La maison du sommeil n'avait pas suscité.

Oh comme c'est sympa de lire des romans que je déconseille fortement

Blague à part, je suis contente que tu nous en parles, tant tu me remets en mémoire tout ces éléments disparates que j’avais rapidement oubliés à peine la lecture terminée. Comme tu le dis si bien, toutes ces choses agréables ne constituent pas vraiment un roman, et pour tout te dire, je ne me souviens même plus du tout de ce final que tu dis ne ressembler à rien, ce que je ne doute pas une seconde. La seule chose dont je me souvenais très bien est cet excellent passage concernant l'attente des bus londoniens le dimanche, on retrouve cette verve et cet esprit caustique de l’auteur toujours présents dans ses romans postérieurs.

Bon, maintenant que tu as franchi haut la main les étapes préliminaires à la sélection des lecteurs potentiels de Jonathan Coe, je pense que tu peux enfin passer au meilleur de l'auteur
Je te souhaite une excellente découverte, tant l'auteur a bonifié comme du bon vin au cours du temps !

Les nains de la mort c’est un gag sympa par un auteur qui débute. c’est une lecture rapide et agréable, qui ne permet pas de se faire une idée du VRAI Coe. Il ne faut sûrement pas s’en tenir à ce seul livre si on veut apprécier pleinement cet auteur

j'ai commencé la vie très privée de Mr Sim. La lecture est très agréable.

Finalement, j'ai acheté "Testament à l'anglaise".

-La maison du sommeil-



Bizarre comme ma première tentative dans l'univers de Coe m'avait laissée si peu de souvenirs. Je ne devais pas être dans le bon mood, la construction peut-être, je ne sais pas, mais j'avais laché rapidement. Pourtant il y avait là tous les ingrédients d'une intrigue alléchante: Deux périodes en parralèle, une maison comme héroïne, des personnages complexes qui s'y croisent et s'y retrouvent, et le sommeil et ses rêves comme moteur du récit. Cette fois ci donc j'ai persisté et reconnais que le principe est efficace!

Jonathan Coe par ce judicieux chassé croisé tient son histoire, les situations parfois rocambolesques parviennent à rester plus ou moins crédibles même si la fin est un peu bâclée, et l'enchevêtrement de chaque destinée amplifie l'effet de suspense. Il y a aussi de l'humour, une petite critique du milieu psychiatrique, bref on ne s'ennuie pas. Deuxième tentative concluante pour moi donc même si la chute m'a paru un peu tirée par les cheveux!