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| Xavier Giannoli | |
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+8Avadoro Arabella Marie Marko France Queenie Epi traversay 12 participants | |
Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Xavier Giannoli Mer 11 Nov 2009 - 23:00 | |
| A l'origine de Xavier Giannoli - Citation :
- Philippe Miller est un escroc solitaire qui vit sur les routes.
Un jour, il découvre par hasard un chantier d'autoroute abandonné, arrêté depuis des années par des écologistes qui voulaient sauver une colonie de scarabées. L'arrêt des travaux avait été une catastrophe économique pour les habitants de cette région. Philippe y voit la chance de réaliser sa plus belle escroquerie. Mais son mensonge va lui échapper. En règle générale, les imposteurs font de bons (anti)héros de cinéma. Surtout quand leurs actes les dépassent et débouchent sur une situation inextricable. Toutes proportions gardées, A l'origine, de Xavier Giannoli, fait penser à L'adversaire, de Nicole Garcia : une histoire vraie, des mensonges de plus en plus énormes, des gens trompés, manipulés, un personnage central mystérieux, énigmatique... Et un traitement, dans les deux cas, à la fois réaliste et aux confins de l'abstrait. Sans parler des interprétations de Auteuil dans l'un et de Cluzet, dans l'autre, stupéfiantes. A l'origine fait partie de ces films qui commencent lentement et qui vous happent au fil des minutes par la qualité de leur narration, tantôt fuyante, tantôt précise. Au-delà du fait divers, Giannoli malaxe la pâte humaine comme les ouvriers la terre sur le chantier d'autoroute (on a rarement filmé les travaux publics avec cette intensité, et ce côté presque charnel). Dense, intense, social, politique, A l'origine, malgré un petit quart d'heure de trop, est une oeuvre aussi précieuse qu'un film de Ken Loach. | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Mar 17 Nov 2009 - 20:54 | |
| - traversay a écrit:
- A l'origine de Xavier Giannoli
En règle générale, les imposteurs font de bons (anti)héros de cinéma. Surtout quand leurs actes les dépassent et débouchent sur une situation inextricable. Toutes proportions gardées, A l'origine, de Xavier Giannoli, fait penser à L'adversaire, de Nicole Garcia : une histoire vraie, des mensonges de plus en plus énormes, des gens trompés, manipulés, un personnage central mystérieux, énigmatique... Et un traitement, dans les deux cas, à la fois réaliste et aux confins de l'abstrait. Sans parler des interprétations de Auteuil dans l'un et de Cluzet, dans l'autre, stupéfiantes. A l'origine fait partie de ces films qui commencent lentement et qui vous happent au fil des minutes par la qualité de leur narration, tantôt fuyante, tantôt précise. Au-delà du fait divers, Giannoli malaxe la pâte humaine comme les ouvriers la terre sur le chantier d'autoroute (on a rarement filmé les travaux publics avec cette intensité, et ce côté presque charnel). Dense, intense, social, politique, A l'origine, malgré un petit quart d'heure de trop, est une oeuvre aussi précieuse qu'un film de Ken Loach. Absolument d'accord avec Traversay, même pour le quart d'heure de trop. Cluzet est magnifique, l'évolution du personnage qu'il incarne est montrée avec beaucoup de finesse. Un film très réussi, et ce n'était pas gagné pour moi parce que des scènes de chantier... Pas vraiment ma tasse de thé mais là, j'ai été scotchée ! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Dim 22 Nov 2009 - 9:40 | |
| - Li a écrit:
- Absolument d'accord avec vous deux, sauf pour le quart d'heure de trop que je n'ai pas ressenti.
C'est vrai que les scènes de chantier sont impressionnantes, la poussière, les camions, la pluie... On en ressent en tant que spectateur les rudes conditions, la difficulté physique. François Cluzet est tout aussi impressionnant, avec sa carapace qui se morcelle au fur et à mesure que son mensonge le dépasse. Il passe parfois d'une seconde à l'autre d'un état d'enthousiasme fou à une profonde inquiétude rattrapé qu'il est par la réalité. On le sent dans son regard, dans son corps. C'est fort. Les seconds rôles dans ce film ne sont jamais négligés, de beaux personnages, comme le couple qui trime, symbole de ces gens qui galèrent et qui retrouvent peu à peu espoir. Juste parce qu'ils ont enfin du travail... | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Dim 22 Nov 2009 - 9:50 | |
| A l'origine.
Ce film m'a ennuyée. C'est trop socialo-réaliste pour moi. Pas du tout mon genre. C'est lourd, et plombant. Et... chiant... Pendant des minutes interminables je me disais, allez vas-y, oui on sait où tu veux en venir, alors vas-y bordel...
Je reconnais la qualité de jeu des acteurs, mais j'avais sans arrêt envie de baffer Cluzet tellement il est mou, et pathétique (désolée, j'ai déjà un peu de mal avec l'acteur mais le rôle a pas aidé).
Il m'est complètement passé à côté.
En gros, si, comme moi, vous aimez pas trop les films "humains", genre Ken Loach (la plupart), Guédiguian... etc... ça sert à rien d'aller voir A l'origine en pensant qu'il sera différent. C'est le même truc tout gris, linéaire, et lourd. | |
| | | France Envolée postale
Messages : 124 Inscription le : 27/11/2009 Age : 83 Localisation : Meuse (Lorraine)
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Lun 30 Nov 2009 - 16:29 | |
| c'est un film que j'ai vu hier. En général je préfère les films où les acteurs sont inconnus et qui me transportent dans des univers qui ne sont pas les miens. Mais 2 jours de suite, pas de voeux exaucés avec A L'ORIGINE et MADEMOISELLE CHAMBON. En ce qui concerne à " l'origine", je ferai bien des copier/coller avec vous vous trois. Il est vrai que l'on a envie de secouer Jean(Cluzet). Incroyable cette histoire! Et pourtant...C'est un film à conseiller à tous ceux qui geignent dans leur bureaux, bien au chaud. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Ven 15 Jan 2010 - 23:47 | |
| Avec un peu de retard mais grâce aux incontournables UGC (3 euros la place): A l'origine... il y avait un problème avec les scarabées. Dire que j'ai failli manquer ce film formidable! A l'origine raconte l'histoire d'un petit arnaqueur, François Cluzet épatant comme toujours, qui, par un concours de circonstances, va se retrouver à redonner espoir à toute une petite communauté défavorisée de la région de Lens en leur faisant construire un bout d'autoroute sur un chantier laissé à l'abandon depuis 2 ans. Et le tout sans avoir la moindre qualification et bien évidemment le moindre argent pour financer ce projet délirant et payer les salaires des employés. Juste à l'esbrouffe. Si on ne disait pas que c'est tiré d'une histoire vraie on rirait de l'absurdité de l'entreprise. Et pourtant! Sur cet argument hallucinant, Giannolli construit un film admirable de densité, de tension, de poésie, et presque d'onirisme avec une inspiration dans la mise en scène qui impressionnent. Il y a de nombreuses ramifications dans le récit et on découvre tous ces gens, la naïveté de certains, la débrouillardise ou la cupidité des autres. Cluzet se prend au jeu de cette expérience qui semble lui redonner goût à la vie. Il oscille entre l'effroi devant l'abjection de ses actes et l'exaltation de donner vie à ce projet. Se tissent même des relations affectives, amoureuse avec la maire de la ville ou paternelle avec la petite frappe du coin. Il y a des plans incroyables comme cette ombre portée de Cluzet sur la terre qui s'écoule d'une camion de chantier en donnant l'impression qu'il est en train de s'enterrer vivant. Ou encore cette chorégraphie entre un danseur et une pelleteuse lors d'une fête organisée par la municipalité. Les plans de cette route qui mène nulle part et semble à la fois un acte de folie et une voie vers l'espoir. Emmanuelle Devos dira: "Là où il ya une route, il y a toujours le début d'une histoire". Le résumé de ce qui s'est passé après, dans la réalité, sur le générique de fin laisse plein d'interrogations et de trouble. Superbe! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Sam 16 Jan 2010 - 1:52 | |
| Des fois je te comprends pas. T'es trop "gentil". | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Sam 16 Jan 2010 - 10:59 | |
| - Queenie a écrit:
- Des fois je te comprends pas. T'es trop "gentil".
Il m'arrive de m'enthousiasmer et de revoir plus tard certains films à la baisse mais dans le cas de celui-ci j'ai vraiment adoré. J'ai vu que Giannolli avait réduit son film de 25 minutes depuis Cannes en supprimant notamment le personnage de l'ex-femme de Cluzet. Pour rendre le personnage plus troublant certainement et gagner en densité. J'ai déjà été séduit par le fait qu'il fasse appel à Cliff Martinez pour la musique. C'est le musicien attitré de Steven Sodherberg depuis ses débuts et j'aime tout particulièrement ses musiques électroniques cycliques envoûtantes (Solaris est une des mes bof préférées). Dans "A l'origine" il contribue à créer une dimension mélancolique à la lisière du fantastique. Cette route devient abstraite et comme un espace mental du personnage. J'aime aussi la façon dont il montre cette communauté et la manière dont s'élabore le lien social et "familial" autour d'un projet qui a quelque chose de religieux (au sens premier du terme, relier les gens entre eux). Cette route qui mène nulle part, qui est un non sens, et qui pourtant anime tous ces personnages qui y voient un espoir... Giannolli détourne le fait divers pour en faire une fable sur la condition humaine avec une construction de plus en plus dense. Il y a du réalisme social mais surtout une dimension abstraite, comme le dit traversay, qui rend ce film bien plus intéressant et beau que du Ken Loach. Et il y a de superbes tableaux avec ces petites lampes allumées sur la route, cette boue dans laquelle Cluzet s'enlise... A l'origine... c'est cette histoire "mythique" de Scarabée qui est comme tout récit cosmogonique à la naissance d'une civilisation. On assite à l'origine du début d'une aventure humaine avec la naissance de la foi et d'un espoir. Il est accueilli comme un nouveau messie et il est lui-même complètement écrasé par le poids de cette attente. On est évidemment loin du fait divers qui était probablement une pure et simple arnaque sordide. Non vraiment je trouve ce film magnifique. P.S. : pour Cluzet je suis un peu plus mitigé. Il joue presque tout le film sur le même registre de regard inquiet un peu fou qu'on lui connait déjà. C'est devenu sa marque de fabrique et il est peu nuancé. Mais il colle au rôle. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Dim 17 Jan 2010 - 0:32 | |
| Je viens de trouver cette interview de Giannolli qui confirme en grande partie la vision que j'en ai eue. J'vous jure que je l'avais pas lue avant!! - Citation :
- Quel est le thème central de votre film ?
Xavier GIANNOLI. Je raconte l'histoire d'un homme qui reconstitue une famille. Un peu comme dans un western : un type arrive dans une ville. Les gens le prennent pour le nouveau sheriff. Et c'est parti.
Sauf qu'ici le héros ne joue pas des revolvers. D'emblée, son seul don, c'est l'arnaque…
Vous avez raison. D'ailleurs, c'est pour ça que je trouve le nouveau montage beaucoup plus efficace. Dans la première version, je montrais d'où venait le personnage joué par François Cluzet. On le voyait sortir de prison. Il essayait de se réinsérer. On voyait son gosse et son ex-femme. J'ai trouvé que j'avais manqué de radicalité. Woody Allen disait : «Au montage, il faut couper tout ce qui est raisonnable». J'ai suivi ce conseil à la lettre. Vingt-cinq minutes ont sauté. Du coup, on va doit au cœur du personnage, à la Clint Eastwood ou à la Don Siegel.
Pourquoi votre personnage d'escroc ou de faux Messie, ne sourit pas du tout dans la première partie du film ?
En effet. Il devait avoir le visage fermé d'un joueur de poker. On ne doit rien lire en lui. Avec François Cluzet, nous avons beaucoup travaillé sur son regard. Je cherchais l'écho de celui du véritable usurpateur, Philippe Berre, que j'ai rencontré au parloir de la prison d'Uzerche. Dans le film, le personnage a un regard d'une mobilité inquiète, alors que les autres acteurs autour de lui possèdent un regard offert ; quelque chose de l'ordre du don et de la générosité. Quand Cluzet boit un café par exemple, au lieu de regarder le fond de sa tasse, ses yeux ne cessent pas de regarder ailleurs.
Et le premier sourire ?
Le premier sourire du film, c'est la jeune Stéphanie Sokolinski qui lui donne. Elle lui dit : «Je suis Monika.» Tout commence par le sourire d'une jeune fille…
Qu'est-ce qui, selon vous, transforme ce petit arnaqueur en honnête homme ?
Son histoire d'amour avec Emmanuelle Devos. J'ai apporté énormément de soin à ces scènes-là. Car le film, c'est également l'histoire d'une femme qui révèle un homme à lui-même, qui lui rend son corps et qui lui fait lever les yeux sur les gens qui l'entourent. Il fallait qu'Emmanuelle Devos et François Cluzet soient d'un abandon total et torride durant ces scènes charnelles qui sont de l'ordre de la révélation.
Le titre « A l'origine » ne fait-il quelque part référence à la Bible ?
Exact. D'ailleurs, la première phrase d'Emmanuelle Devos dans le film, c'est : «Vous êtes attendu comme le Messie». Vous pensez bien qu'elle n'est pas innocente. On peut faire une lecture judéo-chrétienne du film. Car le film est une Passion. Avec un « P » majuscule. Il est d'abord question d'un homme qui ne respecte aucune valeur humaine, un individualiste matérialiste, qui révère l'argent, et qui repasse ses billets de banque sur une table à repasser. Il se fiche des autres et des conséquences de ses actes. Cette autoroute abandonnée, et à reconstruire, lui offre une deuxième chance. Un peu comme dans la thématique classique des films hollywoodiens. L'Amérique reste avant tout le pays de la deuxième chance. Tout part d'un malentendu. Mais il se passe quelque chose d'extraordinaire, l'homme va vouloir être à la hauteur de sa promesse. Ce petit usurpateur va essayer de transformer le mensonge en vérité, comme on transforme l'eau en vin. Il y a aussi autre chose. Durant le tournage, j'avais trop d'horizontales. Ces fonds de ciel m'obsédaient, mais comme je parlais d'une Assomption, il me fallait autre chose. C'est pour ça que j'ai rajouté des échafaudages. En l'occurrence, ceux qui apparaissent à la fin du «Huit et demi» de Fellini.
Le destin que l'on colle sur le dos de votre héros n'est-il pas un peu trop grand pour lui ?
Bien sûr. C'est l'histoire d'un homme qui se lance dans une aventure trop grande pour lui, et qui va réussir à se dépasser lui-même, tout en étant dépassé par son mensonge. C'est un homme providentiel, surgi de nulle part, qui propose une aventure à tous les habitants de la ville. Il emmène tout le monde avec lui, alors que l'immobilisme régnait avant son arrivée. Il incarne un cri vital de colère face à une société qui, en permanence, veut nous réduire à n'être capable que de nous adapter aux réalités économiques. A la sortie du film, un spectateur m'a dit : «Votre film n'est pas seulement un divertissement, c'est une bombe sociale.» C'est vrai que dans le film, il est question du désir de croire que quelque chose de collectif est possible, qui va relier toutes nos solitudes à un mouvement qui vise à se sentir de nouveau vivant.
L'autoroute serait-elle alors vécue comme une allégorie d'une France à l'arrêt ?
Disons que c'est quelque chose à quoi on peut penser. Un peu comme dans ce film des années 70 signé Claude Sautet Mado, qui met en scène un promoteur immobilier, Michel Piccoli débarquant dans une ville du nord, en plein hiver. On retrouve toute la thématique d'une France embourbée. Mais il est clair que cette autoroute devient aussi pour le héros un chemin d'humanité.
Au fait, comment vous est venue l'image de la bannière tenue par Cluzet ?
Cette image du drapeau m'est venue durant le tournage. Nous étions là, dans le Pas-de-Clais sur le chantier d'autoroute et je filmais un homme, un drapeau à la main, qui monte en haut d'une butte pour le planter. C'est la figure héroïque hollywoodienne et en même temps, c'est le drapeau sur la lune. Il y a quelque chose de la Terra incognita. En fait, je voulais filmer un personnage français conquérant.
Le tournage a-t-il été difficile ?
J'ai tout risqué sur ce film. C'était totalement fou, déraisonnable. Nous avons tourné dans le froid et la tempête durant dix-sept semaines. Cela se passait dans le Nord, à côté de Cambrai. A un moment, j'ai même cru que je ne pourrais jamais montrer en vrai le fameux tronçon d'autoroute. Et j'ai été sauvé par un homme. Un entrepreneur indépendant, Raymond Legrand, loueur d'engins, que j'avais croisé par hasard lord des repérages. Il avait lu le scénario. Une nuit, il me téléphone et me dit : «Je vais te la construire cette autoroute.» Voilà une phrase que l'on entend que rarement ! (Rires). Il a dû reconnaître chez mon héros quelque chose de sa propre trajectoire. C'est lui sur l'affiche du film.
Et François Cluzet ?
C'était aussi une prise de risque pour lui. A l'arrivée, à l'écran, il y a une performance d'acteur très rare dans le cinéma français. J'ai vu Cluzet se consumer sur le tournage. Je n'ai jamais vu un acteur se jeter à ce point dans un rôle. En dix-sept semaines, il n'est jamais venu déjeuner avec l'équipe. Quand il arrivait sur le plateau, je ne savais plus à qui j'avais affaire, le personnage ou l'acteur. Un jour il m'a dit : «Je crois que le mensonge est la seule façon de vivre en harmonie avec les autres !» Il y a quelque chose d'abyssal et de violent chez lui. Je le voulais dans le rôle de Philippe Miller et pas un autre. Cela n'aurait pas marché avec Depardieu, trop de charme et de force physique, il aurait embobiné tout le monde trop facilement. Moi, je voulais filmer un homme qui échappe à son malaise et sa timidité. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Jeu 29 Avr 2010 - 20:12 | |
| Je craignais Cluzet, trop vu, et il est magnifique d'intensité. C'est une tragédie haletante, on a mal pour tous, mais surtout pour lui. Et c'est vrai que le côté social s'efface très vite pour quelque chose de beaucoup plus puissant. Excellent film français! | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Sam 1 Sep 2012 - 16:56 | |
| Superstar - Citation :
- Un anonyme devient soudain célèbre, sans savoir pourquoi.
Dans A l'origine, Xavier Giannoli décortiquait les faits et gestes d'un imposteur. Dans Superstar, adapté d'un roman de Serge Joncour (L'idole), il raconte comment un homme devient la victime d'une imposture née sur internet et relayée par les médias. Drôle d'époque ou le buzz enfle à partir de rien et rend célèbre un inconnu sous le prétexte délirant qu'il n'a aucune envie de l'être (les buzzés, comptez-vous !). Fascinant jeu de miroirs où la banalité devient extraordinaire, où la réalité la plus médiocre devient source de ravissement collectif. Giannoli nous embarque mais n'a jamais la hauteur et la précision dont il faisait montre dans son précédent film. Quoi de neuf, en fin de compte ? La téléréalité impose chaque jour sa vacuité sans vergogne. Le scénario de Superstar attaque tous azimuts mais la charge est trop facile, ne remet rien en cause, fondamentalement. Le thème se noie dans les affres d'un malheureux héros passif (Kad Merad, hébété) qui révèlera les faux-semblants d'une arriviste plus fragile qu'elle ne le croyait (Cécile de France, parfaite). Ce monde est cruel et broie les individus avant de les vomir aussitôt consommés. Bon sujet qui est traité en partie sans éviter le manichéisme et les lieux communs. PS : Le scénario de Giannoli a circulé à Hollywood, notamment dans les mains de Woody Allen qui s'en est inspiré pour les scènes de son dernier film avec Roberto Benigni. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Sam 1 Sep 2012 - 19:25 | |
| - traversay a écrit:
PS : Le scénario de Giannoli a circulé à Hollywood, notamment dans les mains de Woody Allen qui s'en est inspiré pour les scènes de son dernier film avec Roberto Benigni. Et bien voilà, moi qui me disais que cela ressemblait trop à une partie du film de Woody Allen, c'est donc l'explication, pas juste un thème dans l'air de temps que tout le monde traite, mais une inspiration directe. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Mar 4 Sep 2012 - 23:51 | |
| Superstar
Mon avis rejoint celui de traversay avec encore davantage de scepticisme. Giannoli enclenche une mécanique habile qui tourne à vide, se repliant sur elle-même au fil du temps. La mise en scène cherche une porte de sortie à ses personnages mais n'en trouve pas, se contentant d'exploiter plusieurs niveaux critiques (la télé-réalité, l'effet de foule, la communication omniprésente et les technologies de l'information) sans véritable approfondissement. Les acteurs sont réduits à des poses et des discours figés, à l'image du visage hébété de Kad Merad qui devient à force agaçant. C'est frustrant car il y avait la place pour montrer autre chose. | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Dim 9 Sep 2012 - 8:34 | |
| J'ai vu "superstar" et je me suis superennuyée.... les passages à la télé sont au niveau des émissions que le film critique (Morandini ...), on se demande ce qu'on fout là et on a envie de zapper. Presque 2 heures, c'est long, trop long... Cécile de France pas du tout convaincante (encore ... avec un toc dans le film qui risque de rester dans les annales). Je pensais que ce serait un peu drôle, mais non, c'est simplement un drame, avec beaucoup de répétitions. Je passe les passages qui m'ont foutu mal à l'aise : l'amitié avec un trisomique et un travesti pour montrer que Martin est quelqu'un de bien... mais dont on ne fait rien (c'est pour les quotas ou quoi ? ) On n'échappe pas à des caricatures bien lourdes : le rappeur black provoquant mais au grand cœur, les medias pourris, et la france d'en bas qui fait ses courses au supermarché et ne sait pas parler le français... Je ne comprends pas du tout les critiques qui recommandent le film... j'aurais du aller voir Expendable 2, au moins j'aurais ri... | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Xavier Giannoli Dim 9 Sep 2012 - 8:51 | |
| Rien que le sujet, ça me fait fuir
Par contre j'irai voir volontiers Cherchez Hortense, il y a quand même Jaen Pierre Baccri et Kristin Scott Thomas ! | |
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| Sujet: Re: Xavier Giannoli | |
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| | | | Xavier Giannoli | |
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