Eric Tanguy

Marko et son enthousiasme communicatif m'ont donné envie de parler d'un compositeur contemporains que j'aime énormément, mais vraiment énormément. Il se situe très, très loin de Boulez, il crée une musique très différente,mais personnellement il m'émeut profondément. J'ai donc voulu partager cette découverte avec vous.
J'ai repris la biographie qui suit sur le site du compositeur.

Biographie

Compositeur de l’année aux «Victoires de la Musique Classique 2008» (et 2004), Éric Tanguy a bénéficié de la haute estime de Mstislav Rostropovitch : en 2001, il a créé son Deuxième concerto pour violoncelle aux Flâneries Musicales de Reims (commande d'Hervé Corre de Valmalète) puis l’a repris, en 2002, à Boston et au Carnegie Hall de New York avec Seiji Ozawa et le Boston Symphony Orchestra. En 2004, son monodrame pour récitant et orchestre, Sénèque, dernier jour, a été créé à Paris par le comédien Michel Blanc et l’Orchestre de Bretagne.

En 2007, il a été le compositeur invité de la 25° édition du Festival "Aspects des Musiques d'Aujourd'hui" à Caen. Cette même année, Anne Gastinel a créé, à nouveau aux Flâneries musicales de Reims, In Terra Pace commande d’Hervé Corre de Valmalète également, en hommage à Mstislav Rostropovitch, avec l'Orchestre Philharmonique de Radio-France dirigé par Michel Plasson.

Né en 1968, Éric Tanguy dispose d’une grande notoriété, acquise au cours d’un parcours dont les jalons essentiels ont été, entre 1985 et 1988, l’enseignement d’Horatiu Radulescu puis, jusqu’en 1991, celui d’Ivo Malec et de Gérard Grisey au Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris, marqué par un Premier prix de composition. Ensuite, il reçut d’autres récompenses : le Stipendienpreis de Darmstadt (1988), le prix Villa Médicis hors les murs (1989), la bourse du Haut Conseil culturel franco-allemand (1991), le concours Villa Médicis (1992), le Kranischtein Musikpreis de Darmstadt (1992), le prix André-Caplet de l’Institut de France (1995) et le prix Hervé-Dugardin de la SACEM (1997).

Pensionnaire à l’Académie de France à Rome (1993-1994), Éric Tanguy a été l’invité spécial d’Henri Dutilleux au Tanglewood Music Center (États-Unis). Il a été compositeur en résidence en Champagne-Ardenne (1995), à Lille (1996) et, de 2001 à 2003, à l’Orchestre de Bretagne

Marqué par d’importantes commandes et joué dans les plus grands festivals et institutions à travers le monde, le catalogue d’Eric Tanguy comprend soixante-dix œuvres (du solo et de la musique de chambre, jusqu’aux concertos, aux pièces vocales et aux œuvres symphoniques) qui figurent aujourd’hui au répertoire des interprètes majeurs de notre temps.




Deux disques sont vraiment essentiels si on veut découvrir Eric Tanguy. Personnellement j'ai découvert ce compositeur avec son deuxième concerto pour violoncelle, oeuvre qu'il a composé suite à la commande effectuée par Rostropovitch, qui décidément a eu la main très heureuse dans toutes les pièces qu'il a commandé et créées. Le grand violoncelliste n'a pas enregistré l'oeuvre, j'ai eu l'occasion de l'écouter la première fois en concert dans l'interprétation d'Anne Gastinel, et j'ai eu un très grand choc. Il n'y avait à l'époque aucun enregistrement de l'oeuvre, depuis les choses se sont améliorés, il y a ce disque :



Ecouté de très nombreuses fois, et encore plus apprécié à chaque écoute.

Il y a en fait très peu de choses de disponibles, en plus du CD dont je viens de parler, il y a une sorte d'anthologie en trois CD,



Je trouve les pages pour orchestre tout simplement magnifiques, les pièces instrumentales peut être un peu moins convaincantes, difficile de savoir si cela tient aux interprètes ou au fait que Tanguy donne sa pleine mesure dans les pages d'orchestre, soyeuses et complexes, d'une sensualité élégante. Après avoir écouté ces pièces il sera impossible de dire à quiconque que la musique contemporaine est uniquement cérébrale et froide.

Il est possible d'écouter quelques extraits sur le site du compositeur : discographie


Je n'ai trouvé qu'un seul morceau disponible sur Youtube Vidéo

Si vous ne connaissez pas encore, laissez-vous tenter par la découverte....

Je partage ton enthousiasme pour ce compositeur très talentueux que j'ai découvert avec son morceau Eclipse composé à l'occasion de la dernière éclipse du millénaire en Août 1999. C'est un morceau formidablement dense et complexe sur le plan rythmique mais toujours séduisant et créant un climat dramatique comme dans un récit. Il vient du spectralisme et, même s'il a créé son propre style d'accès plus confortable, on retrouve cette influence dans le développement des couches sonores qui se superposent pour donner un foisonnement très organisé qui donne le vertige. Le 2e concerto pour violoncelle est magnifique. La compilation de 3CD que tu cites contient l'essentiel. On peut aussi retrouver Eclipse et d'autres très beaux morceaux pour orchestre dans cet album qui était le premier à me le faire découvrir:

Eclipse est en effet magnifique, je rêve de l'entendre en vrai dans une salle de concert. Je crois que dans la compilation ils reprennent l'enregistrement que tu cites.

C'est vrai que la complexité dans cette musique passe comme au second plan, les orchestrations sont tellement somptueuses, et il y a une sorte de souffle qui embarque l'auditeur. C'est une musique qui fait un pas vers l'auditeur tout en n'étant pas à mon avis une régression formelle.

Mais chacun a évidemment ses préférences...

Arabella a écrit:

C'est vrai que la complexité dans cette musique passe comme au second plan, les orchestrations sont tellement somptueuses, et il y a une sorte de souffle qui embarque l'auditeur. C'est une musique qui fait un pas vers l'auditeur tout en n'étant pas à mon avis une régression formelle.

C'est juste et c'est aussi le type de musique qui me séduit le plus. Mais je reviens quand même de temps en temps vers les épures abstraites d'un Boulez qui m'apparaissent comme des figures géométriques parfaites et un peu glaciales. Elles ont aussi leur magie plus cérébrale. Il faut un peu de tout comme en littérature finalement.

Ce disque vient de sortir en mai:


J'ai souvent du mal avec les récitants qui me gachent le plaisir de l'écoute de la musique. Je préfère la version purement orchestrale du "Martyre de Saint-Sebastien" de Debussy par exemple. En tout cas coupler Tanguy et Satie c'est original!

Citation :

Le philosophe grec Socrate et le philosophe et dramaturge romain Sénèque ont trouvé leur expression musicale à travers les oeuvres de 2 compositeurs français du 20ème siècle : Erik Satie et Erik Tanguy. Socrate, drame symphonique avec voix de Satie, fut créé en 1918. Le texte, basé sur des dialogue de Platon, est adapté à une musique très lyrique et est ici chanté par le ténor de caractère français Jean-Paul Fouchécourt, figure lyrique internationale pour son extraordinaire incarnation du rôle-titre du Platée de Rameau. Il est accompagné par l'ensemble de chambre Erwartung. Sénèque, dernier jour d'Eric Tanguy a été créé en 2004. Par contraste, Tanguy opte pour une approche plus dramatique. Il utilise un narrateur dont la voix est amplifiée, ici le grand acteur français Michel Blanc, contre un grand orchestre symphonique. Michel Blanc déclame un texte de Xavier Couture, dans lequel se trouvent les propres textes de Sénèque à ses derniers moments. Commentaires d'EricTanguy, un des compositeurs français les plus en vue d'aujourd'hui : « Dans mon approche musicale, je me suis laissé guider par la tristesse et l'émotion profonde qui émanent du texte... Cette oeuvre est en constante interaction entre les mots et les notes, avec quelques effets descriptifs, par exemple quand Sénèque ressent le froid de la mort approcher : les violons jouent sur le chevalet, de façon stridente, avec un signe en direction de Vivaldi et Purcell dans leur approche du froid extrême... » Eric Tanguy, né en 1968, a été nommé deux fois Compositeur aux Victoires de la Musique Classique. Ses oeuvres ont été jouées par des artistes tels que Seiji Ozawa, Michel Plasson, Piotr Anderszewski, Nicholas Angelich, Renaud et Gautier Capuçon, Emmanuel Pahud et Mstislav Rostropovitch, qui donna la 1ère de son concerto pour violoncelle.

Un soleil rêvé

Merci Marko pour ces extraits.