René Barjavel

L'Enchanteur

En voici le préambule :

Citation :

"Il y a plus de mille ans vivait en Bretagne un Enchanteur qui se nommait Merlin.
Il était jeune et beau, il avait l'œil vif, malicieux, un sourire un peu moqueur, des mains fines, la grâce d'un danseur, la nonchalance d'un chat, la vivacité d'une hirondelle. Le temps passait sur lui sans le toucher. Il avait la jeunesse éternelle des forêts.
Il possédait les pouvoirs, et ne les utilisait que pour le bien, ou ce qu'il croyait être le bien, mais parfois il commettait une erreur, car s'il n'était pas un humain ordinaire, il était humain cependant.

Pour les hommes il était l'ami, celui qui réconforte, qui partage la joie et la peine et donne son aide sans mesurer. Et qui ne trompe jamais.

Pour les femmes, il était le rêve. Celles qui aiment les cheveux blonds le rencontraient coiffé d'or et de soleil, et celles qui préfèrent les bruns le voyaient avec des cheveux de nuit ou de crépuscule. Elles n'étaient pas amoureuses de lui, ce n'était pas possible, il était trop beau, inaccessible, il était comme un ange.
Seule Viviane l'aima, pour son bonheur, pour son malheur peut-être, pour leur malheur ou leur bonheur à tous les deux, nous ne pouvons pas savoir, nous ne sommes pas des enchanteurs.

Pour tous, il était l'irremplaçable, celui qu'on voudrait ne jamais voir s'en aller, mais qui doit partir, un jour.
Quand il quitta le monde des hommes, il laissa un regret qui n'a jamais guéri. Nous ne savons plus qui est celui qui nous manque et que nous attendons sans cesse, mais nous savons bien qu'il y a une place vide dans notre cœur."

Bon.. la Bretagne me tente.. et je suis même allé faire la visite du château et le lac fameux et tout cela.. en tout cas je note

Barjavel a déboulé la première fois dans mon univers pendant mon année de 3e grâce à mon professeur adoré (eh oui, encore elle! Vous en entendrez souvent parler, je crois^^). Elle nous avait imposé La nuit des Temps mais la lecture m'a tenue plus près du plaisir que de la contrainte.

Comme beaucoup l'ont fait remarquer, il y a là matière à débattre pendant des heures. Barjavel détruit certains rêves mais installe des idéaux. Le monde d'Eléa, monde utopique au premier abord, révèle ensuite les fissures sous la surface et s'apparente, malgré sa différence initiale, à notre société actuelle. Une remise en question de quelques principes fondamentaux accompagnée de certains mythes tel le mythe de l'androgyne que symbolise l'amour d'Eléa et Paikan.

Par la suite, j'ai appris que Barjavel était communiste et cela ne m'a pas vraiment surprise: sa description de la société idéale, parfaitement égalitaire, coïncidait avec son idéal politique.

Bref, c'est un roman que j'ai lu et relu avec un grand plaisir. Plus tard, j'ai acheté Les chemins de Katmandou qui traînasse toujours dans mes étagères. Un jour, sans doute...

PS: Ma prof de 3e est sans aucun doute l'une des personnes qui a le plus influencé ma tendance naturelle vers la littérature. Ne vous étonnez donc pas si vous revoyez souvent un mot sur elle

Solitude a écrit:

PS: Ma prof de 3e est sans aucun doute l'une des personnes qui a le plus influencé ma tendance naturelle vers la littérature. Ne vous étonnez donc pas si vous revoyez souvent un mot sur elle

C'est un bel hommage...

"La nuit des temps" , "la tempête" , "le voyageur imprudent"*** ...parmi ceux que j'ai le plus aimés de l'auteur.

J'ai lu Barjavel quand j'avais 14 ans environ ; je me souviens que j'avais adoré la nuit des temps, même si la fin avait fortement attristée la midinette qui sommeille en moi.
J'avais aimé les chemins de Katmandou également, mais je ne m'en souviens quasiment pas. Il faudrait que je les relise à l'occasion, pour voir s'ils résistent bien à une lecture plus "adulte".

Armor-Argoat a écrit:

Il faudrait que je les relise à l'occasion, pour voir s'ils résistent bien à une lecture plus "adulte".

Je me pose la même question , je l'ai lu entre 17 et 20 ans , et je ne suis pas certaine d'y trouver aujourd'hui le même goût . Ca n'est pas une critique pour autant , c'est un auteur que j'ai beaucoup aimé.

J'ai oublié de citer l'incontournable " Ravage" et puis dans un autre registre "La charette bleue" et "Tarendol"

Comme j'ai terminé récemment L'Enchanteur, je me permets de remonter ce topic pour faire part de mes impressions...

Ca ne m'a pas franchement passionnée. Je ne trouve pas qu'avec ce livre Barjavel apporte grand-chose de nouveau ou de différent à la légende arthurienne (dont j'ai déjà tenté quelques versions très variées, de Chrétien de Troyes à Marion Zimmer Bradley en passant par Stephen Lawhead, ou Apollinaire et son Enchanteur Pourrissant...) D'ailleurs si je n'ai pas accroché à celui-là c'est peut-être pour la simple et bonne raison qu'à force on finit par se lasser de Merlin et compagnie En tout cas je n'ai pas trouvé -pour une fois- l'écriture de Barjavel suffisamment accrocheuse pour lutter contre l'ennui.
Ah et un autre bémol moins significatif : je déteste les chapitres très courts! J'ai du mal à trouver le rythme dans une succession de chapitres de deux ou trois pages...

J'avais beaucoup aimé mes deux premiers de cet auteur, par contre : La Nuit des Temps et La Faim du Tigre, mais ça remonte à un bail, il faudrait que j'en relise des morceaux pour me rappeler pourquoi j'en garde un si bon souvenir : )

J'ai lu un peu de Barjavel,mais je n'aime pas du tout. Je le trouve déprimant et moralisateur.

J'ai lu la nuit des temps et Ravage et je n'aime pas trop non plus. Son style ne me plait pas.

Barjavel c'est bien quand on a deux heures devant soi et rien rien du tout à faire, ou qu'on est malade et qu'on a quand même envie de lire. Je le conseille à mes clients qui ont des difficultés avec la lecture ou qui veulent changer un peu de Lévy, Musso et Pancol. Perso, je préfère lire Barjavel que Dan Brown

Je trouve que rien ne vieillit plus vite que la SF ou l'anticipation. Et pour un auteur de ce type, Barjavel tient quand même la route bien plus que d'autres. Mais il faut accepter, voir se délecter d'un côté un peu daté, dans l'histoire comme dans l'écriture. Si on est pas réfractaire, voir amateur, on apprécie. Mais c'est le genre d'auteur qui va susciter des réactions très opposées.

J'ai lu et étudié (merci madame et monsieur prof de français) Ravage et l'Enchanteur.

Je garde de Ravage le souvenir d'un début long à démarrer, ce qui m'a rebuté plusieurs fois à le relire, mais un humour noir qui me plaît beaucoup. J'adore ses morts brutales et "idiotes". Le livre n'est pas trop long et rempli d'actions, j'ai donc bien accroché à partir de "la coupure de courant." Même si l'anticipation vieillit mal, je me plaît à imaginer la réaction des lecteurs futurs (dans 50 ans environ).

Pour L'Enchanteur, j'ai trouvé quelques longueurs (il a quand même rempli 470 pages de livre de poche), mais toujours cette touche d'humour irrésistible, un peu cynique et les anachronismes (passage des boîtes de conserve). Contrairement à ce que j'ai lu plus haut, j'aime les chapitres courts qui permettent de varier le rythme. L'histoire est très proche de la légende, elle ne lui apporte en effet pas grand chose. A ceux qui ont du temps et qui n'ont pas trop lu "d'Arthureries", je leur conseille.

Comme quelques uns d'entre vous, Barjavel ne m'a pas laissé une très bonne impression...

Au collège, j'avais dû lire La nuit des temps. Il s'agissait d'un livre sympathique mais sans plus, je n'en garde pas un souvenir inoubliable.
Récemment, j'ai ouvert La faim du tigre. Il s'agit d'un essai un peu foutraque qui commence plutôt pas mal. Barjavel y parle du libre-arbitre de l'homme, nul selon lui car l'homme n'a pas d'autre destinée que celle de se reproduire et toute sa vie est dirigée dans la réalisation de cet objectif.

Citation :

Tout être vivant normalement constitué n’est qu’un organe de reproduction. Les organes divers qui lui sont associés sont tous à son service et n’existent que pour lui permettre de survivre, et d’accomplir sa mission.

Citation :

Déterminé par ses constituants, emporté par ce qu’il constitue, impuissant à se diriger, ignorant de sa direction, l’être humain n’a qu’une apparence de vie autonome. Son existence individuelle est une supercherie.

Des comparaisons sympathiques :

Citation :

Les espèces ont-elles conscience de leur mission ? Le genre humain sait-il qu’il doit continuer ? Si cette conscience collective existe, l’homme individu ne peut pas plus la connaître qu’une cellule musculaire de la cuisse d’un pilier de mêlée ne peut connaître les règles du rugby et le désir de vaincre. Et pourtant, toutes les cellules du joueur travaillent pour cette victoire.

Et puis après,Barjavel passe soudainement à la question de la religion. A partir de ce moment-là, le bouquin se transforme en tracts prosélytes de l'église évangélique. Barjavel se perd dans des notions de Créature, de Créateurs, de religion vraie/fausse/pervertie, faisant des démonstrations de tout et n'importe quoi tout en avouant qu'il n'y connaît pas grand-chose et qu'il a tout juste survolé les textes religieux, mais pas besoin d'en savoir plus pour faire des théories.
En exemple :

Citation :

« Alors Yahvé Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna une femme… » (Genèse, 2-21, 22.) Remarquons d’abord que le début de ce récit est la relation parfaite d’une intervention chirurgicale : anesthésie, opération, fermeture de la plaie, opératoire. Ce qui permet de déduire que l’auteur du récit, il y a cinq ou six mille ans, vivait dans une société où les opérations sous anesthésie étaient habituelles. […] Ce qui est surprenant, c’est cet homme à qui il manque désormais une côte. Comme il s’agit de la conformation de l’homme par excellence, de l’homme type, tous ses descendants mâles devraient avoir une côte en moins. Nous savons qu’il n’en est rien. Mais la science a découvert, il n’y a pas très longtemps, que les hommes ont effectivement quelque chose de moins que les femmes. Quiconque a sous les yeux la microphotographie d’une cellule en train de se diviser a été frappé par l’alignement, dans le noyau, des chromosomes dédoublés. De chaque côté de la ligne de partage de la cellule, les chromosomes symétriques se font face, comme les côtes de part et d’autre de la colonne vertébrale. Comptons ces chromosomes. Chez la femme, il y en a 23 paires. Chez l’homme, combien ? 22 paires complètes et une paire incomplète…

Pas possible de prendre Barjavel au sérieux... Ca ne me donne pas envie d'aller voir plus loin...

colimasson a écrit:

Comme quelques uns d'entre vous, Barjavel ne m'a pas laissé une très bonne impression...
Pas possible de prendre Barjavel au sérieux... Ca ne me donne pas envie d'aller voir plus loin...

Je suis dans le camp d'en face !
Chacune de mes lectures est un très bon souvenir : L'Enchanteur, Ravage, Le grand Secret, La Nuit des Temps...
Que du bon, et il n'est pas exclu que je récidive un jour.