Lecture en commun - Mervyn Peake : Titus d'Enfer

Queenie a écrit:

Les 60 premières pages sont un régal !

Je n'en ai lu que 10 pour le moment. Un peu tôt pour me faire une idée.

J'aime beaucoup la focale des deux premiers chapitres : on se trouve à l'extérieur des murs du chateau comtal et lentement comme au cinéma, le lecteur entre dans les pièces, mais au lieu de tomber là où doit se trouver l'action principale, il arrive dans la Galerie des Sculptures, une pièce déserte, en dehors de son conservateur un brin misanthrope. Puis une visite de Craclosse nous sort de la Galerie poussiéreuse et nous voilà précipité dans le monde infernal, besogneux et ivre des cuisines. C'est une belle idée de ne pas opposer les lieux mais de les décrire suivant une continuité qui révèle leurs différences : l'extérieur, pauvre et triste, l'intérieur riche ; la Galerie vide et le monde survolté de la Cuisine... Intéressant ! Et puis les personnages sont atypiques et pas franchement plaisants, c'est bien aussi.

Mais heu... J'ai pas encore commencé. Je viens de me choper un espèce de sale virus qui cloue au lit. Entre deux sommes, j'essaierai de lire quelques pages.

Tout à fait d'accord avec toi Shanidar, c'est très cinématographique ce début : avec le dédale de couloirs et de portes à parcourir et franchir, et qui mène sur une scène, un/des personnage/s. Un gros plan, une présentation, et on repart. A chaque pièce son ambiance, son côté excentrique, barré, marrant et fou.

Craclosse fait penser à tous ces vieux majordomes des films fantastiques/horreur :


Lurch dans la famille Adams


Argus Rusard dans Harry Potter


Et la Comtesse d'Enfer comme un négatif de Blanche Neige, avec tous ses oiseaux autour d'elle ?

Queenie a écrit:

Craclosse fait penser à tous ces vieux majordomes des films fantastiques/horreur :


Lurch dans la famille Adams


Argus Rusard dans Harry Potter


Et la Comtesse d'Enfer comme un négatif de Blanche Neige, avec tous ses oiseaux autour d'elle ?

Ah oui. Craclosse m'a également donné cette impression.
Mais je ne suis pas encore allé plus loin. Je suis encore dans la galerie. Je n'ai pas pénétré la cuisine ni fait la connaissance de la comtesse. Ce sera pour ce soir.

Vous avez embarqué ? super...
Ahhhhh la cuisine Harelde, c'est quelque chose !
La grande force de ce roman est que l'on ne cesse d'essayer de se représenter les lieux et les personnages, une fois qu'on a réussi à se figer ces images dans sa propre tête on ne les quitte plus, on se les est approprié, une fois pour toutes.
Si on ne franchit pas ce cap (de la force de représentation) alors on restera toujours un peu un dehors de cet univers, même avec des dialogues assez uniques en leur genre et une très bonne qualité du texte en général.

Allez, j'y fonce, vos commentaires sont déjà un appel!

j'ai rarement lu une écriture aussi visuelle, du coup cela devient facile d'imaginer les têtes, les vêtements, les lieux... de se créer son petit monde à soi, et même si on ne saisit pas bien au départ les motivations ou les sentiments de chacun, on est très vite immergé dans la narration...

bon, j'ai fait la rencontre de la 'très' maternelle comtesse, qui semble préférer les animaux aux hommes... et qui semble aimer allier les paradoxes (oiseaux/chats) toujours dans une continuité et non dans un affrontement brutal. Et cette image des chats blancs sur le tapis bleu azur... comme des nuages inversés dans un ciel devenu terre, je crois que Peake va nous abreuver d'images paradoxales très aguichantes !!

tout cela me fait un peu penser à la Bd La nef des fous de Turf...

La galerie des brillantes sculptures

Très vite, on comprend que le Rituel va rythmer le récit et toute l'absurdité qui va avec.
Et le premier rituel n'est pas le moins absurde de tous: le peuple du Dehors qui vit misérablement dans des taudis s'accrochant aux enceintes du Château se livre à une compétition pour tenter de remporter un prix (totalement absurde: l'autorisation de se balader une fois tous les deux mois, les nuits de pleine lune sur les remparts du Château, O privilège suprême!) en exécutant une sculpture sur bois, qui au mieux, si elle est classée dans les 3 premières finira dans la Galerie des brillantes sculptures qui ne reçoit aucun visiteur sinon celle du plumeau du conservateur, et qui au pire sombrera dans un holocauste sous les yeux de Lord Tombal.

Rituels, souci de la hiérarchie que fait bien sentir Craclosse, serviteur fidèle de Lord Tombal, venu rendre visite au conservateur pour lui annoncer la venue du fils du Comte, sont les garde fous de cet univers si ordonnancé, et que l'on sent vaguement menacé par cette naissance qui fait dire un peu n'importe quoi à Craclosse, si digne et renfermé d'habitude

pour l'instant ce qui m'étonne, c'est de voir un personnage (Finelame) précipité dans une pièce et que personne ne l'aperçoit...

Vous avancez très vite.
Va falloir sortir le grand jeu pour vous suivre...

shanidar a écrit:

pour l'instant ce qui m'étonne, c'est de voir un personnage (Finelame) précipité dans une pièce et que personne ne l'aperçoit...

Pareil.

Mais je m'étais posée la même question pendant tout ce moment où Craclosse le laisse tranquillement mater par le Judas. L'explication vient à la fin. Stun peu dommage, parce que c'est très visuel, et d'un coup il nous manque un élément qui nous fait penser qu'il y a carrément une incohérence. Et ce manque n'apporte pas non plus du côté ambiance mystérieuse. J'espère que ces moments ne se répéteront pas trop.

Queenie a écrit:

shanidar a écrit:

pour l'instant ce qui m'étonne, c'est de voir un personnage (Finelame) précipité dans une pièce et que personne ne l'aperçoit...

Pareil.

Mais je m'étais posée la même question pendant tout ce moment où Craclosse le laisse tranquillement mater par le Judas. L'explication vient à la fin. Stun peu dommage, parce que c'est très visuel, et d'un coup il nous manque un élément qui nous fait penser qu'il y a carrément une incohérence. Et ce manque n'apporte pas non plus du côté ambiance mystérieuse. J'espère que ces moments ne se répéteront pas trop.

et moi ça m'intrigue beaucoup ce côté voyeur-invisible, sorte de peeping tom qui ne regarde pas une jeune femme nue chevaucher un cheval comme dans la légende mais surprend la comtesse se relevant de ses couches et qui se croyant seule nous apporte quelques éléments très personnels (sur sa relation au comte en particulier, qu'elle semble ne pas avoir envie de rencontrer, pourquoi ? alors que le comte semble plutôt effrayé par l'arrivée d'un fils...).

Quizz:

Question numéro un : qui est "mon petit sac de bile de chat" ?

elle est énorme la scène de la cuisine, très rabelaisienne et étrange, j'ai relu plusieurs fois le passage sur ceux qui sont accrochés à la poutre (le poissonnier pourri, entre autre m'a fait un drôle d'effet). On ne comprend pas toujours tout ! mais c'est aussi bien !

shanidar a écrit:

elle est énorme la scène de la cuisine, très rabelaisienne et étrange, j'ai relu plusieurs fois le passage sur ceux qui sont accrochés à la poutre (le poissonnier pourri, entre autre m'a fait un drôle d'effet). On ne comprend pas toujours tout ! mais c'est aussi bien !

C'est clair je l'ai relue trois fois !

En fait... ils sont bien morts ?
Ils vont servir de repas ?
Ou ils sont en sommeil ?

Citation :

Quizz:

Question numéro un : qui est "mon petit sac de bile de chat" ?

Ça ressemble à tous ces petits noms d'amour que sort Craclosse (notamment à Finelame).