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| LC Giono : Le Chant du Monde | |
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+3colimasson unmotbleu Bédoulène 7 participants | |
Auteur | Message |
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Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Lun 19 Mai 2014 - 16:05 | |
| J'adhère à ce que tu dis Shanidar.
merci d'avoir trouvé la forme pour l'expliquer.
(j'avais relevé le passage où Toussaint explique à Antonio l'amour avec les insectes) | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Lun 19 Mai 2014 - 16:13 | |
| L'interrogation sur la perpétuation des espèces (animales comme humaine) se pose tout le long du roman.
Matelot part à la recherche de son dernier fils. Clara accouche aidée par les deux hommes et la femme de la route. Toussaint affirme à Gina qu'elle aura de beaux enfants solides alors qu'elle prévient le besson qu'elle ne veut pas avoir des enfants comme une taupe dans un nid de coucou (je résume !). Maudru lance une espèce de vendetta contre celui qui lui a pris sa fille et Toussaint est bien seul.
Cela en dit beaucoup sur l'idée de filiation... Giono a t-il eu une descendance ?? | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Lun 19 Mai 2014 - 16:41 | |
| oui, je viens de lire qu'il a eu 2 filles | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Lun 19 Mai 2014 - 16:52 | |
| ah merci Bédou... je me demande quel homme et quel père il était ? attentionné ? absent ? taiseux ? ou un brin apothicaire-alchimiste et prophète ??? | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 8:24 | |
| Aline Giono a écrit un livre : Mon Père : Conte des jours ordinaires (un père facétieux et tendre)
et sa fille Sylvie a écrit : La Provence gourmande de Jean Giono : le goût du bonheur et Jean Giono à Manosque - Le Parais, la maison d'un rêveur
cela peut présumer de bonnes relations, non ?
Giono a soigné l'une de ses filles atteinte de la tuberculose.
je viens de voir qu'à ma médiathèque il y a des livres de Citron Pierre sur Giono (je les emprunterai ) | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 10:09 | |
| merci encore pour ces précisions, Bédou. Oui, le bonhomme a l'air attachant mais c'est fou comme il est discret dans ses romans. | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 16:04 | |
| J'ai moi-même raté, sur un étal de brocante il y a quelques mois à peine, "Pour saluer Giono" de Pierre Magnan, en édition originale-premier tirage (titre composé d'après "Pour saluer Melville", de Giono) Pierre Magnan qui était tout jeune minot à l'époque Contadour, mais qui l'a vécu, côtoyant de près Giono. Les enfants avaient faim à cette heure-ci ce jour-là, donc je décide de repasser plus tard...et il était vendu; un coup à inaugurer un fil "les livres que vous regrettez de ne pas avoir acheté alors que vous en aviez l'occasion" !!
Pour revenir au Chant, un mot sur la cité, Vieilleville: toponyme parlant et allitération en "VL". Les villes, hameaux, lieu-dits etc... n'échappent pas aux qualificatifs organiques vivants dont se sert Giono pour les arbres, le vent, un torrent, la pluie, le sol, les montagnes et collines, la végétation en général, etc... ainsi, ces constructions, lorqu'elles sont par exemple ruiniformes il parle volontiers de leurs os ou squelettes, embusquées il compare à un nid de guêpes, etc... ce ne sont pas des choses, elles ne sont pas inanimées, elles sont mues par une existence propre (voir...la totalité de ses ouvrages, mais en particulier Colline, Regain, Le hussard sur le toit, les Récits de la demi-brigade, Les grands chemins, L'homme qui plantait des arbres, Batailles dans la montagne, L'iris de Suse etc, etc...).
La capitale du pays rebeillard (Maudru-city, rebeillard serait emprunté à la toponymie du massif-central et du Morvan)), est ancienne. Selon Pierre Citron que cite Bédoulène, Giono se serait inspiré de la ville de Sisteron et du village de Lurs + bien sûr de ses peu ordinaires facultés d'imagination propres pour "édifier" Vieilleville dans le roman.
Les ruines des hauts-quartiers décrites plutôt longuement attestent le patronyme, et Giono d'ailleurs souligne: "une grande ville très vieille", avant-dernière page du chapitre VIII. Une ville à flanc de colline ("la ville échelait à la colline"). On y entre par le bas, avec cette image très forte (limite pestilentielle) de la "sanie gluante et mordorée" du quai. Le fleuve n'est plus le liquide amniotique dont parle avec beaucoup de justesse Eglantine. La ville se découvre par des peaux de boeufs tannées séchant sur ce quai "écarquillées comme des étoiles" : ces étoiles, ce ne sont pas celles dont Antonio parle au bouvier plus tôt dans le livre, en termes poético-magiques. Il faut se les représenter comme un symbole hostile et fort, disons de macchabées "écarquillés".
L'atmosphère de Vieilleville ? Il y fait "Rembrandtien", clair-obscur indéfini sinon sombre: "En bas le fleuve bouillonnait sous un pont sombre". Les foulons de la tannerie s'y trouvent, avec ce rythme, qui est un rythme mécanique de mort et aussi de travail, que constitue le fond sonore tel que Giono nous le rapporte. Et l'odeur, qu'on présume, desdites tanneries: pour ceux qui ne connaissent pas, des ateliers de tannerie, c'est le haut-le-coeur, l'abjection si l'on n'est pas préparé; "une odeur d'écharnage, de tan, et de vieux plâtre giclait sous la main plate du vent". Et la dernière phrase du chapitre, au cas où l'on n'aurait pas bien compris où nous arrivons: "et il cracha un caillot de sang dans la boue" se passe de commentaires.
Le haut de la ville est "ruine osseuse" (voir ce que j'en dis ci-dessus), donc les beaux quartiers sont désertés, morts. La hauteur (situationnelle, et/ou sociale) est déchue. Seul Toussaint...
Le côté chtonien de la ville d'en-bas, la seule à subsister vraiment, comme un bas-fond qui aurait perdu son haut-fond, est d'autant plus mis en relief que Giono s'emploie dans des raffinements descriptifs inouïs pour nous transcrire le chemin d'accès à la maison de Toussaint, avec les escaliers interminables, les ruines transpercées de végétation, la dernière maison (la plus haute)... | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 17:26 | |
| Oh que c'est dommage que tu n'aies pu retrouver le livre ! surtout l'édition originale, mais qui sait peut-être un jour ! Merci Sigismond de nous décortiquer ce récit pour nous permettre d'en goûter le maximum ! Comme je viens juste de finir Batailles en Montagne, je comprends parfaitement pour "Le haut de la ville est "ruine osseuse" " je retrouve cette notion d'ossature pour la montagne. Lurs | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 19:22 | |
| Merci pour cette image évocatrice, Bédoulène ! Le final de " Batailles" est curieux, on ne sait pas au juste ce qu'il peut advenir de Saint-Jean, qui semble nous laisser là, je fonce lire tranquillement ton commentaire ! Chez Toussaint une surprise pour Matelot, puisqu'il le connaît sous le nom de Jérôme, surnommé "le clerc de notaire" (NB: dans Noé, si ma mémoire est bonne, il y a justement un notaire ou clerc de notaire nommé Saint-Jérôme, qui a pour caractéristique de tout savoir sur les biens, les fermes, les avoirs, les moeurs etc... des habitants de son canton, et même un peu plus loin: Google Earth + Google Map + Facebook avant l'heure plus des renseignements d'ordre bancaire et aussi privé, sauf que c'est à son seul usage et que c'est bien avant la moindre technologie). Toussaint ? C'est le frère de Junie. Giono et les fratries... (voir, par exemple, " Deux cavaliers de l'orage", ou encore " Le moulin de Pologne"). Toussaint-Jérôme qui s'est retiré (?) ou qui a déserté, qui a changé de nom...Là aussi, comment ne pas penser à un roman un peu énigmatique et pas très connu de Giono, qui devrait ravir les ramuziens du forum s'il y en a , Le déserteur ? En fait, Matelot lui-même a déserté (son métier, la mer) pour s'enfouir en forêt, et le songe du grand et funeste bateau blanc (à rapprocher du cheval blanc pour les gens de Vieilleville) est vécu comme un appel à trépas venant d'un passé non délié. Le besson aux cheveux rouges a, lui aussi, d'une certaine manière déserté, non ? On peut s'attendre à de grandes retrouvailles entre le besson et son père, et, s'il y en a eu, Giono nous les tait. Pas une ligne. En revanche, l'entrée tout en catimini de Gina " la jeune" Maudru, puis de ses griefs envers le besson, nous est signifiée sans tarder. L'amour et Toussaint, sujet qui vous inspire de fort belles réflexions, et je vous en remercie, c'est une joie de vous lire: Je le rapproche de ce que l'homme-insecte, avorton et difforme, dit des scarabées. Toussaint "pond" son amour à la terre(-mère ?), ou "dans" la Terre (majuscule), comme eux, par son action de médecin (?) de soignant-référent en tous cas. On sait, depuis l'approche de Matelot et d'Antonio vers Vieilleville, qu'on vient de loin pour le consulter, se faire soigner par lui. Dans mon message précédent j'évoquais la position de sa maison, on note aussi qu'elle est remplie d'alcôves, qu'elle donne sur "une enfilade de caves à demi écroulées" qui traverse la ville haute, ce qui sera bien commode pour nos protagonistes bientôt. Notez "le feu derrière les fenêtres" et le rôle de l'âtre, assez amplifié - toujours l'élément-feu, que nous n'avons pas fini de rencontrer dans ce roman. Et qu'on peut s'y dissimuler, la maison de Toussaint ? Elle est peu éclairée. Toussaint a le regard exorbité, mais, à un moment, Giono parle de son " regard de chèvre", il utilise le même terme pour l'étrange étranger de " Prélude de Pan". Le regard de chèvre est la marque, le signe gionesque, pour désigner le Dieu Pan, ou du moins quelqu'un qui l'incarnerait peu ou prou. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 20:50 | |
| (je suis une victime innocente). | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 20:54 | |
| Sigismond, que c'est confortable de te lire, j'apprends tellement.
Le Chant du monde, n'est ce pas justement le bruit, la chanson de l'amour, celui des Hommes, des animaux, de la Nature, de tout ce qui vit ?
la photo c'était il y a 1 an environ, lors d'une promenade
Dernière édition par Bédoulène le Mar 20 Mai 2014 - 20:56, édité 1 fois | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 20:55 | |
| - animal a écrit:
- (je suis une victime innocente).
une victime Ramuzienne ? | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 21:10 | |
| Je rejoins Bédoulène pour confirmer le plaisir de te lire Sigismond.
La maison de Toussaint ressemble pour moi à un caveau, hivernal. Car cette saison sans lumière semble prendre en tenaille la maison. Même dans les étages où dorment Matelot et Antonio la lumière paraît parcimonieuse et surtout évincée par ce grand bateau aux gréements tendus pour la haute mer et qui est l'image de la mort.
Il y a (comme souvent chez Giono) des ellipses qu'il nous faut combler à notre manière. Le personnage du besson (a-t-il un prénom celui-ci ?) est particulièrement dur, froid, loin (du père, de Gina, des autres). Je ne sais trop ce qui le tient debout en dehors de cette femme à grande bouche qui lui chatouille les reins et on devine finalement une parenté entre lui et le Maudru qui s'émeut en songeant à la manière dont sa femme, morte depuis, penchait la tête pour servir la gnôle et qui dans ce geste mettait tant de charme et de grâce qu'elle a emporté le cœur de cet homme qui semble bien dur, bien froid, bien seul... | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 22:24 | |
| Shanidar, je ne vois pas de parenté entre le besson et Maudru ? à part le fait que le besson "vole" à Maudru sa fille Gina
Je crois que ce que dit Toussaint quant au besson qui a récupéré la force et le tempérament du jumeau décédé est très fort et explique aussi le passage de l'insouciance à la responsabilité, non ?
Ne pas lui donner de prénom confirme son statut de jumeau, il me semble.
Quant à Maudru sa rencontre avec Antonio nous le fait connaître très différent de sa réputation, ainsi que son attention pour les taureaux qui sont sa force. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: LC Giono : Le Chant du Monde Mar 20 Mai 2014 - 22:34 | |
| je les vois semblables parce qu'ils semblent forts, détachés, maîtres de leur destin, forcément solitaires et en même temps prisonniers de l'image féminine (les deux Gina et la première femme de Maudru). Ils parlent peu mais tiennent dans leurs mains le destin de tous les autres. Ils sont comme les deux poutres maîtresses d'une même maison, ils ne se rencontrent pas mais sont à la naissance de la narration et de l'autre côté, se tiennent Antonio et Matelot qui forment l'autre couple masculin du récit (eux sont complices, ils se confient l'un à l'autre, ils s'aident et de simples voisins deviennent amis) ; comme des miroirs biaisés... | |
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