LC La longue marche , Traverser l'Anatolie Tome 1 Bernard Ollivier

Magnifiques toutous !

Arrivé à Erzouroum (juste avant de traverser la frontière iranienne), Bernard Ollivier, qui vient de traverser assez douloureusement le Kurdistan turc, fait un bilan un peu mitigé de son voyage. Il regrette en particulier (et en partie à cause de sa méconnaissance de la langue turque) de ne pas avoir fait plus de découvertes historiques et culturelles. Lui qui rêvait de caravansérails à surtout croisé des ruines et du béton et j'avoue que tout comme l'auteur, je reste un peu sur ma faim. Lui, qui répète souvent que les turcs, à chaque étape, lui posent des centaines de questions, j'imagine que malgré sa pauvreté linguistique, il a dû également s'intéresser aux modes de vie de chacun, mais nous n'en saurons rien (ou si peu, sur l'agencement des maisons, les tapis, les mets servis au sol sur des plateaux...). Je reste donc à mon tour taraudée par des centaines de questions...

Et puis, je trouve que Bernard Ollivier a une façon un peu bourrue, un peu brute de nous raconter ses rencontres et son chemin, on sent en lui l'homme taciturne, souvent en colère contre lui-même, désireux surtout d'aller au bout de son expérience corporelle, plus centré sur lui-même, ses douleurs, ses peurs, ses erreurs que sur la profondeur des rencontres. Comme je regrette qu'il ne nous dise rien de ses échanges sur les caravansérails avec trois universitaires chevronnées... Comme je regrette qu'il ne s'étende pas un peu plus sur les paysages, les paysans et les exploitations qu'il croise... L'exaltation provoquée par la marche ou les paysages est à peine décrite qu'il replonge dans le calcul des kilomètres parcourus, cette manière, pour moi frustrante, est celle aussi d'un homme timide, sans doute très éloigné du lyrisme ou au moins de l'élégance stylistique d'un Bouvier. C'est dans les silences de Ollivier, dans ses plaintes, sa solitude, que se lisent les frustrations d'un homme qui marche.

Et pourtant, malgré ces quelques résistances, je suis curieuse de savoir ce que Ollivier va découvrir en Iran...

j'en suis juste après la mauvaise journée après la tentative de vol de son appareil photo, l'intimidation des 3 gars au tracteur, et la nuit interrompue au village d'Alihadjeu, arrestation par les militaires, bref les images du film Midnight Express me seraient aussi venues à l'esprit.

B.O est centré sur lui-même, ce sont surtout les autres qui font le pas vers lui, d'ailleurs il dit que les visiteurs qui défilent pour le voir quand il est hébergé chez l'habitat l'ennuient. J'aurais aimé en connaître plus sur ses rencontres, les lieux visités, peut-être faudrait-il lire Jean-Baptise Tavernier auquel il se réfère  

Marcher pour lui c'est se mesurer à lui-même  et son choix de voyager seul le démontre bien.

Après la LC Bouvier je fais aussi forcément des comparaisons.

Comme je l'ai dit la méconnaissance de la langue et des us se sont révélées des handicaps sérieux.

Je trouve qu'il manque d'empathie ou bien c'est son écriture qui donne cette impression.

je continue

le centre historique de safranbolu

Bédoulène a écrit:

B.O est centré sur lui-même, ce sont surtout les autres qui font le pas vers lui, d'ailleurs il dit que les visiteurs qui défilent pour le voir quand il est hébergé chez l'habitat l'ennuient. J'aurais aimé en connaître plus sur ses rencontres, les lieux visités, peut-être faudrait-il lire Jean-Baptise Tavernier auquel il se réfère  


Je trouve qu'il manque d'empathie ou bien c'est son écriture qui donne cette impression.

le manque d'empathie ce n'est pas le sentiment général que j'en ai, je peux me tromper mais au contraire j'ai trouvé qu'il aime partager des moments avec les gens sur la route et dans la journée, par contre c'est vrai que ce sont les personnes qui vont vers lui ou qui l'interpellent pour boire un thé (il a du en boire des centaines de litres... )
c'est vrai aussi que les gens qui se précipitent chez l'habitant finissent par l'ennuyer il faut dire qu'il a à chaque fois énormément marché dans la journée, il est souvent épuisé et a besoin de dormir pour se lever tôt et affronter le soleil le plus tard possible, il privilégie plus sa marche.
Mais en effet il a tendance à ne pas aller vers les gens, je ne pense pas que ce soit dû au manque de connaissance de la langue, au contraire je trouve qu'il ne s'en sort pas trop mal car il apprend vite en peu de temps...

non je continue à penser que malgré qu'il acquiert petit à petit des éléments de la langue, ce n'est pas suffisant.

et quand il dialogue avec ceux qui comprennent (plus ou moins l'anglais) il y a aussi des quiproquos ( avec le militaire à propos de Hungry et angry tu me diras que sans la confusion il n'aurait peut-être pas vider son sac (pas celui à dos hein !)

mais j'admire la performance car parfois + de 50 kms dur dur et je regrette qu'il doive souvent emprunter la route goudronnée.

Bédoulène a écrit:

non je continue à penser que malgré qu'il acquiert petit à petit des éléments de la langue, ce n'est pas suffisant.

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possible Bédoulène, je ne peux que me réferer à une expérience personnelle, il m'a fallu un an pour me debrouiller à Cuba et trois ans pour retranscrire des sentiments( et l'espagnol n'est pas eloigné du Français)...Il n'avait que deux mois devant lui et plusieurs pays à traverser, impossible d'apprendre autant de langues avant son voyage, et c'est vrai que l'anglais peut aider mais au fond des campagnes peu le parlent...

j'ai un peu hâté le pas et je relève "La partie culturelle et historique du voyage ne m'apporte pas autant de satisfactions que je l'avais escompté. Ma méconnaissance de la langue est vraiment un handicap pour tout ce qui est de l'ordre de l'information."

Même si il ajoute "Mais les relations fortes que j'ai pu établir en particulier avec les familles qui m'ont accueilli, et qui tiennent au langage du coeur, se sont jouées du vocabulaire et de la syntaxe."

en effet ce sont les familles qui ont offert beaucoup !

Il va bientôt se trouver en territoire Kurde, il lui faudra être sur ses gardes car les occidentaux ne partagent pas, en principe, le même sentiment que les Turcs vis à vis des Kurdes.

Je trouve que ces livres se lisent bien et qu'il existe un espèce de suspens qui maintient l'intérêt de la lecture, son goût pour les caravansérail l'accompagnera tout le long de sa marche, il est dommage qu'en majorité ils soient à l'abandon et tombent en ruine, apparement les autorités n'y prêtent pas un grand intérêt.

Sans vouloir polémiquer pendant des heures et puisque Bédou arrive en territoire kurde, je regrette que le journaliste politique qu'était Ollivier n'ait pas osé quelques digressions sur l'histoire des relations turco-kurdes. Puisqu'il semble dire à la fin de son livre que le président Atatürk, par sa volonté de moderniser la Turquie a été un grand homme, il faut aussi rappeler que c'est ce même président qui a fait fusiller, déporter, emprisonner des milliers de kurdes... Ce qui explique un peu l'état des relations entre les habitants frileux, harcelés par les militaires turcs et le marcheur isolé, lui-même harcelé par une population misérable. Heureusement, Ollivier a ce sursaut de dire qu'il vaudrait mieux instruire les kurdes que de les laisser survivre dans de telles conditions. Et il a raison d'insister sur ce point : l'instruction (celle des kurdes, mais aussi celles des femmes) est l'une des voies royales pour s'émanciper. J'ajoute qu'il est troublant de voir parfois notre marcheur dénoncer la modernité (moyens de transports, moyens de communication, vitesse...) et lui reconnaître une grande valeur de temps en temps (quand par exemple il s'agit de donner des tracteurs aux paysans...).

D'un autre côté je suis d'accord avec Chamaco pour dire que cette lecture se fait toute seule, qu'on est happé par le rythme obsessionnel de la marche et que la vision, toute personnelle de l'auteur, quoique parfois un peu légère, reste un témoignage intéressant à lire.

Superbement résumé Shanidar , et j'ajouterai avec toi que l'éducation quel que soit le pays est la voie principale de l'émancipation des peuples, pour preuve la destruction du musèe de Mossoul qui vient de se produire est un crime contre l'Humanité, il faut être ignare et haineux pour agir de la sorte...

bête et méchant vont souvent ensemble, non ?

Je reconnais que B.O a beaucoup de courage tout de même, j'aurais flippé bien plus encore si j'avais été dans sa situation à Payveren avec le type "dérangé", du coup c'est bien dommage qu'il n'ait pu visiter les villages Kurdes, mais comme il le dit, ce n'était vraiment pas le moment avec le procès du Kurde ! et tout seul !

comme vous les femmes mises à l'écart m'a interpellé.

La population des petites villes et des villages n'ont que le secours spirituel et ..............................de la polis et jandarmas pour se "protéger" de notre marcheur

je vais continuer jusqu'au bout, moi aussi je veux tenir mon engagement

Je suis arrivée au bout du chemin, enfin jusqu'à ce que B.O se rétablisse !

très convaincante ses descriptions de son état de santé et du parcours en ambulance.

Finalement il m'a apprivoisée au fil de sa marche notre homme !

Et Shanidar il ne pouvait pas discuter avec les Kurdes par rapport au PKK, son sac langue étant trop léger ! Il a tout de même glissé quelques mots aux militaires qui l'ont hébergé une nuit et vu leur réaction a préféré, ce que je comprends, se contenir.

Le mont Ararat je pourrai le visite plus tard avec le livre de Westerman !

Je poursuis cette Longue Marche avec le tome deux : Vers Samarkand.

Et je suis enchantée par la nouvelle manière de Ollivier. Il prend le temps de regarder les paysages qui l'entourent, il va même jusqu'à visiter des églises et certains caravansérails éloignés de sa route, il recopie des dialogues avec des iraniens rencontrés sur sa route, il s'interroge sur le devenir politique d'un pays fragile. Bref, il semble avoir pris en compte toutes les réticences que nous lui infligions, et alors même qu'en ce début de voyage son moral est en berne, celui du lecteur (en tout cas le mien) vire résolument à la hausse ! C'est ainsi un plaisir de le voir déambuler au sein d'une nation pleine de vigilance et d'humour, de bonté et de roublardises !

Bonne route Shanidar, je ne poursuivrai que plus tard, à cause de priorités !

je suis mon bonhomme de chemin, je fais comme B.O je n'abandonne pas quoi qu'il arrive sur la route
je mettrai un petit mot dans quelques temps, j'ai fini le tome II et je vais passer au III, vu mon rythme lent habituel de lecture vous comprendrez que ses écrits m'interessent, surtout qu'ils viennent à l'appui de ceux de Zorzi dont j'ai parlé avec Marco Polo...A pluche...

eh ! je continuerai plus tard Chamaco ! je fais comme B.O. une pause !