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| LC Giono : Le Chant du Monde | |
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+3colimasson unmotbleu Bédoulène 7 participants | |
Auteur | Message |
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unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 65 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Jeu 15 Mai 2014 - 18:18 | |
| Nous suivons les traces du Besson avec Antonio (celui là, c'est le bel homme, celui qui nous plaît à nous autres femmes :-) et Matelot le père du jumeau. Le premier fait corps avec le fleuve, l'autre avec la forêt. Tu as raison, Bédoulène, tous nos sens sont en éveil et l'imaginaire est en émoi. C'est un texte qui se voit, qui se respire, se goûte, s'écoute et s'approche à tâtons ou se pétrit, c'est selon. Je me régale! | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Jeu 15 Mai 2014 - 19:39 | |
| J'ai commencé ..... Oui du Giono grand classique dans toute l'excellence de son art descriptif ! Mais comme cela ne me suffit pas , n'étant pas une contemplative , j'ai hâte de rentrer dans l'histoire pour y découvrir quelques complexités à la Giono dont il est grand maître aussi ..... A suivre ! | |
| | | unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 65 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Jeu 15 Mai 2014 - 19:49 | |
| Une femme qui accouche la nuit en pleine forêt, c'est déjà un évènement, non? Pourquoi? Comment? Qui?... Je suis une contemplative, je l'avoue mais alors il me faut du beau, du grand, de l'intense, du puissant à contempler. Dès la première ligne du texte, je suis prise. Bon, ben, voilà. c'est peut être à cause de l'Antonio (?) | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Ven 16 Mai 2014 - 8:56 | |
| Si tu n'es pas une contemplative Eglantine, je ne te conseille pas celui que je lis aussi "Batailles en montagne", il y a de très nombreuses pages de descriptions (somptueuses)
par contre Unmotbleu si tu ne l'as déjà lu fonces !
je reviens dans la soirée | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Ven 16 Mai 2014 - 10:22 | |
| Je vous rejoins ce w end ! gardez un peu de vos forces !! | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Ven 16 Mai 2014 - 11:15 | |
| - unmotbleu a écrit:
- Nous suivons les traces du Besson avec Antonio (celui là, c'est le bel homme, celui qui nous plaît à nous autres femmes :-) et Matelot le père du jumeau. Le premier fait corps avec le fleuve, l'autre avec la forêt.
Tu as raison, Bédoulène, tous nos sens sont en éveil et l'imaginaire est en émoi. C'est un texte qui se voit, qui se respire, se goûte, s'écoute et s'approche à tâtons ou se pétrit, c'est selon. Je me régale! Oui, les "premiers rôles masculins" à la Giono, si j'ose m'exprimer ainsi, sont souvent "beaux" à l'âme comme, on le suppute, au physique, mais il a le grand mérite de les faire tous très différents, ce n'est jamais le même caractère, ou type, de "premier rôle masculin", ils n'ont absolument rien à voir entre eux hors cette espèce de pureté ou de grandeur d'âme, qui serait le plus petit dénominateur commun (voir Saint-Jean de Batailles dans la montagne, Antonio ici, Angelo du Hussard, Langlois d' Un roi sans divertissement et des Récits de la demi-brigade, Albin d' Un de Baumugnes, etc...). Sinon, d'emblée, le fleuve de nuit est vivant, animalement vivant ou quasi, voir les paroles échangées par Antonio et Matelot ou bien sûr par les descriptions Gionesques: histoire que, d'entrée, le lecteur sente bien que le monde de ce chant du monde est un tout dans le lequel êtres, animaux, végétation et forces telluriques (air, eau, plus tard dans le livre feu) se contraignent et ne vont pas l'un sans l'autre, ne sauraient être séparés: Tout comme ces modillons des églises romanes, à figures humaines ou humanoïdes, sont en surimpression visuelle, bien que côte à côte, des entrelacs à motifs végétaux ou animaux des métopes, et qu'isoler les uns des autres dans la contemplation revient à faire une lecture plus qu'incomplète ou bancale: une lecture atrophiée de l'oeuvre. | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Ven 16 Mai 2014 - 14:48 | |
| Que de sensualité dans la description physique de "l'Antonio" : Giono écrit avec tous ses sens en éveil et pour le coup , ce personnage a quelque chose d'irrésistible ..... Immergé dans la puissance terrienne , lorsque il décrit aussi toutes les sensations de celui-ci , sur terre comme dans l'eau , ça prend une dimension quasi érotique ! - Citation :
"Enfin il trouva une petite faille dans le courant . Il s'y jeta dans un grand coup de ses deux cuisses . L'eau emporta ses jambes . Il lutta des épaules et des bras , son dur visage tourné vers l'amont .Il piochait de ses grandes mains ; enfin , il sentit que l'eau glissait sous son ventre vers la bonne direction .Il avançait .Au bout de son effort , il entra dans de l'eau plate à l'abri de la rive .il se laissa glisser sur son erre. De petites bulles d'air montaient sous le mouvement de ses pieds .Il saisit à pleines mains une racine qui pendait . Il l'éprouva en tirant doucement puis il se hala sur elle et il sortit de l'eau, penché en avant , au plein du soleil, ruisselant , reluisant Ses longs bras pendaient de chaque côté de lui souples et heureuxIl avait de bonnes mains aux doigts longs et fins . | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Ven 16 Mai 2014 - 15:10 | |
| Tu as raison Sigismond, c'est un tout ; j'ai dit que Giono avait l'art d'ouvrir nos sens, il faut en effet ajouter les éléments ! Ce que j'apprécie dans les hommes de Giono c'est leur caractère, bien trempé. Eglantine fascinée par l'Antonio ! J'aime aussi que les paroles soient naturelles, franches ; que les femmes comptent, que les personnes n'hésitent pas à se dénuder quand les faits s'y prêtent. En chemin Antonio s'étonne de rencontrer beaucoup de malades, pourquoi cette concentration ? où vont-ils ? Matelot et lui apprennent qu'ils espèrent en "celui qui guérit" un nommé Toussaint. Arrivés à villevieille, et après rencontres avec des gens de la famille du fameux Maudru et de ses ouvriers, ils se rendent chez celui qui vend des almanachs, à la demande de Junie précise Matelot. Ce dernier aura la surprise de reconnaître en cet homme, disgracié par la vie, le frère de sa femme. Antonio sent qu'il y a un contentieux entre eux. Mais il révèle où se trouve le besson. Toussaint sait peser les hommes, il accorde sa confiance à Antonio lequel apprend avec lui. Toussaint : "Je suis sur que je t'ai manqué Matelot. On a besoin de haïr fortement quelqu'un dans la vie."Pour aimer aussi fort ? Les rencontres faites le long du chemin montent en puissance l'efficacité du duo Matelot/Antonio bien installés dans leur rôle ; le père et l'ami, mais un même but : trouver et ramener le besson chez lui, à Junie. La personne de Toussaint, guérisseur, homme instruit permet un contraste des tempéraments des uns et des autres et apporte une réflexion supplémentaire au cas "besson". | |
| | | unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 65 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Ven 16 Mai 2014 - 18:49 | |
| Bédoulène tu vas trop vite! Eh, je n'ai pas eu le temps de lire aujourd'hui. Je le connais pas ce Toussaint moi. Ah! Tu vois, Eglantine, que tu es une contemplative, toi aussi... | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Ven 16 Mai 2014 - 19:06 | |
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| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Ven 16 Mai 2014 - 22:31 | |
| Shanidar nous rejoint comme dirait Topocl j'ai trouvé une "zone d'ombre" Je ne comprends pas pour quelle raison Junie la mère du besson accuse Antonio d'être responsable de la disparition du besson ? page 17 "Tu es là homme du fleuve ? demanda Junie du fond de la maison. - Je suis là, dit Antonio sans se retourner. - Tu sais ce qui est arrivé par ta faute ? - Je sais ce qui es tpeut-être arrivé, dit Antonio, et par la faute de personne. Sors un peu toi, qu'on te voie, dit-il encore. et encore : - Tu dois avoir du regret, maintenant, dit Junie. - De quoi demanda Antonio ? - Tu n'as pas eu de repos avant de nous avoir tirés sur ton fleuve, Antonio, dit la voix. Je croyais que tu m'aimais un peu comme ta mère, moi, la vieille. Mes deux bessons etc................................ ce n'est pas très clair, comment Antonio aurait-il attirer les bessons sur le fleuve ? il m'apparait que la coupe de bois c'était bien le domaine de Matelot et sa famille. vous en pensez quoi vous ?
Dernière édition par Bédoulène le Sam 17 Mai 2014 - 10:20, édité 1 fois | |
| | | unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 65 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Ven 16 Mai 2014 - 23:49 | |
| Le bois coupé est flotté, transporté par le fleuve. Est ce l'explication? Matelot et Antonio ont l'air de bien se connaître. Peut être se sont ils associés pour le transport du bois...
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| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Sam 17 Mai 2014 - 10:24 | |
| C'est tout de même un peu fort ce qu'elle dit ! si je dis des choses qui vous étonnent, c'est que je risque de mélanger, car je lis "Batailles en Montagne" - Spoiler:
c'est un peu promo du coup
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| | | unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 65 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Sam 17 Mai 2014 - 10:45 | |
| Et bien, j'y suis! Je l'ai "vu" le Toussaint. Pour arriver jusqu'à lui, c'est une épopée de chemin, de maisons. Je prends volontiers ma peau de contemplative pour m'imprégner de ce texte magnifique. "L'escalier décharné montait droit dans l'ombre du clocher, puis il tournait et au tournant, là haut, dans le frissonnement de fer d'un bosquet de laurier, une vieille maison crevée, échinée et rompue luisait comme un crâne de bœuf. Le vent siffla dans l'escalier, écrasa les lauriers, frappa la maison, sauta en silence dans le ciel et retomba là bas, loin dans la campagne sur une grosse forêt qui s'éveilla avec un grondement de chien. C'est là haut, dit Antonio. Dans l'ombre des lauriers là haut une longue maison avec du feu au fenêtres. Une petite eau de lune coulait dans les frisures de son toit. L'escalier montait entre des jardins fous, pleins de foin sauvages, d'orties et de figuiers sans feuille. Les herbes débordaient des murs crevés. Les derniers crapauds de l'automne chantaient dans les décombres avec leur voix de verre. Contre la maison éclairée, l'escalier jetait encore deux grosses marches, comme des vagues, puis il mourait là, au seuil coupé par une grosse porte ronde, presque charretière. C'est là, dit Antonio. - Oui, c'est là. Matelot soufflait. Il regarda autour de lui. -Leur palais des évêques! Au dessus de la maison on distinguait dans l'ombre du ciel une ruine toute mâchée de pluie et de vent, une terrasse bordée de balustres de marbres, des voutes et de larges fenêtres à croix de pierres. - On est arrivés." J'ai le souffle coupé d'avoir gravit cet escalier avec eux mais surtout par les mots choisis et le rythme saisissant! Le grand écrivain pointe son nez. Je me régale, je vous dis. | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Sam 17 Mai 2014 - 15:46 | |
| - unmotbleu a écrit:
- Une femme qui accouche la nuit en pleine forêt, c'est déjà un évènement, non?
Oui, quelle description ! On note que ça se produit de nuit (comme l'ouverture du roman). On note aussi le pays d'"en-bas" dont la description de réduit au biotope dans lequel vivent nos héros, et à rien d'autre (le fleuve=Antonio, la forêt=Matelot, sa bru et Junie), par rapport au pays Rebeillard, pas pas tout à fait d'"en haut", mais comme un monde intermédiaire, suspendu. Les gorges, avec tout le suivi du fleuve, qui est le seul fil ténu, le seul lien entre les "mondes"; qu'elle est magnifique, la scène d'Antonio remontant les gorges de nuit, à tâtons, à l'instinct, pieds nus pour ressentir la terre, qui se met à l'eau -sa géographie d'un lieu, et ses "prévisions" passent par une immersion dans le fleuve- et qui débouche, impromptu, dans le pays Rebeillard. Une première "erreur" (volontaire, je pense) ou impossibilité, invraisemblance avec le congre -qui est un poisson d'eau salée. Il ne rejette pas d'eau dans l'air, non plus, par la bouche. Mais un tel poisson était, à ce qui semble, nécessaire au narrateur: une anguille de taille gigantesque n'aurait pas suffi, et un silure n'a pas la tronche de l'emploi, n'aurait pas été un personnage adéquat. Quel est donc son signifiant, pour que Giono se permette cet écart, lui toujours soucieux de vraisemblance (autrement dit: pourquoi cette in congruité) j'avoue être sans hypothèse ? Le roman se peuple. Comme nouveaux personnages, nous avons le bouvier, estampillé "M" (Maudru s'introduit déjà), et qui cherche lui aussi le besson aux cheveux rouges, puis un personnage qui fait beaucoup de sens, sur lequel s'appuie la scène: la Mère de la Route, qui ne croit pas que le besson aux cheveux rouges soit mort ou repassé vers "en bas", le bébé et Clara, dont on finit par découvrir la cécité (à rapprocher de la nuit de l'entame du roman, de la nuit lors de l'entrée en pays Rebeillard, et cet accouchement, la vie alors que la mort planait depuis le début -mort évoquée du premier besson, dans la glaise, l'élément glaise n'est pas un hasard, et décès hypothétique, nous ne savons pas, du besson au cheveux rouges). | |
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