LC La longue marche , Traverser l'Anatolie Tome 1 Bernard Ollivier

Début FIN FEVRIER 2015 à 1 ou 2 jours près

Chamaco

Shanidar

Bédoulène

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« Je n’avais jamais éprouvé cela auparavant : que l’amitié, l’amour, ne sont pas affaire de temps mais le résultat d’une secrète alchimie, et que l’éternité, non plus, n’est pas une affaire de durée. Tout homme, dit-on, revient changé d’un pèlerinage. Mes amis Kurdes et Turcs, pèlerin de la fraternité, je rentrerai à la maison avec votre sourire et votre accolade de l’adieu au fond de moi. »

Bernard Ollivier, Longue Marche (I. Traverser l’Anatolie)

Voilà une oeuvre (débutée avant 2001) qui prend de nos jours toute son acuité, elle nous montre des mondes éloignés de la fièvre intolérante qui nous entoure aujourd'hui, on y trouve l'accueil, l'hospitalité, la sympathie de peuples baignés dans la religion islamique à 10.000 lieues du fanatisme...
Cette oeuvre faite d'amour, d'empathie devrait être lue dans les écoles, mais bon, ce n'est que mon opinion on pourra dire qu'elle est un peu primaire, elle est juste sincère...

tu es déjà en route

je te rejoindrai plus tard (pas encore le livre de la médaithèque)

Bédoulène a écrit:

tu es déjà en route

je te rejoindrai plus tard (pas encore le livre de la médaithèque)

ok Bédoulène, à bientôt...

"Je repense à tous ces Turcs et tous ces Kurdes qui m'ont offert sans compter leur temps, leur soupe et parfois leur lit. Le souvenir de ces gestes fraternels fait battre mon coeur un peu plus vite, et la marche n'y est pour rien. Certes, j'ai vécu des jours sombres depuis mon départ, mais si peu, comparés aux heures belles et claires de cette Turquie que je vais bientôt quitter. Selim, le philosophe ; Mustapha, le bakkal ; Hikmet, l'étudiant ; Shoukrane, l'hôtesse ; Behçet, le vieil intellectuel ; Arif, le paysan et tous les autres, vous êtes mes amis. Des amis rares. Amitiés d'un jour, et pourtant fortes et solides comme si le temps les avait affermies.

Je n'avais jamais éprouvé cela auparavant : que l'amitié, l'amour, ne sont pas affaires de temps mais le résultat d'une secrète alchimie, et que l'éternité, non plus, n'est pas une affaire de durée. Tout homme, dit-on, revient changé d'un pèlerinage. Mes amis Kurdes et Turcs,.. je rentrerai... avec votre sourire et votre accolade de l'adieu au fond de moi."


Extrait de "Longue marche"

C'est en 1999, que Bertrand Ollivier entame le projet un peu fou (complètement ?) de joindre à pied la Turquie à la Chine, en marchant sur les traces de la Route de la Soie. Ou plus exactement l'une des routes de la Soie. Le pari est risqué pour un homme seul de 61 ans, certes aguerri mais qui se lance pour des périples successives de plus de 3000 kilomètres par été. Surtout il ne parle pas les langues des pays qu'il va traverser (quelques notions de turc, pas d'iranien ni de chinois). il va surtout se retrouver confronter à lui-même, à son corps et à sa solitude. Il le sait, il le dit, le 'pèlerinage' pour lui n'a rien de religieux, il s'agit de se mettre à l'épreuve, de savoir jusqu'où le corps et le cerveau peuvent aller dan cet effort quotidien qui consiste à marcher en moyenne 30 à 35 kilomètres par jour, seul, dans des contrées inconnues et qui le plus souvent ne sont pas faites pour ce mode de locomotion.

Incontestablement, Bernard Ollivier écrit aussi contre. Contre la voiture, les moteurs, l'asphalte des routes, contre les chauffeurs-chauffards et l'idée que tout va bien plus vite avec quatre roues. Plus vite ? Mais pour quoi faire ? A travers des steppes, des bois, des cols de montagnes, Bernard Ollivier réinscrit son corps dans une durée, celle des jours qui commencent au lever du soleil et s'achèvent à la nuit. Vivant au rythme d'un temps différent, rencontrant ainsi au fil de ses détours des paysans, des bûcherons, des maires de village qui ne cesseront de l'inviter à boire un thé, manger une croûte, boire un peu d'eau, dormir au chaud. Car ce récit est aussi, comme le souligne chamaco, une histoire de rencontre, d'hospitalité, d'échanges et d'enrichissement.

Malgré la monotonie de la marche, les rencontres à répétitions, les questions qui sont toujours les mêmes (mais pourquoi marcher ? à cette question Ollivier renonce à répondre car il ne sait pas vraiment lui-même pourquoi il marche et cette quête d'un rien en est d'autant plus belle), la lecture est plaisante et le rythme alerte.

je n'en suis qu'à une centaine de pages !

tout d'abord, quelques remarques : partir dans un pays dont on ne connait pas la langue est forcément un handicap, nous le voyons dans ce début de voyage. De plus apparemment il ne connait pas non plus les us donc des erreurs qui peuvent blesser les Turcs.

je me permets de comparer avec le livre de Bouvier (il voyageait avec son ami et en voiture) pour un voyage en 1953, il n'y avait pratiquement pas d'autoroute, ni de grande route, pas beaucoup de véhicule, sauf les camions de transport.

Je n'aurais pas aimé marcher comme notre narrateur sur des routes. Je note la grand hospitalité des Turcs, la dureté des militaires (déjà vu) les hôtels disséminés et peu accueillants niveau confort.

Mais l'envie de Bernard Ollivier d'avancer, toujours et encore, malgré les blessures à ses pieds, un besoin  vital pour lui. Les  paysages,  les gens qu'il rencontre constituent une bonne nourriture pour l'esprit, les rêves.

La connaissance de soi et le besoin de savoir s'il peut, s'il pourra arriver au bout du défi, un défi à lui-même.

"Dans la marche à pied, nul ne peut tricher. L'engagement est total. Je suis seul porteur de mon corps, de mon sac-mémoire, sac-pharmacie, sac-vêtements, sac-victuailles, sac-lit. Toute erreur se paie, tout de suite ou demain. Je ne peux compter sur rien, ni personne. Je suis isolé par la langue, par ma carte mal fichue, par le chemin que j'ai choisi. Seul signe de civilisation, j'ai dans ma poche deux petits rectangles de plastique. L'un, une carte téléphonique, peut me relier au monde. L'autre me permet de retirer de l'argent."



un caravansérail

Belles photos Bédoulène (B.O parlera dans ce tome des Kangals (des chiens de bergers, de vrais molosses, en est-ce un...?)
B.Ollivier se lance dans une aventure hors du commun, dans l'inconnu (un peu préparé car il a pris des attaches à Paris pour avoir quelques conseils et quelques adresses, et appris un minimum de mots en Turc qui l'aideront un peu, on s'en rendra compte à la lecture)..
Mais la question initiale pourrait être : pourquoi pars t'on sur des routes incertaines à soixante ans...?
---Dans sa vie à cette époque, et il le dit il a vécu un drame, une perte, de plus il semble qu'il se lance un défi : non je ne suis pas mort, j'existe encore...
Ce défi on peut se le lancer à tout âge, ainsi depuis trois ans je suis le voyage en solitaire en bateau d'un Niçois parti des côtes d'Afrique et bourlinguant sur celles d'Amérique du Sud et centrale. Ses motivations sont différentes à la base, mais le défi est présent, il est le même...

Pourquoi partir ? Pour s'éprouver ? et surtout pourquoi marcher ? Pourquoi cet absolutisme dans le désir de ne pas mettre un pied dans une voiture, sur un tracteur ou un camion ? Cette volonté absolue du marcheur est presque dérangeante dans sa manière d'aborder ceux qui ne savent plus marcher, une forme d'intransigeance, de règle (comme le sont les règles monacales), comme s'il fallait absolument se faire mal (aux pieds, au dos, à l'âme) avant d'atteindre à l'absolue perfection du corps marchant, comme porté en apesanteur et capable alors de ressentir toutes les beautés du monde et toutes les richesses intérieures.

L'arrivée dans une zone où les terroristes du PKK se cachent, oblige Ollivier à subir la 'protection' des militaires et la suspicion des villageois. Un moment compliqué à vivre.

Bédoulène a écrit:

, la dureté des militaires (déjà vu)

Oui et en règle générale de toute personne dépositaire d'autorité, j'en suis à la fin du Tome II et en cours de lecture comme un leitmotiv reviennent les problèmes avec les douaniers, les policiers, les gendarmes. On peut se demander : n'a t'il pas un problème avec l'autorité ce bonhomme..? Mais non, il faut bien reconnaître que dans les pays où les salaires sont tres bas l'étranger est un portefeuille ambulant pour ces mini-tyrans, une bonne aubaine pour soutirer par l'intimidation et à la limite par la force un peu de cette "richesse occidentale"...Et ceci que ce soit en Turquie, en Iran ou au Turkmenistan où je suis rendu...Et à contrario, dans la population (à de rares exceptions) c'est l'accueil sympathique (on viendra souvent à sa rencontre lui proposer du thé ou une autre boisson ), l'hospitalité, la gentillesse, la curiosité vers ce qui est étranger et qui fera réver ceux qui ne peuvent quitter leur village et ne connaîtront jamais ce qu'il y a au delà des montagnes, au delà des rivieres qui bordent leur petit monde...

oups, nous en sommes au premier Tome Chamaco, nous verrons plus tard pour la suite !

je vais un peu reprendre le livre ce soir, j'étais occupée aujourd'hui et moi aussi l'envie de balade !

à tantôt

oui Shanidar j'ai le même sentiment que toi, comme s'il se devait d' être un ascète !

L'image du chien est assez effrayante. Je me souviens de ce passage délicat dans le livre.
Bonne lecture Bédou. Tu as la chance d'avoir encore deux tomes à découvrir.

Madame B. a écrit:

Tu as la chance d'avoir encore deux tomes à découvrir.

Oui, oui, une très grande chance ! Ah que de bons moments passés avec cette Longue Marche et à rêver encore longtemps après plongée dans les atlas.

oui c'est un kangal dont parle B.Ollivier, je comprend qu'il en ait eu peur et qu'il dû trouver une méthode (dont je ne parlerai pas) pour les eloigner, en voilà un autre :