Sylvie Germain

Marko a écrit:

coline a écrit:

Oui, fais une pause..Tu as raison...Je devrais en faire une moi aussi...

Tu vas avoir du mal
As-tu son livre sur Vermeer "Patience et Songe de Lumière" . ça devrait faire une bonne pause un peu plus calme...

C'est sûr, je suis complètement accro...Et puis je me prépare...si jamais je peux aller aux Lettres d'automne à Montauban...

J'ai Les ateliers de lumière mais je ne l'ai pas encore lu...
Sur Vermeer, Piero Della Francesca et de La Tour...

Au détour d'un rayon, dans une librairie d'occase, j'ai vu L'enfant méduse. Alors pensant à toi, Coline, je l'ai acheté.
J'ai hâte de le lire maintenant!

Lara a écrit:

Au détour d'un rayon, dans une librairie d'occase, j'ai vu L'enfant méduse. Alors pensant à toi, Coline, je l'ai acheté.
J'ai hâte de le lire maintenant!

C'est gentil de penser à moi Lara...
Et tu as fait un bon choix...Moi aussi j'ai hâte que tu le lises maintenant...

Marko a écrit:

Vu à Avignon avec Coline et lu ensuite tellement j'étais complètement envouté:

La pleurante des rues de Prague

Autant je commence à saturer lorsqu'elle entre dans une transe lyrique et poétique à partir de récits issus du quotidien (j'ai eu récemment une impression de trop plein avec Immensités et un peu aussi avec Magnus), autant elle est fabuleuse (dans tous les sens du terme) quand elle aborde l'allégorie et les histoires mythologiques (en fait l'essentiel de son oeuvre depuis son premier roman et surtout dans la trilogie: Jours de colère, L'enfant méduse et Tobie des marais).


Avec la pleurante on est dans un récit de pur enchantement. Cette géante immatérielle nait de la plume même de l'écrivain(e) (magnifique idée), pénètre dans les pages du livre et s'incarne comme une émanation flottante de la mémoire (celle de Sylvie Germain d'abord qui évoque notamment, dans un passage bouleversant, la mort de son père). Elle est une idée poétique qui dessine les contours d'une souffrance individuelle puis à travers elle de toute la collectivité.
A partir de ce principe singulier, Sylvie Germain donne naissance à des apparitions incroyablement intenses et physiques, magnétiques même. Sensation que je n'avais pas éprouvée depuis Hyacinthe de Bosco.

Moi aussi je suis sous le charme, en particulier avec la dixième apparition. Je poursuis cette lecture agréablement.

coline a écrit:

Merci d'en parler aussi bien...et de raviver ce magnifique souvenir de théâtre
Quel monument cette Pleurante des rues de Prague!...(129 pages)

Vous donnerez l'envie à plusieurs je crois.

Nathria a écrit:

aériale a écrit:

Ceci dit j'ai hâte de la relire. Je tenterai celui-ci

Oui, oui, le texte et la réflexion sont intéressants, il ne faut pas hésiter!

Je n'ai pas lu la pleurante, je vais jeter y un oeil!

Tu ne seras pas déçue Nat, c'est un livre de coeur.

très bons articles concernant les livres de Sylvie Germain - (archives)

Citation :

"Le livre des nuits", "Jours de colère", "La Chanson des mal-aimants" - ces romans et encore plusieurs autres parus chez Gallimard ont été écrits par Sylvie Germain. Considérée comme l'une des meilleurs romancières françaises de notre temps, elle n'oublie pas les années passées à Prague, des années qui ont laissé une profonde empreinte dans sa vie et dans son oeuvre. Elle s'en est souvenue aussi dans la seconde partie d'un entretien qu'elle a accordé à Radio Prague lors de sa récente visite en République tchèque.

article
article

Tobie de marais
Très belle littérature, je l'ai lu en 2 jours, ça veut tout dire.
l'écriture est superbe, dense, ardente. Et l'histoire est intéressante ce qui fait que la lecture est d'autant plus agréable.
Bon bin avec ça je n'ai pas d'hésitation à poursuivre avec Sylvie Germain...

rivela a écrit:

Tobie de marais
Très belle littérature, je l'ai lu en 2 jours, ça veut tout dire.
l'écriture est superbe, dense, ardente. Et l'histoire est intéressante ce qui fait que la lecture est d'autant plus agréable.
Bon bin avec ça je n'ai pas d'hésitation à poursuivre avec Sylvie Germain...

Bonne nouvelle!

J'ai commencé Hors Champ.... A suivre!

Marko a écrit:

J'ai commencé Hors Champ.... A suivre!

Je l'aurai aussi...la semaine prochaine!...

Un article Télérama

Citation :

Au commencement, il y a une idée, une image, une atmosphère... qui les embarquent dans une aventure singulière. Huit écrivains ont accepté de nous ouvrir les portes de leur atelier d'écriture. Comment travaillent-ils, à quel rythme ? Début de notre série en quatre épisodes avec l'insaisissable Sylvie Germain et l'itinérante Céline Curiol.

Citation :

"Au départ, juste une atmosphère”

Comme son titre l'indique, Hors champ, le nouveau roman de Sylvie Germain (après Magnus et L'Inaperçu) est un livre à la marge, béant, dévastateur, qui suit la désintégration d'Aurélien, rongé par la maladie de l'invisibilité. Auteur d'une trentaine d'ouvrages, Sylvie Germain a laissé ce thème abyssal lentement mûrir en elle : « L'idée, très vague, me rôdait dans la tête depuis des années, mais sans prendre forme. Elle a fini par s'imposer il y a environ un an. Cette idée était celle d'une “genèse” à rebours : l'érosion, jusqu'à totale disparition, d'une personne en l'espace d'une semaine ; le retour au “tohu-bohu” dans un espace-temps social où règne – sous une apparence d'ordre et d'efficacité – une ahurissante confusion. D'habitude, c'est toujours une image mentale, insolite ou banale, qui est à l'origine de chacun de mes romans. Cette fois, exceptionnellement, il n'y a pas eu d'image “déclencheuse”, rien de visuel - mais une idée, celle d'un processus d'effacement. Plutôt qu'une “idée” : une ombre blanche. »

Entre Virginia Woolf et Paul Morand, l'auteur continue de peaufiner cette langue à la fois mystique et primesautière, où l'insaisissable est roi. « L'écriture a commencé il y a quelques mois, et s'est constituée par frag­ments. Je n'écris jamais d'une traite - faute de temps ou, plus exactement, faute de savoir organiser mon temps. Je n'écris que lorsque je suis chez moi, au calme, et donc j'interromps mon travail chaque fois que je m'en vais quelque part, ce qui est fréquent. Mais le roman en cours poursuit son obscur travail en sourdine, dans les ­marges de l'imagination, à la lisière de la pensée. »



“L'élan propre à l'écriture, les moments de jubilation
provoqués par le désir d'écrire sont sans cesse
doublés par une sourde inquiétude.”



Comment écrire sur l'engloutissement sans se laisser happer par le gouffre ? Comment pousser un personnage vers le néant sans renoncer à sa propre quête de sens ? « L'écriture s'est déroulée par à-coups, avec des arrêts, pas seulement dus à mes déplacements, mais aussi à des “pannes” d'imagination, à des assauts de doute, de fatigue - épreuve que je connais lors de l'écriture de chaque livre. Le doute croît avec le temps. L'élan propre à l'écriture, les moments de jubilation provoqués par le désir d'écrire sont sans cesse doublés par une sourde inquiétude. Les difficultés, les résistances du texte, sont plus nombreuses que les facilités ! Et les facilités, lorsqu'elles surgissent, sont souvent ambiguës, conduisant vers de nouvelles complications. Des nœuds se forment, parfois le “déliement” est long, exaspérant, parfois il est vif, et le récit repart alors avec fluidité...

Je n'ai jamais de plan au départ, aucune idée précise, juste une “atmosphère”. Cela est valable pour tous mes romans, depuis le premier, écrit il y a un quart de siècle. Un roman est finalement un patchwork d'inattendus, un assemblage de brefs moments d'inspiration, un jeu de courts-circuits, un ajustement de mots, d'images, de pensées - et de silences, de vides, d'étonnements. »

Lien ici

Li a écrit:

Un article Télérama

merci Li,
de tous les auteurs cités par Arabella sur le fil des repérages des nouveautés, c'est Sylvie Germain qui m'aurait tenté le plus pour l'acheter ..

coline a écrit:

Marko a écrit:

J'ai commencé Hors Champ.... A suivre!

Je l'aurai aussi...la semaine prochaine!...

Hors Champ

Grande déception. Sylvie Germain adopte un style résolument plus simple, plus anecdotique (elle se revendique à un moment de l'écrivain Roger Grenier) qui m'a laissé un sentiment de vacuité terrible malgré quelques thématiques intéressantes et de brefs passages qui rappellent le talent que j'admirais tant dans L'enfant méduse notamment. Je retiens quelques bonnes pages sur Gustave Courbet qui constituent le principal fil conducteur du récit. Je développerai un peu plus dans le week-end mais je me suis beaucoup ennuyé (même s'il se lit très vite: 190 pages écrit gros et avec des blancs). Pas grave il me reste les premiers à lire encore et qui semblent de la même veine "mythico-lyrico-poétique" que j'aime chez elle.

Je poursuis...

Citation :

Aurélien poursuit son survol zigzagant des oeuvres de Courbet. Devant l'une d'elles, il éclate de rire: la nuée de poils quadricorne posée sur le pubis de la femme semble faire écho à la moustache et à la barbiche du jeune Courbet tel qu'il s'est représenté dans Le Désespéré; fissure étroite et verticale du sexe féminin, faille horizontale de la bouche du jeune homme. Lèvres du dehors et lèvres du dedans, lèvres nues et lèvres encloses, dissimulées. Et au sein de ces cavités, la langue, la vulve, et en leur profondeur, la nuit du corps,la moiteur de la chair, la très sourde rumeur du sang frottée de cris, de feu, de murmures, de sel, de silence. Il en va pareillement avec les yeux, globes humides percés d'un orifice, tournant, roulant, à peine, sous la fine peau des paupières. Salive, humeurs, larmes, sueurs, lymphe, sang, liquides de semences... aquosité des corps;

Hors Champ, Sylvie Germain (page 77).


Sylvie Germain donne souvent les références qui semblent avoir mené à l'idée du roman. Et dans Hors Champ elle cite Roger Grenier pour le style, La vie est belle de Capra pour l'intrusion du merveilleux dans le réel et donc L'origine du Monde de Courbet qui suggère que cet effacement progressif qu'expérimente Aurélien est à la fois un retrait du chaos du monde (ces SDF que croise Aurélien...eux-même déjà "effacés" de la société) et un retour aux origines, au ventre de la mère. Une bonne partie du roman évoquant (un peu comme dans "Les belles endormies" de Kawabata, toutes proportions gardées) les femmes qu'il a aimées pour remonter jusqu'à sa mère.

On sent la volonté de dire beaucoup de choses "métaphysiques" et de fait le livre pourrait être formidable si le style était à la hauteur. Il ne suffit pas d'avoir de belles idées (celle de l'effacement par contre n'est pas nouvelle, Woody Allen en avait fait un film très drôle et émouvant d'ailleurs pour ne citer que lui), encore faut-il que l'on soit emporté par l'écriture comme elle savait si bien le faire auparavant. Ici les péripéties sont souvent banales (volontairement on suppose mais quel intérêt?) et les dialogues ennuyeux ou même franchement clichés. Je pourrais recopier plein de passages vides et qu'on voudrait lire en accéléré...

Ni Kafkaïen, ni poétique, ni vertigineux, ni vraiment agréable à lire à part quelques courts passages. Je pense notamment à la description de Joël, jeune homme qui tenait un journal avant une agression l'ayant rendu "idiot". On retrouve dans cet extrait de journal de 2 pages ce qui faisait la Sylvie Germain d'avant avec une réflexion sur l'investissement de la fiction par le lecteur... C'est bien court et j'espère qu'elle reviendra à un style plus puissant.

Mais vous me montrerez peut-être toutes les choses que j'ai manquées dans ce roman.

Marko a écrit:

Mais vous me montrerez peut-être toutes les choses que j'ai manquées dans ce roman.

d'après ce que tu en dis, je pense que je vais pouvoir attendre avant de lire celui-là
surtout qu'il m'en reste encore d'autres à découvrir

Marko a écrit:

Hors Champ

Grande déception. Sylvie Germain adopte un style résolument plus simple, plus anecdotique (elle se revendique à un moment de l'écrivain Roger Grenier) qui m'a laissé un sentiment de vacuité terrible malgré quelques thématiques intéressantes et de brefs passages qui rappellent le talent que j'admirais tant dans L'enfant méduse notamment.

Je vais tout de même le lire bien sûr...mais j'appréhende d'être terriblement déçue...