Carlos Reygadas

Je copie, tranquille, Allociné ( merci Allociné!)

Carlos Reygadas découvre le cinéma à l'âge de seize ans avec les films d'Andrei Tarkovski. Membre de l'équipe nationale de rubgy mexicain, il abandonne le sport et met un temps sa passion cinématographique de côté pour se consacrer à des études de droit. Après avoir integré une Université au Mexique et s'être spécialisé dans les conflits armés à Londres, il travaille pour l'Organisation des Nations Unies avant de changer de vie en 1997. Il se rend alors en Belgique, travaille pour le Ministère mexicain des Affaires étrangères à Bruxelles, puis passe le concours d'entrée de l'Insas où il présente un premier court métrage. Il échoue à l'examen d'entrée.

Carlos Reygadas tourne ensuite trois courts métrages avant de commencer à écrire Japon en 1999. Le film est tourné durant l'été 2001 avant d'être présenté aux Festivals de Rotterdam et de Cannes, où il reçoit une mention spéciale pour la Caméra d'or. Ce premier long métrage, qui trace déjà le sillon d'un cinéma exigeant et puissant, met en scène le périple d'un homme usé qui se rend au fin fond du Mexique pour se préparer à la mort. Son retour sur la Croisette se fait en 2005 où il présente en compétition officielle son nouveau long-métrage, le sulfureux Batalla en el cielo, centré sur l'enlèvement d'un enfant. Habitué cannois, il y revient deux ans plus tard pour présenter, toujours en compétition, Lumière silencieuse.



Le lien, quand même ici

Lumière silencieuse
avec Cornelio Wall, Miriam Toews, Maria Pankratz et des acteurs amateurs de la communauté mennonite.




Amateurs de film d'action, victimes de décalage horaire, oubliez. Il s'agit d'un film contemplatif, mystique voire panthéiste, d'une ode à la femme et à l'amour humain.. Oui, ça peut décourager, je comprends. Cinq minutes de lever de soleil, cinq minutes d'horloge qui égrène le temps, cinq minutes d'un homme qui sanglote car il est amoureux d'une autre et que dans cette communauté, on ne badine pas avec les liens familiaux..
Une langue qui tient du néerlandais, Jacques Brel dans une télé cachée dans un camping car, une morte et des rituels funéraires et puis le sacrifice final.
On pense à beaucoup de choses , à Bergman, Dreyer, à Malick aussi.Au Münch de Watkins aussi, pour les scènes avec les enfants.
A Tarkovski aussi, je suppose, mais comme je n'ai jamais vu, je ne m'avancerais pas !
Chaque plan est un tableau.
Prix du Jury à Cannes ex aequo avec Persepolis
Très beau pour ceux qui, comme moi, aiment ce genre de cinéma. Excellent somnifère pour les autres, je pense...

Marie a écrit:

Très beau pour ceux qui, comme moi, aiment ce genre de cinéma. Excellent somnifère pour les autres, je pense...

Merveille! Voilà un de ces rares films qui me mettent en transe et m'habitent pendant des jours avec l'envie d'y envoyer tout le monde. Puis les amis confiants reviennent dépités et attérés d'ennui. Et là je me sens seul!

J'avais déjà adoré Japon mais ici on décolle. Je vais prendre le temps demain de développer un peu plus. Mais je dois le faire aussi pour "Le Bannissement" de Ziaguintsev, autre splendeur cinématographique contemplative...

A demain!

Le DVD de Lumières silencieuses étant disponible je fais remonter ce fil d'un artiste majeur du 7e Art.

Marko a écrit:

Le DVD de Lumières silencieuses étant disponible je fais remonter ce fil d'un artiste majeur du 7e Art.

Il est chez moi depuis quelques temps...J'ai failli le regarder aujourd'hui...
Ca ne saurait tarder...

LUMIERE SILENCIEUSE

Choisir pour regarder ce film magnifique un jour où l’on dispose de tout son temps (deux heures et quart tout de même !)…
Peut-être aussi un jour où le moral est déjà plombé (on ne craindra pas l’aggravation)…
Et se laisser porter par cette lente et déchirante histoire presque silencieuse.
C’est ce que j’ai fait en cet après-midi de pluie froide qui me faisait renoncer à un autre projet…

L’histoire, banale s’il en est, d’un mari, père d’une nombreuse famille, qui tombe amoureux d’une autre femme que la sienne.
Mais on est chez les Mennonites (Mexique), et la religion est omniprésente.

La grâce a touché ce film émouvant, aux images sublimes.
Il ne faut surtout pas rater les dernières images, totalement inattendues, qui lui donnent une coloration presque mystique…
Du grand cinéma!

Bande annonce et extraits: ici
(Merci Marie!...Le film est maintenant à nouveau disponible au cerclage...Demandez!)

Ravie qu'il t'ait plu, Coline!

Citation :

J'avais déjà adoré Japon

de Reygadas, donc? Je note et je cherche...et hop, dans la PAV. Catastrophique, cette pile...

coline a écrit:

LUMIERE SILENCIEUSE
La grâce a touché ce film émouvant, aux images sublimes.
Il ne faut surtout pas rater les dernières images, totalement inattendues, qui lui donnent une coloration presque mystique…
Du grand cinéma!

Du très grand cinéma encore en partie boudé à Cannes par les critiques. Il a quand même reçu le prix du Jury. De mon côté j'aurais aimé Palme d'or ex-æquo Lumière silencieuse et Le Bannissement .

Et cette femme qui pleure sous la pluie, contre un arbre, et s'effondre de douleur c'est fort!

Marie a écrit:

Citation :

J'avais déjà adoré Japon

de Reygadas, donc? Je note et je cherche...et hop, dans la PAV. Catastrophique, cette pile...

Japon est fabuleux! Et le plan séquence final sur la musique d'Arvo Pärt un moment de cinéma inoubliable. J'ai un tout petit moins aimé Bataille dans le ciel mais qui reste un film important aussi.

Lumière silencieuse:




Une critique intéressante d' Arnaud Schwartz:

Une œuvre subjuguante de beauté

Dans cet univers imprégné d’une forte religiosité, la faute de Johan, incapable de renoncer en dépit de ses efforts et de ses promesses, est vécue très douloureusement mais en silence, dans une sorte d’attente impassible. Dans ce cadre strict, rythmé par le rite et le balancement lancinant du poids de l’horloge, Carlos Reygadas signe une œuvre subjuguante de beauté, longue et lente contemplation sur la faute et l’abandon, prenant acte, au milieu d’une nature somptueuse, du désespoir de l’homme face à son imperfection.

Proposant au spectateur une expérience esthétique, le cinéaste intervient d’abord en peintre, dévoilant des tableaux d’une grande rigueur de composition. Il invente de très longs plans extrêmement soignés, dont l’étirement finit par hypnotiser. On pourrait lui reprocher de s’enfermer dans la maîtrise technique de son art. Ce serait injuste, car Lumière silencieuse témoigne d’une volonté de transcendance à travers la recherche d’une certaine forme de perfection visuelle. Il émane de ce film, porté par des acteurs non professionnels issus eux-mêmes de communautés mennonites, une sorte d’état de suspension, propice à l’envoûtement.



Et pour info:

L’église mennonite est issue d’un courant « anabaptiste » apparu dans le protestantisme, en Suisse au XVIe siècle. Ses membres ont massivement émigré au Canada au XIXe siècle, puis en Amérique centrale au début du XXe siècle. Environ 100 000 mennonites vivent aujourd’hui au Mexique.

Japon


Bande annonce:
http://fr.youtube.com/watch?v=eMW04gNpZ-U (musique d'Arvo Pärt)

Résumé:

Un homme de la ville, cynique et désillusionné, se rend au fin fond du Mexique pour se préparer à la mort. Il trouve à se loger chez une vieille métisse habitant seule un canyon désolé. Plongé dans l'immensité de la nature vertigineuse et sauvage, confronté à l'humanité infinie de sa logeuse, l'homme oscille entre cruauté et lyrisme. Il voit se réveiller en lui l'ivresse des sens, son désir de vie et de sexualité crue.

Dans les bonus du DVD de Japon, Reygadas après avoir déclaré avec malice qu'il ne souhaite pas donner la signification du titre du film, nous en donne une dizaine! La plus simple à retenir est ethnique. Les habitants de cette région du mexique ayant en effet une origine en partie orientale.

Ce film évoquant Tarkovski est un retour à la vie d'un personnage profondément dépressif. On le voit quitter la ville puis s'enfoncer progressivement dans une nature aride, qui apparait d'abord comme pétrifiée et où tout semble représenter la mort, mais il finira par retrouver le désir grâce à la générosité d'une vieille femme. Les séquences de sexe qui pourraient être scabreuses et dérangeantes se révèlent d'une pudeur et d'une évidence assez troublantes.

Il y a ensuite un dénouement sidérant dont je ne dévoilerai rien mais qui donne droit à une séquence sublime qui clôt le film.

La nature est au diapason des états d'âme, le travail formel très inspiré, il y a évidemment une dimension mystique dans le don de soi de cette femme merveilleuse.

Un grand film qui peut dérouter par sa lenteur et sa dimension symbolique.

Marie a écrit:

Ravie qu'il t'ait plu, Coline!

Oh oui vraiment Marie!...
Mais je pense sincèrement qu'il faut avoir un grand moment de disponiblité pour se laisser emporter...

Marko a écrit:

Japon

Ce film évoquant Tarkovski .

Dans Lumière silencieuse j'ai aussi pensé à Tarkovsky...

Extrait: ici

coline a écrit:

Marko a écrit:

Japon

Ce film évoquant Tarkovski .

Dans Lumière silencieuse j'ai aussi pensé à Tarkovsky...

Extrait: ici

Dans cet extrait on pourrait être chez Zviaguintsev aussi. Mais l'un comme l'autre ont su se démarquer de leur modèle.

Japòn

la vision du film est mons "claire" que le résumé plus haut (pour les détails). Un type qui boite par au fond de nulle part, histoire de... "faire le vide" avant de "s'en mettre une". Retour sur lui même et rencontre avec une petite vieille qui ne se laisse pas facilement impressionner.

L'image est large, granuleuse et avec des couleurs "passées" très réussies (elles auraient été renforcées comme ça se fait parfois le film aurait probablement été un cauchemar), avec un petit effet d'éblouissement une bande son au poil. Un rythme "de marche" pour mettre tout ça en mouvement fait oublier que ça bouge un peu trop (caméra à l'épaule et sac à vomi ?) par moments et quelques artifices, du moins le sentiment léger d'effets ou de scènes un peu... moui mais pourquoi au fond ?

Rythme assez lent, bien que ça coupe un peu vite (et dès le début en fait), et salvateur. ça laisse le temps de réfléchir plus ou moins selon l'envie, de profiter des cailloux et de l'atmosphère.

les "fameuses scènes" je les qualifierai aussi de plutôt pudiques mais pas si évidentes que ça (mis à part leur présence dans le film). Est ce qu'elles sont complètement nécessaires au propos ou un effet stylistico-conceptuel potentiellement trop appuyé (lourdingue) ?

ça se voit bien, je veux bien suivre un peu le parallèle avec Tarkovski, l'effet "maison" et quelques autres en moins.

l'impression d'avoir plus aimé que je ne le devrai... la faute à l'image, au rythme et à la petite vieille.

merci pour la découverte


(va falloir que j'attrape deux-trois images et que je jette un coup d'oeil aux bonus)