Nina Berberova [Russie]

"De famille nordique et russe, Nina Berberova (1901 - 1993) connaît l'exil dès son adolescence : jugé anti-révolutionnaire en 1917, son père est contraint de démissionner et de quitter Saint-Pétersbourg. Au cours de l'été 1922 ce fut l'expulsion massive de l'intelligentsia et le début des répressions systématiques. Le poète Khodassevitch l'aida à s'exiler. A Berlin ils se retrouvent avec d'autres écrivains parmi lesquels Pasternak. En 1924 ils rejoignent Gorki à Sorrente où il séjournèrent quelques temps avant de s'installer à Paris. Avec leurs passeports d'apatrides, ils n'avaient pas le droit de travailler comme salariés, ni comme ouvriers. Berberova va vivre dans l'indigence matérielle et le luxe intellectuel. A Billancourt elle rencontre le petit peuple russe de l'immigration, aggloméré autour des usines Renault. Elle entreprend aussitôt de composer de courts récits qui ne seront publiés en France que 68 ans plus tard sous le titre 'Chroniques de Billancourt'. Lasse de l'indifférence française, Berberova en 1950 part pour New York. Sept ans plus tard, elle enseigne la littérature russe à Yale puis à Princeton. Pourtant son oeuvre devra attendre encore pour être reconnue. C'est grâce à une traductrice, Lydia Chweitzer, et au flair d'un éditeur qu'en 1985 paraît en France un court roman 'l'Accompagnatrice'. Tous ces romans sont des histoires faites 'de gloire, de misère, de folie et de boue', écrit-elle à la fin de ses 'Mémoires'."
source: Evene


Bibliographie

Romans
1985 L'Accompagnatrice,
1986 Le Laquais et la putain,
1988 Astachev à Paris,
1988 Le Roseau révolté,
1989 La Résurrection de Mozart,
1989 Le Mal noir,  
1990 De cape et de larmes,
1991 À la mémoire de Schliemann,
1991 Roquenval,
1992 Chroniques de Billancourt,
1993 Où il n'est pas question d'amour,
1993 La Souveraine,
1993 Les Dames de Saint-Pétersbourg,
1993 Zoïa Andréïevna,
1993 Le Livre du bonheur,

Varia
1987 Tchaïkovski,
1988 Histoire de la baronne Boudberg,
1989 C'est moi qui souligne,
1989 Borodine,
1990 L'affaire Kravtchenko,
1990 Les Francs-maçons russes du XXe siècle,
1991 Alexandre Blok et son temps,
1991 Récits de l'exil,
1993 Nabokov et sa Lolita,
1993 Thesaurus Nina Berberova, essais,

Après un recueil de nouvelles d'Alison Lurie, un autre m'est tombé entre les mains, celui de Nina Berberova « Où il n'est pas question d'amour ». Dix-neuf nouvelles écrites entre 1931 et 1940 mettant en scène des personnages issus de l'émigration russe de l'après Révolution d'Octobre 1917.
Une écriture empreinte de nostalgie de la Russie quittée, voire perdue. Ce pays natal qui reste ancré au fond de soi, où que l'on aille, quoi qu'on fasse: l'âme ne quitte jamais la terre qui nous a vu naître. L'âme russe, sa complainte, son vague à l'âme, sa folie, ses fantaisies si...fantasques!
Le lecteur se retrouve dans une atmosphère à la Dostoïevsky, à la Tchékhov, à la Gogol, tour à tour absurde, mélancolique, folle ou joyeuse. Il retrouve l'inconstance et le fatalisme russe du dix-neuvième siècle, sous la plume enlevée, acérée parfois mais toujours tendre de Nina Berberova.
Les exilés se retrouvent à Paris, reconstituent un microcosme russe dans lequel ils retrouvent l'air du pays. Mais les années trente ne sont pas celles de la gaieté ou de la folie dépensière: la dépression marque les esprits qui savent qu'il ne leur sera plus permis de retourner en Russie devenue Union Soviétique.
Les émigrés russes vivent dans des chambres de bonnes, des pensions de famille, parfois ont un pavillon, souvent vivent à l'hôtel. Ils descendent dans le Sud de la France en été, remontent à Paris ensuite, comme du temps de la grande Russie.
J'ai aimé les moments drôles de la nouvelle « La vente aux enchères » où une famille russe assiste à la mise en vente des biens de deux soeurs célibataires. Elle n'a acheté qu'une petite hache et de retour à la maison, les membres de la famille regardent d'un autre oeil leurs maigres possessions: les jalons d'une vie ne pèsent guère aux yeux d'étrangers. Et c'est à qui mettra un prix sur l'objet qu'il tient à la main ou celui qu'il a sous les yeux, un vrai charivari verbal envahit la maison, une folie douce de chiffres sur le guéridon, les bols, les livres, la lampe électrique jusqu'aux pots de fleurs!
« Les trois frères » ou comment décrire la difficulté de quitter un chez soi. Les mille et une manières d'un ancien propriétaire pour partir le moins rapidement possible et les mille et un méandres du nouvel habitant pour prendre totalement possession des lieux. Une métaphore de l'émigration russe qui part sans partir?
Un recueil de nouvelles qui énonce à chaque phrase l'amour d'une patrie quittée sans espoir de retour, l'amour des espaces russes que l'on ne verra plus, l'amour des villes au nom perdu.
Lorsqu'on ferme ce recueil, on respire encore l'odeur du samovar autour duquel on se raconte les histoires d'avant le grand départ...le thé au goût russe, à la pointe bergamotée, embarque le lecteur dans un transsibérien inexistant mais d'une intense poésie. Il se laisse bercer au son des voix qui racontent encore et encore ce là-bas que certains rejoignent en sachant qu'ils ne pourront plus franchir les frontières de la nouvelle Russie.

Je suis sur le site Actes Sud et je me rends compte qu'elle est vraiment prolifique; je suis très tentée.

Sophie a écrit:

Je suis sur le site Actes Sud et je me rends compte qu'elle est vraiment prolifique; je suis très tentée.

Ah oui, Sophie, laisses-toi tenter.. elle écrit des petites merveilles - si tu veux, je peux t'envoyer des livres d'elles pour 'essayer' si tu aimes?
Les livres que je détiens:
Le Cap des Tempêtes
Chroniques de Bilancourt
C'est moi qui souligne
Les derniers et les premiers
Nabokov et sa Lolita
(Astachew in Paris)
La souveraine
L'accompagnatrice
Le livre du bonheur
(Das schwarze Übel)
La résurrection de Mozart
Le laquais et la putain
Le roseau révolté

kenavo a écrit:

L'accompagnatrice

Est-ce d'après ce livre qu'a été tourné le film "L'accompagnatrice " de Claude Miller Kenavo?

aériale a écrit:

Est-ce d'après ce livre qu'a été tourné le film "L'accompagnatrice " de Claude Miller Kenavo?

Et bien, tu m'en apprends de choses je ne savais pas que ce film existait.

Ce que j'ai trouvé:

Citation :

L'accompagnatrice: Un Film De Claude Miller Librement Adapte Du Roman De Nina Berberova

(sur quelques site j'ai même vu qu'elle est nommé comme auteur du scénario - qui aurait pût se faire parce que le film date de 1992)

Merci en tout cas - je vais voir si je le peux trouver pour voir.

kenavo a écrit:

aériale a écrit:

Est-ce d'après ce livre qu'a été tourné le film "L'accompagnatrice " de Claude Miller Kenavo?

Et bien, tu m'en apprends de choses je ne savais pas que ce film existait.

Kenavo, je suis très fière de t'apprendre quelque chose!
(Je n'en reviens pas même! ) mais regarde le film...moi il m'a bien plu.

J'ai aimé et le livre, et le film! Et la BO est une pure merveille...
C'est intéressant aussi d'entendre- ou lire Hubert Nyssen parler de sa découverte de Nina Berberova. Il en reparlait au Salon du livre, l'autre jour, et on l'entendait..

kenavo a écrit:

Sophie a écrit:

Je suis sur le site Actes Sud et je me rends compte qu'elle est vraiment prolifique; je suis très tentée.

Ah oui, Sophie, laisses-toi tenter.. elle écrit des petites merveilles - si tu veux, je peux t'envoyer des livres d'elles pour 'essayer' si tu aimes?
Les livres que je détiens:
Le Cap des Tempêtes
Chroniques de Bilancourt
C'est moi qui souligne
Les derniers et les premiers
Nabokov et sa Lolita
(Astachew in Paris)
La souveraine
L'accompagnatrice
Le livre du bonheur
(Das schwarze Übel)
La résurrection de Mozart
Le laquais et la putain
Le roseau révolté

Ah ben oui, pourqoi pas?
Ca m'intéresserait.
Si tu veux bien me prêter un de ses livres, choisis n'importe lequel, celui que tu as préféré par exemple.

Aériale: comme toi, j'ai tout de sutie pensé au film L'Accompagnatrice

aériale a écrit:

Kenavo, je suis très fière de t'apprendre quelque chose! (Je n'en reviens pas même! )

Tu vois - il ne faut jamais désespérer

Sophie a écrit:

Ah ben oui, pourqoi pas?
Ca m'intéresserait.
Si tu veux bien me prêter un de ses livres, choisis n'importe lequel, celui que tu as préféré par exemple.

Je vais faire un choix et les envoyer direction soleil

kenavo a écrit:

Je vais faire un choix et les envoyer direction soleil

Je veux bien m'inscrire aussi, mais pour plus tard (quand j'aurai fini la liste 'inter') si tu veux bien Kenavo

aériale a écrit:

Je veux bien m'inscrire aussi, mais pour plus tard (quand j'aurai fini la liste 'inter') si tu veux bien Kenavo

mais bien sûre ma chère Aériale.. je vais passer sur le fil du cerclage et déjà inscrire vous deux sur la liste

Merci Kenavo, c'est très sympa à toi!

Marie a écrit:

J'ai aimé et le livre, et le film! Et la BO est une pure merveille...
C'est intéressant aussi d'entendre- ou lire Hubert Nyssen parler de sa découverte de Nina Berberova. Il en reparlait au Salon du livre, l'autre jour, et on l'entendait..

Oui, il est très 'attaché' à Nina Berberova - et ce que je demande toujours quand je vois l'adresse d'Actes Sud - qui a été là en premier: la maison d'édition ou le nom de la place où elle se trouve? Parce que Actes Sud a comme adresse: Place Nina Berberova à Arles??

Citation :

Parce que Actes Sud a comme adresse: Place Nina Berberova à Arles??

Oui, c'est Hubert Nyssen qui a obtenu de la ville d'Arles que l'on nomme cette place ainsi. Il le racontait aussi l'autre jour. C'est lui qui l'a publiée en premier, elle était déjà âgée..Et il racontait aussi comment il avait ramené ses cendres des E-U en avion, avec l'urne comme bagage à main...
J'aime bien le blog d'Hubert Nyssen!
ici.