Coup de coeur et bar de la poésie

Ce que je vois

Le lilas fleurit sous la lune
Et ce que je vois je le dis :
La fille nue à gorge brune
Dans le lilas m' ouvrit son lit.

Le lit du torrent m' est ouvert
Et la fille aux genoux polis
Chaque nuit roule vers la mer,
Une vague étouffe ses cris.

C' est là le drame de mes jours,
La nuit revient sans le résoudre,
A la renverse fuit l' amour
Jusqu' à la mer pour le dissoudre

Si je l' attrape je m' éveille,
Si je m' éveille elle est perdue
Ainsi de suite. Est-ce merveille
Si j' ai l' air de tomber des nues ?

Henri Thomas Sur le site "Esprits nomades"

BIX: et j´adore cette merveille qui provient de l´effarement...

Cela fait cent ans
que je n' ai pas vu ton visage
que je n' ai pas passé mon bras
autour de ta taille
que je ne vois plus mon visage dans tes yeux
cela fait cent ans que je ne pose plus de question
à la lumière de ton esprit
que je n' ai pas touché à la chaleur de ton ventre.

Cela fait cent ans
qu' une femme m' attend
dans une vile.
Nous étions perchés sur la meme branche,
sur la meme branche,
nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés
entre nous tout un siècle
dans le temps et dans l' espace.

Cela fait cent ans que dans la pénombre
je cours derrière toi.

Nazim HIKMET 6 juillet 1959

Paysage

Dans l' atmosphère violette
L' aube palit
Une pyramide rompt l' horizon
Les tours jaillissent du sol encore sombre
Les ponts tiennent dans leurs poings des rivières qui grondent
Entre des feux
Tout se dévoilant neuf

Paisgem

Na atmosfera violeta
A madrugada desbota
Uma Pyramide quebra o horizonte
Torres espirram do chao ainda escuro
Pontes trazem nos pulsos rios bramindo
Entre fogos
Todo novo se desencapontando

PARCOURS DU MINAS

Bois Brésil. Ouvrage cité

Francis Jammes

J'aime l'âne

J’aime l’âne si doux
marchant le long des houx.

Il prend garde aux abeilles
et bouge ses oreilles;

et il porte les pauvres
et des sacs remplis d’orge.

Il va, près des fossés,
d’un petit pas cassé.

Mon amie le croit bête
parce qu’il est poète.

Il réfléchit toujours.
Ses yeux sont en velours.

Jeune fille au doux cœur,
tu n’as pas sa douceur:

car il est devant Dieu
l’âne doux du ciel bleu.

Et il reste à l’étable,
fatigué, misérable,

ayant bien fatigué
ses pauvres petits pieds.

Il a fait son devoir
du matin jusqu’au soir.

Qu’as-tu fait jeune fille?
Tu as tiré l’aiguille…

Mais l’âne s’est blessé :
la mouche l’a piqué.

Il a tant travaillé
que ça vous fait pitié.

Qu’as-tu mangé petite?
— T’as mangé des cerises.

L’âne n’a pas eu d’orge,
car le maître est trop pauvre.

Il a sucé la corde,
puis a dormi dans l’ombre…

La corde de ton cœur
n’a pas cette douceur.

Il est l’âne si doux
marchant le long des houx.

J’ai le cœur ulcéré:
ce mot-là te plairait.

Dis-moi donc, ma chérie,
si je pleure ou je ris?

Va trouver le vieil âne,
et dis-lui que mon âme

est sur les grands chemins,
comme lui le matin.

Demande-lui, chérie,
si je pleure ou je ris?

Je doute qu’il réponde:
il marchera dans l’ombre,

crevé par la douceur,
sur le chemin en fleurs.

Zen littéraire Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010

Ton poème "coup de coeur" est extrait de "De l'Angelus de l'aube à l'Angélus du soir", Colimasson ... sourire

PETITES FLEURS BLEUES

Petites fleurs bleues
Du vert romarin,
Prairie de mon coeur,
Couleur de mon ciel.

O vert romarin,
Que vous ètes vert !
Voyanr que s' en va
La fleur de la vie,
Franchissez mes portes,
O vert romarin,
Prairie de mon coeur,
Coluleur de mon ciel.

FLORECITAS AZULES

Florecitas azules,
el verde romero,
prado de mi gusto,
color de mi cielo.

Romerito verde,
que verde os estais,
viendo que se os pasa
la flor de edad,
mis puertas entrad,
el verde romero, prado de mi gusto,
color de mi cielo

José de Valdivielso, 1560-1638

Tierra de Espana, Antologia poética. Textos seleccionados y traducidos por Françoise Pechère.
Bruxelles. - La Renaissance du livre

Constance a écrit:: Ton poème "coup de coeur" est extrait de "De l'Angelus de l'aube à l'Angélus du soir", Colimasson ...

Merci Constance ! Tu es toujours une mine d'infos intarissable ! Razz

Est-ce que tu as déjà lu ce recueil ?

OTAGE

Une journée de soleil et d' hirondelles...
J' ai vu le chauffeur du bateau, devant sa machine,
qui saluait de la main
Et j' ai ri. Et puis je me suis remis à creuser une tombe.

Malcolm Lowry : Pour l' amour de mourir

Traduit par J.M. Lucchioni. - Ed. de la Différence

Zen littéraire Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010

colimasson a écrit:

Constance a écrit:: Ton poème "coup de coeur" est extrait de "De l'Angelus de l'aube à l'Angélus du soir", Colimasson ...

Merci Constance ! Tu es toujours une mine d'infos intarissable ! Razz

Est-ce que tu as déjà lu ce recueil ?

Lu et relu, puisque je le possède, Colimasson ... sourire

A ton intention, j'ai recopié l'introduction à ce recueil, rédigée par Francis Jammes : sourire

Citation :: Mon Dieu, vous m'avez appelé parmi les hommes. Me voici.
Je souffre et j'aime. J'ai parlé avec la voix que vous m'avez donnée.
J'ai écrit avec les mots que vous avez enseignés à ma mère et à mon père qui me les ont transmis.
Je passe sur la route comme un âne chargé dont rient les enfants et qui baisse la tête.
Je m'en irai où vous voudrez, quand vous voudrez.
L'Angélus sonne.

Francis Jammes.

Espoir postal Messages : 36 Inscription le : 09/07/2011

Je vais poster ici deux poèmes en anglais. Je ne sais point si j'ai le droit mais c'est mon coup de cœur poétique ! J'adore les poèmes anglais, qu'ils soient en vers ou non.

En voici un que j'adore : The moment : http://www.poetryarchive.org/poetryarchive/singlePoem.do?poemId=100

Et un autre très drôle : Yes I'll marry you my dear : http://www.poetryarchive.org/poetryarchive/singlePoem.do?poemId=11737

Vous pouvez même l'écouter récité, je ne peux le mettre ici.

Constance a écrit:

A ton intention, j'ai recopié l'introduction à ce recueil, rédigée par Francis Jammes : sourire

Citation :: Mon Dieu, vous m'avez appelé parmi les hommes. Me voici.
Je souffre et j'aime. J'ai parlé avec la voix que vous m'avez donnée.
J'ai écrit avec les mots que vous avez enseignés à ma mère et à mon père qui me les ont transmis.
Je passe sur la route comme un âne chargé dont rient les enfants et qui baisse la tête.
Je m'en irai où vous voudrez, quand vous voudrez.
L'Angélus sonne.

Francis Jammes.

Merci beaucoup Constance Very Happy

Tu es mon ivresse
De toi je n' ai point déssoulé
Je ne puis dessouler
Je ne veux point dessouler

Ma tete lourde
Mes genoux écorchés
Mes vetements crottés
Je vais vers ta lumière qui brille et qui s' éteint
en titubant, tombant, me relevant.

Nazim Hikmet : Il neige dans la nuit, 10 juillet 1959 (Ouvrage cité)

La vallée s' éveille, frissonnante dans le vent du matin,
Un petit bruit sec, les chataignes tombent à terre,
S' ouvrent avec un sourire dur et lumineux. Je ris aussi.

Hermann Hesse : Eloge de la vieillesse. - Le Livre de poche

bix229 a écrit:: La vallée s' éveille, frissonnante dans le vent du matin,
Un petit bruit sec, les chataignes tombent à terre,
S' ouvrent avec un sourire dur et lumineux. Je ris aussi.

Hermann Hesse : Eloge de la vieillesse. - Le Livre de poche

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