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| Jonathan Coe | |
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Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jonathan Coe Lun 26 Jan 2009 - 0:48 | |
| La pluie, avant qu'elle tombeLac ChambonBailero: Un des "Chants d'Auvergne" de Canteloube Cette image (la 12e sur 20) et ce chant de Canteloube sont l'évocation d'un paradis déjà perdu à l'instant même où l'héroïne va le traverser et qui la poursuivront toute sa vie (on pense évidemment à un " Brokeback Mountain" au féminin). Jonathan Coe va saisir dans ce beau roman tous ces instants lumineux mais éphémères où on peut déjà pressentir "la pluie, avant qu'elle tombe". Il fait partie de ces livres que j'ai envie d'offrir autour de moi après les avoir lus. Pour l'habileté de sa construction, qui rappelle un peu le principe narratif de " Sur la route de Madison". Pour la justesse de l'écriture, sobre, émouvante sans trop appuyer le mélodrame (qui s'y prêtait largement!). Pour ce portrait de femme complexe, animé par un désir de réparer les erreurs des autres tout en cherchant à combler le vide de cet enfant qu'elle n'aura jamais (elle est homosexuelle et il y est question du problème de l'homoparentalité à une époque où c'était encore beaucoup plus compliqué qu'aujourd'hui). Pour la progression dramatique qui nous tient en haleine jusqu'au bout en réservant des moments émouvants. - Citation :
- Une photo, finalement, c'est bien peu de chose. Elle ne peut capturer qu'un seul moment, sur des millions, de la vie d'une personne, ou de la vie d'une maison. Quant aux photos que j'ai sous les yeux, celles que je compte te décrire..., elles n'ont de valeur, je crois, que dans la mesure où elles corroborent ma mémoire défaillante. Elles sont la preuve que les choses que je me rappelle - certaines des choses que je me rappelle - se sont vraiment produites, qu'elles ne sont pas des souvenirs fantômes ou des chimères, des fantasmes. -Mais qu'en est-il des souvenirs pour lesquels il n'y a pas de photos, pas de corroboration, pas de preuve ?
Par contre c'est l'aspect que tu mets en avant, Sentinelle, qui me plaît peut-être un peu moins. - Spoiler:
A savoir cette idée de la transmission de la violence et de la répétition des schémas de vie. Une sorte de fatalité presque irrémédiable qui pousse un enfant mal aimé à reproduire les carences et la maltraitance subies sur plusieurs générations. Est- ce que ces carences n'amènent pas davantage vers l'autodestruction que vers l'agressivité envers l'autre, vers l'auto-dénigrement et surtout à compenser la souffrance en poussant ces femmes à devenir des mères aimantes (c'est peut-être moins vrai pour les hommes? ). Joyce Carol Oates en fait le sujet de la plupart de ses livres avec une force plus convaincante de ce point de vue, à mon avis. Mais la fin du roman apporte une certaine ouverture, même si rien ne sera vraiment réparé.
En tout cas c'est un livre formidable qui sera certainement adapté au cinéma. C'est vrai que Jonathan Coe a laissé un peu de côté son humour caustique habituel, à part une séquence amusante sur une plage où 2 enfants se disputent: - Citation :
- Joseph et Alice, en revanche, ne possédaient aucune de ces qualités. Ils n'étaient même pas beaux, ce qui est assez étonnant, vu le physique de leurs parents. Joseph, comme on le voit sur cette photo, était plutôt pâlot - il avait même, disons-le, un teint blafard et marbré -, ce qui lui donnait un air maladif et souffreteux. Sur la photo, il paraît inquiet, et c'est le souvenir que je garde de lui. Il semblait traverser la vie dans un état d'angoisse permanente et pleurnicharde, même si cette angoisse dérivait généralement non d'un grand mystère existentiel (car, tu sais, certains enfants peuvent être obnubilés par ces choses-là), mais de problèmes plus simples, comme de savoir qui allait lui donner un bonbon. Il était morose dès qu'on arrêtait de le dorloter ou de le gâter. Vu la grande détresse qui se lit sur son visage, alors qu'il est assis, torse nu, en slip de bain bleu, les épaules recroquevillées contre le froid, ou peut-être simplement contre le monde, je serais prête à parier qu'il n'a pas mangé de glace depuis au moins cinq minutes, et que ça le désespère. Quel âge avait-il? Presque sept ans, je crois, et Alice, sa cadette, devait donc en avoir cinq. Elle est un soupçon plus jolie. Les cheveux blonds, bien raides, mi-longs. Elle porte un maillot de bain rouge échancré en V, et la pointe du V est décorée d'une fleur blanche qui ressemble à une pâquerette. Elle se cramponne au bord des planches comme si elle avait peur de tomber, et elle a l'air vaguement contrariée, mais c'est peut-être simplement le soleil qui la fait grimacer. Peut-être qu'elle vient de se disputer avec Joseph : ils se chamaillaient tellement que c'en était fatigant, et pour des choses insignifiantes, en particulier pour déterminer où chacun allait s'asseoir. Ils se disputaient les places à table, au cinéma, au cirque, en pique-nique, et même en voiture sur la banquette arrière. Un conflit territorial perpétuel et mesquin. Il suffisait d'observer leur comportement une demi-heure pour comprendre toute la triste histoire de la guerre à travers les âges. C'était usant.
Dernière édition par Marko le Lun 26 Jan 2009 - 10:20, édité 2 fois | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: yer Lun 26 Jan 2009 - 10:09 | |
| - Marko a écrit:
- Il fait partie de ces livres que j'ai envie d'offrir autour de moi après les avoir lus. Pour l'habileté de sa construction, qui rappelle un peu le principe narratif de "Sur la route de Madison". Pour la justesse de l'écriture, sobre, émouvante sans trop appuyer le mélodrame (qui s'y prêtait largement!). Pour ce portrait de femme complexe, animé par un désir de réparer les erreurs des autres tout en cherchant à combler le vide de cet enfant qu'elle n'aura jamais
Marko tu as trouvé la référence pour balayer mes derniers doutes. J'avais adoré Su r la route de Madison, la pudeur et l'intensité qui s'en dégageaient. Je n'ai pas si souvent retrouvé cet aspect ailleurs! Alors s'il est toujours au cerclage, je confirme Senti | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jonathan Coe Lun 26 Jan 2009 - 10:13 | |
| - aériale a écrit:
Marko tu as trouvé la référence pour balayer mes derniers doutes. J'avais adoré Sur la route de Madison, la pudeur et l'intensité qui s'en dégageaient. Je n'ai pas si souvent retrouvé cet aspect ailleurs! Alors s'il est toujours au cerclage, je confirme Senti Tu devrais adorer je pense... Il reprend le mode narratif de "Madison" en remplaçant les lettres et les objets que les enfants découvrent par un enregistrement et des photos (et autre chose qui donne une belle séquence mais je ne dis plus rien). | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Jonathan Coe Lun 26 Jan 2009 - 10:18 | |
| Tu en as dit juste assez pour me mettre sur le grill Merci pour la mise en condition Marko! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Jonathan Coe Lun 26 Jan 2009 - 11:01 | |
| - Marko a écrit:
- Et ne lis pas le spoiler!
Trop tard! (je suis si curieuse ) Mais j'oublierai d'ici là, no problème! | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 31 Jan 2009 - 10:48 | |
| je viens de lire une critique de son dernier livre, ou il est dit qu'il est fabuleux. et qu'il ne faut pas passer à coté. Je ne l'ai pas lu, on verra ... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 31 Jan 2009 - 22:46 | |
| Je viens de voir par hasard Jonathan Coe parler de son dernier roman dans Métropolis sur Arte, et de la façon dont il a appréhendé cette forme d'écriture nouvelle pour lui. J'ai trouvé ce court entretien vraiment intéressant.
Si vous êtes intéressés, rediffusion de l'émission Samedi 7 février à midi, sur Arte. ( Ne pas oublier non plus qu'elle sera disponible gratuitement durant une semaine sur Arte + 7 ).
Dernière édition par Armor-Argoat le Sam 31 Jan 2009 - 22:52, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 31 Jan 2009 - 22:47 | |
| Merci pour l'info Armor-Argoat |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 31 Jan 2009 - 23:19 | |
| - Armor-Argoat a écrit:
- Je viens de voir par hasard Jonathan Coe parler de son dernier roman dans Métropolis sur Arte, et de la façon dont il a appréhendé cette forme d'écriture nouvelle pour lui. J'ai trouvé ce court entretien vraiment intéressant.
Si vous êtes intéressés, rediffusion de l'émission Samedi 7 février à midi, sur Arte. ( Ne pas oublier non plus qu'elle sera disponible gratuitement durant une semaine sur Arte + 7 ). Noté également! Ce roman décante bien dans mon souvenir... Il faut vraiment le lire | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 7 Fév 2009 - 15:26 | |
| j'aurai aimé pour finir que la pluie tombe, une tempête violente pour donner du relief à l'histoire, et un ton moins monotone à l'écriture. Encore une histoire de famille, d'accord mais au moins à la façon d'un Simenon par exemple, parce que là, moi à la moitié du livre j'ai sauté des pages pour connaitre la fin. Les critiques sont toutes unanimes pour ce livre, ça veut dire que c'est un genre qui ne me convient pas. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 7 Fév 2009 - 16:47 | |
| - rivela a écrit:
- j'ai sauté des pages pour connaitre la fin
- rivela a écrit:
- Les critiques sont toutes unanimes pour ce livre, ça veut dire que c'est un genre qui ne me convient pas.
Les critiques ne sont pas unanimes, certains n'ont pas aimé non plus (mais ils sont rares, c'est vrai) et ont eu ce besoin, tout comme toi, de sauter quelques pages pour en arriver au bout. Cette monotonie dont tu parles, je ne l'ai pas ressentie du tout mais je peux la comprendre. Quant à moi, ce n'était pas vraiment la fin qui m'intéressait mais le chemin emprunté pour y parvenir... d'où peut-être nos deux lectures différentes |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 7 Fév 2009 - 16:57 | |
| - Marko a écrit:
- Par contre c'est l'aspect que tu mets en avant, Sentinelle, qui me plaît peut-être un peu moins.
- Spoiler:
A savoir cette idée de la transmission de la violence et de la répétition des schémas de vie. Une sorte de fatalité presque irrémédiable qui pousse un enfant mal aimé à reproduire les carences et la maltraitance subies sur plusieurs générations. Est- ce que ces carences n'amènent pas davantage vers l'autodestruction que vers l'agressivité envers l'autre, vers l'auto-dénigrement et surtout à compenser la souffrance en poussant ces femmes à devenir des mères aimantes (c'est peut-être moins vrai pour les hommes? ). Joyce Carol Oates en fait le sujet de la plupart de ses livres avec une force plus convaincante de ce point de vue, à mon avis. Mais la fin du roman apporte une certaine ouverture, même si rien ne sera vraiment réparé.
Ouhlala Marko, voilà un sujet qui mériterait un débat à lui tout seul, ce que je me garderais bien de faire Je suis assez d'accord avec le propos du roman même si ce n'est heureusement pas toujours le cas et qu'il ne faut pas en faire une généralité, mais des histoires de transmissions et d'héritages, de reproduction de comportements destructeurs et à risques, j'en ai vu tout de même pas mal autour de moi pour dire aussi que ce n'est pas exceptionnel non plus. Disons simplement que ce n'est pas une fatalité... |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 7 Fév 2009 - 16:59 | |
| - sentinelle a écrit:
Je suis assez d'accord avec le propos du roman même si ce n'est heureusement pas toujours le cas et qu'il ne faut pas en faire une généralité, mais des histoires de transmissions et d'héritages, de reproduction de comportements destructeurs et à risques, j'en ai vu tout de même pas mal autour de moi pour dire aussi que ce n'est pas exceptionnel non plus. Disons simplement que ce n'est pas une fatalité... On dit donc la même chose! Mais de mon côté j'ai vu davantage de situations inverses... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 7 Fév 2009 - 17:04 | |
| Oui, on peut voir ça comme ça : nous appréhendons les choses de la même façon sauf que nous ne faisons pas pencher la balance du même coté |
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