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| Edouard Louis | |
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+11Marko Harelde églantine pia Aeriale topocl darkanny monilet Aaliz Queenie Maryvonne 15 participants | |
Auteur | Message |
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darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Edouard Louis Jeu 20 Mar 2014 - 14:57 | |
| Quand on dit internat, par définition on pense à internement donc plutôt enfermement et là le mot prend un tout autre sens pour Eddy qui va au contraire le vivre comme une libération.
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Edouard Louis Ven 21 Mar 2014 - 8:44 | |
| Je te demandais ça parce qu'il me semble que la plupart des jeunes que je rencontre professionnellement et qui sont en internat sont ravis de cette expérience, avec un enrichissement et un élément effectivement de libération (même s'ils n'ont pas une histoire familiale douloureuse) | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Edouard Louis Lun 14 Avr 2014 - 12:04 | |
| -En finir avec Eddy Bellegueule-
Un témoignage très dur, c'est vrai, amplifié par le fait que cet auteur d'à peine plus de 20 ans, relate avec le maximum de recul son parcours d'enfant différent, contraint d'étouffer sa nature pour simplement se faire accepter, et subissant des humiliations permanentes du fait de son homosexualité latente. Le monde qu'il nous décrit, sans haine et en toute lucidité, est un monde désoeuvré, inculte, un univers où la violence et l'alcool sont révélateurs des manques et seuls moyens de survivre dans le marasme ambiant.
J'ai été secouée tout au long de ma lecture, découvrir que de tels comportements existaient encore dans certains milieux ruraux m'a quand même estomaquée. Vous parlez de Germinal et de Zola, il me semble finalement que peu de choses ont changé depuis, et que les mentalités restent les mêmes, ancrées dans un immobilisme que la pauvreté et l'ignorance favorisent sournoisement. L'écriture est simple, le constat brut, mais combien de souffrances encore masquées derrière ce récit? Un coup de poing en tout cas!
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| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Edouard Louis Lun 14 Avr 2014 - 15:24 | |
| J'en entends tellement parlé de ce livre. Je me demande si je ne vais pas finir par le lire... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Edouard Louis Lun 14 Avr 2014 - 19:45 | |
| Tente Pia! L'écriture n'est pas transcendante, c'est le seul point faible. Et il ne faut pas s'attendre à une étude psychologique, c'est livré brut de décoffrage, et c'est ce qui frappe forcément...
Il faut vraiment le voir comme un témoignage, je comprends un peu l'effet de méfiance suite au buzz dont il a fait l'objet!
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| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Edouard Louis Lun 14 Avr 2014 - 20:18 | |
| - Aeriale a écrit:
- Tente Pia! L'écriture n'est pas transcendante, c'est le seul point faible. Et il ne faut pas s'attendre à une étude psychologique, c'est livré brut de décoffrage, et c'est ce qui frappe forcément...
Il faut vraiment le voir comme un témoignage, je comprends un peu l'effet de méfiance suite au buzz dont il a fait l'objet!
Bon moi qui hésitais , j'oublie . | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Edouard Louis Ven 2 Mai 2014 - 14:20 | |
| En finir avec Eddy Bellegueule
Dans un patelin paumé de la Picardie profonde et ouvrière : le collège et, juste en face, l’usine locale. Les gosses vont à l’école de la République jusqu’à 16 ans pour pas faire sauter les alloc’ de papa et maman qui ne pourraient survivre sans. Mais sitôt le 16e anniversaire révolu, beaucoup d’entre eux traversent la rue pour entrer dans la vraie vie : celle où il faut bosser pour rapporter de la tune ! Ici, le baccalauréat, on ne sait pas bien ce que c’est. On hésite un peu entre une maladie contagieuse et un truc pire encore. Dans ce bled, les femmes sont à la maison à faire à bouffer, les courses, le ménage et torcher les mômes tandis que les mecs (viriles et tout) passent leur temps entre l’usine, le bistrot et la téloche ! On parle un langage prolétaire. On rote, on pète. On sèche l’école quand papa a besoin d’un coup de main pour rapporter les packs de bière du supermarché. On ne lit surtout pas, terrorisé qu’on est par la culture. On ne bouffe que des frites et des pâtes à table parce que les légumes c’est pour les tapettes. Et surtout, on n’aime ni les noirs ni les bougnoules qu’on ne connait pourtant pas !
Alors que dire des homosexuels ?
Eddy, lui, a toujours été un peu efféminé. Il parle avec les mains, s’agite en tous sens, marche en se déhanchant, parle d’une voix fluette, ne supporte pas le football, n’aime pas rester six heures par jour devant la télé, déteste le catch, n’a pas de copine, aime le théâtre et obtient de relatives bonnes notes en classe. Ne fait rien comme tout le monde. La honte de ses parents. La risée du collège, du village. Homophobie.
Ses petits camarades l’insultent, le huent, le cognent. Brimades en tout genre. De façon répétée. Eddy reste passif. A croire qu’il aime ça.
C’est son adolescence que l’auteur met en scène. Eddy Bellegueule est son nom de baptême avant que l’Etat civil ne lui accorde de choisir un nom moins tapageur. Le portrait qu’il dresse de son bled n’est pas tendre. Je suis même à deux doigts de le croire caricatural et d’espérer qu’Edouard Louis a forcé le trait, sombré dans la surenchère : ça ne peut pas être vrai ? Pas à ce point ? Si ?
J’aime beaucoup l’écriture : vive, alerte, riche sans être lourde et intelligemment entrecoupée d’apartés en italique donnant la parole aux différents personnages s’exprimant dans leur langue fleurie. Grossière. Deux niveaux de langage intimement mêlés que j’ai trouvé fort bien venus dans cette critique sociale acerbe. Eddy tente d’abord de rentrer dans le rang, de se plier aux exigences de sa caste. Sans succès : les relations hétérosexuelles le dégoutent, tout comme le sport et les cuites du samedi soir. Il tente alors de s’évader. De quitter ce monde qui n’est pas le sien. De vivre la vie qui est la sienne et de laisser derrière lui celle de ses parents…
Agréable, incisif, mais aussi violent, dérangeant. L’éveil à la sexualité est décrit sans fioriture. Un chat est un chat et une bite est une bite : lecture à réserver à un public averti.
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| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Edouard Louis Dim 11 Mai 2014 - 19:34 | |
| Un article : Homophobie, violence, enfance: Xavier Dolan et Edouard Louis se parlent | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Edouard Louis Sam 17 Mai 2014 - 18:12 | |
| En finir avec Eddy Bellegueule
Je n'aime pas trop les jeunes gens trop médiatiques et les livres trop médiatiques. J'y allais donc vraiment à reculons. J’ai de ces a-prioris, parfois. J'avais tort. C’est les médias qu'il faut ne pas aimer, et laisser les jeunes gens qui ont des choses à dire écrire leurs livres. Celui-ci ressemble à un conte populaire : les fées d'Édouard Louis c'est l’école de la République qui pour une fois a joué son rôle et l'a aidé à sortir de sa misère psychique, et à devenir le garçon brillant qu'il est devenu, quoique définitivement marqué.
D’abord il y a sa famille : Zola en l’an 2000, on l’a dit. Des êtres frustres, rustres. La pauvreté, l’alcool, l’absence d’horizon. On a parlé de règlement de compte, je ne l'ai pas vu. Peut-être en rajoute-t’il, peut-être pas. C’est sans importance (il y a écrit « roman »). Ce sont des faits et des comportements, insoutenables pour nos yeux éduqués et privilégiés. Mais cependant, si on veut mettre un peu de bienveillance dans sa lecture, j'ai cru déceler en eux tous, des failles, une humanité. Et si je l’ai lue, c’est qu’Edouard Louis l’y a glissée.
Toute cette bassesse, cette arrogance vulgaire, cette sauvagerie, ce n'est jamais que de la peur, la peur de l'autre chez des gens qui n'ont jamais eu droit à la parole, mais aussi à ce qu'on leur parle, à ce qu'on leur explique. Malgré tout le rejet qu'ils inspirent, ils souffrent et aiment, mais ils n'ont pas eu la chance qu'on leur apprenne à l’ exprimer dignement. Mais quand même, le père a décidé de ne jamais frapper ses enfants, et s'y tient ; croyant mourir, il donne cérémonieusement une chevalière à son fils, qu'il a pourtant l'air de tant rejeter ; il y a plusieurs tels petits gestes rapportés, sous le flot de grossièretés, qui montrent l'homme en lui. L’homme souffrant. Malgré tous ces dénigrements , malgré l'horreur que leur inspire l'homosexualité de leur fils, pour eux totalement inacceptable, ils n'en sont pas moins fiers. (Edouard Louis écrit un chapitre qu'il appelle L'autre père où il rapporte des faits "honorables" en rapport avec son père. Si son père pouvait écrire, il écrirait surement lui aussi un chapitre intitulé L'autre fils pour éclairer son ambiguïté à son sujet)
Finalement je me disais : ce qu'il y a de plus curieux, ce n'est pas tant que de tels gens existent, c'est surtout qu’il soit besoin d' expliquer qu'ils existent, car dans la vie, nous en côtoyons, j'en vois dans mon bureau, j'en vois dans ma rue. Il suffit de choisir de les voir. . Et puis, cette homophobie, cette horreur de voir leur fils être (et devenir) autre, je ne pense pas que cela soit lié uniquement à leur inculture, c'est trop facile, ce n'est vraiment pas une question de classe sociale (le dernier paragraphe du livre le prouve bien et nous-même comment aurions-nous réagi avec toutes nos belles idées et notre belle conscience donneuse de leçons ?).
Et c’est le 2e grand thème du livre, ce garçon, qui, dès la petite l'enfance s'est senti différent, et a été ressenti différent par les autres. Qui a discerné peu à peu en quoi cela consistait, en a eu peur, en a même été dégoûté (comme dans Le secret de Brokeback mountain), a subi, dans la famille, au village, au collège, les humiliations et les insultes qui y étaient liées, a tenté selon les moments de l'apprivoiser, de le nier, de le dépasser, a souffert dans son corps et dans son âme. Ce garçon, qui, quand il est enfin arrivé à sortir avec une fille, jubile en se répétant dans sa tête : « guéri, guéri ». Et qui, peu à peu, construit sa défense : la fuite. Une fuite comme une construction.
Sans pathos, sans fiel, En finir avec Eddy Bellegueule est un roman d’éducation absolument terrible.
Il serait sûrement intéressant de lire Histoire de ma sexualité, qui est sorti quasi en même temps, un livre d’Arthur Dreyfus, un jeune gay qui se retourne aussi sur ses années de formation, avec peut-être encore plus d’acrimonie, alors qu’il est issu d’un milieu branché. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edouard Louis Sam 17 Mai 2014 - 18:41 | |
| Ce que tu dis de ce roman (notamment le regard porté sur les parents) me semble très juste malgré des réserves que j'aurais concernant son style. C'est évidemment très subjectif. Je n'en ai pas parlé parce que je ne voyais pas trop quoi ajouter à ce que vous avez déjà tous exprimé. Si j'interviens c'est d'abord parce que je vous lis tous avec intérêt et que je ne le souligne peut-être pas assez.
Mais aussi parce qu'en ayant récemment vu le film et lu le roman d'Abdellah Taïa sur son propre parcours de vie (L'armée du salut), où l'homosexualité, la quête de liberté et le rejet ambivalent de son milieu sont également très présents, j'ai trouvé ce dernier (Taïa) beaucoup plus marquant, pudique dans la violence pourtant très forte, touchant, juste et surtout meilleur écrivain (assez bon cinéaste aussi d'ailleurs). Question de maturité ou d'inspiration? Je crois surtout que sa réflexion est plus riche, plus originale, moins prévisible. Avec Edouard Louis j'ai eu le sentiment de voir se dérouler un récit sans surprise et convenu bien qu'authentique (enfin j'espère et je le crois). Surtout une écriture un peu appliquée et sans relief. Abdellah Taïa n'est peut-être pas un écrivain génial mais il dit des choses lucides, dérangeantes et fortes avec une grande sensibilité et beaucoup de nuances. J'espère qu'on le lira au moins autant qu'En finir avec Eddy Bellegueule car je crois qu'il le mérite.
On semble également découvrir avec effarement (et un peu de fascination?) la violence archaïque d'un tel univers alors que c'est une réalité quotidienne qui n'est malheureusement quand même pas une grande surprise. Reste que son récit est frontal, sincère et émouvant. J'espère que son style s'enrichira progressivement et qu'il aura plein de choses à nous raconter. Et en disant ça je ne cherche pas la joliesse ou le lyrisme. Il écrit quand même de façon assez plate (blanche serait le mot à la mode). Voilà mon petit bémol... | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Edouard Louis Sam 17 Mai 2014 - 18:53 | |
| Je n'ai pas parlé du style parce que justement il n'y a pas grand chose à en dire. Ce n'est pas mal , ou bien écrit pour qu'on ait envie d'en parler. Pour le parallèle avec Abdellah Taïa (que je ne connais pas et que je note) , il faut souligner que Taia a 40 ans, et Edouard Louis un peu plus de 20. Il écrit "à chaud" en quelque sorte. Ce qui explique sans doute en partie que tu trouves Taïa - Marko a écrit:
- beaucoup plus marquant, pudique dans la violence pourtant très forte, touchant, juste et surtout meilleur écrivain (assez bon cinéaste aussi d'ailleurs). Question de maturité ou d'inspiration? Je crois surtout que sa réflexion est plus riche, plus originale, moins prévisible. .
. Il y a sans doute aussi que Edouard Louis s'est approprié "notre" langue depuis si peu de temps. Il va mûrir (mais je me souviens avoir entendu un jour une interview de quelqu'un issu de la discrimination positive disant qu'on pouvait s'approprier tous les codes à fond, sauf la langue. Qu'il restait toujours quelque chose de ce manque primordial). S'il a d'autres choses à raconter que son histoire, nous verrons bien. | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Edouard Louis Dim 18 Mai 2014 - 8:23 | |
| Marko, tu réveilles ma frustration… je veux voir le film de Taïa.. J'espère qu'il sera toujours à l'affiche quand je pourrais repasser dans une grande ville. J'ai été profiter de la journée contre l'homophobie (sic !) pour aller assister à une rencontre avec E. Louis hier. Difficile de penser qu'il n'a que 21 ans. Echanges intéressants qui ont largement dépassés ce sujet, la politique et la sociologie ont été largement abordés. Le féminisme aussi (il ferait un bon ambassadeur). - Marko a écrit:
- Je crois surtout que sa réflexion est plus riche, plus originale, moins prévisible.
Prévisible ? Oui, si on connait bien son histoire, mais sinon, la probabilité qu'il quitte sa ville était quasi nulle, et qu'il fasse un BAC général, encore moindre… bien que je connaissais son parcours, je me demandée comment il allait pouvoir partir. (Hâte de voir le film de Sciamma à ce sujet, puisqu'elle aborde, il me semble un peu l'orientation scolaire de ses djeuns). Je ne suis pas du tout d'accord sur le convenu.. il aborde les prémisses de ses désirs avec beaucoup de frontalité, ce qui m'a surprise. Ensuite, beaucoup de personnes nient le contenu du roman, parce que ce n'est pas politiquement correct… et pense qu'il affabule. La "gauche" notamment est assez frileuse sur ce fait… Dire que d'être toléré en tant qu'homosexuel (et de façon plus générale en tant que minorité) est plus violent dans certains milieux populaires est certes une évidence pour beaucoup, les personnes en questions sont carrément des invisibles (je ne dis même pas vivre son homosexualité, parce que dans certains endroits, on n'y est pas encore). C'est bien simple, où je vis, il n'y a pas d'homosexuels… (le peu qui restent sont contraints à être le moins visibles possible, et restent inidentifiables). Aucun mariage célébré non plus.. étrange non ? Et son roman est bien plus large qu'il n'en parait. L'histoire de sa soeur et de ses amies dans le livre met aussi en lumière que l'émancipation de la femme n'est pas au même point partout. Etre une femme, c'est encore procréer (et le plus tôt possible), choisir son homme tôt, et ne pas multiplier les conquêtes, etc… La Picardie reste un département avec un fort pourcentage de mineures qui ont leur premier enfant tôt, et ce fait, arrêtent les études. Pour info, un lycée agricole a ouvert une association pour les LGBTI, les premiers à s'y opposer ont été .. les professeurs… | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edouard Louis Dim 18 Mai 2014 - 9:34 | |
| Le sujet est intéressant et a été abordé depuis longtemps par pas mal de jeunes écrivains, gays ou non, qui voulaient témoigner, exorciser, dépasser ce qu'ils avaient vécu. A commencer par les modèles dont Édouard Louis se revendique (Didier Eribon ou Annie Ernaux pour le mélange de sociologie et d'auto fiction). Les Guibert, Dustan plus polémiques ou plus récemment de Nina Bouraoui à Abdellah Taia ou même Christophe Honore ecrivain ou Olivier Py, sans parler de tant d'auteurs du passé. Je veux juste dire que si Édouard Louis m'est très sympathique et qu'il est intéressant à écouter je ne trouve pas son écriture terrible par rapport à bien d'autres auteurs qui ont écrit à son âge ou quelques années plus tard (Taia a 27 ans pour son premier roman et 33 quand il écrit L'armée du salut). L'histoire est effectivement frontale et dure mais il l'écrit trop basiquement pour moi (j'ai toujours en tête cette phrase de Darkanny à propos des livres qu'on aurait l'impression d'être soi même capables d'écrire sans avoir le moindre talent quelconque. Juste en racontant ce qu'on a vécu). Moi qui suis souvent enthousiaste et qui n'aime pas voir égratigner des artistes que j'aime, je me rends compte que c'est difficile d'avoir la dent un peu plus dure quand d'autres ont aimé. Reste que je serais heureux qu'un Abdellah Taia soit autant lu et apprécié qu' Edouard Louis dont l'écriture ne m'a pas emballé. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Edouard Louis Dim 18 Mai 2014 - 10:15 | |
| Au delà du problème de la sexualité, c'est bien l'autre qui gêne en lui. Le fait qu'il ne joue pas le jeu commun, qu'il démontre que ce sort n'est pas une fatalité et qu'il y a moyen d'en sortir. Si lui sait faire autre chose de son propre destin, il n' y a plus moyen de dire qu'ils n'ont aucune responsabilité là-dedans. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edouard Louis Dim 18 Mai 2014 - 11:16 | |
| S'epanouir et vivre son homosexualité (être différent) peut être une épreuve violente tout autant dans les milieux favorisés. Dans tous les milieux en général d'ailleurs. Certains plus que d'autres. Il parle d'une France prolétarienne comme Taia évoque l'impossibilité de s'affirmer en tant qu'homo dans la tradition musulmane ou de trouver une relation amoureuse en dehors d'un rapport de pouvoir avec les métropolitains (valeur marchande dans les rapports orient occident ou favorisés/ défavorisés en général). Dans les 2 cas ils accèdent à la culture et partent. Pour Taia c'est plus dur parce qu'il se retrouve seul à l'aéroport et ne peut financer ses études au départ. Il finit à l'armee du salut. C'est un autre débat mais il y a la même solitude pour exister et avancer malgré les autres. Faire le deuil de sa famille et pleurer en entendant une chanson d'enfance... Ce sont les codes sociaux, le langage, les différences culturelles, la peur de l'autre en soi (titre d'un bon ouvrage sur le sexisme et l'homophobie), la fierté, la bêtise, l'ignorance et la cruauté aussi souvent qui contribuent à cette incompréhension. Mais il y a évidement des gens cruels et ignorants chez les plus favorisés et des gens incroyablement généreux et ouverts chez ceux qui le sont moins. Reste la manière de l'écrire ensuite.
Petite parenthèse c'est Kazantzakis, Crebillon fils, Mohamed Choukri et René de Ceccatty qui ont guidé les pas d'Abdellah Taia comme Bourdieu ou Eribon pour Édouard Louis. Autant de pistes de lecture ! | |
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| Sujet: Re: Edouard Louis | |
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| | | | Edouard Louis | |
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