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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Henri-Georges Clouzot est né à Niort, le 20 novembre 1907. Après des études classiques, il se dirige d'abord vers le journalisme. Il commence par superviser les versions françaises des opérettes allemandes, puis il écrit des scénarios pour Jacques de Baroncelli, Carmine Gallone ou Viktor Tourjansky.Il enchaîne avec deux adaptations : Les Inconnus dans la maison d'Henri Decoin avec Raimu, d'après le roman éponyme de Georges Simenon et Le Dernier des six de Georges Lacombe avec Pierre Fresnay et Suzy Delair, d'après Stanislas-André Steeman (qu'il adaptera deux fois encore pour L'assassin habite au 21 et Quai des Orfèvres). Il écrit quatre pièces entre 1940 et 1943. Il débute réellement dans la mise en scène en 1942, bénéficiant du départ hors de France des grands réalisateurs (Jean Renoir, Julien Duvivier, René Clair...) avec L'assassin habite au 21 et reforme le couple Pierre Fresnay-Suzy Delair. Puis il réalise en pleine occupation allemande un film sur un expéditeur de lettres anonymes Le Corbeau (1943), qui donne lieu à de vives polémiques dans une France qui souffre alors de la délation. Le scénario est de Louis Chavance d'après un fait divers passé à Tulle dans les années 1920. Une campagne communiste est lancée contre Clouzot (comparant son film à Mein Kampf et l'accusant d'offrir une image négative de la France) et en même temps son film est condamné par les conservateurs et la Centrale catholique pour immoralité tandis même que Goebbels le fait diffuser à l'étranger (mais pas en Allemagne, où il fut jugé trop noir). À la Libération, contrairement à la plupart des autres employés de la Continental-Films (une entreprise créée par Joseph Goebbels), Clouzot échappe à la prison mais se voit frappé d'une suspension professionnelle à vie. Un fameux résistant écrira alors à un détracteur de Clouzot : « Mon cher, tu sais bien que Clouzot n'a pas plus été collabo que toi tu n'as été résistant ». Grâce à l'intervention de personnalités (comme Pierre Bost, Jacques Becker, ou encore Henri Jeanson qui signe un texte corrosif «Cocos contre corbeau»...), Clouzot revient à la réalisation et remporte plusieurs récompenses aux festivals de Venise, de Berlin et de Cannes avec Quai des Orfèvres en 1947, Miquette et sa mère en 1949, tous les deux avec Louis Jouvet, Manon (1949) (d'après Manon Lescaut de l'Abbé Prévost), Le Salaire de la peur (d'après le roman de Georges Arnaud), avec Yves Montand et Charles Vanel en 1952, films ayant tous bénéficié d'une large audience. Il fut surnommé le Hitchcock français. Cinéaste au style classique mais incisif, ses trois premiers films trahissent l'influence du cinéma expressionniste, et surtout Fritz Lang. Il est animé par une sorte de perfectionnisme qui le conduit parfois à tyranniser ses acteurs. Moraliste jetant un regard souvent pessimiste sur la société, il est le réalisateur de plusieurs autres films célèbres dont Les Diaboliques (1954), film policier haut en suspense mettant en scène un couple ambivalent et ambigu interprété par Simone Signoret et Véra Clouzot, soupçonnées du meurtre du mari de cette dernière (Paul Meurisse) par un inspecteur à la logique implacable (Charles Vanel) ; Le Mystère Picasso (1956), un grand documentaire sur la méthode du peintre et sur la naissance de quelques-uns de ses tableaux ; et La Vérité (1960), où Brigitte Bardot trouve son meilleur rôle dramatique.
Henri-Georges Clouzot meurt le 12 janvier 1977 laissant derrière lui une des filmographies les plus abouties et les plus intéressantes du cinéma français.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
1 Le corbeau 2 Quai des orfèvres 3 Le salaire de la peur 4 Les diaboliques 5 L'assassin habite au 21 6 La vérité 7 Les espions 8 Miquette et sa mère 9 Manon 10 La prisonnière
Inclassable : Le mystère Picasso
4 chefs d'oeuvre.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
D’Henri Georges Clouzot, il me semble n’ avoir vu que Le salaire de la peur, à la télé, et je crois que c’est tout. Quand j’ai commencé à visionner L ‘Enfer, le film de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea , c’était essentiellement pour voir des images inédites de Romy Schneider. Il y en a,elle a 26 ans, elle est magnifique et filmée de façon pour le moins surprenante. Mais j’ai découvert tout autre chose. L’histoire fascinante d’un film maudit, d’un cinéaste obsessionnel qui a fini par faire un infarctus, ce qui a mis un terme à cette aventure, et une équipe technique démesurée cherchant pendant des jours comment obtenir ( sans ordinateur, bien sûr) les images qui se bousculaient dans la tête de ce metteur en scène. C’est un film sur la jalousie ( Chabrol a repris la même histoire), et la jalousie qui surgit par accès chez le personnage central interprété par Serge Reggianni lui donne une vision déformée de ce qui l’entoure. Ce qui nous vaut des scènes d’hallucinations que Clouzot voulait identiques aux délires hallucinatoires sous mescaline. Kaléidoscopes, Vasarely, Dali, mais aussi trouvailles ingénieuses , raconté par les techniciens de l’époque, mais aussi plasticiens et musiciens, j’ai trouvé cela absolument passionnant. Je comptais survoler , j’y ai passé 3 bonnes heures car le bonus du DVD comprend les scènes coupées de ce documentaire, qui sont tout aussi intéressantes! Ne pas manquer la préface dans laquelle Serge Bromberg raconte comment il a réussi à récupérer les pellicules de ce film , qui avaient soit disant disparu depuis 64 .
La critique du Monde avec la BA ici
FrançoisG Envolée postale
Messages : 281 Inscription le : 29/09/2009 Localisation : Au calme dans ma maison
Ton lien du "Monde" renvoie à l'édition abonnés. On ne peut rien voir donc.
le lien se trouve dans le message de Marie qui date depuis un certain temps.. aussi un avis que j'ai donné plus d'une fois : si vous voulez faire partager un commentaire du Le Monde, copiez-le et donnez la source, parce que le lien ne sert que très peu de temps
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Merci Traversay! Donc, il faut que je commence par Le Corbeau.
Pour le lien, désolée!
Citation :
Il existait donc, dans quelque crypte de l'histoire du cinéma, des rubans de pellicule sauvés de L'Enfer, d'Henri-Georges Clouzot (1907-1977), ce projet fiévreux, délirant et inachevé, qui mettait Romy Schneider dans tous ses états ? Sacrée nouvelle. Un film de cauchemar, un drame charnel de la jalousie, fantasmé par un réalisateur diabolique, l'un des plus sombres du cinéma français (Le Corbeau, en 1943, Quai des Orfèvres, en 1947, Le Salaire de la peur, en 1953...), qui faillit d'ailleurs laisser sa peau sur ce tournage.
Quelques fragments de cet Enfer avaient été divulgués, en 2007, à l'Auditorium du Louvre (Le Monde du 27 novembre 2007), par Serge Bromberg, célèbre aventurier et restaurateur du cinéma perdu. Il y bâtissait déjà un récit de sa quête au moins aussi mythique que le film lui-même. L'archiviste, dans le rôle du preux chevalier, tente vainement de convaincre Inès Clouzot, la veuve du cinéaste, d'autoriser l'utilisation de ces rushes, avant qu'une panne d'ascenseur de quelques heures ne lui permette d'arracher, par des moyens qu'il passe sous silence, son consentement.
Avec le documentaire qu'il consacre aujourd'hui à l'histoire de ce film, la boucle est enfin bouclée, et si L'Enfer ne renaîtra pas pour autant de ses cendres, du moins peut-on en visiter les sulfureux vestiges et rêver indéfiniment à ce qu'il aurait pu devenir : poésie frénétique ou grandiloquent échec.
La genèse de ce film est d'abord celle d'un artiste qui traverse une phase de doute et de dépression : Clouzot a perdu sa première femme, Vera, en 1960, et il en est à un point de sa carrière où il n'a plus grand-chose à démontrer, tandis que se profile à l'horizon une vague nouvelle de jeunes gens qui s'apprêtent à révolutionner le cinéma français. Tandis qu'il se remarie en 1963 avec Inès de Gonzalès, cet homme de 56 ans veut aussi montrer qu'il peut encore frapper un grand coup esthétique.
Ce sera L'Enfer. Un film sur le démon de la jalousie, inspiré de sa relation avec son ex-femme, mais porté par le cinéma jusque dans ses confins extrêmes. Un film qui mettrait en scène un couple de jeunes mariés, pour mieux entrer dans la tête du personnage masculin et rendre par des expérimentations formelles très poussées la fantasmagorie délirante qui la peuple. Par chance, ou par malchance, Clouzot dispose du soutien inconditionnel de la major Columbia, qui lui donne carte blanche.
Clouzot tient déjà son couple vedette, Romy Schneider et Serge Reggiani. Il a également une idée de la structure du film, qui montrera le monde réel en noir et blanc et celui des fantasmes en couleurs. Installé à demeure dans une suite de l'Hôtel George-V, il se claquemure alors en studio et se lance dans une interminable série de recherches qui le mèneront très loin, tentant de trouver dans le mariage de l'art cinétique et de la musique électro-acoustique, mais aussi bien dans la mise à l'épreuve des limites morales et physiques de ses acteurs, un équivalent plastique à la folie de son personnage.
Trois mois plus tard, en juillet 1964, le tournage débute enfin dans le Cantal, au pied du viaduc de Garabit. 150 techniciens, trois équipes de tournage sont à pied d'oeuvre, sous la férule impitoyable d'un réalisateur insomniaque. Rien n'ira pourtant comme il se doit. Techniciens poussés à bout, gâchis financier, équipes inactives, tensions avec les acteurs... Le cinéaste, indécis, semble être devenu prisonnier de son perfectionnisme et de son ambition. Il se brouille avec Serge Reggiani, qui quitte le tournage pour l'hôpital. Appelé à la rescousse, Jean-Louis Trintignant n'a pas le temps de prendre ses marques, Clouzot étant lui-même victime d'un infarctus. Fin de partie.
Cette histoire, Bromberg nous la raconte en usant de trois sources. Les témoignages des rescapés de ce désastre, depuis l'assistant opérateur William Lubtanchsky jusqu'à l'actrice Catherine Allégret. Des fragments de dialogues originaux lus par les acteurs Jacques Gamblin et Bérénice Béjo. Enfin, et c'est assurément la partie la plus impressionnante, de nombreux extraits tirés des quinze heures de bouts d'essai et de rushes existants, dépourvus de son. Principal objet de l'expérience : Romy Schneider transformée en matière malléable à merci, surface de projection pulsionnelle à haute teneur érotique. Romy Schneider, telle que jamais on ne l'a vue : ligotée, dégradée, répulsive, fascinante, dominatrice, fragmentée, scintillante, hybridée, peinte de la tête aux pieds, captive d'un démiurge qui la soumet à ses plus folles visions.
Serge Bromberg a choisi de rester au plus près de cette histoire, ce dont il s'acquitte parfaitement. On ne lui contestera pas ce choix, quand bien même on pourrait regretter qu'il n'ait pas voulu élargir le cadre. On aurait aimé en savoir un peu plus sur le parcours de Clouzot, sa place dans le cinéma français, l'émergence de la Nouvelle Vague dans les années 1960, voire la filiation paradoxale de L'Enfer, qui fut tourné en 1994 par Claude Chabrol et emmené dans une tout autre direction.
Et la BA
Et finalement, tu l'as vu, Traversay, ce documentaire?
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
en ayant vu que Le salaire de la peur (j'ai déjà dit que le bouquin et l'auteur valaient le coup aussi ?) et Les Diaboliques... on a forcément envie d'en voir plus !
très bonne idée ce fil
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
@ Marie : oui, je l'ai vu le documentaire. Il doit y avoir un avis quelque part, de même que celui de Queenie. Beaucoup aimé les extraits du film inachevé, un peu moins le caractère didactique du documentaire. Je reviendrai sur Le corbeau, bientôt. Il a sa place dans mes 100 films préférés de tous les temps.
@ animal : j'aimerais bien que tu nous donnes ton avis sur Le salaire de la peur et Les diaboliques.
Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
Sujet: Re: Henri-Georges Clouzot Mar 28 Sep 2010 - 8:55
Je n'ai pas tout vu de Clouzot (il n'y en a pourtant pas tant que ça), mais L'assassin habite au 21 est un classique absolu pour moi, et Les diaboliques et Le salaire de la peur deux films que je revois toujours avec beaucoup d'intérêt.
En revanche, le souvenir que je garde (vague et lointain) de Quai des orfèvres ne colle pas du tout avec son statut de classique du cinéma français.
Quant à La vérité, j'ai le dvd depuis un certain temps, mais toujours pas eu le temps de le visionner. Il me semble que la performance de Bardot est assez comparable avec le remarquable travail qu'elle avait accompli dans le non moins remarquable En cas de malheur, d'après ce que j'avais pu lire.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Henri-Georges Clouzot Mar 28 Sep 2010 - 9:34
Avis de Traversay :
Citation :
L'Enfer de Henri-Georges Clouzot
Une assez sévère déception que ce documentaire consacré au film inachevé et maudit de Clouzot. Un ton scolaire, un montage confus, le retournage de certaines scènes par des acteurs d'aujourd'hui. Restent les quelques images des rushes du film. Elles sont sidérantes et valent à elles seules le déplacement surtout si on s'intéresse à Clouzot qui demeure pour moi un des plus grands cinéastes français, toutes époques confondues.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Henri-Georges Clouzot Mar 28 Sep 2010 - 9:36
et je pense exactement la même chose sur ce film.
Cet Enfer n'est intéressant que pour les plans de Clouzot. J'aurais aimé que le réalisateur se frotte à une véritable reconstitution, finalisation. Là, ça faisait un peu revue People&Cinéma.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Henri-Georges Clouzot Mar 28 Sep 2010 - 12:16
Hank a écrit:
Je n'ai pas tout vu de Clouzot (il n'y en a pourtant pas tant que ça), mais L'assassin habite au 21 est un classique absolu pour moi, et Les diaboliques et Le salaire de la peur deux films que je revois toujours avec beaucoup d'intérêt.
En revanche, le souvenir que je garde (vague et lointain) de Quai des orfèvres ne colle pas du tout avec son statut de classique du cinéma français.
Quant à La vérité, j'ai le dvd depuis un certain temps, mais toujours pas eu le temps de le visionner. Il me semble que la performance de Bardot est assez comparable avec le remarquable travail qu'elle avait accompli dans le non moins remarquable En cas de malheur, d'après ce que j'avais pu lire.
La vérité est à rapprocher aussi de Vie privée de Louis Malle.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Henri-Georges Clouzot Mar 28 Sep 2010 - 22:24
traversay a écrit:
@ animal : j'aimerais bien que tu nous donnes ton avis sur Le salaire de la peur et Les diaboliques.
un peu difficile à froid... Les diaboliques me laisse un souvenir d'une atmosphère dense et cohérente, avec beaucoup de nuit. mélange d'inquiétude (plusieurs raisons pour l'inquiétude) et d'intérêt ou curiosité pour les caractères. actrices et acteurs au top.
bande-annonce
Le salaire de la peur... adaptation (je le sais maintenant que je l'ai relu), ce qui veut dire des changements, peut-être un peu de folie (morbide) de l'atmosphère qui s'est envolée, certainement pour conserver un résultat plus direct, qui passe à coup sûr. gros suspens également... une scène que j'adore vers le tout début avec Véra Clouzot (sorte de scène de séduction assez libérée ?). J'imagine qu'on retrouve une part du rythme mécanique du bouquin (ce que montre peut-être peu la bande-annonce d'ailleurs). C'est du solide et c'est puissant. Envie de le revoir également. Tellement impressionnant quand on le découvre !
bande-annonce
je vois au passage qu'il y a deux remakes dont un avec Roy Scheider et Bruno Cremer ?
ce ne sont pas des films que je rangerai instinctivement dans mes tout préférés (ce morceau du Salaire de la peur malgré tout) mais ils sont marquants et à devoir y repenser il faut bien s'avouer que ce sont d'authentiques bons films tendance cinéma fait pour marcher et ne pas décevoir le publique mais tendance bon et beau travail.