Le rire en poésie

Hellois a écrit:

Le rire en poésie...
impossible pour une Italienne ne pas penser à la grande tradition florentine du XIV siècle.
Cecco Angiolieri,

Voillà,, naturellement j'ai fait une traduction à la lettre...
je n'ai pas la prétention de pouvoir traduire des vers avec la meme énérgie poétique...
Il faut etre poète, et moi, je ne suis que traducteur...

et nous t'en remercions...

Théo

Lorsqu’il rencontre sur l’asphalte
Une Manon qui lui sourit,
L’œil allumé, Théo fait halte,
Théo rit.

Et bientôt, n’étant pas de bois,
Théo goûte un plaisir extrême
Dont il se délecte… trois fois :
Théor…aime.

Puis, un peu las de sa prouesse,
Du sommeil du juste et du fort,
Tournant le dos à son hôtesse,
Théo dort.

Et quand arrive le matin,
Le corps dispos, l’âme tranquille,
En peinard, posant un lapin,
Théo file.

Edouard Guy
Texte tiré de l’anthologie « L’humour 1900 »
J’ai lu, éditions Ditis, Flammarion, 1963

Je ne le connaissais pas celui-là!
Merci Coline

Quelques glanages...

Prenez un mot prenez en deux
faites les cuir' comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d'innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et mettez les voiles
Où voulez vous donc en venir ?
A écrire Vraiment ? A écrire ?

Pour un art poétique R.Queneau

De son juchoir
la poule laisse choir
un oeuf
c'est une imprudence
un moment d'absence
mais il tombe pouf
dans la paille :
la fermière était prévoyante
combien de poèmes brisés
que ne recueille aucun recueil.

L'inspiration (R.Queneau)

Pour les petits, il doit y en avoir plein des poèmes tout drôles...

David Dumortier écrit beaucoup pour les enfants (Mehdi met du rouge à lèvres, Cligne Musette... ) mais pas seulement...

Un mari tira la couverture à lui, sa femme en fit autant. La couverture se déchira en deux, ainsi, chacun eut la même part de froid.

Un homme ne forçait rien, évitait tous les excès, faisait tellement tout pour ne pas exagérer que franchement, il exagérait.

Les parents de Nina
Voulaient l’appeler Hirondelle
Le préfet a dit non
Sinon les autres riront d’elle

Dans Cligne Musette:
(Poèmes diminutifs et gymnastiques)

Couette
Cou d’enfant qui dépasse
des cheveux en dormant.

Causette
Petite fille qui parle seule
en allant chercher de l’eau
au fond de la nuit.

Fée
On lui dit : fais ! Et elle le fait.
C’est aussi simple que ça avec elle.

C'est parti Le Printemps des Poètes!...

Cherche huissier de justice

Cherche huissier de justice
Raide et sans artifice.

Au nom de la Loi
Il surgira chez moi
Au petit matin
M'estimera
M'évaluera
Puis dans tous ses états
Me saisira

C'est certain.

René de Obaldia, Fantasmes de demoiselles

coline a écrit:

C'est parti Le Printemps des Poètes!...

Cherche huissier de justice

Cherche huissier de justice
Raide et sans artifice.

Au nom de la Loi
Il surgira chez moi
Au petit matin
M'estimera
M'évaluera
Puis dans tous ses états
Me saisira

C'est certain.

Spoiler:

Ah Steven m'a devancée ! Impossible de parler du rire en poésie sans penser à Alphonse Allais ! Je ne résiste cependant pas à donner quelques vers supplémentaires de ce drôle de bonhomme ...

Fables fantaisistes ...

Citation :

Lorsque tu verras une bonne
D'enfants, et non autre personne,
Assise au milieu d'un tender
Ou wagon de chemin de fer,
Découvres-toi sur son passage,
Salut à son noble visage !

Moralité
A bonne en tender, salut.

Ou encore les vers holorimes ... Dont le plus connu est :

Citation :

Par les bois du Djinn où s'entasse de l'effroi,
Parle et bois du Gin ! Ou cent tasses de lait froid.

Il a aussi signé les premières peintures abstraites, au Salon des Arts Incohérents. Notamment un monochrome rouge intitulé "Récolte de la tomate sur le bord de la mer rouge par des cardinaux apoplectiques" !

Un grand nom de l'humour absurde et de la légèreté. Il y a tout un tome de ses œuvres poétiques en NRF, à lire sans modération.


Nibel, authentique admiratrice d'Alphonse Allais.

Christian Poslaniec, En rires : Poèmes d'humour pour en voir de toutes les couleurs

Citation :

Présentation de l'éditeur
On entend souvent dire que la poésie est l'expression de la mélancolie et du spleen, le sourd lamento de la détresse humaine. Et parce que nombre d'entre eux sont noctambules comme les chats, ou qu'ils noient leur chagrin dans l'alcool, on ajoute même que la nuit tous les poètes sont gris... C'est bien mal les connaître! Les poètes aiment aussi l'humour, le burlesque, la satire, les foucades, la dérision. Les poètes aiment aussi le rire. Pour preuve, les fatrasies du Moyen Âge, les fantaisies dadaïstes et les jeux de l'Oulipo. Pour preuve, les poèmes de jules Laforgue, Raymond Queneau, André Frédérique, Robert Desnos, Andrée Chedid, Jacques Roubaud, Jean Tardieu, tous présents dans cette anthologie. Bleu, blanc, rouge, rose parfois... Dans ce livre, l'humour n'est pas toujours noir. Histoire de vous en faire voir de toutes les couleurs !

Certains poèmes d'Henri Michaux me font sourire, comme "La cave aux saucissons "ou "La mitrailleuse à gifles" du recueil La vie dans les plis.

J'ai découvert ce poète avec La nuit remue. "Le sportif au lit" est un peu long, mais le texte tient toutes les promesses du titre .

Voici plutôt l'intégralité des "Distractions de malade" :

Parfois, quand je me sens très bas et je suis toujours seul aussi et je suis au lit, je me fais rendre hommage par ma main gauche. Elle se dresse sur l'avant-bras, se tourne vers moi et me salue. Ma main gauche a peu de force et m'est fort lointaine. Paresseuse aussi. Pour qu'elle bouge, il faut que je la force un peu. Mais dès qu'elle a commencé, elle poursuit avec un naturel désir de me plaire. Ce sont des génuflexions et des gracieusetés à mon adresse, et même un tiers en serait ému.

Lafreizh a écrit:

Certains poèmes d'Henri Michaux me font sourire, comme "La cave aux saucissons "ou "La mitrailleuse à gifles" du recueil La vie dans les plis.

J'ai découvert ce poète avec La nuit remue. "Le sportif au lit" est un peu long, mais le texte tient toutes les promesses du titre .

Merci pour les Distractions du malade!

C'est long La cave aux saucissons et La mitrailleuse à gifles?...J'aimerais bien que tu nous les recopies...

L'homme de lettres regarde la lune en élaborant une phrase précieuse tandis que son grand-père à l'abri de la nuit flatule entièrement un repas de fèves blanches les deux mains posées sur le mur d'un poulailler.

Joël Bastard in Casaluna

coline a écrit:

C'est long La cave aux saucissons et La mitrailleuse à gifles?...J'aimerais bien que tu nous les recopies...

Ravie que le poème t'ait plu. C'est parti pour "La mitrailleuse à gifles" !

"C'est dans la vie de famille, comme il fallait s'y attendre, que je réalisai la mitrailleuse à gifles. Je la réalisai, sans l'avoir méditée. Ma colère tout à coup se projeta hors de ma main, comme un gant de vent qui en serait sorti, comme deux, trois, quatre, dix gants, des gants d'effluves qui, spasmodiquement, et terriblement vite se précipitèrent de mes extrémités manuelles, filant vers le but, vers la tête odieuse qu'elles atteignirent sans tarder.
Ce dégorgement répété de la main était étonnant. Ce n'était vraiment plus une gifle, ni deux. Je suis d'un naturel réservé et ne m'abandonne que pour le précipice de la rage.
Véritable éjaculation de gifles, éjaculation en cascade et à soubresauts, ma main restant rigoureusement immobile.
Ce jour-là, je touchai la magie.
Un sensible eût pu voir quelque chose. Cette sorte d'ombre électrique jaillissant spasmodiquement de l'extrémité de ma main, rassemblée et se reformant en un instant.
Pour être tout à fait franc, la cousine qui m'avait raillé venait d'ouvrir la porte et de sortir, quand réalisant brusquement la honte de l'offense, je répondis à retardement par une volée de gifles qui, véritablement, s'échappèrent de ma main.
J'avais trouvé la mitrailleuse à gifles, si je puis dire, mais rien ne le dit mieux.
Ensuite je ne pouvais plus voir cette prétentieuse sans que gifles comme guêpes ne filassent de ma main vers elle.
Cette découverte valait bien d'avoir subi ses odieux propos. C'est pourquoi je conseille parfois la tolérance à l'intérieur de la famille."