Voie rapide [Christophe Sahr]

Voie rapide

Une jeune couple de banlieusards avec une gamine de deux ans. Les amis pareil mais sans la gamine. Soirées bières, fumette et jeux vidéos... et la passion commune des deux types pour le bricolage de bagnole : pouvoir mettre de la musique très fort, gadgets et accessoires qui flashent... c'est moche mais il faut que ça claque. Un accident est l'occasion pour le film de faire un portrait de jeunes actifs des classes populaires (et pas que).

L'image tuning du film est heureusement un peu fausse et si ça aide à vendre le film (ou pas) ça concrétise pas mal le besoin des apparences et le film n'en fait pas trop non plus. Dans le reste non plus d'ailleurs, c'est l'autre bonne surprise, pas de condamnation scénaristique appuyée d'un personnage ou d'un autre (genre "oh le sale con qui pense qu'à sa voiture trop moche", absence de "méchant". Portrait mélancolique d'une France normale (avec des gens qui parlent comme des gens de dehors en vrai) banlieues moches avec quelques belles images d'immeubles, des morceaux de lumière la nuit (un tronçon d'A10 à St Pierre-des-Corps). Consommation, apparence, mais aussi amour et amitié et les normalités de communication dans tout ça.

Le film n'est pas génial et je ne sais pas trop comment envisager une part de ce portrait, suspect de relative complaisance ? Néanmoins avec l'atmosphère simple qui prend le pas sur le reste et la volonté de ne surtout pas verser dans un discours le portrait est triste mais se tient et n'est pas si moche. Pas raté en tout cas tellement c'est rare de voir filmé avec intention quelque chose qui ressemble à notre monde normal.

Peu de monde dans la salle et des départs. Je ne comprends pas trop pourquoi les spectateurs n'ayant pas l'air à l'affût du "film de bagnole" et le film n'en étant pas vraiment un malgré la promo. Je ne comprends d'ailleurs pas trop non plus la présentation par le réalisateur de la relation avec la voiture comme un "trio amoureux" si ce n'est qu'elle fait aussi partie de la vie de la nana (et quand un gus des inrocks a fait la fausse revue des "voitures du cinéma" (et mal en plus) j'ai changé de station.

A tenter. J'y ai reconnu trop de choses (rien à voir avec les bagnoles et le plastique) pour ne pas avoir une certaine sympathie pour le résultat.

Je m'apprête à y aller justement donc ça me motive d'autant plus...

(possible que tu apprécies le rapport à l'accident aussi, sinon ce sera le contraire ?)

Voie rapide



J'ai aimé ce film dont tu dis l'essentiel. Il sait utiliser les ellipses et le film échappe au côté trop démonstratif. Il ménage des surprises et réussit certaines scènes risquées (la rencontre avec la mère de la victime surtout). On croit aux personnages et l'ensemble fonctionne. Il sait aussi se souvenir sobrement du film de Cronenberg "Crash" (même musicalement parfois) avec cette voiture qui devient un prolongement physique et mental de ce garçon qui libère ses inhibitions au fur et à mesure qu'elle s'abîme. Elle ouvre une brèche et en même temps elle devient comme un espace de régression presque utérin qui lui permet de revenir aux émotions premières et de les assumer. Et ce qui est bien c'est que cette dimension est montrée de façon discrète et subtilement imbriquée dans un récit plus psychologique et social. Sobriété qui se retrouve aussi dans la visite chez ses propres parents. Belle direction d'acteurs. Pas génial mais très regardable. On était 4 dans la salle. C'est dommage. On devrait aussi retrouver souvent ces 2 jeunes acteurs excellents.

animal a écrit:

Voie rapide

Une jeune couple de banlieusards avec une gamine de deux ans. Les amis pareil mais sans la gamine. Soirées bières, fumette et jeux vidéos... et la passion commune des deux types pour le bricolage de bagnole : pouvoir mettre de la musique très fort, gadgets et accessoires qui flashent... c'est moche mais il faut que ça claque. Un accident est l'occasion pour le film de faire un portrait de jeunes actifs des classes populaires (et pas que).

L'image tuning du film est heureusement un peu fausse et si ça aide à vendre le film (ou pas) ça concrétise pas mal le besoin des apparences et le film n'en fait pas trop non plus. Dans le reste non plus d'ailleurs, c'est l'autre bonne surprise, pas de condamnation scénaristique appuyée d'un personnage ou d'un autre (genre "oh le sale con qui pense qu'à sa voiture trop moche", absence de "méchant". Portrait mélancolique d'une France normale (avec des gens qui parlent comme des gens de dehors en vrai) banlieues moches avec quelques belles images d'immeubles, des morceaux de lumière la nuit (un tronçon d'A10 à St Pierre-des-Corps). Consommation, apparence, mais aussi amour et amitié et les normalités de communication dans tout ça.

Le film n'est pas génial et je ne sais pas trop comment envisager une part de ce portrait, suspect de relative complaisance ? Néanmoins avec l'atmosphère simple qui prend le pas sur le reste et la volonté de ne surtout pas verser dans un discours le portrait est triste mais se tient et n'est pas si moche. Pas raté en tout cas tellement c'est rare de voir filmé avec intention quelque chose qui ressemble à notre monde normal.

A tenter. J'y ai reconnu trop de choses (rien à voir avec les bagnoles et le plastique) pour ne pas avoir une certaine sympathie pour le résultat.

Grosso modo, Voie rapide a les qualités et les défauts d'un premier film. Une vraie rugosité, une spontanéité, une interprétation têtue des deux interprètes principaux et une normalité ambiante de la France qui trime, sans trémolos, ni colère. Un côté abrasif, sans fards (mais avec phares) qui ne manque pas d'intérêt. En revanche, la mise en scène est banale et l'intrigue emprunte parfois des routes bien balisées (le syndrome de la culpabilité évacuée par une pirouette scénaristique). Tout le film manque de liant, de fluidité et finit par montrer qu'il en a moins sous le capot qu'escompté. Avec des scènes façon Fureur de vivre qui, en plus d'être filmées sans intensité, faute de moyens aussi, n'apportent pas grand chose à l'histoire. Qui traite moins de l'amour des belles carrosseries que de la difficulté d'assumer une paternité très jeune et, partant, une vie de couple dans des conditions précaires. Il est bien question d'incommunicabilité et de l'impossibilité de dire ses sentiments mais le propos reste assez maladroit et pas pleinement maîtrisé. Un premier film, donc.