Littérature fantastique, SF et Fantasy

Bon parlons aussi des transfictions, "ce néologisme désigne les romans ou nouvelles qui "se situent sur la frontière ou dans les environs immédiats" de la littérature générale et des littératures de l'Imaginaire sans que l'on puisse les ranger dans l'une ou l'autre de ces catégories." Pour en savoir plus consulter le livre Bibliothèque de l'Entremonde de Francis Berthelot

4ème de couverture : Il existe, à mi-chemin entre le continent de la
littérature dite générale et celui de l'imaginaire,
une contrée fabuleuse habitée par Kafka, Borges,
Dick, Buzzati, Cortazar, Murakami, Palahniuk,
Ballard et bien d'autres dissidents dont les œuvres
ont en commun de briser toutes les conventions de genre. Ce sont ces transfictions que Francis Berthelot nous invite à découvrir dans les rayons de cette Bibliothèque, restée sans nom jusqu'à présent,
dont il explore étages et allées avant de nous proposer une sélection d'ouvrages emblématiques.
Oubliez toute idée reçue, vous découvrirez un territoire fascinant...

Petite explication pour commencer.
Suite à la demande de Queenie (et de quelques autres j'espère), j'avais promis d'ouvrir des fils sur des auteurs SF, ce que je ferai ultérieurement pour certains d'entre eux. Mais il m'a semblé judicieux, pour le moment, de rédiger une petite liste d'oeuvres de SF (sans ordre précis), avec un petit résumé, assez remarquables pour figurer en bonne place dans une sorte de best of. J'ai évité la SF de ce que certains appellent "l'âge d'or" (Asimov, Simak, Heinlein, Campbell...) ainsi que les auteurs déjà inscrits dans le forum. Quant aux auteurs plus récents (Greg Egan, Neal Stephenson, Robert Reed et bien d'autres), ils me sont encore inconnus.
Deux autres raisons aussi à ma démarche :
1. je ne voulais pas accaparer le forum d'auteurs d'un genre qui n'intéresse peut-être qu'une petite minorité.
2. certains auteurs n'ayant publié qu'un seul roman (je pense à Daniel Keyes et son fameux "Des fleurs pour Algernon" ou Bernard Wolfe et son "Limbo"), proposer un fil sur eux me semblait disproportionné.
De plus, j'ai remarqué que sur ce fil, il était plus question de fantasy que de science-fiction.
Alors, voilà une petite sélection :

- Le monde inverti (Christopher Priest) Presses Pocket
Roman célèbre, entre autres, pour sa première phrase : "J'avais atteint l'âge de mille kilomètres".
Une cité posée sur rails doit sans cesse se déplacer sous peine de voir la réalité subir d'étranges distorsions. Mais la fin du roman nous dévoile une vérité inattendue...
Souvent considéré comme un des meilleurs romans SF jamais écrit, de par son originalité et sa dimension métaphorique dont certains y ont vu une critique du système capitaliste (toujours aller de l'avant sans réfléchir) ou philosophique (la vie est une course en avant. On ne peut ni retourner en arrière, ni s'arrêter trop longtemps)

- Solaris (Stanislas Lem) Folio
Un classique inusable. Le Dr Kelvin est envoyé sur une station spatiale en orbite autour d'une mystérieuse planète entièrement recouverte d'un océan pensant (entité extra-terrestre ?) où se passe de curieux phénomènes que les scientifiques s'acharnent à étudier depuis des lustres sans comprendre.
L'épouse défunte de Kelvin se voit ainsi dupliquée. Et tout tourne autour de cette question : comment entrer en contact avec une entité dont la nature défie toute conception humaine.
Adapté deux fois à l'écran, par Tarkovski et, plus récemment, par Soderbergh (qui se concentre surtout sur les relations entre Kelvin et sa femme). Le roman de Lem va bien plus loin.

- La guerre éternelle (Joe Haldeman) J'ai Lu
Vétéran de la guerre du Vietnam, Joe Haldeman transpose son expérience dans un contexte SF en racontant la guerre interminable que se livre Terriens et Taurans, vue à travers le regard désabusé du soldat Mandela.
Un roman sur l'absurdité inhérente à toute guerre, dur et violent, où l'ennemi le plus redoutable n'est pas forcément dans l'autre camp. Des dialogues qui sonnent justes ("Nous étions poursuivis. J'avais la trouille. Qui ne l'aurait pas eu, à part un fou, un robot, un candidat au suicide... ou un officier"). "Les sentiers de la gloire", version SF en quelque sorte.
Dans le même genre : "La stratégie Ender", qui a rafflé tous les prix existants pour la SF.

- Rendez-vous avec Rama (Arthur C. Clarke) J'ai Lu
Un vaisseau en forme de cylindre, long d'une vingtaine de km, apparaît un beau jour dans le système solaire. S'ensuit son exploration par une équipe de scientifiques confronté à cet artefat d'une totale étrangeté et vide de toute présence. Qui étaient les êtres qui l'ont construit ? Que sont-ils devenus ?
A comparer avec Solaris (thème de l'incommunicabilité et de l'insignifiance de l'homme à l'échelle du cosmos).

- La musique du sang (Greg Bear) Folio
Un scientifique crée un intelligence artificielle. Mais bientôt, celle-ci s'étend démesurément sur tout le territoire américain, qui s'en voit physiquement transformé. Quant aux habitants, ils sont proprement absorbés par ce nouvel organisme omniscient qui recherche la fusion avec l'humanité.
Un des meilleurs romans traitant du thème de l' I.A. et des descriptions hallucinantes d'une Amérique dont le paysage (autant mental que physique) se voit "phagocyté" par une intelligence sans limites.

- Hypérion/La chute d'Hypérion (Dan Simmons) Presses Pocket
Roman-somme qui semble rassemblés tous les thèmes de la SF, l'oeuvre de Simmons s'est hissé dès sa sortie au rang de chef-d'oeuvre du genre.
Foissonante, à la structure original (du moins pour le premier tome), elle raconte - entre autres - l'expédition d'un groupe de personnages sur une planète fort éloignée, Hypérion, théâtre de phénomènes temporels qui mettent en danger l'avenir de l'humanité. Pendant ce temps, une guerre se prépare...

- L'enchâssement (Ian Watson) [pas de réédition]
Watson est souvent considéré comme un intellectuel de la SF qui écrit des romans "conceptuels". Sa réputation d'auteur ardu est cependant exagérée et celui-ci reste très abordable.
L'enchâssement est tout d'abord une oeuvre sur le language et plus particulièrement sur cette idée : si le language définit notre rapport au réel, ne pourrait-on en fabriquer un qui donnerait accès à une autre perception du réel, comme par exemple un language enchâssé.
L'histoire, elle, s'articule autour de trois récits qui se rejoignent : un labo en Angletterre où des enfants-cobayes apprennent cette fameuse langue, une tribu reculée d'Amazonie qui en possède le secret depuis des lustres et la visite sur Terre d'une race extra-terrestre mystique à la recherche d'un méta-language qui leur permettrait d'atteindre une sorte d'élévation spirituelle.
De la SF comme vous n'en verrez jamais au cinéma. Si vous trouvez le roman chez un bouquiniste, n'hésitez pas.

- La trilogie martienne (Kim Stanley Robinson)
Il existe beaucoup de romans sur l'exploration de la planète Mars, souvent sous un angle "hard-science" qui les rend ennuyeux à force de détails techniques. Robinson a choisi de décrire les trois étapes de la colonisation martienne (exploration-terraformation-installation des colons) en privilégiant l'aspect sociologique et politique.
Une référence, une trilogie qui fait l'unanimité. A lire si vous avez du temps pour une lecture-fleuve.

- Entrefer (Iain Banks)
Un homme plongé dans le coma traverse un immense pont où il croisent toutes sortes de personnages sortis de son subconscient. Climat - forcément - onirique et descriptions baroques pour un petit roman unique en son genre.

- La main gauche de la nuit (Ursula Le Guin)
(Finissons par un auteur féminin)
Sur la planète glacée Nivôse, les humains changent de sexe selon les saisons. Un observateur, membre d'une confédération de planètes, est chargé incognito de faire un rapport sur les us et coutumes de ses habitants.
De l'anthropologie-fiction qui mêle aventure et étude de société avec finesse et poésie.

Voilà, c'est fini pour aujourd'hui. J'arrête car mon texte commence à prendre trop de place (je verrai plus tard pour d'autres titres).

Super K mais pour ma part, tu ne devrais pas hésiter à ouvrir des fils sur les auteurs dont tu nous parles.
J'aime beaucoup Dan Simmons et Ursula Le Guin par exemple. Ce sont quand même de grands auteurs qui méritent bien leur place sur parfum

K a écrit:

1. je ne voulais pas accaparer le forum d'auteurs d'un genre qui n'intéresse peut-être qu'une petite minorité.

Bien au contraire, ce genre littéraire est sous-représenté sur notre forum, alors toutes tes contributions seront les bienvenues. On en redemande !

Tout à fait d'accord avec le Bilblio

Votre appétit fait plaisir à voir ( ) et ne peut que m'encourager.
Pour les fils d'auteurs, j'ai bien préciser au début de mon post que j'en proposerai prochainement pour certains d'entre eux. Patience...
(J'ai un tas de bouquins mainstream à lire, pour le moment, et le temps me manque pour la SF).

J'ai lu "Le monde inverti" de Priest que j'ai adoré! K, ne t'arrête surtout pas de nous parler des auteurs SF et de leurs romans

K a écrit:

Petite explication pour commencer.
Suite à la demande de Queenie (et de quelques autres j'espère), j'avais promis d'ouvrir des fils sur des auteurs SF, ce que je ferai ultérieurement pour certains d'entre eux.

Citation :

- Solaris (Stanislas Lem) Folio
Un classique inusable. Le Dr Kelvin est envoyé sur une station spatiale en orbite autour d'une mystérieuse planète entièrement recouverte d'un océan pensant (entité extra-terrestre ?) où se passe de curieux phénomènes que les scientifiques s'acharnent à étudier depuis des lustres sans comprendre.
L'épouse défunte de Kelvin se voit ainsi dupliquée. Et tout tourne autour de cette question : comment entrer en contact avec une entité dont la nature défie toute conception humaine.
Adapté deux fois à l'écran, par Tarkovski et, plus récemment, par Soderbergh (qui se concentre surtout sur les relations entre Kelvin et sa femme). Le roman de Lem va bien plus loin.

Je suis bien d'accord, c'est un très beau roman, avec une atmosphère glaçante, angoissante.

Citation :

- Rendez-vous avec Rama (Arthur C. Clarke) J'ai Lu
Un vaisseau en forme de cylindre, long d'une vingtaine de km, apparaît un beau jour dans le système solaire. S'ensuit son exploration par une équipe de scientifiques confronté à cet artefat d'une totale étrangeté et vide de toute présence. Qui étaient les êtres qui l'ont construit ? Que sont-ils devenus ?
A comparer avec Solaris (thème de l'incommunicabilité et de l'insignifiance de l'homme à l'échelle du cosmos).

j'ai beaucoup entendu parlé de cet auteur, il y a d'ailleurs un prix à son nom il me semble... va falloir que je me penche sur ses oeuvres


Les autres, certains me sont complètement inconnus, d'autres ont des noms qui me rappellent quelque chose (simmons, dont j'ai lu l'échiquier du mal - ursula le guin - robinson). J'ai hâte de lire tes conseils avisés

K, tu as rudement bon goût... J'ai lu quasiment tous les livres de ta liste.

Je voudrais juste dire que Daniel Keyes a écrit un autre roman : Les 1001 vies de Billy Milligan (1995... et qui vient de paraître !). Il parle des personnalités multiples. Je ne l'ai pas (encore) lu, mais Cafardcosmique, le très bon site de SF, en dit du bien. ("Surprise, Daniel KEYES n’est pas mort.")

Enchâssement, je l'ai effectivement trouvé chez un bouquiniste, à la Défense, je m'en suis rapidement et jalousement emparé. Pas mal, mais je m'attendais à beaucoup (trop ?). Mais j'y repense de temps à autres, il me sert de référence.

La Guerre éternelle, je l'ai trouvé ultra-efficace ; aurais-tu lu La Paix Eternelle ? J'ai lu quelques critiques mitigées...
D'Ursula le Guin, j'ai lu son premier roman (Le Monde de Rocannon), très quelconque, et puis "Le Sorcier de Terremer", pas mal, mais sans beaucoup plus (un peu comme l'Animé).

On pourrait citer également Stalker, des frères Strougatski, adapté au cinéma par Tarkovski : Des extra-terrestres sont venus sur la Terre, ont "pique-niqué" (?) et sont repartis en laissant... quoi ? Des détritus ? Des artefacts, des objets ?
Personne ne le sait, mais la zone est protégées. Des hommes s'y introduisent, en fraude et au péril de leur vie pour voler des objets, qu'ils revendent en contrebande.
De la SF métaphysique... et encore plus chez Tarkovski. Il y aurait un objet, ou quelque chose qui exaucerait tous vos voeux...

J'aime bien la fin de Rendez-Vous avec Rama. Elle est à la fois suprenante et totalement logique. Par contre, j'ai cru comprendre que les nombreuses suites sont très inférieures.
L'adaptation par David Fincher doit sortir en 2009... Autant lire le roman avant ! (il y aura peut-être un Alien dedans ? )

J'ai lu une énorme quantité de romans de SF à l'adolescence, j'ai probablement fait une overdose, car à l'heure actuelle j'ai énormement de mal à embarquer dans ce type d'univers. Le dernier livre que j'ai lu (cet été) et trouvé vraiment convaincant est Chroniques du pays des mères d'Elisabeth Vonarburg, je dirais que c'est un livre qui doit plaire même à ceux qui n'aiment pas la SF.

N'ayant pas eu la même indigestion de la fantasy, j'ai plus facilement tendance à lire ce genre maintenant, et là sans conteste, mon cycle préféré est L'Ombre du Bourreau du génial Gene Wolfe (il faudrait vraiment que j'ouvre un fil sur ce grand auteur), c'est d'une très grande qualité littéraire, terriblement original et c'est un livre que je continuerai à relire tous les 5-10 ans, car je ne m'en lasse pas. En fait, comme on ne comprend l'importance de tous les détails qu'à la fin, j'ai toujours une très grande envie après chaque relecture de rellire à nouveau le premier tome...

C'est rares les livres qui me font cet effet là....

J'ai très envie de découvrir Ursula Le Guin.

Ah oui, j'ai lu beaucoup de bien de Gene Wolfe. L'Ombre du Bourreau est reparu il n'y a pas longtemps, en version grand format.

Moi, c'est la fantasy dont j'ai un peu marre. La SF, non, du moins la SF imaginative, le vertige métaphysique.

Mais le gros, très très gros problème, c'est que le style est généralement mauvais... ou bien surtout la traduction.
Même la fantasy : La Belgariade de David Eddings en Anglais est nettement plus intéressante qu'en français. Ceux qui parlent à grands coups de "thou art", alors que leurs interlocuteurs ont un langage moins châtié, c'est vraiment comique en anglais, mais ça tombe totalement à plat en français.
Et je ne parle pas de Moorcock : le texte français de La Forteresse de la Perle (le volume 2 du Cycle d'Elric) est catastrophique.
Si seulement les traducteurs y apportaient plus de soin (mais peut-être ne leur donne-t-on pas le temps nécessaire), si le texte était correctement relu...

Sophie a écrit:

J'ai très envie de découvrir Ursula Le Guin.

Je ne te conseille pas son premier roman (Le Monde de Rocannon).
Normalement, La Main Gauche de la Nuit est nettement mieux (Prix Nebula 1969 et Hugo 1970... quand même...). Par contre, "assez lent et descriptif" (source : cafardcosmique).
Il faudra que le lise un jour, histoire de voir si j'accroche enfin ou si elle m'est définitivement étrangère...

eXPie a écrit:

Ah oui, j'ai lu beaucoup de bien de Gene Wolfe. L'Ombre du Bourreau est reparu il n'y a pas longtemps, en version grand format.

Et je ne parle pas de Moorcock : le texte français de La Forteresse de la Perle (le volume 2 du Cycle d'Elric) est catastrophique.
Si seulement les traducteurs y apportaient plus de soin (mais peut-être ne leur donne-t-on pas le temps nécessaire), si le texte était correctement relu...

L'Ombre du Bourreau est en effet reapparu en grand format chez Denoël, dans la collection Lunes d'Encre, il y aurait des choses à dire sur cette édition, en effet le cycle primitif ne comportait que 4 volumes et Gene Wolfe a écrit le 5em par la suite. Il n'est absolument pas indispensable au cycle originel, il est assez différent, et relève beaucoup plus de la SF, mais bon c'est toujours du Gene Wolfe et donc bien meilleur que tant de livres d'autres auteurs. Les éditeurs ont aussi cru néccessaire d'ajouter un soi disant essai sur la rédaction du cycle, sans aucun intérêt, et tout ça sans doute pour augmenter le nombre de pages et donc le prix. Le seul véritable intérêt de cette édition, ce sont les nouvelles qui ont trait à l'univers de L'Ombre du Bourreau, elles sont vraiment belles. Je crains que ce soit à l'heure actuelle la seule édition trouvable de l'ensemble, quand à moi j'ai la chance de posséder les 4 premiers tomes dans la belle édition de la collection maintenant défunte Présence du Futur.

Entièrement d'accord pour la Forteresse de la Perle, j'ai failli abandonner en route, tellement c'était mauvais

Pour Moorcock, du coup je n'ai pas encore entamé le volume 3, alors que j'arrive aux romans les plus intéressants du cycle. En plus du texte exécrable, l'histoire est franchement très quelconque.

Gene Wolfe : oui, l'Ombre du Bourreau était devenue introuvable. Je le lirai un de ces quatre...
Ah, Présence du Futur... ça en fait, des souvenirs... belle collection... Toute ma jeunesse !

Il y a une grande mode, aussi, ce sont les nouvelles traductions, ou les "traductions revues" : parfois, ce sont justes quelques petits détails, une virgule rajoutée, et hop ! on ressort en grand format, on met en gros "traduction révisée", ça fait bien.
(dans le cas de Douglas Adams, je crois que ça améliore pas mal, quand même).

Tiens, il faudrait aussi parler de Cordwainer Smith, son Cycle de l'Instrumentalité, qui est ressorti il n'y a pas très longtemps. J'avais énormément aimé quand je l'ai lu, il y a un paquet d'années... La planète Shayol, sacrée nouvelle... Peut-être serais-je déçu si je la re-relisais..