Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Dominique Rolin [Belgique]

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coline
Parfum livresque
coline


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MessageSujet: Re: Dominique Rolin [Belgique]   Dominique Rolin [Belgique] - Page 2 EmptyMar 24 Fév 2009 - 12:15

Les marais

De marais il n’y a pas alentour de la sombre demeure de la famille Tord…Seulement des forêts.
Le marais est dans les relations que ses membres entretiennent entre eux, sous le joug du père tyrannique et violent.

Le père :
« Il eut un air satisfait en regardant les enfants qui baissaient le nez dans leur assiette. Il savait leur déplaire profondément et cela lui causait grand plaisir. »

La mère :
(terreur devant le père) « Alban chercha sa mère des yeux ; elle était si frêle et si sombre qu’elle se confondait avec les rideaux pesants de la fenêtre ; Elle ressemblait à un oiseau effrayé.[...]En tremblant elle avait donné de sa chair et de son sang pour le mettre au monde , lui, Alban ; elle avait fait de même pour les autres. Elle avait chétivement créé des enfants froids et forts. Et maintenant, lui, qui était presque un homme, il cherchait obscurément l’endroit vulnérable de cette femme pour s’y cacher et y sangloter. Ces bras maigres, il aurait voulu les sentir se refermer sur son grand corps. Pourtant c’était elle qui demandait protection, il le voyait. »

La grande soeur, Polenka, qui se marie très jeune et trouve un certain épanouissement auprès de son mari, Bran et de ses cinq enfants. Ils vivent aussi dans la grande demeure familiale.

Alexis dont on ne sait pas grand-chose.

Alban et Ludegarde : les rebelles qui trouvent dans les fugues et l’imagination le moyen d’échapper à l’atmosphère oppressante du climat familial vers laquelle ils reviennent toujours, punis à l’arrivée par le fouet.. Alban et Ludegarde qui ne se regardent qu’à la dérobée, qui se comprennent sans se parler et s’aiment sans pouvoir se le dire autrement que dans la violence de leurs mots rares et de leurs gestes.
(se retrouvant sans la nature lors d’une fugue) :« Ils ne se regardèrent pas une seule fois car ils craignaient de rompre la tranquillité qui les unissait. »
« Si elle me parle, je la tue. »
« Ludegarde continua ses escapades malgré l’autorité paternelle. Elle en revenait ivre de solitude, d’une ivresse intérieure qui décomposait les pâles couleurs de son visage et la rendait impénétrable. Monsieur Tord la retira de l’école et la fouetta si violemment qu’elle dut s’aliter »


La petite Barbe :
« Barbe était trop petite pour aller à l’école ; elle disparaissait de la salle à manger si doucement que personne ne s’en apercevait[…] Elle ne ressemblait, à aucun de ses frères et sœurs ; on pouvait dire même qu’elle ne ressemblait pas aux autres petits enfants des hommes.[…] Son visage était une aurore perpétuelle. Mais ses yeux étaient si obscurément concentrés sur un rêve intérieur qu’ils faisaient peur, comme s’ils appartenaient à un monde ignoré. »

Et tout près de cette famille qui se déchire, qui s’aime sans doute mais se déchire dans une violence inouïe, comme par fatalité, gravitent d’autres personnages vraiment intéressants :
- Mag, la belle et douce et malheureuse fiancée promise à Alban.
- Carina, la jeune paysanne sauvage qu’il lui préférera
- Ur, le cousin violoniste qui vient s’installer chez les Tord pour pouvoir poursuivre ses études. Ur, lié à Ludegarde dans un amour qui " demeurerait pur et froid comme de la glace. »…
« Ils venaient d’être tous deux frappés par la même pensée, inéluctable comme la mort : leurs vies, un jour, se fondraient en une seule.
- Le vieux Ramage, le peintre, riche et amoureux de Ludegarde, chez qui cette dernière se réfugie un temps et pour lequel elle pose.

Le récit, inspiré du vécu de son (jeune à l’époque) auteur semble-t-il, frôle souvent l’excès jusqu’à toucher parfois à l’irréalité.
Je l’ai dit, j’aime beaucoup, je me laisse complètement embarquer…

Dominique Rolin (1991) écrivant à la jeune auteure qu'elle fut (1942):
"Tes personnages aux noms singuliers sont conduits avec une rare méchanceté: [...] à la fois unis et déchirés à l'intérieur d'un nid de famille duquel on ne peut fuir.Ils essaient bien parfois, mais leurs tentatives échouent. Ils se haïssent autant qu'ils s'adorent.Ils ne se regardent jamais. Ils sont uniquement sauvés de leurs obsessions par la permanenced'une fantasmagorie ténébreuse qui lesautorise à flotter au long des jours et des nuits: Jérôme Bosch et Brueghel sont là pour te seconder.
[...] Tu travailles à l'acide, avec la désinvolture la plus carrée qui soit: les mécanismes outranciers de la psychologie t'envoûtent.
[...] Sais-tu pourquoi tu me plais à travers tes fureurs? Parce que, en laissant parler ton inconscient plein de fraîcheur, tu mets en place l'ensemble de tous les thèmes que ton moi futur n'aura de cesse de retourner dans tous les sens et sous tous les éclairages, d'oeuvre en oeuvre: l'ébriété de la solitude, l'obsession de la mort, la peur de l'échec, la tentation de la haine.
Le seul reproche que je pourrais te faire (mais je ne le fais pas), c'est la terreur génétique t'empêchant de croire à l'éventualité de l'amour, à la souveraineté de l'amour. Ton manque d'expérience est la meilleure excuse. Aussi je te pardonne."
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kenavo
Zen Littéraire
kenavo


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MessageSujet: Re: Dominique Rolin [Belgique]   Dominique Rolin [Belgique] - Page 2 EmptyJeu 17 Sep 2015 - 6:14

Dominique Rolin [Belgique] - Page 2 A177
L’enragé
Citation :
Quatrième de couverture
Cloué sur son lit d'agonie par un rhumatisme articulaire qui l'empêchera à jamais de peindre, Brueghel se rappelle sa vie. Première enfance paysanne, atelier d'un maître célèbre, paysages et peintures des Flandres puis d'Italie, villes déchirées par la répression espagnole, humanité grouillante, femmes qu'il a aimées... vie transformée en oeuvre.

Je ne peux pas dire que Pieter Brueghel fait partie de mes peintres favoris… mais j’adore les biographies romancées. M’approcher via ce chemin pour faire mieux connaissance m’a déjà procuré plein de bons moments. Et plus d’une fois ma vue sur l’œuvre d’un artiste a changé par après.

Citation :
La biographie de Pieter Brueghel l'Ancien est extrêmement lacunaire et en l’absence de sources écrites, les historiens en sont souvent réduits aux hypothèses. Le lieu, la date de sa naissance se prêtent à beaucoup de conjectures, tout comme l'orthographe exacte de son nom.
Source : Wikipédia

Avec de telles conditions préalables, Dominique Rolin a fait un magnifique travail. On se retrouve dans la vie… oui, dans la tête du peintre et à aucun moment on ne se doute que c’est ainsi que cela (a pu) se pass(er)ait.


Dans mon désir de protéger ce tableau plutôt que n’importe quel autre, il y avait beaucoup d’amour à l’égard de Mayken mais également beaucoup d’humour. Je me demandais si la chère petite poulette en prendrait conscience un jour, après ma disparition. Car la Pie, la Pie, eh bien c’était la caricature de ma fidèle chérie perchée sur le gibet de la Mort, c’est-à-dire moi ! Le bavardage temporel de la femme-oiseau triomphait du silence de l’éternité. Grâce à son exiguïté têtue, cruelle, sournoise, parasitaire, la femme-oiseau dominait la grise étendue sensuelle de l’homme. Son bec et plumage à reflets bleu-noir faisaient une incision minuscule au centre d’une perspective montagneuse aménagée par moi en pics défilés, gouffres, parois rocheuses hérissées d’arbres, le tout s’apaisent en arrière sous un horizon noyé de lumière et caressé par le ciel.
Dominique Rolin [Belgique] - Page 2 A178

La pie sur le gibet

Ecriture fluide, histoire bien menée, ce livre est une vrai découverte et donne une très bonne entrée dans la vie et l’œuvre de Pieter Brueghel.

Brueghel signait ses tableaux indifféremment : Breugel, Bruegel, Bruehel… Peu importe, diront certains, l’orthographe n’était pas fixé à l’époque. D’autres font signifier ces variantes et affirment qu’à une époque précise de sa création, Brueghel a laissé tomber le « h » ou a inversé la place du « e » et du « u ». De ces latitudes offertes par  l’histoire. Dominique Rolin s’empare à nouveau pour en faire, comme de la naissance et de l’identité contestés une des lignes de force de son roman. Son Brueghel garde le « h » (et son tranchant) et inverse, lors de sa première toile en couleur, intitulé L’excision de La pierre de la folie, la place du « e » et du « u ». J’avance l’hypothèse, étayée plus loin, que cette inversion de lettres reprend et condense le grand thème qui traverse tout le roman, de la découverte, au-delà des apparences, de l’envers du monde : « Moi, Pieter Brueghel, chargé de peindre l’autre face de la terre ».
Ginette Michaux

Dominique Rolin [Belgique] - Page 2 A179

L'excision de la Pierre de Folie
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