Edouard Louis

J'ai relu rapidement le fil, et je crois que personne n' a prétendu que l'écriture était géniale, nous sommes tous d'accord.

(Mais je serais bien incapable d'écrire  ne serait-ce que quelque chose d'approchant)

Sur l'écriture il reconnait ses limites, et explique comme le lycée général a été difficile, ne serait-ce que pour rattraper les lacunes en orthographe.
Quand on voit comment ils s'exprime à présent à l'oral, y'a de l'espoir !

Maryvonne a écrit:

Sur l'écriture il reconnait ses limites, et explique comme le lycée général a été difficile, ne serait-ce que pour rattraper les lacunes en orthographe.
Quand on voit comment ils s'exprime à présent à l'oral, y'a de l'espoir !

C'est sûr! Je ne peux qu'être d'accord   

Pour moi, en tant que lecteur, pour porter valablement un contenu qui puisse réellement toucher, il faut que la langue suive. Les deux aspects sont inséparables, intriqués, à mes yeux tout au moins. Ce livre ne m'a pas ému et je persiste à penser que c'est une information documentaire.

topocl a écrit:

J'ai relu rapidement le fil, et je crois que personne n' a prétendu que l'écriture était géniale, nous sommes tous d'accord.

(Mais je serais bien incapable d'écrire  ne serait-ce que quelque chose d'approchant)

Je ne l'ai pas trouvé nulle. J'ai lu bien pire.
Ecriture correcte pour moi.

monilet a écrit:

Pour moi, en tant que lecteur, pour porter valablement un contenu qui puisse réellement toucher, il faut que la langue suive. Les deux aspects sont inséparables, intriqués, à mes yeux tout au moins. Ce livre ne m'a pas ému et je persiste à penser que c'est une information documentaire.

L'écriture de facture sociologique est-elle hermétique à vos yeux, monilet? Pour ma part, c'est l'un des dilemmes que j'entretiens dans la suite de mon parcours scolaire/vocationnel/professionnel. À cet égard, Edouard Louis semble offrir quelques avenues intéressantes pour quelqu'un comme moi. Je dois dire que la poétique de mon écriture prend le dessus même si j'ai un côté assez sociologique dans ma façon d'aborder les choses.

Sans doute, en tout cas cela ne s'intègre pas à ma conception de la littérature qui d'ailleurs relève davantage du ressenti que de la formulation d'une définition ; pourtant j'aime beaucoup l'écriture "blanche" de Duras qui, elle, me touche.

Effectivement, c'est important de sentir l'écriture et ce que nous touchons comme matière littéraire. Mais encore, nous entrons dans un autre dilemme qui est de l'ordre des conventions et des codes littéraires. Il me semble important de revenir à ce qui fonde l'expression première, et savoir dire ce que nous avons à dire sans nous soucier de ce qui fait effet littéraire - ou pas. À ce trait, nous vivons toutes sortes de tensions dans l'écriture et je crois que l'écriture sociologique tout comme le style journalistique peuvent constituer des écueils à dépasser.

Marko a écrit:

Le sujet est intéressant et a été abordé depuis longtemps par pas mal de jeunes écrivains, gays ou non, qui voulaient témoigner, exorciser, dépasser ce qu'ils avaient vécu. A commencer par les modèles dont Édouard Louis se revendique (Didier Eribon ou Annie Ernaux pour le mélange de sociologie et d'auto fiction). Les Guibert, Dustan plus polémiques ou plus récemment de Nina Bouraoui à Abdellah Taia ou même Christophe Honore ecrivain ou Olivier Py, sans parler de tant d'auteurs du passé.

Ca n'en fait pas tant que cela...  

Je n'ai pas lu Eribon (il dit avoir un fil pour lui, j'irai faire un tour), je ne sais pas concrètement quel était son milieu social.
Pour Annie Ernaux, bien qu'il y ait un gouffre entre ses parents et elle, lié à l’ascension sociale, mais c'est difficile de les mettre sur le même plan socialement... pas de violence physique chez elle, et j'avais ressenti un foyer aimant dans ses livres. La situation des parents est bien plus stable, pas délinquance...
Dustan, c'est clairement pas le même monde !

E. Louis semble venir d'un milieu bien plus difficile que la plupart (en ne se limitant pas uniquement à l'aspect financier). Pour ma part, c'est une voix que je n'ai pas retrouvé ailleurs.

D'ailleurs, c'est marrant, Édouard Louis raconte que le nouvel obs maquille sa mère, la relooke, et surtout la prend en photo dans un logement qui n'est pas le sien. Comme si la description de la misère était un gros tabou pour ses lecteurs...

Après pour l'écriture, je ne suis pas objective, ce sont les faits qui m'ont intéressés, et je suis incapable de dissocier d'oublier le fond pour me concentrer sur la forme ! D'ailleurs, cette écriture simple explique sûrement partiellement pourquoi le livre marche mieux que d'autres sur des thèmes proches : pour le coup, c'est le la littérature qui n'est pas élitiste, et reste lisible pour un public large.

Oui, il touche un public très large. Pas mal d'amis ou de connaissances d'univers différents  et qui lisent peu ont tous lu ce roman. Une sorte de mini phénomène de société. Pour de bonnes et de mauvaises raisons je suppose. Empathie pour ce garçon et la dureté de son parcours et peut-être aussi un peu de voyeurisme concernant la misère sociale et la violence "à la Zola" (on en est loin littérairement). C'est ce qui a amené dans un registre bien différent les gens à s'emballer pour les Ch'tis. Rire d'eux et avec eux. Se sentir proche de quelque chose de simple et populaire mais en même temps différent et de pouvoir en rire. Je suis content que beaucoup de gens lisent Edouard Louis sur un sujet qui dérange encore. Mais qu'ils lisent aussi Abdellah Taïa     J'enfonce le clou!

Quel titres conseilles-tu? (bien qu'on soit sur le fil d'Edouard Louis)

Ca les fait rire ? Ici, pas trop....

(je vais lire ton chouchou promis !)

Maryvonne a écrit:

Ca les fait rire ? Ici, pas trop....

J'ai bien précisé "dans un registre différent". Les ch'tis font rire à leur dépens (et en connivence aussi). Edouard Louis touche par sa sincérité mais il doit y avoir aussi une attirance pour le coté trash de ce qu'il raconte.

Maryvonne a écrit:

(je vais lire ton chouchou promis !)

  

topocl a écrit:

Quel titres conseilles-tu? (bien qu'on soit sur le fil d'Edouard Louis)

"L'armée du salut" surtout et "Le jour du roi"(Prix de Flore 2010). Je dois lire Une mélancolie arabe qui serait un mur moins bon d'après les échos de la presse. Mais il a son fil ...