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| Marcel Proust | |
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Messages : 909 Inscription le : 29/08/2008
| Sujet: Re: Marcel Proust Mer 12 Juin 2013 - 17:46 | |
| - Harelde a écrit:
- Une petite question me tarabuste...
Quel âge peut avoir le narrateur dans le début des Jeunes filles en fleur ? Car il n'est plus l'enfant de Combray qu'on a connu dans le premier volume. Il est désormais à Paris, poursuit ses jeux avec Gilberte dans le jardin des Champs-Elysées, mais j'ai l'impression qu'entre la fin du tome 1 et le début de ce tome 2 plusieurs années se sont écoulées. Non ? Difficile à dire, l'age du héros n'est jamais précisé, on peut juste avancer des hypothèses. Toutefois, je crois aussi qu'entre la fin de Swann et le début des Jeunes filles, au moins 5 ans se sont écoulés... (c'est une opinion personnelle). | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 13 Juin 2013 - 8:30 | |
| En ce début des Jeunes filles en fleur, nous sommes juste avant que n'éclate l'affaire Dreyfus (1897). On peut donc imaginer être en, 1895 ou 1896. Je ne sais pas exactement en quelle année est né le narrateur. Je ne sais pas si cette info est donnée à un moment ou à un autre dans La Recherche. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 13 Juin 2013 - 15:09 | |
| - Marko a écrit:
- Du côté de chez Swann, 2e partie:
Un amour de Swann
(...) Surprise de noter au passage qu'Odette est blonde et Swann roux et en partie dégarni! Je me souvenais que dans un amour de Swann, Odette était décrite comme blonde. Et je tombe sur ce paragraphe dans les Jeunes filles en fleur... Curieux ! - Citation :
- Cependant Gilberte qu’on avait déjà priée deux fois d’aller se préparer pour sortir, restait à nous écouter, entre sa mère et son père, à l’épaule duquel elle était câlinement appuyée. Rien, au premier aspect, ne faisait plus contraste avec Mme Swann qui était brune que cette jeune fille à la chevelure rousse, à la peau dorée.
Gilberte est donc rousse. Elle tient de papa. Or, si maman était brune, fifille aurait du mal à être rousse. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Marcel Proust Jeu 13 Juin 2013 - 17:16 | |
| Odette a du se colorer les cheveux entre temps...
Et Gilberte peut être rousse si la mère et le père ont transmis leur gêne récessif tous les deux.
Pour l'âge de Marcel il n'est jamais directement précisé dans mon souvenir mais on situe très bien ce qui appartient à l'enfance, l'adolescence... C'est chronologique de toute façon en grande partie. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Marcel Proust Ven 14 Juin 2013 - 8:27 | |
| - Marko a écrit:
- Et Gilberte peut être rousse si la mère et le père ont transmis leur gêne récessif tous les deux.
C'est vrai que la mère de Gilberte peut-être une vraie brune et être hétérozygote. Mais je crois qu'Odette est vraiment blonde. Plus loin dans ce tome 2, Marcel aborde le sujet des perruques que madame Swann possédait. Ce qui règle le problème. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Marcel Proust Ven 14 Juin 2013 - 8:38 | |
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| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Marcel Proust Ven 14 Juin 2013 - 14:36 | |
| Le narrateur, qui a rompu avec Gilberte et qui s'en mord les doigts, manque cent fois de se précipiter chez elle pour lui annoncer son indifférence future. Que bientôt il ne l'aimerait plus et qu'alors il sera trop tard ! (très bon : j'aime beaucoup la tournure ) | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Marcel Proust Ven 21 Juin 2013 - 11:24 | |
| A l'ombre des jeunes filles en fleurs Un livre en deux parties : Autour de Mme Swann : Faisant directement suite à la partie parisienne du « Côté de chez Swann », cette première partie de « A l’ombre des jeunes filles en fleurs » s’ouvre sur la vie citadine du narrateur. Visiblement, plusieurs années se sont écoulées depuis les jeux innocents avec Gilberte sur les Champs-Elysées. Le narrateur est maintenant un jeune homme et mademoiselle Swann occupe ses pensées à chaque instant. Les deux jeunes gens se retrouvent toujours « pour jouer » sur les Champs. Mais les jeux ont perdu de leur naïveté. On se regarde, on s’épie, on se frôle… et on en rit, non sans une certaine gêne ingénue. Charles Swann a beaucoup changé. Lui jadis très mondain se trouve maintenant en marge de la très haute bourgeoisie. Son mariage avec Odette de Crécy a déplu. L’ancienne courtisane (la cocotte) n’est pas la bienvenue dans les meilleurs salons de la capitale. Mais sa grande beauté fascine toujours autant la gente masculine et un cercle se forme autour du couple. Des mondains, aisés. Des bourgeois un peu guindés, un peu vulgaires et parfois un peu ridicules. Des dandys, quelques vieux beaux ayant l’élégance et le verbe haut. Du menu fretin que la plus haute société regarde de haut et dédaigne : la princesse des Laumes, devenue duchesse de Guermantes, n’a jamais acceptée de rencontrer Odette et Gilberte malgré le souhait de Swann. Quant au narrateur, lui, il ne rêve que de pénétrer dans cette maison. Cette maison qui est celle de Gilberte. Pour connaître la seconde vie de son amie et ne plus devoir attendre sa venue au parc sur les Champs-Elysées. Malgré toutes ses tentatives, il échoue – Swann et son épouse n’ayant pas une haute opinion de lui, alors que du temps de Combray, Charles était un proche de ses parents. Quand subitement, une lettre d’invitation ouvre les portes qu’on croyait devoir rester closes. Le narrateur passe maintenant toutes ses journées chez les Swann où il jouit d’une aura flamboyante depuis que le bon docteur Cottard (mondain imbécile mais excellent praticien) a glissé un mot sur lui dans l’oreille d’Odette. Le proscrit est devenu un intime. Sorti du cocon familial, le jeune homme entre dans le monde et apprend à y naviguer. Mais ce temps passé auprès de Gilberte est au détriment de sa vocation d’écrivain, contrariée par son désir amoureux. Carrière dont ne voulait pas entendre parler son père mais rendue possible depuis que monsieur de Norpois (diplomate, ancien ambassadeur, grand ami et collègue du père au ministère) a convaincu ce dernier que la diplomatie n’était plus une situation enviable pour un jeune homme au contraire de la littérature. Le narrateur n’en a cure : ce temps passé avec Gilberte et dans le salon des Swann, les réflexions et l’enseignement qu’il en tire, l’analyse qu’il en fait lui seront utiles plus tard au moment de la création de son œuvre. L’écriture apparait alors comme le moyen de rechercher, et peut-être rattraper, le temps perdu. Age d’or pour le narrateur qui, dans le salon des Swann, est enfin présenté à Bergotte, son écrivain préféré, auprès duquel il va poursuivre son apprentissage artistique. Mais bientôt le verni se craquèle. Gilberte se lasse peu à peu d’être portée aux nues et commence à avoir le vertige du haut de son piédestal sur lequel le narrateur l’a installé. Gilberte s’ennuie et leur relation se meurt, leur discussion se tari et un soir que Gilberte lui battait froid, le narrateur part blessé, bien décidé à ne plus revenir. Sa décision qu’il voulait irrévocable ne l’empêcha ni d’aimer, ni de souffrir. Cent fois il manqua de lui écrire ou d’aller la voir pour lui crier de prendre garde « à son indifférence future », que bientôt il ne l’aimerait plus et qu’alors il serait trop tard. Mais il résistait, se contentait de rendre visite à madame Swann, de fréquenter le salon mondain de celle-ci chaque fois que son aimée était loin de la demeure familiale, n’écrivait pas, faisait le mort l’âme ravagé pour lui donner à penser qu’elle ne lui était pas indispensable. Mais au lieu de faire le premier pas que le narrateur attendait tant (un rendez-vous, une lettre…), Gilberte restait tout aussi muette. Puis le détachement se fit progressivement. Nom de Pays : Le Pays : Bien que souffrant toujours, le narrateur est en bonne voie de guérison. De son propre aveux, il était « arrivé à une presque complète indifférence à l’égard de Gilberte » quand il partit avec sa grand-mère pour Balbec – station balnéaire normande, huppée et à la mode, inspirée de Cabourg. Arraché à sa routine confortable et rassurante, le narrateur s’inquiète du bouleversement que sera ce déracinement… et l’éloignement d’avec sa mère adorée. Mais petit à petit, de nouvelles habitudes s’installent. Sa grand-mère qui l’adore le couve de toutes ses attentions quasi maternelles, remplaçant efficacement Maman, restée à Paris. Sa nouvelle vie s’organise autour de sa nouvelle chambre, de ses siestes que lui ont été prescrites par ses médecins, ses bains de mer, ses promenades sur la plage et la vie du Grand-Hôtel entre le directeur omniprésent et attentionné, les liftiers, les grooms, les repas dans la magnifique salle-à-manger et les autres résidents. Autres résidents parmi lesquels sa grand-mère reconnaît une de ses bonnes amies (la marquise de Villeparisis, apparentée aux Guermantes). Après avoir feint de ne pas la remarquer pour respecter sa tranquillité aussi bien que celle de son amie, les deux vieilles dames finissent par tomber dans les bras l’une de l’autre. Le narrateur se félicite de cette relation : la marquise jouit en effet d’un grand prestige dans l’hôtel, tant auprès des résidents que du personnel ; prestige qui ne manque pas de retomber pour partie sur sa grand-mère et lui-même, flattant ainsi son égo. Nombreuses promenades dans la calèche de la marquise, déjeuner, thé et petits gâteaux en très bonne compagnie. Le narrateur fit également la connaissance de Robert de Saint-Loup-en-Bray, petit-neveu de madame de Villeparisis en garnison à Doncières venu séjourner auprès de sa parente. Lui aussi apparenté aux Guermantes, il devient rapidement l’ami du narrateur : on les vit constamment ensemble. Le narrateur fit également la connaissance du baron de Charlus (Palamède de Guermantes, frère de l’actuel possesseur du château de Guermantes à Combray). Les liens avec cette illustre famille se resserrent donc dans cette seconde partie. Seconde partie dans laquelle se resserrent les liens du narrateur avec l’illustre famille. Seconde partie qui est aussi la première apparition d’Albertine quand le narrateur découvre un essaim de jeunes filles se promenant sur la plage. Emerveillé, excité, affamé, il les regarde toutes avec envie, désirant connaître leurs noms, leur être présenté, les embrasser, pénétrer leur intimité. L’érotisme du texte devient évident et le lecteur tombe lui aussi amoureux de cette jeunesse qui peuple les rêves du narrateur. Sans cesse, il guette leur retour sur le sable, oubliant ses devoirs auprès de son ami Saint-Loup rentré dans sa garnison et qu’il avait promis de visiter, boudant sa grand-mère et madame de Villeparisis, mangeant à peine pour perdre le moins de temps possible et reprendre rapidement sa veille. Et c’est avec de grands regrets et poussé par son aïeule qu’il gâche une journée à honorer un autre engagement : celui de rendre visite au peintre Elstir dans son atelier. Et contre toute attente, c’est là qu’il retrouve la trace de la jeune fille qu’il a inutilement attendu devant le Grand-Hôtel : Albertine Simonet (avec un seul « n ») lui est enfin présenté. Par son intermédiaire il fait ensuite la connaissance de toute la bande : Andrée, Rosemonde, Gisèle… deviennent ses inséparables amies. Il passe désormais tout son temps auprès d’elles, à l’ombre de ces jeunes filles en fleurs, s’allongeant dans l’herbe à leur côté, bavardant, jouant… et fantasmant. Il est obnubilé par la gente féminine comme peut l’être un jeune homme de son âge (âge jamais précisé que le lecteur ne peut qu’imaginer). Amoureux d’Albertine, le narrateur feint toutefois de s’attacher à Andrée afin de gagner du prestige auprès de sa préférée, toujours persuadé d’arriver plus aisément à ses fins en simulant l’indifférence. Et Andrée, visiblement amoureuse de lui, joue le jeu et semble y trouver un certain plaisir (plaisir toutefois assez cruel). Sûr de sa réussite avec Albertine qu’il croit assez légère, le narrateur fini par tenter sa chance dans les derniers instants de son séjour à Balbec. Mais la jeune fille lui refuse le baiser convoité. Les jeunes gens restent toutefois amis : Albertine ne gardant aucune rancune de cette tentative et le narrateur tombant de haut, s’aperçoit que son amour reposait finalement en grande partie sur l’espérance de posséder la jeune fille. Puis la saison s’acheva, le mauvais temps revint. Le Grand-Hôtel se vida de ses estivants et ferma ses portes. Le narrateur regagna Paris. Ce second volume me permet de renouer avec cette ambiance extraordinaire qui imprègne la Recherche du Temps perdu, dix-huit mois après ma lecture du Côté de chez Swann. Un texte riche en évènements, un narrateur davantage maître de son existence, moins en retrait. Une texte riche non dépourvu de longueurs avec des paragraphes de dix pages durant lesquels le narrateur s’interroge, analyse, ergote et coupe les cheveux en quatre (notamment à la fin de la première partie quand il hésite tour à tout à renouer avec Gilberte pour y renoncer aussitôt. Mais au final, un texte merveilleux, empreint de magie et de poésie ou l’extase des envolées lyriques l’emporte sur la souffrance des passages difficiles. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Marcel Proust Sam 6 Juil 2013 - 18:58 | |
| Si je comprends bien, Harelde, tu as aussi recommencé tout le cycle. Moi pareil.
C'est une expérience lente car je ne lis que le soir, il me faut la nuit et le silence pour m'abandonner complètement à la sensibilité proustienne, avec laquelle on fusionne d'ailleurs immédiatement. C'est inénarrable. Le style n'est aucunement rédhibitoire. Je ne comprends même pas pourquoi on se focalise sur lui quand la grandeur et la profondeur de l'oeuvre sont si étourdissantes.
Je ne vais rien résumer, Marko l'a fait mieux que personne, mais peut-être laisser ici ou là, quelques traces de mes réactions.
Figurez-vous par exemple que cet après-midi, j'ai éclaté de rire lors d'un passage car sous ses airs raffinés, Proust n'en loupe pas une !
Il s'agit du moment où Swann réalise qui est vraiment cette Mme Verdurin et son milieu béotien. Une sorte de sotte prétentieuse et creuse : "...une mégère comme la Verdurin ! Ah on peut dire qu'ils sont complets, qu'ils sont beaux dans leur genre ! Dieu merci, il n'était que temps de ne plus condescendre à la promiscuité avec cette infamie, avec ces ordures." Dans le contexte où le pauvre Swann est englué, c'est très drôle car l'écrivain n'a eu de cesse, les pages précédentes, de nous prévenir de la niaiserie de l'entourage d'Odette (et d'elle-même d'ailleurs !).
L'analyse du sentiment amoureux est remarquable : Swann est conscient de sa jalousie, de sa dépendance et pourtant il n'arrive pas à en sortir. Quand on connait la fin, on compatit d'autant et on réalise que Proust a donné la meilleure définition de l'amour possible : à savoir, bien souvent, une simple aberration !
J'avoue être totalement subjuguée par "Combray" et surtout les premières pages qui disent tout de l'oeuvre en définissant notamment le "moi" : un mélange de souvenirs, d'habitudes (thème récurrent chez Proust) et de de certitudes. Otez toutes ces béquilles à l'être humain et il reste le néant (terme employé par Proust), qu'on peut ressentir parfois entre le sommeil et le réveil (qui n'a pas éprouvé ce sentiment fugace mais puissant ?).
Bien sûr, Proust entame ici un cycle d'une ambition démesurée : saisir l'existence, capter l'essence de l'être et c'est d'autant plus original qu'il ne fait pas appel à Dieu.
Il postule le VIDE et déroule ainsi, avec ses phrases sublimes, des fils de vies (celles de ses personnages). C'est sublime en ce que tout en étant areligieux dans sa démonstration, il arrive pourtant à sacraliser chaque instant, chaque ressenti, chaque sentiment et pour finir, le simple quotidien* (l'art étant un habile moyen de le faire).
On oserait dire que Proust, c'est une mystique sans divinité.
Cela laisse sans voix.
*voir les tirades sur les asperges, ces "créatures célestes déguisées en légumes". Fallait y penser... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Marcel Proust Dim 7 Juil 2013 - 19:12 | |
| - Harelde a écrit:
- Seconde partie qui est aussi la première apparition d’Albertine quand le narrateur découvre un essaim de jeunes filles se promenant sur la plage. Emerveillé, excité, affamé, il les regarde toutes avec envie, désirant connaître leurs noms, leur être présenté, les embrasser, pénétrer leur intimité. L’érotisme du texte devient évident et le lecteur tombe lui aussi amoureux de cette jeunesse qui peuple les rêves du narrateur. Sans cesse, il guette leur retour sur le sable, oubliant ses devoirs auprès de son ami Saint-Loup rentré dans sa garnison et qu’il avait promis de visiter, boudant sa grand-mère et madame de Villeparisis, mangeant à peine pour perdre le moins de temps possible et reprendre rapidement sa veille.
Ces passages impressionnistes sur la plage sont fascinants. Il capte vraiment bien l'envoûtement des premiers émois adolescents. Ce sentiment de voir la beauté et d'en être exclu (temporairement). Ce groupe de filles en fleur lui semble inaccessible et frustrant avant qu'il ne les approche et qu'elles en deviennent presque banales... - tina a écrit:
- On oserait dire que Proust, c'est une mystique sans divinité.
Cela laisse sans voix. Une mystique sans divinité ou alors avec une divinité qui ressemblerait à l'Art! Tout ce qu'il observe passe par le prisme de sa culture et de ses références artistiques. Il y a un décalage constant entre la réalité banale et fade, décevante même lorsqu'elle est confrontée à l'idéalisation du fantasme, et la réappropriation mentale qui la sublime et l'hallucine pratiquement. Un vide qui se remplit d'illusions. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Marcel Proust Lun 8 Juil 2013 - 10:07 | |
| - tina a écrit:
- Si je comprends bien, Harelde, tu as aussi recommencé tout le cycle. Moi pareil.
Du tout ! Je ne reprend pas : je poursuis. J'ai lu le tome 1 il y a 18 mois. Le tome 2 au mois de juin. Tome 3 prévu en août, durant le calme de l'été. Ou à l'automne. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Marcel Proust Lun 8 Juil 2013 - 12:42 | |
| Ah d'accord, je n'ai pas fait attention aux dates. Tandis que moi, j'avais tronçonné la lecture du cycle il y a quelques années et ne l'avais pas fini d'ailleurs. Cette fois-ci, j'enchaîne car je veux avoir une vision globale. D'autant que tout m'apparaît avec une clarté... A 20 ans, je n'y étais pas. Les journées sont longues, j'ai hâte d'arriver au soir, rien que pour ce tête-à-tête raffiné.
J'aimerais après, si possible, lire la biographie de Tadié. Car l'homme Proust a de quoi subjuguer aussi. J'aime beaucoup la photo de groupe où il figure sur l'article du Larousse : http://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Marcel_Proust_et_des_amis/1311164
Ont-il su la chance qu'ils avaient, tous ces anonymes, de siéger à côté du grand homme ? | |
| | | anagramme Agilité postale
Messages : 909 Inscription le : 29/08/2008
| Sujet: Re: Marcel Proust Lun 8 Juil 2013 - 16:47 | |
| @Tina : la biographie de Tadié est excellente et, malgré son ampleur, je l'ai lue avec plaisir puisque Tadié est agréable à lire. Et à l'intérieur il y a beaucoup de belles photos de sa famille et de ses amis dont Proust faisait la collection. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Marcel Proust Mer 10 Juil 2013 - 15:50 | |
| J'ai fini Du côté de chez Swann et ai hâte d'enchaîner (ce soir) avec la suite. J'ai aussi beaucoup aimé la dernière partie : Noms de Pays : Le Nom. D'autant que le contexte paririen et l'évocation de ce qu'on connaît bien (Bois de Boulogne, Trianon, etc...) fait vite jaillir des images connues. (Personnellement, je me souviens de grands panneaux de Vuillard, avec jeux d'enfants, ombres bleutées, etc...).
A part les jeux avec Gilberte, j'ai surtout aimé l'analyse de la dimension merveilleuse des noms. Qui par association d'idées et d'images permettent déjà de voyager.
Egalement, les premières pages établissent un parallèle convaincant entre les forces de la nature (les tempêtes) et l'architecture gothique. La grande force de Proust est de savoir suggérer des liens invisibles entre les choses et les êtres, de montrer à nu la trame de la vie, la trame des impressions. Comme si tout était correspondances, réseaux, enchevêtrements et qu'il faille le regard de l'écrivain pour nous dévoiler tout ça (aveugles que nous sommes ! En soi, cette démarche est bien "spirituelle").
A noter qu'à part ces hauteurs littéraires et ces montagnes de sensibilité, Proust sait toujours nous rattacher au solide, au concret en peignant des personnages atatchants, comme cette dame toujours assise à lire sur les Champs Elysées, quand le narrateur s'amuse avec les fillettes. Une sorte de pivot fixe, ordinaire et rassurant, qui ancre le lecteur dans la réalité et lui permet de suivre les sensations, pensées et émotions du narrateur sans s'évaporer lui-aussi...
Il est sacrément fort. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Marcel Proust Mer 10 Juil 2013 - 15:53 | |
| A Orsay, le magique cycle des Jardins publics, du grand Vuillard :
http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/peinture/commentaire_id/jardins-publics-441.html?cHash=7742f4057f
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