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| | Jean Anouilh | |
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+5eXPie Steven animal Igor topocl 9 participants | |
Auteur | Message |
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topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Jean Anouilh Dim 20 Oct 2013 - 18:29 | |
| Jean Anouilh 23 Juin 1910 - 3 Octobre 1987 Fils d'une famille franco-basque installée à Paris, Jean Anouilh commence des études de droit puis débute une carrière de publicitaire. Mais sa rencontre avec les pièces de Jean Giraudoux sont une révélation : il vivra par et pour le théâtre. Après avoir été secrétaire de Louis Jouvet jusqu'en 1932, il sort une première pièce, ' L'Hermine'. Le succès et la célébrité viennent avec sa deuxième pièce, ' Le Voyageur sans bagage', en 1937. Dès lors, il ne cesse de travailler et de rencontrer le succès auprès du public, malgré des critiques parfois sévères. Il a de plus participé à vingt-deux films, traduit sept pièces de dramaturges étrangers, et mis lui-même en scène onze pièces. Une trentaine de ses pièces ont été montées, notamment par George Pitoëff au théâtre des Mathurins, et interprétées par les plus grands comédiens, français ou étrangers. Ses pièces qu'il a catégorisées (pièces noires, roses, grinçantes, brillantes...) donnent une image constante et pessimiste de la nature humaine, rongée par la nostalgie d'une pureté perdue. Source EvèneThéâtrePièces roses (1942) Humulus le muet (1929)note 7 Le Bal des voleurs (1932) Le Rendez-vous de Senlis (1937) Léocadia (1939) Pièces noires (1942) L'Hermine (1931) La Sauvage (1934) Le Voyageur sans bagage (1937) Eurydice (1942) Nouvelles pièces noires (1946) Jézabel (1932) Antigone (1944) Roméo et Jeannette (1946) Médée (1946) Pièces brillantes (1951) L'Invitation au château (1947) La Répétition ou l'Amour puni (1947) Cécile ou l'École des pères (1949) Colombe (1951) Pièces grinçantes (1956) Ardèle ou la Marguerite (1948) La Valse des toréadors (1951) Ornifle ou le Courant d'air (1955) Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes (1956) Pièces costumées (1960) L'Alouette (1953) Becket ou l'Honneur de Dieu (1959) La Foire d'empoigne (1962). Nouvelles pièces grinçantes (1970) L'Hurluberlu ou le Réactionnaire amoureux (1957) La Grotte (1961) L'Orchestre (1962) Le Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron (1968) Les Poissons rouges ou Mon père ce héros (1970) Pièces baroques (1974) Cher Antoine ou l'Amour raté (1969) Ne réveillez pas Madame (1970) Le Directeur de l'Opéra (1972) Pièces secrètes (1977) Tu étais si gentil quand tu étais petit (1972) L'Arrestation (1975) Le Scénario (1976) Pièces farceuses (1984) Épisode de la vie d'un auteur (1948) Chers zoiseaux (1976) La Culotte (1978) Le Nombril (1981) Littérature 1962 : Fables 1987 : La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, autobiographie 2000 : En marge du théâtre, recueil d'articles, de préfaces et de présentations de ses œuvres théâtrales, publié de manière posthume, sous la direction d'Efrin Knight. Opéra 1953 : Le Loup, ballet de Henri Dutilleux, argument de Jean Anouilh et Georges Neveux, chorégraphie de Roland Petit, créé au théâtre de l'Empire en mars 1953 ; 1961 : Colombe, « comédie lyrique » en quatre actes et 6 tableaux de Jean-Michel Damase, livret de Jean Anouilh d'après sa pièce, créée le 5 mai 1961 à l'Opéra de Bordeaux avec Maria Murano, dans une mise en scène de Roger Lalande, décors et des costumes de Jean-Denis Malclès ; 1970 : Madame de..., « comédie musicale » en deux actes de Jean-Michel Damase, livret de Jean Anouilh, créée le 26 avril 1970 à l'Opéra de Monte-Carlo avec Suzanne Sarroca dans une mise en scène d'André Barsacq ; 1971 : Eurydice, « drame lyrique » en 3 actes de Jean-Michel Damase, livret de Jean Anouilh d'après sa pièce, créé en 1971 dans le cadre du Festival de mai de Bordeaux puis repris l'année suivante à l'Opéra de Bordeaux ; 1999 : Antigone, opéra en deux actes de Míkis Theodorákis, livret du compositeur d'après la pièce de Jean Anouilh, créé le 7 octobre 1999 à Athènes. | |
| | | Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Jean Anouilh Lun 21 Oct 2013 - 12:52 | |
| Antigone En préambule, je remarque que depuis (et ça fait un bail) on a plus prénommé une personne avec ce prénom. C'est dire si la charge est lourde! Facilement on y voit le conflit de génération classique. Mais au-delà le gout d'absolu de certains individus qui vont jusqu'au sacrifice suprême c'est à dire leur mort pour un concept, une idée. Sur cette base et bien sûr le texte original, Anouilh donne à lire (et à jouer) un texte particulièrement fin. En peu de mots, chaque caractère est évoqué avec sa dimension psychologique avec ses grands ou petits avantages. Il donne à ce drame une dimension universelle, le dépoussière à tel point qu'on peut observer qu'il qu'il se joue en permanence. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Anouilh Mar 22 Oct 2013 - 8:21 | |
| Contente que tu nous reviennes avec un commentaire, Igor! Antigone(Nouvelles pièces noires) Antigone, celui d’Anouilh, je l’ai lu , relu, et encore plusieurs fois , et offert aux gens que j’aime. J’en sais quelques passages par cœur. Et Chalandon est venu me chercher par la main pour le relire. Meilleur à chaque lecture. Antigone, c'est la petite brune que les garçons ne regardent même pas, celle qui pense que la vie est belle comme un jardin sauvage avant que l'homme n'y mette les pieds, celle qui pense que cela vaut le coup de mourir pour des idées. Et pour son frère aussi, même si celui-ci n'a pas su vous aimer . Normal qu’à ma première lecture, vers 14-15 ans, elle m'ait plu, cette gamine infernale. Après, j'ai bien fait quelques choix, moi aussi, mais j'ai vite tourné du côté de Créon, du côté : on va tâcher de mener la barque, quitte à faire des concessions et à se dire, oui c’est cette jeunette qui a raison. dans le fond, mais ça serait un sacré bordel s'il n'y avait que des gens comme elle. Mais je me réserve le droit de parfois retourner à mon rôle d’Antigone, de sincère butée. . La folie contre la raison ? Trop simple. C'est ça qui me retourne à chaque fois, c’est que Créon n’est pas un abominable salaud, ce n'est pas un tyran impitoyable, c'est un homme complètement attachant, complètement désespéré, qui continue la route, pas forcément parce que c'est juste, ou parce que c'est beau, mais parce qu'il faut, même si c'est un peu vain. Le mieux possible. Et le mieux possible n'est pas toujours ragoûtant. Et puis à côté de cette alternative du choix entre un « non » et un « oui », il y a des tas d'autres personnages qui ont leurs choix à eux, plus flous, moins courageux . Et personne n’est fondamentalement mauvais. Il y a Eurydice, qui tricote pendant toute la pièce, qui ne dit rien, dont on croit qu’elle s’en fout, ou même qu’elle n’est pas intéressante, et qui finalement s'avère un personnage tout aussi tragique que les autres. Il y a la nourrice, qui fait le choix de distribuer des tartines, et les gardes, qui ne se posent pas d'autres questions que leurs bouteilles de vin. Ce côté drôle, léger, qui nous donne une respiration dans la tragédie : oui la vie est tragique, mais ce n'est pas tout…nous dit Anouilh. C'est d'ailleurs pour cela qu'Antigone l’aime tant. Et qu’elle ne veut pas la laisser gâcher. Chaque lecture au fil des années se nourrit de mon histoire et de mes autres lectures. Chaque lecture est une redécouverte. Ici en Antigone, j'ai retrouvé « cette posture d'héroïsme » des héros de Vercors,(et, animal, la sœur d’Antigone, Ismène, ne manque pas de dire : « C'est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elle. Toi tu es une fille. ») et en Créon, le regard désabusé des frères Rolin qui se retournent sur leurs passions de jeunesse. Ah ! et j’ai encore oublié de parler de la modernité de l’écriture d’Anouilh, ce grand chercheur de pureté. Une modernité qui prend ses bases dans la tradition classique, avec un chœur antique mais qui est ici plein de compassion et d'humour. Antigone va retourner sur son étagère, jusqu'à la prochaine lecture, mais il (elle) restera là, quelque part, en moi. Ca, c'était mon commentaire « sortie du livre ». Et puis ma lecture a continué à tourner dans ma tête, car il est bien connu que les récits mythologiques, ça aide à comprendre la vie, et que la vie, ça aide à comprendre les récits mythologiques . Nouvelle lecture. Polyeucte est considéré comme un fauteur de troubles. Créon, qui mène la barque de la cité, décide de le traiter comme un chien. Antigone, révulsée par le procédé, est prête à tout pour réparer cette injustice. Parce que c'est son frère. Et parce qu'elle ne peut vivre dans un monde prêt à n'importe quelle concession pour que la sérénité soit préservée. Créon, qui souhaite alimenter sa bonne conscience personnelle, tergiverse, parlemente sans fin avec Antigone, essaye de l'amadouer. Il croit lui-même à ce simulacre d'homme follement tolérant et compréhensif, mais accablé par le pouvoir. En fait son seul objectif est qu'on lui foute la paix. Coûte que coûte. Autour, il y a les gardes qui s’en fichent et ne pensent qu'à leurs bouteilles de rouge. Il y a la nounou qui pense que la bonne humeur sauvera tout et continue de distribuer ses tartines. Il y a Ismène et Hémon qui comprennent, en tout cas à leur façon, admirent et aiment Antigone, mais pensent que la cause est perdue. Et il y a Eurydice qui écoute horrifiée, sans rien dire, et qui finit par se barrer. Ça a déjà mal fini pour Polyeucte. Ça finira mal pour Antigone. Thèbes s'en remettra, c'est sûr, mais restera de nombreuses années à panser ses plaies.
Dernière édition par topocl le Dim 27 Oct 2013 - 9:17, édité 1 fois | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Jean Anouilh Mar 22 Oct 2013 - 12:53 | |
| on aura droit à une piqûre de rappel (dite piqûre de Meyers) si jamais on se trouve à oublier quand même ? | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Anouilh Mar 22 Oct 2013 - 14:53 | |
| Tu peux compter sur moi . | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Anouilh Mar 22 Oct 2013 - 20:57 | |
| Igor et topocl, vous me donnez envie de relire Antigone, avec la version de Sophocle en parallèle. Ma dernière lecture remonte à mes annés de lycée, c'est dire... Avec entre temps une intéressante version filmée, avec Barbara Shutz dans le rôle d'Antigone. Je note l'interprétation de topocl "après décantation", sur un Créon qui se donne l'apparence de la magnanimité mais veut surtout "qu'on lui foute la paix". Et la remarque d'Igor, qui montre combien, d'un grand mythe antique avec sa symbolique et ses excès, Anouilh a su faire une pièce éminemment humaine et universelle.
Dernière édition par Armor-Argoat le Mar 22 Oct 2013 - 22:48, édité 1 fois |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Anouilh Mar 22 Oct 2013 - 21:56 | |
| De mon côté, Armor, je vais aller me ballader un peu plus loin du côté de chez Anouilh. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Anouilh Mar 22 Oct 2013 - 22:49 | |
| - topocl a écrit:
- De mon côté, Armor, je vais aller me ballader un peu plus loin du côté de chez Anouilh.
Je me rappelle avoir beaucoup aimé Le voyageur sans bagage, en son temps. Mais cette fois cela remonte au collège, donc impossible d'en dire plus. |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Anouilh Dim 27 Oct 2013 - 9:34 | |
| Médée (Nouvelles pièces noires) Antigone et Médée, ce sont comme deux sœurs, chacune son visage, sa personnalité, mais une espèce de pacte commun qui les lie par derrière. Antigone c’est la pure, Médée la sauvage. Toutes deux éprises d’ absolu, promises à un destin tragique. Médée et Jason, c'est encore la lutte entre la folie et la raison. Un amour fou des années partagé, traînant le poids des ignominies commises en son nom, et un beau jour, les destins qui se séparent : Médée qui ne veut pas renoncer, et Jason qui choisi le chemin de Créon, le chemin des concessions, construire non plus détruire, vivre et non plus dévorer. La passion perdue est le prix à payer. Pas beaucoup de remords, on en aurait sans doute aimé un peu plus… Et puis il y a toujours la nourrice et le garde, qui s'en foutent, qui ne demandent qu’un peu de pain le matin, et un air frais à respirer… Quant à Anouilh, il pense comme Igor - Igor a écrit:
En préambule, je remarque que depuis (et ça fait un bail) on a plus prénommé une personne avec ce prénom. C'est dire si la charge est lourde!
- Anouilh a écrit:
- Et ton cas est réglé pour toujours, Médée ! C'est un beau nom pourtant, il n'aura été qu’à toi seule dans ce monde. Orgueilleuse ! Emporte celle-là dans le petit coin sombre où tu caches tes joies : il n'y aura pas d'autre Médée, jamais, sur cette terre. Les mères n'appelleront jamais plus leurs filles de ce nom. Tu seras seule, jusqu'au bout des temps, comme en cette minute.
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| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 51 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Jean Anouilh Dim 27 Oct 2013 - 19:08 | |
| Je lis actuellement Le quatrième mur de Sorj Chalandon. Dans ce roman, Antigone d'Anouilh est très présent : l'idée folle de Samuel, expartié grec, époque dictature, est de monter l'Antigone d'Anouilh à Beyrouth... Si bien qu'Antigone, la petite maigre, devient presque un personnage de ce roman : - Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre, qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en. Face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout.... a écrit:
C'est le prologue d'Antigone, écrit en 1942 par Anouilh. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Anouilh Mar 29 Oct 2013 - 14:53 | |
| Roméo et Jeannette (Nouvelles pièces noires) C'est toujours cette histoire de choix entre la passion et la raison. Cette fois-ci, ce n'est pas parmi les héros grecs, mais chez des petit-bourgeois, dont le souci principal est de savoir si c’est bien rangé et bien propre. Cela donne l'occasion d'un premier acte jouissif où ceux qui se croient la vertu débarquent chez ceux qu’ils identifient au vice avec tous leurs préjugés. Et puis, on passe aux choses sérieuses. Alors qu'il n'y a rien en l'autre qui devrait leur plaire, au premier coup d’œil, Frédéric et Jeannette tombent amoureux. Amoureux fous. Avant, - Citation :
- Les choses autour de moi avaient une place et un nom et tout était simple.
Et, une fois de plus, il va falloir choisir. Car, dans ces nouvelles pièces noires, choisir, c'est grandir , choisir, c’est la raison. Et la raison n'est pas loin de la compromission avec un certain ordre établi. - Citation :
- On doit vieillir. On doit sortir un jour de son monde d'enfant et accepter que tout ne soit pas aussi beau que lorsqu'on était petit.
Et refuser de choisir, c'est accepter de mourir . Le frère, Lucien, qui joue le rôle du chœur, désabusé et revenu de tout, commente, observe, appuie où ça fait mal, avec cette idée que le monde est vain, et que chacun tire son épingle du jeu comme il peut plutôt que comme il veut. Voilà. Une fois de plus, il y a ces dilemmes déchirants, dont les réponses sont inacceptables. Il y a aussi à côté de cette idée de la pureté, un certain bonheur ordinaire impalpable, des petites choses qui rendent heureux si, finalement, on accepte de laisser de côté les grandes questions. Il y a toujours cette douceur et cet humour, qui disent que cela vaut peut-être la peine de souffrir, peut-être la peine de continuer. Cette fois-ci, c'est un peu plus compliqué dans les choix, il n'y a pas celle qui refuse et celui qui accepte, il y a un peu plus d’aller et retours, une valse d’hésitations, la Vérité est un peu moins évidente, malgré le couperet final. Peut-être parce que nous sommes chez les hommes, et non plus chez les héros. Il faut savoir aussi qu'on rencontrera quelques pensées définitives, toujours joliment exprimées mais pas moins sexistes pour autant, sur l'opposition entre hommes et femmes, qui risquent d'en gêner certain(e)s, et qui sont la seule raison pour laquelle on dira que ce texte, qui remonte à 1945, date un peu. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Jean Anouilh Ven 1 Nov 2013 - 11:57 | |
| AntigoneC'est très resserré et les deux figures les plus développées et autour des quelles se développe le texte sont Antigone et son oncle Créon. La première enfreint la loi du second pour recouvrir celui de ses frères qui n'a pas été enterré après qu'ils se soient entretués pour le pouvoir. Elle doit donc mourir. Antigone est un mélange de résilience, de doute et d'idéalisme (et d'autres choses) et Créon se retrouve coincé par son geste car elle doit se marier à son fils. Et il est clair que la fin d'Antigone "insignifiante" ou plutôt non remarquée ne peut être sans suite. Ce n'est donc potentiellement pas sans raisons (la dimension universelle de ce fait, de ce rapport, ce doute assez obscur et très mal défini) autres que personnelles (qui sont aussi un ressort de tragédie) que Créon tente de sauver les meubles, d'étouffer le fait (moyennement la mort de quelques gardes) et de rendre Antigone à ce qui se voudrait une certaine raison. C'est le mélange des motivations (appelons ça comme ça pour simplifier) personnelles et plus diffuses, de principe ou d'esprit qui trame les tourments de ce fatal échange. Dans ce mélange que se développe quelque chose de non résolu. Ça ne veut pas dire que peser les caractères est sans intérêt (le comportement de Créon n'est pas dénué de sens ni d'un certain idéalisme en regard de l'état des choses ?) mais il restera un "mais". Qui tient dans le goût un peu morbide de la fatalité, de la mortification, qui n'est pas absent chez Antigone, dans la séparation d'avec les autres qu'elle impose. Une exclusivité du sacrifice qui se termine en demi échec puisque les autres... De cette lecture qui sur le moment ni même tout à fait ne m'a pas démonté complètement (je créonise peut-être trop sur certains fronts en ce moment pour être assez perméable), la question que je conserve le plus est : "de quoi Antigone est (ou serait) le déclencheur ?... sachant que sa mort signifiante est aussi une fin" | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Anouilh Ven 1 Nov 2013 - 19:46 | |
| déclencheur d'un questionnement, déjà? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Jean Anouilh Ven 1 Nov 2013 - 20:16 | |
| mouais, mais après ma lecture je ne le dirai pourtant pas comme ça, par rapport aux personnages. Parce que ceux qui décident de mourir à la mort d'Antigone éludent à leur manière la question (ou une partie de la question) ? | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jean Anouilh Ven 1 Nov 2013 - 21:09 | |
| C'est normal qu'ils éludent: ce sont les personnages "faibles" qui meurent après Antigone. On ne sait finalement pas si Hémon meure d'amour (vivre sans Antigone; aimer un père qui a fait ces choix-là) ou d'opinion (impossibilité de vivre dans un tel monde). Quant à Euridyce on ne sait pas pourquoi elle a vécu à part tricoter, on sait donc encore moins pourquoi elle meure. Mais ces morts contribuent à montrer l'image d'un monde tragique, un monde où le choix du oui comme du non est une situation invivable. | |
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| | | | Jean Anouilh | |
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