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Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Homère Lun 4 Nov 2013 - 8:21
jack-hubert bukowski a écrit:
La version traduite dans la collection Babel (Actes Sud) de l'Iliade réalisée par Frédéric Mugler et qui date de 1995 (mon édition fut imprimée en 2006) se compare tout de même avantageusement à la version employée par Philippe Brunet.
Ah, cette version n'est plus disponible (je dois quand même pouvoir mettre la main dessus dans une bibliothèque). Tu as quelques exemples, pour que l'on puisse comparer ? (le tout début, par exemple).
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Homère Lun 4 Nov 2013 - 8:24
mimi54 a écrit:
eXPie a écrit:
Pour un lecteur occidental du début du XXI° siècle, l'Iliade comporte de nombreux passages un peu hiératiques (catalogues très énumératifs), des combats un peu répétitifs. Mais il y a une indéniable grandeur, et c'est un texte vers lequel on revient forcément, tant il y a de façons de le lire, d'analyses et d'études possibles...
Et pour un(e) lecteur (trice) occidental(e) totalement paumé (e), quelle est la version, la traduction qui a le plus de chance de ne pas le ou la faire abandonner sa lecture ?
Faut-il lire cette oeuvre comme un roman, c'est à dire d'un bout à l'autre, et en continu, ou bien, accepte t-elle une lecture morcelée, et aérée par d'autres?
Il y a généralement beaucoup de notes, et pas mal d'éditions proposent des résumés par chapitre. Il vaut quand même mieux le lire en continu. Mais pour un amateur/une amatrice de romans, il vaut clairement mieux (si tu devais choisir) lire l'Odyssée, qui comporte tellement d'aventures, d'action, de passages bien connus mais qu'il est tellement intéressant de lire "en vrai". Et, même si l'Odyssée se situe après l'Iliade, ça ne gêne pas vraiment la compréhension (toujours les notes explicatives qui re-situent).
jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
Sujet: Re: Homère Lun 4 Nov 2013 - 8:32
eXPie a écrit:
jack-hubert bukowski a écrit:
La version traduite dans la collection Babel (Actes Sud) de l'Iliade réalisée par Frédéric Mugler et qui date de 1995 (mon édition fut imprimée en 2006) se compare tout de même avantageusement à la version employée par Philippe Brunet.
Ah, cette version n'est plus disponible (je dois quand même pouvoir mettre la main dessus dans une bibliothèque). Tu as quelques exemples, pour que l'on puisse comparer ? (le tout début, par exemple).
Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille, Courroux fatal qui causa mille maux aux Achéens Et fit descendre chez Hadès tant d'âmes valeureuses De héros, dont les corps servirent de pâture aux chiens Et aux oiseaux sans nombre : ainsi Zeus l'avait-il voulu. Pars de jour où naquit cette querelle qui brouilla L'Atride, gardien de son peuple, et le divin Achille. Quel dieu les fit se quereller l'un l'autre et se combattre?
Chant I, Vers 1-8.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Homère Lun 4 Nov 2013 - 8:56
Merci, Jack-Hubert !
C'est une version intéressante, aussi, qui apporte quelque chose (ce qui doit être une motivation pour de nouvelles traductions d'une oeuvre tant traduite... j'ai cru lire quelque part qu'il allait y avoir encore une ou deux nouvelles traductions en anglais, il y a apparemment dans le monde anglo-saxon une vague de re-traductions de chefs-d'oeuvre de la littérature). C'est dommage que cette version soit devenue quasiment introuvable (contrairement à sa traduction de l'Odyssée, qu'il faudrait que j'aille voir ; j'ai consulté plusieurs versions, dont celle de Jacottet).
Je note qu'il est le seul à parler de courroux (les autres traducteurs parlent de colère, ou d'"ire").
mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
Sujet: Re: Homère Lun 4 Nov 2013 - 10:02
eXPie a écrit:
Merci, Jack-Hubert !
C'est une version intéressante, aussi, qui apporte quelque chose (ce qui doit être une motivation pour de nouvelles traductions d'une oeuvre tant traduite... j'ai cru lire quelque part qu'il allait y avoir encore une ou deux nouvelles traductions en anglais, il y a apparemment dans le monde anglo-saxon une vague de re-traductions de chefs-d'oeuvre de la littérature). C'est dommage que cette version soit devenue quasiment introuvable (contrairement à sa traduction de l'Odyssée, qu'il faudrait que j'aille voir ; j'ai consulté plusieurs versions, dont celle de Jacottet).
Je note qu'il est le seul à parler de courroux (les autres traducteurs parlent de colère, ou d'"ire").
Et pour l'odyssée, quelle est la traduction la plus abordable?
Invité Invité
Sujet: Re: Homère Lun 4 Nov 2013 - 13:04
Hé hé, je vous propose MA traduction du premier vers. Je m'en souviens encore, j'étais en première....
Chante, Muse, la colère d'Achille fils de Pélée, Funeste colère qui causa tant de maux aux Acchéens...
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Homère Lun 4 Nov 2013 - 19:57
mimi54 a écrit:
eXPie a écrit:
Merci, Jack-Hubert !
C'est une version intéressante, aussi, qui apporte quelque chose (ce qui doit être une motivation pour de nouvelles traductions d'une oeuvre tant traduite... j'ai cru lire quelque part qu'il allait y avoir encore une ou deux nouvelles traductions en anglais, il y a apparemment dans le monde anglo-saxon une vague de re-traductions de chefs-d'oeuvre de la littérature). C'est dommage que cette version soit devenue quasiment introuvable (contrairement à sa traduction de l'Odyssée, qu'il faudrait que j'aille voir ; j'ai consulté plusieurs versions, dont celle de Jacottet).
Je note qu'il est le seul à parler de courroux (les autres traducteurs parlent de colère, ou d'"ire").
Et pour l'odyssée, quelle est la traduction la plus abordable?
J'avais lu la version de Bérard (édition de Philippe Brunet) chez Folio.
C'est la version que Borges a qualifiée de "drame classique". C'est également le version "Pléiade". C'est écrit en prose, de façon classique, et le texte est immédiatement compréhensible (il n'est pas archaïsant). La version Médéric Dufour (GF-Flammarion) m'avait semblé moins intéressante. Les puristes préféreront la version de Jacottet, par exemple, ou sans doute aussi la version de Frédéric Mugler. Ces deux traductions étant en vers.
Je tâcherai de faire un petit comparatif, moins exhaustif (et indigeste) que pour l'Iliade.
mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
Sujet: Re: Homère Lun 4 Nov 2013 - 20:00
eXPie a écrit:
mimi54 a écrit:
eXPie a écrit:
Merci, Jack-Hubert !
C'est une version intéressante, aussi, qui apporte quelque chose (ce qui doit être une motivation pour de nouvelles traductions d'une oeuvre tant traduite... j'ai cru lire quelque part qu'il allait y avoir encore une ou deux nouvelles traductions en anglais, il y a apparemment dans le monde anglo-saxon une vague de re-traductions de chefs-d'oeuvre de la littérature). C'est dommage que cette version soit devenue quasiment introuvable (contrairement à sa traduction de l'Odyssée, qu'il faudrait que j'aille voir ; j'ai consulté plusieurs versions, dont celle de Jacottet).
Je note qu'il est le seul à parler de courroux (les autres traducteurs parlent de colère, ou d'"ire").
Et pour l'odyssée, quelle est la traduction la plus abordable?
J'avais lu la version de Bérard (édition de Philippe Brunet) chez Folio.
C'est la version que Borges a qualifiée de "drame classique". C'est également le version "Pléiade". C'est écrit en prose, de façon classique, et le texte est immédiatement compréhensible (il n'est pas archaïsant). La version Médéric Dufour (GF-Flammarion) m'avait semblé moins intéressante. Les puristes préféreront la version de Jacottet, par exemple, ou sans doute aussi la version de Frédéric Mugler. Ces deux traductions étant en vers.
Je tâcherai de faire un petit comparatif, moins exhaustif (et indigeste) que pour l'Iliade.
J'ai celle de Berard, mais en livre de poche
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Homère Jeu 5 Déc 2013 - 21:51
L'Odyssée sur des pierres coquillères au Temple de Zeus, Olympie. 11/06/2013.
- L'Odyssée. Traduit du grec par Victor Bérard. Edition présentée et annotée par Philippe Brunet. Folio. 507 pages.
Nous allons feuilleter les versions suivantes actuellement disponibles :
La version de Frédéric Mugler est singulière dans sa présentation. En couverture, on a un buste d'homme trouvé à Herculanum (le rapport avec Homère n'est pas très direct ; la version de Bérard, elle, montre un détail de la Fresque de la tombe du Plongeur trouvée en Italie, mais il s'agit d'une tombe grecque). De plus, il n'y a aucune note ! Pas d'index non plus (vous ne retrouvez plus le passage où l'on mentionne Lampétie ? tant pis pour vous, ça vous donnera l'occasion de relire une bonne partie du livre). Il y a toutefois une partie de "Repères", qui est en fait un petit lexique. Et un petit résumé par chapitre. Mais c'est quand même peu léger... Est-ce pour être élitiste ? ou bien dépouillé ? (la mise en page est agréable, c'est vrai). On ne trouve déjà plus, dans le commerce, sa version de l'Iliade, ce qui est dommage, mais j'imagine que son Odyssée va bientôt subir le même sort. La concurrence est rude.
Parmi les versions comparées, celles de Mugler et Jacottet sont toutes deux en vers ; les autres en prose.
On trouvera en ligne : - la traduction de Leconte de Lisle : http://www.mediterranees.net/mythes/ulysse/odyssee ou encore http://fr.wikisource.org/wiki/L%27Odyssée ou http://philoctetes.free.fr/homereod2.htm - la traduction de Médéric Dufour : http://iliadeodyssee.texte.free.fr/aatexte/dufouraison/accueildufour/odyssdufour.htm - le texte grec : http://philoctetes.free.fr/homereod2.htm (par exemple). Voici le début de l'Odyssée.
Version Frédéric Mugler (1991/1995)
Version Jacottet (1955 ; La Découverte)
Muse, dis-moi l'homme inventif, qui erra si longtemps, Lorsqu'il eut renversé les murs de la sainte Ilion, Qui visita bien des cités, connut bien des usages, Et eut à endurer bien des souffrances sur les mers, Tandis qu'il luttait pour sa vie et le retour des siens. Mais malgré son désir, il ne parvint à les sauver, Car de leur propre aveuglement ils furent les victimes : Ces fous avaient mangé les boeufs du fils d'Hypérion. Si bien que le Soleil leur ravit l'heure du retour. A nous aussi, fille de Zeus, conte un peu ces exploits.
O Muse, conte-moi l'aventure de l'Inventif : celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d'usages, souffrant beaucoup d'angoisses dans son âme sur la mer pour défendre sa vie et le retour de ses marins sans en pouvoir pourtant sauver un seul, quoi qu'il en eût : par leur propre fureur ils furent perdus en effet, ces enfants qui touchèrent aux troupeaux du dieu d'En Haut, le Soleil qui leur prit le bonheur du retour... A nous aussi, Fille de Zeus, conte un peu ces exploits ! (Chant I, vers 1-10)
Victor Bérard (1924 ; La Pléiade/folio)
Version Médéric Dufour (1935 ; GF-Flammarion)
C'est l'Homme aux mille tours, Muse, qu'il faut me dire, Celui qui tant erra quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte, Celui qui visita les cités de tant d'hommes et connut leur esprit, Celui qui, sur les mers, passa par tant d'angoisses, en luttant pour survivre et ramener ses gens. Hélas ! même à ce prix tout son désir ne put sauver son équipage : ils ne durent la mort qu'à leur propre sottise, ces fous qui, du Soleil, avaient mangé les boeufs ; c'est lui, le Fils d'en Haut, qui raya de leur vie la journée du retour. Viens, ô fille de Zeus, nous dire, à nous aussi, quelqu'un de ces exploits.
Muse, dis-moi le héros aux mille expédients, qui tant erra, quand sa ruse eut fait mettre à sac l'acropole sacrée de Troade, qui visita les villes et connut les moeurs de tant d'hommes ! Comme en son coeur il éprouva de tourments sur la mer, quand il luttait pour sa vie et le retour de ses compagnons ! Mais il ne put les sauver malgré son désir : leur aveuglement les perdit, insensés qui dévorèrent les boeufs d'Hélio Hypérion. Et lui leur ôta la journée du retour. A nous aussi, déesse née de Zeus, conte ces aventures, en commençant où tu voudras.
Leconte de Lisle (1868 ; Pocket)
Texte grec
Dis-moi, Muse, cet homme subtil qui erra si longtemps, après qu'il eut renversé la citadelle sacrée de Troiè. Et il vit les cités de peuples nombreux, et il connut leur esprit ; et, dans son coeur, il endura beaucoup de maux, sur la mer, pour sa propre vie et le retour de ses compagnons. Mais il ne les sauva point, contre son désir ; et ils périrent par leur impiété, les insensés ! ayant mangé les boeufs de Hèlios Hypérionade. Et ce dernier leur ravit l'heure du retour. Dis-moi une partie de ces choses, Déesse, fille de Zeus.
Dernière édition par eXPie le Ven 6 Déc 2013 - 23:08, édité 1 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Homère Jeu 5 Déc 2013 - 21:51
Citation :
"L'Iliade et l'Odyssée commencent toutes deux en appelant la Muse à chanter les sujets choisis : la fureur d'un homme, la ruse d'un autre. Il y a toutefois une différence entre ces deux débuts. Dans l'Iliade, le premier poème, Homère laisse humblement la Muse occuper seule la scène : « Chante, déesse, la fureur... » Mais dans l'Odyssée, le poète s'autorise à apparaître comme le destinataire du chant : « Muse, chante-moi l'homme... » Virgile et Dante profitent de l'audacieuse intrusion de ce « moi ». Virgile, dans l'Enéide, demande à la Muse de lui rappeler la cause de la guerre qui fut à l'origine des voyages d'Enée."
La tentation de comparer l'Iliade et l'Odyssée est évidente, comme on l'avait vu précédemment. Structure, contenu, images qui se répondent ou au contraire s'opposent... Il y a énormément à dire, et nombreux sont ceux qui l'ont fait.
Dès le début de l'Odyssée, on sait ce qu'il en est, et ce qu'il va advenir... Mais c'est assez trompeur, car si les premiers chants parlent d'Ulysse, c'est pour se demander où il peut bien être. Le programme annoncé est celui des chants V à XIII (on entendra de nouveau parler de ce fameux troupeau seulement au chant XI). L'effet est très curieux, on attend Ulysse... il met du temps à entrer en scène... alors on l'attend encore... Finalement, le lecteur est comme le fils d'Ulysse, Pénélope et ses quelques amis !
La voici, Pénélope qui attend Ulysse (Monteverdi : Il Ritorno d'Ulisse in patria, 1641 ; Acte I, Di misera Regina).
Les héros de la guerre sont morts ou revenus chez eux (quitte à s'y faire assassiner). Ulysse, lui, a disparu. Télémaque, son fils, était encore petit lorsque Ulysse est parti pour Troie. Les épisodes de la Guerre de Troie sont devenus l'objet de chants. Il est bien sûr difficile pour Pénélope de les entendre. Mais c'est l'occasion pour Télémaque, qui a grandi, de commencer à s'affirmer. Il a des idées très justes sur les goûts des gens :
Version Frédéric Mugler (1991/1995)
Version Jacottet (1955 ; La Découverte)
Le chant que les mortels admirent le plus volontiers Est toujours le dernier qui vient caresser leurs oreilles. Que ton âme et ton coeur aient donc la force de l'entendre. Ulysse ne fut pas le seul à manquer son retour : Bien d'autre mortels ont péri dans la plaine de Troie. Allons ! rentre au logis, occupe-toi de tes travaux, De ton métier, de ta quenouille, et dis à tes servantes. De se mettre à l'ouvrage. Aux hommes le soin de la guerre. À commence par moi, qui suis le maître de ces lieux !" Toute surprise, Pénélope regagna sa chambre. Emportant dans son coeur les mots si sages de son fils. Et quand elle eut rejoint l'étage avec ses deux servantes, Elle pleura Ulysse, son époux, jusqu'au moment Où Athéna lui jeta sur les yeux un doux sommeil.
"et les hommes, toujours, ont préféré les chants les moins anciens de ceux qui touchent leurs oreilles. Que ton coeur se résigne ainsi à l'écouter : car Ulysse n'est pas le seul à Troie qui ait perdu tout espoir de retour : beaucoup d'autres y ont péri. Remonte donc chez toi, retourne à tes travaux, toile et quenouille, et donne l'ordre à tes suivantes de se mettre à l'ouvrage : la parole est affaire d'hommes, et d'abord mon affaire : car la force, ici, m'appartient ! » Stupéfaite, la reine regagna sa chambre en gravant dans son coeur les sages propos de son fils ; remontée à l'étage en compagnie de ses suivantes, elle pleurait encore Ulysse, son époux, quand Athéna sur ses paupières vint verser le doux sommeil." (Chant 1, vers 351-364)
Victor Bérard (1924 ; La Pléiade/folio)
Version Médéric Dufour (1935 ; GF-Flammarion)
"le succès va toujours, devant un auditoire, au chant le plus nouveau. Prends donc sur tes pensées et ton coeur de l'entendre. Ulysse, tu le sais, ne fut pas seul à perdre la journée du retour ; en Troade, combien d'autres ont succombé ! Va ! rentre à la maison et reprends tes travaux, ta toile, ta quenouille ; ordonne à tes servantes de se remettre à l'oeuvre ; le discours, c'est à nous, les hommes, qu'il revient, mais à moi tout d'abord, qui suis maître de céans. Pénélope, étonnée, rentra dans la maison, le coeur rempli des mots si sages de son fils, et lorsque, à son étage, elle fut remontée avec ses chambrières, elle pleurait encor Ulysse, son époux, à l'heure où la déesse aux yeux pers, Athéna, lui jeta sur les yeux le plus doux des sommeils."
Le chant le plus admiré des hommes, c'est toujours le plus nouveau. Toi, donc, que ton âme et ton coeur aient la force de l'entendre. Ulysse n'est pas le seul qui au pays de Troie ait perdu la journée du retour : combien d'autres mortels y ont péri ! Va dans ta chambre, veille aux travaux de ton sexe, métier et quenouille, ordonne tes servantes d'aller à leur besogne ; la parole est l'affaire des hommes, la mienne, surtout ; car c'est moi qui suis le maître dans la maison. » Saisie d'étonnement, elle se retira dans sa chambre ; elle avait enfermé en son coeur les sages paroles de son enfant. Arrivée à l'étage avec ses suiantes, elle pleurait Ulysse, sn cher époux, jusqu'à l'heure où Athéné aux yeux brillants versa sur ses paupières le doux sommeil.
Leconte de Lisle (1868 ; Pocket)
car les hommes chantent toujours les choses les plus récentes. Aie donc la force d'âme d'écouter. Odysseus n'a point perdu seul, à Troiè, le jour du retour, et beaucoup d'autres y sont morts aussi. Rentre dans ta demeure ; continue tes travaux à l'aide de la toile et du fuseau, et remets tes servantes à leur tâche. La parole appartient aux hommes, et surtout à moi qui commande ici. Etonnée, Pènélopéia s'en retourna chez elle, emportant dans son coeur les sages paroles de son fils. Remontée dans les hautes chambres, avec ses femmes, elle pleura Odysseus, son cher mari, jusqu'à ce que Athènè aux yeux clairs eût répandu un doux sommeil sur ses paupières.
Pénélope affligée. Rome (Ier siècle après JC). BnF, Monnaies, Médailles et Antiques.
eXPie Abeille bibliophile
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Sujet: Re: Homère Jeu 5 Déc 2013 - 21:52
La maison de Pénélope et Télémaque est continuellement remplie de prétendants qui veulent se marier avec Pénélope. Ils mangent, s'amusent... aux frais de la maison. C'est une façon de mettre la pression. Télémaque finit par s'emporter. Voici Antinoos, un des prétendants de Pénélope, qui lui répond :
Version Frédéric Mugler (1991/1995)
Version Jacottet (1955 ; La Découverte)
- Quel discours, Télémaque ! ô bouillant prêcheur d'agora ! Tu viens nous insulter ! tu veux nous traîner dans la boue ! La cause de tes maux, ce ne sont pas les prétendants, Mais bien ta mère, à toi, qui, pour la ruse, est sans rivale ! Voilà déjà passés trois ans, en voici bientôt quatre, Que nous la voyons se jouer du coeur des Achéens, Leur donner à tous de l'espoir, transmettre à chacun d'eux Des messages trompeurs et combiner d'autres projets. Tu sais le dernier stratagème né de son esprit. Elle avait fait dresser dans le palais un grand métier Pour y tisser un immense linon et nous disait : « Mes jeunes prétendants, le divin Ulysse est bien mort. Mais, quoique cet hymen vous presse, attendez que j'achève, Car je ne voudrais pas que tout ce fil ne serve à rien ; Ce sera pour ensevelir le coucher dans son dernier sommeil, Sinon quelque Achéenne irait m'accuser devant tous De laisser sans suaire un homme qui avait de quoi. » Ces mots calmèrent aussitôt la fougue de nos coeurs. Dès lors, pendant le jour, elle tissait sa grande toile, Mais la défaisait chaque nuit, à la lueur des torches.
« Ah ! prince fanfaron, âme emportée, que dis-tu là pour nous couvrir de honte et nous attirer des reproches ? Ne t'en prends pas aux prétendants des Achéens, mais à ta seule mère, qui montre un peu trop d'astuce ! Voilà déjà trois ans, et bientôt cela fera quatre, qu'elle dupe le coeur des Achéens dans leur poitrine ! Elle enflamme chacun, elle promet à tous, Elle envoie des messages, ayant tout autre chose en tête. Sache le dernier tour qu'elle nous a joué : elle avait fait dresser un vaste métier dans la salle, y tissait un voile ample et fin, et nous disait : « Mes jeunes prétendants, certes, je sais qu'Ulysse est mort ; patientez toutefois pour les noces jusqu'à ce que j'aie achevé ce voile, que le fil n'en soit perdu : c'est un linceul pour le héros Laërte, afin qu'à l'heure funeste et cruelle où la mort viendra l'abattre, il n'y ait nulle femme entre toutes les Achéennes qui me reproche d'avoir laissé nu un mort si riche ! » Ainsi nous parlait-elle, et notre âme fière acceptait ; c'est ainsi que ses jours passaient à tisser l'ample voile et ses nuits à défaire cet ouvrage sous les torches... (Chant 2, vers 85-105)
Victor Bérard (1924 ; La Pléiade/folio)
Version Médéric Dufour (1935 ; GF-Flammarion)
Quel discours, Télémaque ! ah ! prêcheur d'agora à la tête emportée !... tu viens nous insulter !... tu veux nous attacher un infâme renom !... La cause de tes maux, est-ce les prétendants ?... ou ta mère qui, pour la fourbe, est sans rivale ?... Voilà trois ans, en voici bientôt quatre, qu'elle va, se jouant du coeur des Achéens, donnant à tous l'espoir, envoyant à chacun promesses et messages, quand elle a dans l'esprit de tout autres projets ! Tu sais l'une des ruses qu'avait ourdies son coeur. Elle avait au manoir dressé son grand métier et, feignant d'y tisser un immense linon, nous disait au passage : « Mes jeunes prétendants, je sais bien qu'il n'est plus, cet Ulysse divin ! mais, malgré vos désirs de hâter cet hymen, permettez que j'achève : tout ce fil resterait inutile et perdu. C'est pour ensevelir notre seigneur Laërte : quand la Parque de mort viendra tout de son long le coucher au trépas, quel serait contre moi le cri des Achéennes, si cet homme opulent gisait là sans suaire ! » Elle disait et nous, à son gré, faisions taire la fougue de nos coeurs. La nuit, elle venait aux torches la défaire.
« Télémaque au verbe haut, à l'audace effrénée, qu'as-tu dit pour nous couvrir de honte ? Tu voudrais bien attacher une flétrissure à nos personnes. Mais à qui la faute ? Non pas aux prétendants Achéens, mais à ta propre mère ; car il n'est point de femme mieux entendue au ruses. Voici déjà la troisième année, bientôt la quatrième, qu'elle décçoit le coeur des Achéens en leur poitrine. A tous elle donne de l'espoir ; à chacun elle promet, envoie des messages ; mais elle a d'autres projets en tête. Voici le dernier subtefuge qu'imagina son esprit : elle dressa dans sa chambre un grand métier pour y tisser un voile fin et long : incontinen elle vint nous dire : « Jeunes hommes, mes prétendants, vous pressez mon mariage; l'illustre Ulysse est mort ; attendez donc que j'aie fini ce voile ; ne faites pas que tous ces fils soient en pure perte ; ce sera le lincueil du seigneur Laërte, le jour où il aura succombé sous le coup funeste de la Mort curelle. Ne faits point que quelqu'une des femmes d'Achaïe aille parler au peuple contre moi, indignée de voir sans suaire un homme qui gagna tant de biens ! » Voilà ce qu'elle disait e nous nous rendîmes, malgré la fierté de notre coeur. Alors le jour, elle tissait la grande toile, et, la nuit, elle défaisait son ouvrage, à la lumière des flambaux.
Leconte de Lisle (1868 ; Pocket)
- Tèlémakhos, agorète orgueilleux et plein de colère, tu as parlé en nous outrageant, et tu veux nous couvrir d'une tache honteuse. Les Prétendants Akhaiens ne t'ont rien fait. C'est plutôt ta mère, qui, certes, médite mille ruses. Voici déjà la troisième année, et bientôt la quatrième, qu'elle se joue du coeur des Akhaiens. Elle les fait tous espérer, promet à chacun, envoie des messages et médite des desseins contraires. Enfin, elle a ourdi une autre ruse dans son esprit. Elle a tissé dans ses demeures une grande toile, large et fine, et nous a dit : - Jeunes hommes, mes prétendants, puisque le divin Odysseus est mort, cessez de hâter mes noces jusqu'à ce que j'aie achevé, pour que mes fils ne restent pas inutiles, ce linceul du héros Laertès,
quand la Moire mauvaise de la mort inexorable l'aura saisi, afin qu'aucune des femmes Akhaiennes ne puisse me reprocher, devant tout le peuple, qu'un homme qui a possédé tant de biens ait été enseveli sans linceul. Elle parla ainsi, et notre coeur généreux fut aussitôt persuadé. Et, alors, pendant le jour, elle tissait la grande toile, et, pendant la nuit, ayant allumé les torches, elle la défaisait.
Pénélope est sommée de choisir !
1/ Honoré Daumier : Les Nuits de Pénélope. 2/ Bernard Buffet : Pénélope.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Homère Jeu 5 Déc 2013 - 21:53
La situation commence à être tendue. Télémaque veut savoir ce qu'est devenu son père : s'il est vivant, il faut qu'il revienne, et vite. Guidé et protégé par Athéna, il part enquêter. Il va voir Nestor.
La Télémachie va ainsi durer quatre chants. Les prétendants menacent, il faut se dépêcher. Ils se gavent tant et plus et épuisent les ressources de la maison. L'enquête de Télémaque va lui permettre de prendre connaissance de nombreux événements. L'Iliade comportait beaucoup d'action en "direct" ; dans l'Odyssée, l'action sera quasiment toujours racontée, mais cette action sera beaucoup plus diversifiée que dans l'Iliade, avec un grand nombre de morceaux de bravoure, d'épisodes très connus, mais qui sont toujours très intéressants à lire. Après Nestor, Télémaque continue son enquête : il va voir Ménélas et sa femme Hélène, qui sont - eh oui - en bons termes.
Honoré Daumier : Ménélas Vainqueur. "Sur les remparts fumants de la superbe Troie, Ménélas, fils des Dieux, comme une riche proie, Ravit sa blonde Hélène et l'emmène à sa cour Plus belle que jamais de pudeur et d'amour."
Tout comme Nestor, Ménélas et sa femme évoquent des souvenirs. Hélène raconte notamment comment Ulysse était entré dans Troie, habillé de vieilles loques. Elle seule l'avait reconnu. Après lui avoir exposé le plan des Achéens, et avant de repartir, il avait fait un grand massacre.
Version Frédéric Mugler (1991/1995)
Version Jacottet (1955 ; La Découverte)
Puis, semant le carnage en ville avec son long poignard, Il revint vers les siens avec sa moisson de nouvelles. Les Troyennes poussaient des cris perçants ; mais quant à moi, Je jubilais ; je me voyais déjà rentrer chez moi ; Je pleurais la folie où Aphrodite avait jeté Mon coeur pour m'entraîner bien loin de mon pays natal Et me faire quitter ma fille, mes devoirs d'épouse Et un mari brillant par son esprit et sa beauté. "
Puis, maint Troyen passé au fil de son épée, il rejoignit les Grecs avec son butin de nouvelles. Les Troyennes poussaient des cris aigus ; mais moi, mon coeur jubilait car, déjà retourné, il rêvait du logis, et je déplorais la folie qu'Aphrodite m'avait fait faire en m'entraînant si loin de ma patrie, délaissant notre fille, notre chambre et un époux qu'ornaient, autant qu'un autre, la beauté et la raison... » (Chant 4, 257-264)
Victor Bérard (1924 ; La Pléiade/folio)
Version Médéric Dufour (1935 ; GF-Flammarion)
[...] puis, de son long poignard, il fit un grand massacre en ville et retourna porter aux Argiens sa charge de nouvelles. Alors Troie retentit du cri des autres femmes. Mais, moi, c'était la joie que j'avais dans le coeur ! Déjà mes voeux changés me ramenaient ici, et combien je pleurais la folie qu'Aphrodite avait mise en mon coeur pour m'entraîner là-bas, loin du pays natal, et me faire quitter ma fille, mes devoirs d'épouse et un mari dont la mine ou l'esprit ne le cède à personne ! »
Et puis, ayant tué beaucoup de Troyens par le bronze effilé, il s'en alla rejoindre les Argiens, leur rapporta maintes nouvelles. Et les autres Troyennes alors poussaient des lamentations aiguës ; mais, moi, je ressentais de la joie ; car déjà mon coeur était changé ; je souhaitais revenir en ma maison, et je regrettais l'aveuglement, dont Aphrodite m'avait frappée, quand elle m'avait conduite là-bas, loin de ma patrie, laissant derrière moi ma fille, ma chambre, mon époux qui ne le cédait à personne ni en esprit, ni en beauté.
Leconte de Lisle (1868 ; Pocket)
Et, après avoir tué avec le long airain un grand nombre de Troiens, il retourna vers les Argiens, leur rapportant beaucoup de secrets. Et les Troiennes gémissaient lamentablement ; mais mon esprit se réjouissait, car déjà j'avais dans mon coeur le désir de retourner vers ma demeure, et je pleurais sur la mauvaise destinée qu'Aphroditè m'avait faite, quand elle me conduisit, en me trompant, loin de la chère terre de la patrie, et de ma fille, et de la chambre nuptiale, et d'un mari qui n'est privé d'aucun don, ni d'intelligence, ni de beauté.
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eXPie Abeille bibliophile
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Sujet: Re: Homère Jeu 5 Déc 2013 - 21:54
De façon très étrange, mais qui montre à quel point les humains sont manipulés par les dieux, juste après, Ménélas raconte comment Hélène a failli faire échouer le stratagème du Cheval... "sans doute t'y avait poussée / quelque divinité qui voulait la gloire de Troie " (version Jacottet, chant 4, 274-275)
On n'en saura quasiment pas plus sur le fameux Cheval, épisode pourtant parmi les plus fameux ! Peut être ce manque d'information a-t-il permis de laisser libre cours à l'imagination ?
Mais le lecteur (qui se dit que l'Odyssée, c'est un peu l'Arlésienne) attend toujours de voir Ulysse en chair et en os... Il tarde vraiment à apparaître. Où est-il ?
Pendant ce temps, les prétendants, qui se sont aperçu que Télémaque était parti, montent un plan pour l'éliminer. Tout cela est raconté avec un grand art du suspens (celui qui consiste à couper le récit au bon moment, à changer les points de vue).
Ah, mais voici Ulysse, qui est dans l'île de Calypso depuis sept ans !
1/ Arnold Böcklin : Ulysse et Calypso, 1883. Kunstmuseum Basel. 2/ Arnold Böcklin : Ulysse face à la mer (1869) 3/ Ulysse et Calypso (1943). Hambourg, Hamburger Kunsthalle
C'est le début d'aventures incroyables, dont beaucoup seront d'ailleurs narrées par Ulysse lui-même, au hasard de ses rencontres. Il raconte avec conviction des histoires totalement mensongères lorsqu'il le faut. Mais il raconte également ce qui lui est vraiment arrivé... Seulement, si l'on va au fond des choses, on peut se demander s'il faut tout croire. Il lui serait si facile de se donner le beau rôle : il est le seul rescapé.
Ulysse et ses compagnons rencontrent des dangers sous des formes très nombreuses et diverses : par exemple les gentils lotophages... puis, dans la version de Bérard, on arrive au pays des "Yeux Ronds" (et une note nous apprend que c'est le sens littéral de « Cyclopes », et on réalise que c'était évident : cyclope, cycliste...), chez Jaccottet, c'est le pays des Cyclopes, tout simplement. Ulysse envoie à terre quelques-uns de ses gens pour voir quels mangeurs de pain (c'est ainsi que sont souvent appelés les hommes - et on a vu précédemment, dans l'Iliade, que les Dieux ne mangent pas de pain) habitent ces lieux. Ils débarquent et ne savent bien sûr pas quels dangers les menacent. Parfois, les risques pris sont issus de la nécessité de trouver de quoi se ravitailler ou bien de se renseigner, mais d'autres fois c'est la simple curiosité d'Ulysse ou de ses hommes qui les conduisent près du désastre...
eXPie Abeille bibliophile
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Sujet: Re: Homère Jeu 5 Déc 2013 - 21:54
En quelques pages, on passe du fameux Cyclope Polyphème...
1/ Ulysse et Polyphème, détail d'une amphore protoattique, v. 650 av. J.-C., musée archéologique d'Éleusis 2/ Ulysse et ses compagnons aveuglant Polyphème. Coupe à figures noires, vers 550 av. J.-C. l. 21 cm. Paris, Bibliothèque Nationale, cabinet des Médailles 3/ Aveuglement du Cyclope Polyphème, d'après l'Odyssée d'Homère. Hydrie de Cerveteri rouge à figures noires (520 av. J.-C.). Musée national de la Villa Giulia, Rome. 4/ Ulysse aveuglant Polyphème. Christine de Pisan (1363?-1431?), Épître d'Othéa. Vers 1406. BnF, Manuscrits, Français 606 fol. 11 5/ Bernard Buffet : Ulysse aveuglant le Cyclope. 1994. 6/ Ulysse échappe à Polyphème en fuyant sous le ventre d'un bélier. Lécythe à décors noirs du IVe s. av. J.-C. Staatliche Antikensammlungen und Glyptothek, Munich. 7/ Turner : Ulysse se moque de Polyphème, 1829
Le cinéma n'est bien sûr pas en reste. Voici, bien avant Kirk Douglas, la version de George Méliès, Ulysse et le Géant Polyphème (1905) :
... aux Lestrygons, moins connus que le Cyclope mais qui, tout comme lui, ne sont vraiment pas très sympathiques (sauf si on aime les géants cannibales). Juste un passage évocateur : "Puis, ayant harponné mes gens comme des thons, la troupe les emporte à l'horrible festin" (Bérard ; chant 10, vers 124).
Attaque des Lestrygons, Casa di via Graziosa, Rome. Il s'agit de fresques d'une habitation découverte au XIX° siècle, décorée de fresques de l'Odyssée qui semblent dater du 1er siècle avant J.C.
eXPie Abeille bibliophile
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Sujet: Re: Homère Jeu 5 Déc 2013 - 21:54
Vite, vite, il faut partir comme l'on peut, échapper aux blocs de roches lancés par ces horribles Lestrygons... Et quelques lignes plus tard, nos amis sont "heureux d'être vivants, mais pleurant nos compagnons morts" (chant X, vers 134)... pour aborder dans l'île de Circé quelques lignes plus loin.
1/ Un des compagnons d'Ulysse changé en pourceau, bronze grec du ve siècle av. J.-C., Walters Art Museum 2/ Version parodique de l'épisode d'Ulysse et Circé. Skyphos béotien à figures noires (Ve ou IVe siècle avant J-C).Oxford, Ashmolean Museum, G249. "On sait qu'il existait dans l'Antiquité des parodies comiques de l'Odyssée, représentées sur les places publiques par des bateleurs." (Catherine Salles, La Mythologie grecque et romaine, collection Pluriel, page 453) 3 et 4 : Circé transforme les compagnons d'Ulysse en pourceaux. Boccace (1313-1375), De mulieribus claris (Des Dames de renom). XIVe siècle : 3/ BnF, Manuscrits, Français 598 fol. 54v ; 4/ Xylogravure d'un incunable traduit en allemand et édité par Johannes Zainer (1473) à Ulm
C'est vraiment tomber de Charybde et Scylla.... ce qui sera pour un peu plus tard. Il n'est vraiment pas bon d'être le compagnon Ulysse...
Mais voici les fameuses sirènes !
1/ Ulysse et les sirènes (fin du VIe s. avant J.-C). Musée archéologique national, Athènes. 2/ Ulysse et les Sirènes. Détail d'un stamnos attique à figures rouges du Peintre de la Sirène, vers 480-470 av. J.-C. (C) The British Museum. On pourra lire la petite étude http://helios.fltr.ucl.ac.be/gibaud/vases-grec-3e/vase-peint-3-analyse.html 3/ Ulysse résiste au chant des sirènes. Mosaïque romaine (III° siècle) .Mosaïque trouvée à Dougga - IIe siècle après JC. Tunis, Musée du Bardo 4/ J.W. Waterhouse (1849-1917) : Ulysse et les sirènes, 5/ Marc Chagall : Ulysse et les Sirènes. Lithographie pour l'Odyssée. 1974-1975 6/ Bernard Buffet : Ulysse et les Sirènes (1993)
Les sirènes grecques ont un corps d'oiseau, et pas une queue de poisson comme les sirènes nordiques. Chez Chagall, bien sûr, les êtres ailés sont des anges... Les oeuvres mettant en scène les sirènes sont innombrables. On en trouvera notamment sur : http://www.mediterranees.net/mythes/ulysse/epreuves/sirenes/iconographie.html
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