- Romane a écrit:
- J'ai lu cette cette semaine "Les rêves des autres", recueil de nouvelles. Et bien j'ai été très déçue , pourtant je ne suis pas difficile. je n'en garde presque aucun souvenir.
Les rêves des autres
Je l'ai relu. Je ne comprenais pas pourquoi je ne gardais aucun souvenir de ce recueil de nouvelles d'
Irving. Et bien maintenant je comprends, et je rejoins Romane.
C'est pas intolérable à lire... mais ça fait juste penser qu'
Irving n'est pas un auteur à nouvelles. Toutes ses histoires manquent de quelque chose, finissent n'importe comment. Les personnages ne parviennent pas à toucher au palpable.
On dirait des bouts qui pourraient être bien développés pour en faire un roman.
Irving donne des petits éléments, puis... tout tombe à l'eau, tout coule, ça tombe à plat.
Pour faire un topo, voici en détail les titres :
Les rêves des autres (première publication : 1982)
Un gars, quitté par sa femme, ne parvient plus à dormir dans le lit conjugal. Il va alors dormir dans le canapé... et faire un rêve dont il s'apercevra bien vite que ce n'est pas le sien... Ainsi, de lieu en lieu, il dormira dans différents endroits et fera les rêves qui ont déjà été fait par les prédécesseurs dormeurs.
Classe comme sujet je trouve. A découvrir des pans de la personnalité des gens qu'il pensait vraiment bien connaître. Mais il rêve, et passe à autre chose. Et finalement il n'y aura aucune conséquence, aucun changement d'état après la découverte de ce don et des rêves cachés...
Bof quoi, mais avec des moments très bons.
Un énergumène passe à table. (première publication : 1974)
A table. Des convives. Dissertation sur les minorités. L'énergumène est l'homme qui va parler de sa différence, pire de pire de toutes : l'acnée.
C'est discoureux, chiantissime, même si pas forcement faux, ça saoulotte.
Et la fin c'est tout simplement bâclée, mise au placard, coupée.
L'espace intérieur. (première publication : 1980)
Un couple achète une maison avec un superbe noyer. L'ancien propriétaire leur fait promettre de ne pas abattre l'arbre, même si le voisin fait des esclandre. Le couple promet.
Réaménagement intérieur (dont on ne voit pas grand chose malgré le micro effort d'
Irving de nous le "montrer").
Et le noyer, magnifique, qu'ils aiment, dont ils ont réussi à faire un élément du décor de leur quotidien... le jour où les noix tombent de l'arbre, elles tombent également sur les toits en ardoise et font un vacarme d'enfer. Et chez le voisin aussi.
Dommage qu'
Irving n'est pas plus concentré son récit autour de l'ancien proprio et de l'arbre (le twist final est finement trouvé mais trop vite avalé).
Une des meilleures histoires. Pour la confrontation avec le voisin, pour cet arbre qui semble avoir une existence propre, pour les péripéties et quiproquo.
Dans un Etat proche de l'Iowa, ou l'itinéraire qui mène à l'état de grâce. (première publication : 1973)
Un homme, du jour au lendemain, prend sa vieille bagnole et part. Il quitte tout. Il a un rapport à sa vieille voiture très touchant, on sent que c'est le voyage de la dernière chance, l'Aventure.
Un texte très doux, très desespéré, un road-movie poussiéreux et tendre.
Rien à dire. Si ce n'est que ce n'est qu'une parenthèse, et c'est bien dommage.
Un royaume de lassitude. (première publication : 1968)
Une vieille fille s'occupe de tout et de rien dans une école de jeunes filles. Elle mène une existence toute tranquille, chronométrée, ou tout se passe toujours exactement au même rythme.
Et puis un jour elle rencontre une des étudiantes en ville, elles passent l'après-midi ensemble, et ... elle s'amuse!
Et puis un jour débarque Céleste pour l'aider dans son travail. Sensuelle, elle fait la conquête de tout le petit univers de Minna.
Tout est parfaitement bien écrit pour cette petite nouvelle autour de Minna Barrett. Son monde étriqué qui d'un coup s'ouvre vers l'extérieur, s'en retrouve bouleversé.
Mais vraiment, c'est encore un texte qui en demande plus. Trop frustrée de le voir terminé. Il manquait du coup plein de choses.
Faut-il sauver la peau de Piggy Sneed ? (première publication : 1982)
En gros : histoire de Piggy Sneed vu par les yeux des gamins du quartier. Un éboueur éleveur de cochon qui ne s'exprime que par Grouickements.
Puis un jour, un incendie dévaste la grange de Piggy. Le narrateur , va savoir pourquoi, lui invente une fuite, un nouveau départ. Et de là, découvre qu'il aime raconter des histoires, inventer des vies... Être écrivain.
Mouais.
C'est trop auto-centré sur le narrateur et sa petite vie normale, banale dont il ne fait rien, jusqu'au moment où il se crée un déclic de ouf du pourquoi il est aujourd'hui écrivain.
J'ai pas été convaincue. Me suis ennuyée. Tout est trop passé, tout est trop lissé.
ça m'a rappelé cette façon d'écrire et de dire les choses selon un certain point de vue trop sentimental qu'il y avait dans la petite amie imaginaire.
Mon dîner à la maison blanche. (première publication : 1993)
Irving reçoit une invitation pour aller dîner à la maison blanche, mais par les républicains, alors qu'il est démocrate...
Ouhou quel dilemme.
Heu... franchement...
Il a essayé de décortiquer un peu les trucs politico-sociaux.
C'est maladroit, c'est creux, plein de banalités affligeantes.
ça a sa place dans un journal intime, dans une chronique pour journaux, pas dans un recueil de nouvelles...
On passe.