Littérature décadente

Longtemps, je me suis demandé comment classer et appeler cette littérature que j'apprécie tant. Je ne trouvais pas beaucoup de points communs entre les histoires, les auteurs. En réalité, ils font tous parti du même courant littéraire, que je ne connaissais pas auparavant : La littérature décadente. (ou le décadentisme mais je trouve ça assez laid, ça me fait penser au dentiste).
C'est quoi ça? se demanderont certains, comme moi je l'espère. Pour que vous puissiez avoir accès à une explication claire et précise, je vais donc vous faire un joli copier/coller/arrangé.

"Le décadentisme (également appelé mouvement décadent ou simplement Décadence) est un mouvement littéraire et artistique controversé qui s'est développé en France pendant les vingt dernières années du XIXè siècle. Il s'agit davantage d'un état d'esprit qui s'installe dans les milieux littéraires à la fin du XIXè siècle que d'un véritable mouvement artistique.

L'idée de "décadence" apparaît dès le Second Empire, où l'on parle de « déclin ». L'humiliation de la défaite de 1871 et la Commune sont présentées, par de nombreux écrivains et artistes des années 1840-1870 comme la fin d'un monde.

Toutefois, c'est avec la publication des Essais de psychologie contemporaine de Paul Bourget en 1883 que le mouvement décadent commence à se définir. Face au sentiment de déliquescence qui l'habite, une génération d'artistes se reconnaît dans son analyse de la névrose des maîtres contemporains. Le mouvement se
définit par sa « désespérance teintée d'humour et volontiers provocatrice »

Devant cette notoriété nouvelle, les Décadents créent de multiples revues La Plume, Le Décadent, La Vogue, etc.). Le décadentisme n'a jamais eu de véritable chef de file. Ce mouvement est à la limite du symbolisme, et est motivé par un rejet du naturalisme. Charles Baudelaire est souvent reconnu comme une sorte de précurseur de ce mouvement. Le roman le plus représentatif en est A rebours de Huysmans en 1884. On peut considérer comme typiquede ce mouvement les romans de Catulle Mendès, allant jusqu'à mettre en scène dans ses œuvres des intrigues amoureuses incestueuses et homosexuelles à la fois. Le roman décadent se caractérise notamment par une crise du roman, rempli de distorsions et d'anachronismes, et une crise du personnage : dans Monsieur Bougrelon de Jean Lorrain, par exemple, le héros existe-t-il ? Ne serait-il pas qu'un fantôme? Le roman décadent est un roman "cassé en morceaux" en pleine désaffection du naturalisme."

Quelques oeuvres

Jules Barbey d'Aurevilly Les Diaboliques (1874)
Joris-Karl Huysmans À rebours (1884)
JeanLorrain Monsieur de Phocas(1901)
Octave Mirbeau Le Jardin des supplices (1899)
Villiers de l'Isle-Adam Contes cruels (1883)
Rêves d'Absinthe - Anthologie de Littérature Décadente (2001)
Nathalie Prince Petit musée des horreurs - Nouvelles fantastiques, cruelles et macabres (2008)

Je m'aperçois que je lis de la littérature décadente (et que je l'aime ) sans le savoir , ciel je suis perdue !

Dans les exemples cités, je ne connais que Barbey-d'Aurévilly.
Je n'ai lu que les Diaboliques, et encore... 4 des 6 nouvelles seulement. J'ai encore les deux dernières dans ma liste de lecture. Je suis plus mitigé que Nestat et Darkanny : j'ai beaucoup aimé Le Rideau Cramoisi et le Bonheur est dans le Crime. Les deux autres... je ne m'en souviens même plus : rien d'inoubliable.

J'ai trouvé la langue de Barbey d'Aurévilly un peu... pompeuse, ampoulée. Un style très chargé avec des phrases de très longues (parfois un peu trop). On m'a conseillé les Possédées. Tiens... je vais aller faire un tour sur son fil.

J'ai lu

Jules Barbey d'Aurevilly, Joris-Karl Huysmans , Octave Mirbeau, Villiers de l'Isle-Adam .

Un auteur qui me vient spontanément à l'esprit dans la catégorie, bien qu'il ne soit pas Français, est Mario de Sa-Carneiro et son livre La confession de Lucio. Tout à fait le même état d'esprit.

Pour mettre un peu d'eau au moulin, j'ai suivi il y a (ouh la) quelques années, un cours sur les Décadents dont :
Oscar Wilde avec Le portrait de Dorian Gray (forcément incontournable)
D'annunzio et L'enfant de volupté : LE roman sur la jalousie et sur Rome pour celles et ceux qui aiment l'Italie...
Huysmans A rebours bien sur, la Bible de l'esprit décadent et de la "charogne" 1900, qui nous propose d'aller voir du côté des peintres : Gustave Moreau et Odilon Redon ou de retrouver les oeuvres de Mallarmé...
Pour moi les décadents sont des écrivains qui ont mis sous leur loupe la monstruosité de la vie, ce qui la rend insupportable (à la fois dans sa beauté surhumaine ou sa laideur avilissante). Montrer la déformation, la dégénérescence, l'excroissance de la chair ou de la pensée qui exhibent la différence.

shanidar a écrit:

Pour mettre un peu d'eau au moulin, j'ai suivi il y a (ouh la) quelques années, un cours sur les Décadents dont :
Oscar Wilde avec Le portrait de Dorian Gray (forcément incontournable)
D'annunzio et L'enfant de volupté : LE roman sur la jalousie et sur Rome pour celles et ceux qui aiment l'Italie...
Huysmans A rebours bien sur, la Bible de l'esprit décadent et de la "charogne" 1900, qui nous propose d'aller voir du côté des peintres : Gustave Moreau et Odilon Redon ou de retrouver les oeuvres de Mallarmé...
Pour moi les décadents sont des écrivains qui ont mis sous leur loupe la monstruosité de la vie, ce qui la rend insupportable (à la fois dans sa beauté surhumaine ou sa laideur avilissante). Montrer la déformation, la dégénérescence, l'excroissance de la chair ou de la pensée qui exhibent la différence.

Les auteurs que tu cites sont effectivement des décadents, mais les peintres Gustave Moreau et Odilon Redon appartiennent au mouvement symboliste (nom et état civil de ce mouvement donnés par Jean Moréas en 1886), ainsi que la plupart des poètes qui ont oeuvré sur la même période d'une soixantaine d'années, débutant à la mitan du 19 ième siècle, pour disparaître au milieu des convulsions de la première guerre mondiale ...

En fait, il n'y a pas de mouvement décadent à proprement parlé dans la peinture, en revanche le décadentisme étant très proche du symbolisme, on pourrait considérer certains peintres symbolistes de décadents!

Ah... le Portrait de Dorian Gray.
J'ai adoré. Si ce livre est décadent, alors c'est un bon point pour ce style littéraire. Mais ce livre ne me semble pas révélateur d'Oscar Wilde : je suis loin d'avoir tout lu, mais le reste de mes lectures de cet auteur étaient bien plus légères et sans rapport avec cette noirceur.

Moravagine de Blaise Cendrars est également dans un style un peu comparable, non ?
Et rangez-vous les Carnets du Sous-sol de Dostoïevski dans cette catégorie ?

Et ce serait qui les "enfants de la décadence" ?
D'après ce que je lis de ce que vous dites (hum) : Burroughs ? Beigbeder ?

Pas toujours facile de faire rentrer des oeuvres dans des genres, de les caser.
Je possède ce livre, que je pense lirai et relirai jusqu'à la fin de mes jours car c'est une source de décadence inépuisable (ou presque) :



30 euros aux éditions BOUQUINS mais ça en vaut vraiment la peine.
Les gros lecteurs seront ravis d'apprendre qu'il fait 1152 pages et compte 118 nouvelles très exactement.
Cette anthologie regroupes les récits en 4 parties :

Fantômes, spectres et charognes
Délires, névroses et folies douces
Amours et désamours fantastiques
Trois mythes fantastiques : Narcisse, Pygmalion, Don Juan.

Chaque partie débute par quelques pages d'introduction traitant du thème, puis on trouve la rubrique Curiosités qui est composée d'un ou plusieurs articles de journaux à l'époque, rappelant des faits divers qui ont pu inspirer les écrivain.

La préface de Nathalie Prince nous en dit beaucoup sur cette littérature décadente. A la fin du livre vous trouverez de petites notices bibliographiques de tous les auteurs. Parmi les grands noms se côtoient de petits écrivains moins connus. Certains, comme Maupassant voient bon nombre de leurs nouvelles publiées dans ce livre, d'autres moins habitués du genre, n'en ont qu'une.
Si je en devais retenir qu'une seule nouvelle ce serait Sur le Seuil de Rémy de Gourmont.

Bref, certainement le meilleur investissement littéraire de ma vie

Interressant.

Très.
Ce livre ne fait pas que rassembler plus d'une centaine de nouvelles, mais il explique, commente et nous fait rentrer dans l'ambiance grâce aux coupures de journaux de l'époque.
Il ne faut pas se fier à la couverture et au titre qui se veulent accrocheurs et tape à l'oeil.

Nestat a écrit:

En fait, il n'y a pas de mouvement décadent à proprement parlé dans la peinture, en revanche le décadentisme étant très proche du symbolisme, on pourrait considérer certains peintres symbolistes de décadents!

Et par exemple Gustave Moreau est très présent dans A rebours, les liens sont réels.

Bien que certains symbolistes aient utilisé une thématique décadente, le mouvement pictural associé à la décadence est l'impressionnisme ...

Le symbolisme ne se limite pas à deux ou trois peintres, car les préraphaëlites, l'Ecole de Vienne, etc ... s'y inscrivent dans un mouvement plus large, ainsi s'y cotoient, Kubin, Redon et Moreau, Rossetti, Ensor, Spillaert, Kubin, Klimt, Munch, Boecklin, Puvis de Chavanne, Gauguin, Valloton, Maillol, Kupka, et tant d'autres peintres qu'il serait trop long de les nommer ... donc, cette association symbolisme/décadence me semble ne pas avoir lieu d'être, voire présenter un caractère simpliste, ...

Constance a écrit:

Bien que certains symbolistes aient utilisé une thématique décadente, le mouvement pictural associé à la décadence est l'impressionnisme ...

Associé par qui ? Les critiques de l'époque ? Les impressionnistes eux-mêmes? Les historiens de l'art ?
Est-ce que tu peux nous en dire deux mots (s'il te plaît) car pour le coup ça m'intrigue.