LC L'Afrique par tous ses pays

C'est bien parti cette fois, il y a vraiment une bonne dynamique.

Je ne vois peut être pas bien, mais je n'ai pas vu le Cap Vert sur la liste des pays ?

Arabella a écrit:

Je ne vois peut être pas bien, mais je n'ai pas vu le Cap Vert sur la liste des pays ?

en effet, bien vu, je l'ai ajouté

C'est parce que j'ai un livre sur ma LAL.   

Arabella a écrit:

C'est parce que j'ai un livre sur ma LAL.   

:lol:et moi j'ai réalisé ce matin que j'avais tout à fait zappé ces "petits tas" à côté du grand continent... et c'est d'autant plus marrant que la natioinalité du Cap Vert figure en grande majorité parmi les étrangers vivant chez nous

je continuerai mes lectures la semaine prochaine, pour cause de vacances scolaires (mamy occupée)

Bonne semaine avec ta petite fille, Bédou.

Les vacances scolaires, c'est sont des vacances rien que pour les enfants.  

J'ai lu un article très motivant sur la traduction enfin disponible depuis le 20 février de La sourde violence des rêves de K. Sello Duiker qui s'est suicidé en 2005. J'en ferais bien ma première lecture de ce challenge Afrique... Je vais faire un tour au furet...

Nous attendons que tu nous en parles, Marko.   

Arabella a écrit:

Nous attendons que tu nous en parles, Marko.   

Je le démarre après le roman de Bosco.

Bonnes vacances avec les petits, Bédou.

Bonne lecture Marko, Duiker (que je n'ai jamais lu) était considéré avec ses deux romans comme un très grand auteur et observateur de la complexité de la société sud-africaine. Son suicide a laissé un grand vide.

Pour ceux qui seraient intéressés par l'Afrique du Sud voici quelques lectures (plus ou moins originales) que j'avais postées sur mon blog:


-Un polar efficace


13 heures de Deon Meyer




On ne présente plus (ou à peine) Deon Meyer, le poids lourd du polar sud africain. Il écrit en afrikaans et est traduit dans 15 pays



Voilà une histoire qui a du rythme et pour cause car elle se déroule en 13 heures (comme l'indique le titre). D.Meyer nous tient donc en haleine avec cette jeune américaine qui court dans les rues du Cap pour échapper à ceux qui veulent la tuer. Les paragraphes courts renforcent la tension.
J'ai aimé également la description des policiers qui représentent tous différents aspects de la société sud-africaine et la description de cette société des années 2000 (prise entre un passé indigeste et un désir d'évolution pas toujours évident dans cette nation arc-en-ciel).
Petit bémol: certains passages explicatifs semblent être un peu du remplissage (comme ces longs discours sur l'industrie du disque) et alourdissent parfois l'ensemble. C'est un bon moment de lecture malgré tout.




2-Un polar très sombre, sans compromis



Depreez, Le Noir qui marche à pied


Le superintendant Zondi, surnommé Bronx, a commencé sa carrière en coursant la racaille dans les townships du Gauteng et les rues de Johannesburg. Il est chargé d'enquêter sur une disparition d'enfant, la cinquième signalée à Pretoria depuis la rentrée des classes. (Quatrième de couverture)



Louis-Ferdinand Despreez nous donne une vision très sombre de l’Afrique du Sud à travers une enquête des kidnappings d’enfants et à travers les pensées de son personnage, l’inspecteur Zondi révolté contre l’état de son pays.

Tout le monde en prend pour son grade, les blancs qui pour certains sont restés racistes et se réjouissent des échecs que connaît le pays, les noirs qui sombrent dans l’alcoolisme et se posent comme victimes, les Etats-Unis et l’Europe qui après la fin de l’Apartheid se sont tournés vers d’autres causes à défendre, les touristes qui s’extasient sur l’aspect photogénique des townships, la place des femmes (les éternelles perdantes dans ce monde de machos blancs ou noirs)…

On l’aura compris, l’intérêt de ce polar réside avant tout (même si l’histoire se suit avec intérêt) dans le portrait d’une société encore très inégalitaire (la sélection impitoyable par l’argent a simplement remplacé celle faite selon la couleur). C’est une description un peu désespérante, parfois franchement réactionnaire mais qui a le mérite de soulever des questions importantes.

Le glossaire en fin d’ouvrage est très utile et intéressant car l’auteur utilise beaucoup de termes sud africains qui loin d’être un frein à la lecture constituent une immersion totale pour le lecteur.





3-Un roman psychologique très fin


M.Heyns, Un passé en noir et blanc



Peter Jacobs, un journaliste qui vit à Londres, revient dans la région du petit Karoo en Afrique du Sud où il a passé sa jeunesse. Il veut écrire une histoire autour de la mort de sa cousine Désirée assassinée par son mari, un policier noir. C'est évidemment moins pour l'enquête qu'il faut lire ce beau livre (même si l'histoire est très bien menée) que pour le portrait de l'Afrique du Sud des années 2010 que propose l'auteur. Dans cette période post apartheid, certaines rancoeurs sont tenaces, les vieilles blagues racistes nauséabondes abondent, l'insécurité, la corruption ont gagné du terrain, les violences commises par les noirs contre les kwerekwere (noirs d'autres pays africains venus en quête d'un eldorado) effrayantes.L'éloignement géographique de Peter lui permet de prendre de la distance pour tenter de comprendre son pays. Lui-même se sent un étranger. L'auteur nous livre ainsi une mélancolique réflexion sur le déracinement teintée également d'ironie et d'humour désabusé. Les personnages sont attachants et l'étude psychologique des caractères se fait tout en finesse évitant ainsi une vision des choses manichéenne.





4-Beau et cauchemardesque

Troy Blacklaws, Un monde beau, fou et cruel


Le tour de force de ce livre très bien écrit (et très bien traduit) est de faire jaillir la poésie de l'horreur, de la violence, pas dans l'optique d'esthétiser la pauvreté, la cruauté mais plutôt pour montrer que la beauté est l'ultime rempart contre la barbarie. Et de barbarie il en est abondamment question (femmes violées, noirs exploités et tués, animaux torturés...). Heureusement il reste certains signes d'espoirs dans une main tendue, un regard empli d'amour, la tendresse d'un clochard pour son chien.
Extrait:
« Les trous dans les Puma de Panganai lui disaient aussi qu'il fallait partir. La jupe d'école de Tendai à l'ourlet rallongé et décoloré lui disait qu'il fallait partir. La huche à pain vide lui disait qu'il fallait partir. Les aboiements des chiens errants, qu'il écoutait quand il était réveillé au milieu de la nuit, lui disaient qu'il fallait partir. D'une façon ou d'une autre, il fallait qu'il les mette à l'abri de ce monde de fous infesté de rats, de l'indigence et de la mendicité, de la peur et de l'indécision. »




5-Un guide intelligent et bourré d'humour


Sophie Bouillon, Une vie de pintade en Afrique du Sud


Comme tous les ouvrages de la collection, cet opus est plus un descriptif d'une société qu'un guide touristique même si comme à chaque fois le carnet d'adresses est soigné. Il faut signaler qu'il est beaucoup plus question de Johannesburg que du Cap car c'est dans cette ville que la journaliste Sophie Bouillon a vécu 5 ans et l'on sent qu'elle s'y est immergée complètement. Elle parvient à produire un livre intelligent, bourré d'humour et empathique.
Fidèle à la ligne éditoriale féministe de la série, l'auteure décrit la vie sud-africaine essentiellement du point de vue féminin même si les hommes ne sont pas oubliés. Il y a d'ailleurs des portraits masculins très intéressants comme ce lui de ce Suggar daddy, un papa gâteau qui achète les faveurs sexuelles de très jeunes filles, « le genre d'hommes que l'on aimerait détester ». On finit par apprendre qu'il a passé 20 ans de sa vie en prison pendant l'apartheid : « En regagnant ma voiture je repensais à ce vieil homme resté bloqué dans une jeunesse qu'il n'avait jamais connue, avec comme seule arme de libération sa carte de crédit. »
Ce sont donc les rencontres, drôles, attachantes, émouvantes qui font le sel de ce livre. Cette mosaïque de portraits permet de décrire différents aspects et de rendre l'ensemble vivant. On retiendra le combat de Gail Johnson pour aider les mères séropositives et les orphelins, dans un genre plus léger la devise de Siphokazi « La vie est trop courte pour porter des trucs longs ». On apprendre ce qu'est une noix de coco (une personne noire de peau qui pense comme un blanc), que les onze langues officielles sont parfois un vrai parcours du combattant pour écrire et tourner un soap opera à la télé publique, que l'apartheid est encore dans les têtes : « Mandela avait pourtant promis...Quoi ? Que nous a-t-il promis ? Qu'il effacerait la passé ? Un arc-en-ciel n'apparaît jamais sur un ciel bleu. »


6-Ecrire pendant l'apartheid


W.Ebersohn, Coin perdu pour mourir


Un domestique noir est accusé d’avoir empoisonné avec des champignons son jeune maître. Il croupit dans une cellule en attendant son procès à moins qu’il soit déclaré fou et donc irresponsable, à moins que ce ne soit pas lui le coupable. C’est ce que va essayer de déterminer Yudel Gordon, le psychiatre de la prison.

C’est un livre courageux, écrit en plein apartheid, il a d’ailleurs longtemps été interdit en Afrique du Sud. L’histoire, l’ambiance et le contexte font penser à des films comme Dans  La Chaleur de la nuit ou à Mississipi burning. Il y est question des mêmes injustices, des mauvais traitements que subissent les noirs (et même les juifs ici) avec la complicité de la police. L’auteur montre dans toute son horreur les petits blancs accrochés à leur suprématie.

L’originalité de ce roman (et de la série policière écrite par Ebersohn) est d’avoir donné le rôle de l’enquêteur au psychiatre de la prison. Il combat l’injustice en utilisant les principes de la psychologie, en appuyant là où cela fait mal, en n’hésitant pas à bousculer mentalement les témoins. La facture du roman est classique mais le contenu est intense.  



7-Erudit et passionnant

David Van Reybrouck, Le Fléau

Livre inclassable, à la fois essai, récit de voyage, biographie, Le Fléau nous emmène sur des terrains qui semblent très divers comme la littérature, la vie des termites, les babouins, les drogues, la guerre des Boers, l’Afrique du Sud actuelle. Ce qui est passionnant c’est que l’observation des insectes, des animaux permet à l’auteur de poser un regard passionnant sur nos sociétés et sur leur organisation.


Le tout est traité avec un style très alerte qui nous oblige à tourner les pages d’une manière presque compulsive.


A partir d’un récit qui a priori ne peut intéresser qu’une poignée de spécialistes (Materlinck, le prix Nobel de littérature a-t-il plagié un auteur sud-africain dans sa Vie des termites ?), de fanatiques de l’auteur belge, David Van Reybrouck parvient à nous captiver en nous faisant suivre son enquête et en s’interrogeant sur la société sud-africaine.




8-Une plongée savoureuse dans les townships loin des clichés.


Niq Mhlongo, After tears (en français comme le titre ne l'indique pas)


Bafana quitte le Cap pour rentrer chez lui, à Johannesburg. Il a raté ses examens de droits et ne peut se résoudre à affronter le regard de sa famille qui a placé beaucoup d’espoirs en lui. Alors, la mort dans l’âme, il va leur faire croire qu’il a réussi et qu’il va devenir un brillant avocat. A partir de cette trame, Niq Mhlongo fait le portrait doux-amer, souvent truculent et dans un style très alerte, des petites gens qui vivent de combines, qui se débrouillent, qui aiment, qui vont au café, qui essaie d’avoir une vie normale. Il nous entraîne dans les townships (l’auteur, né en 1973, a vécu longtemps à Soweto) et nous fait voir un univers méconnu en nous racontant la nouvelle Afrique du Sud confronté au chômage, au sida. Quand on pense à cet univers, à ces thèmes on imagine déjà  l’horreur, l’aspect pathétique et tragique, le désespoir. Or Mhlongo déjoue les attentes, balaie les clichés.



Il ne faudrait pas croire qu’il fait de ces personnages des victimes, que c’est plaintif, sinistre puisque l’auteur, même s’il appuie où cela fait mal, utilise abondamment l’humour et l’ironie.



Les techniques et tentatives de Zero notamment sont savoureuses : « A la manière dont elle prit son temps pour répondre, il était évident qu’il figurait sur sa liste des ‘non, non, non’ ; pourtant Zero n’était pas prêt à abandonner. « -Comment t’appelles-tu, mabhebeza ?-Syphilis.-Wouah, c’est un très joli nom, ça. Et tu habites où, sis Phyllis ? » Je manquai éclater de rire en comprenant que Zero n’avait pas bien entendu la réponse de la femme. »

Je vois que cela fait un moment que tu t'intèresses à l'Afrique, Madame B. Il faudrait que je regarde ça de près, je n'ai toujours pas d'auteur sud-africain sur ma liste.

Arabella a écrit:

Je vois que cela fait un moment que tu t'intèresses à l'Afrique, Madame B. Il faudrait que je regarde ça de près, je n'ai toujours pas d'auteur sud-africain sur ma liste.

Surtout à l'Afrique du Sud, il y a un tel foisonnement d'auteurs. Pour le reste du continent je suis assez inculte.

Afrique du Sud, he ne connais que Schoeman que j'aime beaucoup et j'ai dans ma pal Breyten Breytenbach (Confession véridique d'un terroriste albinos)

et andré Brink (une saison blanche et sèche) je les lirai dans l'année

merci pour les idées Maddy !

ce challenge peut aussi se faire en image... Domreader a eu à un moment donné une photo de lui en avatar après la visite d'une expo avec ses oeuvres... et c'est peut être aussi intéressant pour Maddy qui aime bien l'Afrique du Sud



David Goldblatt

Citation :

David Goldblatt a photographié pendant des décennies le paysage politique d'Afrique du Sud, portant un intérêt particulier pour l'histoire de son pays. Depuis les années 1960, il a ainsi observé l'évolution sociale et politique de la société sud-africaine, explorant la relation entre les individus et les structures dans lesquelles ils vivent. Ses photographies ont apporté un témoignage de la vie quotidienne en Afrique du Sud non seulement sous l'Apartheid mais aussi depuis la fin du régime ségrégationniste.

et la collection Photo Poche d'Actes Sud est vraiment très bonne

 je suis dans les temps - six livres sur douze mois: tous les deux mois un livre pour le faire sans stress

ma première lecture: commentaire