LC La longue marche , Traverser l'Anatolie Tome 1 Bernard Ollivier

Bonne pause....

C'est très intéressant de voir à travers les yeux d'Ollivier les Iraniens. Hommes et femmes vivant sous le joug écrasant des mollahs (après avoir vécu sous la pression de la Savak, la police secrète du Shah) mais qui parviennent d'un geste de la main, d'un regard, d'un mot, à faire comprendre à leur interlocuteur qu'ils ne rêvent que de liberté et qu'ils cachent sous leurs grosses moustaches et leurs noirs tchadors des ressources incroyables de gentillesse, d'humour et d'amour de la beauté, de la poésie, des jardins et du bon vivre. Je rêve d'aller pique-niquer en compagnie d'une famille iranienne...

Lorsque l'on entreprend la lecture des trois tomes de la Longue Marche on est happé par le récit, le terme "se plonger" est approprié. Habitué à lire une dizaine de pages par soirée, avec cet auteur je devais me forcer à reposer le livre, abandonner Ollivier au bord de la route, dans un caravansérail ou dans une maison-hôte.
J'ai lu les deux premiers tomes, et je fais un break, de peur d'être usé par ses aventures au même titre que ses chaussures. Qui aurait crû que la succession d'évènements tels que : je me lève tôt, je marche, je m'arrête prendre un thé invité par des paysans, je remarche, je m'arrête pour manger il est midi, je sens la fatigue, je crains la Police, je reremarche, allez j'ajoute encore 15 kms au trajet du jour, bon la nuit arrive, je rencontre des gens, on m'invite, je mange, je raconte mon histoire aux locaux......etc..Oui qui aurait crû que ce genre de déroulement si répétitif aurait pu créer une sensation d'appétance..Une soif de lire en se disant : "que va t'il lui arriver" et pourtant il a marché sur des milliers de kilomètres...
---j'en serai incapable..peu de gens le feraient d'ailleurs, puis-je avancer sans risque de me tromper..Il faut être fou..? Inconscient des dangers..? Désespéré..? Sportif..? Ca oui il l'est, et avec une bonne santé à la soixantaine...C'est clair, il y a eu un élément déclencheur dans son engagement, un élément déclencheur c'est souvent l'étincelle des départs...Mais ensuite, quel courage, quelle obstination et quelle volonté pour refuser le stop, les bus, les camions qui s'arrêtent qui compatissent et veulent le prendre à bord...Ollivier c'est un pèlerin moderne, un croisé à la recherche du graal, ou un être obstiné et obtus..?
---et bien je ne sais pas...

bonne continuation Shanidar !

Chamaco je vous rejoindrai dans un certain temps (je ne me mouille pas là )

J'ai fini également le second tome de cette Longue Marche et la partie Iranienne ainsi que Turkmène a été un grand plaisir. Comme le dit Chamaco, Ollivier est fascinant comme un butor, un type quasiment héroïque et pourtant sans éclats, petit marcheur au milieu d'un univers hostile (entre la police et les serpents du désert) ; les images s'inscrivent d'elles-mêmes dans la tête du lecteur et chaque rencontre devient un échange chaleureux. Là où le premier tome semblait manquer d'empathie se cachait peut-être une timidité d'ascète, de misanthrope, de marcheur uniquement occupé de sa route (les problèmes récurrents des cartes étant dans ce second tome écartés grâce à l'acquisition d'un GPS). Du coup, j'ai eu l'impression que Ollivier relevait plus souvent la tête pour raconter les paysages et les hommes qui vivent à l'intérieur. Comme si lui-même se bonifiait au fil des kilomètres parcourus, comme s'il devenait un peu plus sage... (et n'est-ce pas au fond ce qui le pousse : trouver un apaisement dans le rythme répété de la marche ?)...

Je pense emprunter le dernier tome cette semaine, très curieuse d'arriver en Chine !!

ton commentaire va certainement avancer la position du 2ème tome !