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| Ella Maillart [Suisse] | |
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Auteur | Message |
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Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Ella Maillart [Suisse] Sam 15 Déc 2007 - 20:16 | |
| Ella Maillart, suisse, est née le 20 février 1903 à Genève et est décédée le 27 mars 1997 à Chandolin. Sa carrière s'est partagée entre le journalisme, les voyages, l'écriture, le sport, l'anthropologie et la spiritualité. Très moderne, elle a effectué de nombreux voyages dans des pays souvent fermés aux femmes, à une époque où l'aventure était encore trop souvent masculine. Elle fut l'amie intime de Anne-Marie Schwarzenbach et de Nicolas Bouvier. http://www.ellamaillart.ch/index_fr.php http://fr.wikipedia.org/wiki/Ella_Maillart http://www.moncelon.fr/ellamaillart.htm | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Sam 15 Déc 2007 - 20:17 | |
| Cette réalité que j'ai pourchassée Pendant ses voyages, Ella Maillart a énormément écrit à sa maman et c’est l’objet de cette correspondance qu’a entrepris d’éditer la maison d’édition suisse Zoé. Des lettres touchantes, pleines de détails cocasses, reflets des humeurs d’Ella au fil des jours, précieux témoignages des endroits visités ou des gens rencontrés, des impressions de chaque instant qui rendent le personnage d’Ella Maillart encore plus attachant. De nombreuses photos accompagnent les textes de la baroudeuse. C’est Olivier Bauer, l’auteur de "Le vent des mots" (film consacré à Nicolas Bouvier) qui a rédigé l’avant-propos. Une bonne chronologie complète l’ouvrage. Outre ce magnifique morceau de la vie d’Ella, la Radio Suisse Romande s’est jointe aux Editions Zoé pour offrir aux lecteurs, en accompagnement du livre, un CD "La voix d'Ella Maillart", qui reprend une partie des entretiens accordés par Ella Maillart à a RSR pendant près de 50 ans. Un grand moment d’émotion que d’entendre cette voix ferme et douce.
Un extrait: "Oui, nous voici au début d'une longue et triste période et je crois que pour bien longtemps l'atmosphère de l'Europe va être irrespirable, empoisonnée par le désespoir. Il faudra savoir trouver sa joie dans de grandes petites choses comme un arbre, un jeu de lumière, un bout de ciel bleu. Le 12 octobre 1939, à Kaboul." | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Sam 15 Déc 2007 - 20:17 | |
| Des Monts Célestes aux Sables rouges Entre juillet 1932 et janvier 1933, Ella Maillart effectue un périple grandiose mais éprouvant en Asie centrale, avec la volonté d'explorer le pays Khirgize, les Monts Célestes et le désert des Sables Rouges. Un voyage qu'elle raconte dans ce journal de bord, sans grands effets littéraires, avec une franchise qui paraît parfois brutale. C'est qu'il arrive à Ella d'être désabusée, de constater que l'Orient n'est pas toujours aussi beau ou merveilleux qu'on le dit, que la vie y est dure et que les systèmes politiques en place ne sont pas les plus adéquats. Une écriture nette et tranchante, fourmillant de détails et d'anecdotes. En cela, une fois de plus, Ella Maillart brille par la richesse de son témoignage. Elle ne cache rien ou peu, elle explique comme si c'était ses yeux qui parlaient à sa place.
Un voyage difficile mais ô combien exaltant et enrichissant ! L'aller se passe en compagnie d'un petit groupe, des gens rencontrés à la dernière minute qui lui ont permis de réaliser ce rêve qui semblait impossible en partie à cause de la bureaucratie soviétique. Les découvertes sont nombreuses, tant humaines que géographiques. Ella observe et note, elle s'émerveille et se recueille. C'est aux Monts Célestes que ça se complique, impossible de passer en Chine, il faut faire demi-tour. Un trajet qu'Ella Maillart effectue alors seule, cela modifie profondément sa vision du voyage et ses comportements. Sa force de caractère est impressionnante. Elle clôture son récit par ces mots, les deux dernières lignes: "Voici enfin les hauts peupliers de la ville. Il n’y a plus d’imprévu possible, le vrai voyage est terminé" et on referme le livre avec un léger pincement au coeur...on était avec elle, on s'y croyait. | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Sam 15 Déc 2007 - 20:17 | |
| Annemarie SCHWARZENBACH, Nicolas BOUVIER, Ella MAILLART, Bleu immortel/Unsterbliches Blau - Voyages en Afghanistan/Reisen nach Afghanistan. Sans doute les trois nomades les plus connus en Suisse. Trois aventuriers, écrivains, photographes, passionnés du monde, qui se retrouvent le temps d’un ouvrage. Et quel ouvrage… Le périple afghan de Ella Maillart et Annemarie Schwarzenbach en 1939, celui de Nicolas Bouvier sur leurs traces en 1953. Un point commun (mais il y en avait plus qu’un) : ce besoin de liberté qu’on ressent en tournant chaque page de cet album bilingue français-allemand. Un album dans le sillage de l’exposition "La voix cruelle, la voix heureuse" montée un peu partout en Suisse et dans le monde pendant quatre ans. De nombreuses photographies, dont une bonne partie inédites d’Annemarie Schwarzenbach. Le récit de la quête spirituelle des deux femmes en route vers l’Afghanistan, dont elles veulent découvrir l’indépendance et les coutumes, tout en se cherchant elles-mêmes. Un long voyage pas toujours facile oblige à se remettre en question, c’est ce qu’elles feront, c’est ce qu’elles nous livrent dans leurs notes. Tout comme Nicolas Bouvier, pressé de quitter la Suisse et de parcourir le monde, à la recherche d’autres gens, d’autres rencontres. Deux périples, trois êtres, deux voitures… et un flot de souvenirs.
On constate une différence entre les approches de Ella Maillart/AnnemarieSchwarzenbach et Nicolas Bouvier/Thierry Vernet (son ami artiste qui l’accompagne). Pas uniquement parce que ces derniers sont des hommes qui pénètrent une société où la femme est voilée et obéit à des traditions ancestrales qu’ils perçoivent autrement que deux femmes occidentales confrontées à la situation, mais aussi parce que les motivations, les années et les moyens de voyager sont ne sont pas les mêmes. Roger Perret, le coordinateur de cette édition distingue les expériences respectives de chacun mais aussi leurs croisements, les repères immuables, l’arrivée à Kaboul, la perception de la société afghane…. Commentaires intéressants assortis de nombreuses citations des trois auteurs et de belles photographies. Coup de cœur de ma part pour les clichés inconnus de Annemarie Schwarzenbach, de somptueux paysages ou des scènes de la vie de tous les jours, photographiés avec beaucoup de sensibilité. Pour sa lucidité également face à la société afghane et à la destruction qu’elle estimait inéluctable de ce mode de vie. "Ni en Turquie, ni en Perse, ni même dans les pays du Caucase russe, l'irruption visible et tangible d'un nouveau style de vie, lié à la technique occidentale, ne m'a paru aussi cruelle et aussi destructrice qu'en Afghanistan."
Un superbe récit de voyage, bien présenté, qui fait rêver et donne l’impression d’entendre les trois voyageurs nous conter leurs aventures. | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Sam 15 Déc 2007 - 20:18 | |
| Ti-Puss Après leur périple afghan en 1939, Annemarie Schwarzenbach et Ella Maillart prirent des chemins différents. La première vers la Suisse et la mort, la seconde vers l’Inde et la spiritualité. Besoin de trouver la sérénité et des réponses à de nombreuses interrogations sur les dérives du monde. On peut comprendre son désarroi, elle qui sillonna les routes du monde et en découvrit de nombreux visages tourmentés, grâce notamment à son approche humaine de l’Autre, à cette humilité dont elle pouvait faire preuve et puis aussi et surtout à sa curiosité insatiable qui la poussait à voyager en troisième classe pour être plus près du peuple (il y avait aussi des raisons économiques à cela, certes). Un voyage en compagnie d’une petite chatte adoptée, Ti-Puss, chatte aux humeurs imprévisibles et changeantes, à l’image de sa maîtresse. Ensemble, elle parcourront l’Inde et s’imprégneront de ses couleurs, de ses odeurs, de sa population, de sa culture. Immersion complète narrée en détails par Ella Maillart, témoignage plaisant sans édulcorant. D’abord publié en anglais il y a des années, Ti-Puss est un récit de voyage au langage simple et sans fioritures littéraires. Le but d’Ella Maillart est de raconter ce qu’elle voit, de consigner des notes, de parler des gens qu’elle rencontre et de la culture qu’elle reçoit. Et puis il y a ce bel hommage à son chat. Une compagne à quatre pattes qui ne quitte pas l’aventurière, se baigne avec elle dans le Gange, la réconforte les soirs de déprime avec son ronronnement bruyant et lui apprend la tolérance et la patience. Mélange de récit de voyage et de journal intime, ce texte est très tendre, sensible, beaucoup plus personnel que d’autres récits d’Ella Maillart. Jusqu’au dernier moment, lorsque décidant de se rendre au Tibet, Ella constate que Ti-Puss a fugué, elle devra se résoudre à l’abandonner sans pour autant l’oublier. Cette lecture fut une bouffée d’oxygène, l’exhumation de souvenirs indiens enfouis, d’un périple mère-fille effectué il y a quelques années. Douceur et chaleur, beaucoup d’émotion, quelques regrets et puis, toujours, la beauté d’Ella Maillart et de ses mots, sa force de caractère, sa persévérance, ses colères et ses joies.
Un extrait: "C'est pour l'amour du Soi que le le chat ou l'ami sont aimés. Ils nous aident simplement à découvrir le "Je" en nous, la pure joie d'être conscient", m'expliqua le maître." | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Sam 15 Déc 2007 - 20:18 | |
| A propos de Ella Maillart: Olivier WEBER, Je suis de nulle part. Sur les traces d'Ella Maillart. Ella Maillart aurait eu cent ans en 2003. Olivier Weber, reporter de son état, a choisi de partir à sa recherche dans un récit imaginaire et réel, une biographie dans laquelle il s'est invité, ce qui rend son livre très original. Olivier Weber a longtemps travaillé en Afghanistan comme journaliste, il connaît bien ces endroits évoqués par Ella Maillart. Comme elle, il a le goût des départs et des expéditions sans promesse de lendemain. Tout au long des pages, il tente une explication sur la nature nomade d'Ella Maillart. Et si en réalité, elle ne faisait que partir à la recherche des autres pour mieux se découvrir elle-même? Partir vers le complet inconnu, l'esprit ouvert, avide de nouveautés. Un merveilleux portrait de l'aventurière, empli de détails et d'anecdotes. Il y a une partie fictionnelle, des émotions subjectives, oui, il y a tout cela, mais quel bel hommage! | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Sam 15 Déc 2007 - 20:19 | |
| La voie cruelle "Nous étions toutes deux des voyageuses : elle, voulant avec chaque départ oublier sa dernière crise émotionnelle (et ne voyant pas qu'elle souhaitait déjà la suivante); moi, cherchant toujours au loin le secret d'une vie harmonieuse."
A l'aube de la seconde guerre, Ella Maillart et son amie Christina, qui n'est autre que Annemarie Schwarzenbach, embarquent dans leur Ford en direction de l'Afghanistan. Genève-Kaboul. Voyage difficile. Parce que la guerre est proche, parce qu'elles sont femmes, parce que nous sommes en 1939 loin des routes touristiques... et aussi parce que Christina souffre d'une dépendance irréversible aux drogues et à la mélancolies. Ce voyage, à but thérapeutique, ne rencontre pas vraiment la guérison tant attendue, mais il est porteur d'une grande richesse pour les deux femmes. Ella Maillart en tire une formidable leçon de vie que l'on peut apprécier dans ce livre. Ella Maillart n'en est pas à son premier voyage, elle la goût de l'aventure et de la découverte dans le sang. Ce périple prend une connotation particulière, en raison de la présence de Annemarie à ses côtés. Rien n'est simple.
Ce récit est dur. Pas uniquement à cause des difficultés rencontrées par les deux femmes tout au long de leur voyage, mais aussi en raison du profond décalage qui existe entre elles. L'une vit et l'autre souffre, l'une aide et l'autre s'enfonce, l'une espère et l'autre attend... Il y a énormément de tendresse dans le récit d'Ella Maillart mais aussi, comme toujours chez elle, ce sens de la précision et de la description. L'émotion est présente mais ne peut prendre le dessus, place au voyage et aux impressions. C'est certainement ce qui rend ce livre si attachant, au-delà de la réussite de ces deux femmes à une époque où il fallait être plus que téméraire pour entreprendre une telle démarche. C'est ce regard porté sur le monde, sur la vie, sur les autres; cette manière de brandir les vastes étendues et d'autres cultures dans l'espoir de faire oublier ses soucis et de s'ouvrir à autrui, plus loin, plus grand, histoire de s'oublier soi au profit du beau et de l'inattendu. C'est de l'espoir, mais de l'espoir triste, on n'en ressort pas tout à fait indemne. | |
| | | Sahkti Envolée postale
Messages : 260 Inscription le : 21/11/2007 Age : 50 Localisation : Belgo-Suisse
| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Sam 15 Déc 2007 - 20:20 | |
| Ella Maillart, c'est comme Nicolas Bouvier, je les aime et éprouve une profonde admiration pour ce qu'ils ont été et ce qu'ils ont fait. | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Sam 5 Déc 2009 - 11:52 | |
| Pour les amoureux du monde et des voyages, voici. Oasis interditesSuperbe récit d'un voyage qui se passe en 1935 dans des contrées rares sauf pour Traversay ( qui connait tous les coins reculé de la terre). J'ai été émerveillé par ce récit raconté avec plein d'optimistes malgré les difficultés. Difficultés de réapprovisionnement, chercher de l’eau, tracasseries administratives et tergiversations autour des passeports, peur d’être refoulés ou arrêtés, guides plus ou moins fiables. Mais aussi des rencontres chaleureuses, le partage, la découverte des peuplades, la beauté des paysages, l’harmonie avec la nature et la vie sauvage . Je vous le conseille. En 1934, Le Petit Parisien envoie Ella Maillart en Chine pour faire une enquête sur la Mandchourie, occupée par les Japonais. Elle y retrouve Peter Fleming, brillant journaliste du Times. Ensemble, ils décident d’aller au Turkestan chinois, région interdite et de gagner l’Inde par le Sin-kiang et le Karakoram. L’explorateur Sven Hedin leur conseille de passer par le Nord du Tibet et le Tsaidam : l’itinéraire y est si malaisé que le gouvernement chinois n’a pas songé à l’interdire. En février 1935, ils quittent Pékin pour la Chine intérieure, munis de permis pour la région du Koukou-Nor. De là, ils vont se lancer dans «l’inconnu démesuré». Après avoir traversé les hautes terres du Tsaidam, d’une extrême pauvreté et au climat violent, ils entrent au Sin-kiang et rejoignent le Pamir. Ils arrivent au Cachemire, au terme d’un raid stupéfiant de 7 mois à travers une des régions les plus secrètes du globe. Son livre Oasis interdites, qui retrace son périple, connaît un grand succès - Citation :
- Puis, nous marchons vers les grandes solitudes de l'Asie. Mon bon cheval, où je trône sur une selle de bois aux arçons élevés, rembourrée de mon sac de couchage, mon bon cheval, tout fou d'avoir quitté l'écurie, zigzague en tous sens, et je le baptise Slalom en pensant à mes skis, dont je ne me servirai pas cet hiver. Laissant le bourg et son minaret aux toits superposés, nous tournons la tête de nos montures vers le couchant… Nous n'avons plus qu'à continuer dans cette direction pour atteindre le Sinkiang. Par où exactement et en combien de mois, c'est ce que nous ne cherchons même pas à nous figurer. Je suis toute à la curiosité de cet avenir incertain, au sentiment d'être délivrée désormais des obstacles des hommes ; toute à la joie de sentir que chaque jour, maintenant, sera neuf, et qu'aucun ne se présentera deux fois ; toute à mon application de n'observer plus qu'une seule règle : celle de marcher droit devant moi
- Citation :
- Ce qui importe, c'est moi, qui vis au centre du monde. Ce moi qui n'a pas encore eu le temps d'accomplir quelque chose de valable, quelque chose qui me prolonge, me sauve du néant et me satisfasse - ne serait-ce que petitement - à ce goût de l'éternel qui m'habite. Mais pour le satisfaire, quel bizarre moyen je prends en faisant vingt-cinq kilomètres par jour pendant des mois..
- Citation :
- Joie d’avancer, d’avoir retrouvé la route, de laisser loin derrière soi ces fonctionnaires empoisonnants. Etre son maître […], sentir le vent lent sur la joue
Ella Maillart en Chine 1935
J'ai rencontré Ella Maillart en 1952 pour lui demander des avis sur la route Genève-Madras qu'elle avait faite à deux reprises et que nous comptions, un ami et moi, emprunter. Ses conseils furent d'une sobriété toute britannique : "Partout où des hommes vivent, un voyageur peut vivre aussi..." et "essayez donc cette route, et si elle ne vous convient pas, rentrez!" Elle s'amusait en nous donnant ce maigre viatique qui comprenait pourtant l'essentiel" Enfin quand il n'y a vraiment rien que les montagnes, la carcasse des bêtes abandonnées et le sable, le seul cheminement quotidien, la grande dérive du voyage, prend son sens véritable et, pour celui qui s'y abandonne, sécrète une sorte de bonheur. Je suis resté dans l'ombre bénéfique de cette lecture longtemps après l'avoir achevée. Je crois que le principal mérite de ce récit magnifique est d'être aussi un livre heureux. Sur l'exemplaire qu'elle m'a donné, l'auteur a écrit « un voyage où il ne se passe rien, mais ce rien me comblera toute ma vie ».Nicolas Bouvier | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Sam 5 Déc 2009 - 16:57 | |
| Merci pour ton commentaire, j'avais déjà noté ce livre lors de ton passage sur le fil de tes derniers achats ce que tu en dis me confirme que je veux l'avoir | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Dim 6 Déc 2009 - 15:57 | |
| Kenavo je te souhaite bonne lecture, tu feras un joli voyage avec Ella et Peter | |
| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Jeu 9 Juin 2011 - 14:53 | |
| La voie cruelleElla Maiilart a été une découverte pour moi cet hiver. C'est un peut ma "grand-mère spirituelle". La voie cruelle est le récit de deux femmes, Ella Maillart et Anne-Marie Schwarzenbach, et d’une Ford en route vers et à travers l’Afghanistan à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, en 1939. Ce voyage en Afghanistan est le cinquième d’Ella Maillart. C'est le récit d’une aventure à la rencontre de soi et du sens de la vie, de moments magiques et inoubliables. Un récit de voyage sans lourdeurs historiques, engagé, réfléchi et passionnant. Un texte fort en faveur des nomades, une critique des méthodes occidentales imposées en Orient mais totalement inadaptées, une histoire d’amitié et de volonté. Ella Maillart est au monde et le retranscrit parfaitement. Grâce à Ella Maillart, mon envie de découvrir ces endroits du monde mythiques et fabuleux reste toujours vive. J’y crois encore même si je pense que cela devra se faire différemment. A lire, à découvrir, à dévorer, à vivre. Et puis, j'ai envie de partager ses mots... - Citation :
« - Pourquoi voyagez-vous ? - Pour trouver ceux qui savent encore vivre en paix. » (Réponse d’Ella Maillart à Ernst Jung, p. 34)
« Notre état d’âme toujours changeant conditionne, transforme même, les paysages et les gens que nous rencontrons. » (p. 42)
« Est-ce parce qu’il sont le symbole de ce que j’essayais d’être, dépourvus de biens, partout chez eux, intensément vivants, sans maîtres, sans les limites qu’impose une nationalité ? (…) Les Français les appellent bohémiens ou romanichels, les Hongrois, tziganes ; mais eux-mêmes se nomment simplement Romani, « hommes ». » (p. 46)
« Notre dialogue de ce jour-là peut se résumer de la manière suivante : si Christina était folle, je l’étais également ; car j’étais incapable de me laisser étouffer par cette vie prudente que tout le monde préconisait… Et j’étais moi aussi persuadée que, même si nous échouions, c’était notre métier de chercher la signification de la vie. » (p. 57)
« (…) depuis mes premiers bourlingages avec marins et nomades, j’étais à la recherche d’une vie « réelle ». (…) Loin d’une tremblante et fiévreuse Europe, je voulais simplement tourner mes regards en moi-même. » (p. 58)
« Beauté, tristesse, joie ne sont pas parties intégrantes d’un objet, d’un événement : elles n’existent nulle part ailleurs qu’en moi. Si donc ces sentiments latents résident en moi d’une manière constante et ne dépendent qu’incidemment des circonstances extérieures, il ne tient qu’à moi d’apprendre à faire surgir de ma profondeur la joie pure, non conditionnée, ou le détachement, plutôt que la tristesse ! Ainsi, chacun de nous peut parvenir à modeler son monde à sa guise… » (p. 125)
« C’est à cause de leur ciel que les déserts sont si émouvants ; ce ciel vaste et entier, la plus grande quantité d’espace que nous puissions voir d’un coup, un ciel dont les subtils paysages de fines nuées ont recueilli tout le charme, l’essence même, d’une région jadis fertile et variée. » (pp. 159-160)
« Mais quand l’homme est esclave d’une machine qui lui dicte les gestes à faire, il découvre bientôt que la vie a perdu toute espèce de goût, et cela bien qu’un meilleur salaire mette à sa portée une nourriture plus abondante et plus savoureuse. Car le goût est en nous-même et non dans ce que nous mangeons. » (p. 249)
« Un travail mécanique ne fait pas appel à l’esprit d’initiative, à la décision, à la compréhension ou à la joie de faire. Les hommes nés dans nos capitales monstrueuses n’ont pas le choix : ils ne peuvent que devenir des ouvriers de fabrique ; mais transformer de solides paysans ou des bergers indépendants en des robots déracinés et amorphes, c’est presque un meurtre. Un jour doit se lever où les machines n’étoufferont plus la meilleure partie de ce qui fait l’homme. C’est notre seul espoir, car en Europe nous ne pouvons pas faire marche arrière et retourner au système patriarcal où le clan veillait aux besoins de tous ses membres… (p. 249)
« Pourquoi notre civilisation mine-t-elle, sape-t-elle, corrode-t-elle tout ce qu’elle touche ? Pourquoi la plupart des Arabes, Japonais, Hindous ou Chinois adoptent-ils le pire de ce que nous offrons ? » (p. 251)
« (…) mais les écoles ne développent pas les facultés autant qu’elles les étouffent, sous un amas de faits usés et d’arguments incomplets. » (p. 251)
« (…) avant tout il était un homme, un chef-d’œuvre qui rayonnait, intensément vivant, en paix avec lui-même, chacune de ses expressions marquées d’une simplicité noble. » (p. 257)
« A quoi cela sert-il d’envoyer des gens par le monde ? Je sais, d’expérience, que courir le monde ne sert qu’à tuer le temps. On revient aussi insatisfait qu’on est parti. Il faut faire quelque chose de plus. « (p. 262)
« N’y a-t-il pas un moyen terme entre l’amer savoir de l’Occidental et l’insouciante ignorance du monde propre aux nomades ? » (p. 263)
« Etre acceptée par le terre. Comprendre sa signification. Puis sentir combien elle est un tout, et vivre la force de cette unité. Alors seulement il sera temps d’aimer chaque partie de ce tout, enfin libérée de l’aveuglement inhérent à un amour partiel. » (p. 273)
« La vie nomade est condamnée, même en Arabie Saoudite et en Mongolie ; et je pense que les raisons principales de cette disparition dont les même dans tous ces pays. Les frontières d’aujourd’hui sont nettement tracées, ce qui complique la vie nomade. Désirant devenir fort, le pouvoir central de chaque pays a besoin de soldats obéissants et de contribuables à domicile fixe. Pour que le pays devienne indépendant, ces conditions doivent être établies coûte que coûte. Peu importe que cette sorte d’indépendance ne soit pas celle que souhaitent les nomades. Les clans qui n’obéissent qu’aux lois de la tribu ne peuvent plus être admis dans les Etats modernes. » (p. 276)
« (…) les nomades sont le levain qui pourrait régénérer les Syriens abâtardis, les Iraniens épuisés, les Chinois décimés. Dans le passé, après une courte période de dévastation, les nomades infusèrent l’audace de leurs conceptions aux peuples qu’ils avaient conquis. » (p. 277)
« (…) je n’appartiens à nulle part – à moins que ce soit à partout. » (p. 307)
« Cette guerre-ci me force à chercher quelle est la signification de ce monde, quel est le commun dénominateur de chacun de nous, la base sur laquelle on peut recommencer à vivre. » (p. 309)
« Puissent ces pages m’aider à me rappeler que c’est seulement en exigeant tout que nous pouvons espérer obtenir ce sans quoi, disions-nous, la vie ne vaut pas d’être vécue. » (p. 313)
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| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Jeu 9 Juin 2011 - 15:02 | |
| Très bien ton commentaire sur ce livre Laurence, il faudra que je lise à mon tour. L'Afghanistan a bien changé et n'offre plus le même visage malheureusement. On oserai pas passer par le même chemin que Maillart maintenant. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Jeu 9 Juin 2011 - 15:43 | |
| - rivela a écrit:
- Très bien ton commentaire sur ce livre Laurence, il faudra que je lise à mon tour.
L'Afghanistan a bien changé et n'offre plus le même visage malheureusement. On oserai pas passer par le même chemin que Maillart maintenant. J' aime beaucoup Ella Maillart, elle voyageait à une époque où le tourisme n' avait pas encore corrompu les moeurs et les esprits... Pousssée par une vraie curiosité des autres et par sa nature généreuse. Exactement comme Nicolas Bouvier qu' elle connaissait bien...
Dernière édition par bix229 le Jeu 9 Juin 2011 - 16:06, édité 1 fois | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] Jeu 9 Juin 2011 - 16:04 | |
| Ella, Alexandra et Isabelle sont mes trois écrivaines/voyageuses chéries. Il faudrait que je les relise, un de ces jours, tiens. | |
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| Sujet: Re: Ella Maillart [Suisse] | |
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