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| Daniel Mendelsohn | |
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Auteur | Message |
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Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Lun 12 Nov 2007 - 19:06 | |
| - Marie a écrit:
- Tout à fait en aparté, je cherchais à retrouver quelque chose qui m'avait beaucoup troublée et qui concerne l'éventuel "sauvetage" d'un nombre plus important de la population juive. C'est la correspondance entre Hannah Arendt et Gershom Scholem, publiée à la fin du livre Les origines du totalitarisme et Eichmann à Jérusalem dans la collection Quarto Gallimard.
Résumé ICI Pourras-tu nous résumer, Marie, ce qu'il est intéressant de retenir de cette page touchant à un "sauvetage" plus important? | |
| | | Chantal Posteur en quête
Messages : 96 Inscription le : 02/02/2007
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Lun 12 Nov 2007 - 19:06 | |
| Ce roman fut l'une de mes lectures cet été.
J'avoue avoir "sauté" quelques pages des disgressions bibliques. J'aurais dû pour cela avoir lu l'Ancien testament. Il m'a donc semblé peu important de ne pas connaître la comparaison que l'auteur fait avec son histoire familiale.
J'ai pensé : un livre de plus sur la shoah. Ma surprise fut des plus heureuses. Il s'agit d'abord de l'histoire d'une quête. Qu'il était émouvant de voir cet homme parcourir le continent pour retrouver des survivants. D'ailleurs entre le début de sa quête et la fin de son écriture, beaucoup sont morts. (de vieillesse ceux-là). C'est aussi l'histoire des transmissions orales, des traditions, mal comprises, d'une langue qui meurt. Un cas d'école : faut-il cacher l'horreur aux générations suivantes sous le prétexte de les protéger ? Il leur vient un jour l'envie de savoir, le besoin de connaître ses racines pour trouver sa place, la sérénité et à travers l'Histoire rechercher celle de ses ancêtres si proches. Une façon de conclure quelque chose, des non-dits et souffrances face à l'indicible mais surtout à l'inconnu. Même sur l'horreur il faut pourvoir mettre un nom pour dire adieu.
Babelle félicitations. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Lun 12 Nov 2007 - 20:54 | |
| - Citation :
- Pourras-tu nous résumer, Marie, ce qu'il est intéressant de retenir de cette page touchant à un "sauvetage" plus important?
En fait, Babelle, tout cela n'était, je crois, qu'une querelle de mots. Au sujet du rôle des Judenräte...Mais bon, c'est toujours facile après, de dire ce qui aurait pu être fait. Et cela n'a pas d'intérêt. Sauf à la lecture, ces lettres sont passionnantes et j'aime l'intelligence d'écriture d'Hannah Arendt | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Mer 14 Nov 2007 - 18:33 | |
| "Sunt Lacrimae Rerum"
Pourquoi ? Pourquoi le petit Daniel Mendelsohn, âgé de sept ou huit ans, suscite t-il tant de larmes chez les membres les plus âgés de cette famille juive américaine au milieu des années 60 ? Quand il se trouve en visite chez ses grands-oncles et grand-tantes, les yeux se mouillent, les gorges se serrent et l'on murmure à chaque fois le même nom énigmatique : Shmiel. « Oy, er zett oys zeyer eynlikh tzu Shmiel ! » Prononcent-ils en yiddish, « Oh, comme il ressemble à Shmiel ! » Shmiel était son grand oncle, le frère aîné de son grand-père maternel. Shmiel, ainsi que sa femme Ester et leurs quatre filles ont été tués par les nazis pendant la seconde guerre mondiale.
Alors que ses frères et soeurs ont quitté la Pologne au cours des années 20 pour s'installer aux Etats-Unis ou en Palestine, Shmiel est resté à Bolechow, ce village aux confins de la Pologne et de l'Ukraine où ses ancêtres avaient pris racine depuis le XVIIème siècle.
Pourtant, Shmiel est venu lui aussi aux Etats-Unis dans le but de s'y établir, mais pour une raison inconnue il est subitement retourné en Europe. Pourquoi ce revirement ? Y-a-t-il eu un conflit familial, une brouille entre les frères, pour expliquer ce retour ? Toujours est-il que Shmiel semble s'accomoder de son retour dans ce village qui l'a vu naître. Les affaires sont florissantes et il est considéré comme l'un des notables de Bolechow.
Mais arrive la guerre et l'Allemagne nazie envahit la Pologne. C'est à ce moment que la famille émigrée aux Etats-Unis reçoit de Shmiel des lettres désespérées leur demandant de les aider à émigrer vers l'Amérique et de les sortir de ce Gehenim (Enfer) dans lequel ils se trouvent plongés. Peine perdue, Shmiel, sa femme et ses filles vont mourir les uns après les autres, victimes de la barbarie nazie. Quant aux autres membres de la famille, ceux à qui étaient destinées les lettres de Shmiel, auraient-ils pu intervenir et les sauver ? Sont-ils restés indifférents aux supplications de leurs proches ? Ont-ils été dans l'impossibilité de faire quoi que ce soit après avoir tout tenté pour arracher Shmiel et sa famille au sort atroce qui les attendait ? C'est ce que Daniel Mendelsohn va chercher à savoir.
Comme il ne retrouve dans les archives de la famille aucune réponse aux lettres de son grand-oncle, c'est auprès de son grand-père qu'il souhaite trouver une explication. Mais le sort en décidera autrement car le vieil homme, atteint d'un cancer, se suicidera, emportant dans la tombe le mystère de cette tragédie familiale. De plus en plus marqué par cette histoire, Daniel Mendelsohn va tenter de faire la lumière sur ce drame à l'aide des seuls éléments disponibles : de vieilles photos d'avant-guerre. C'est également auprès de témoins de cette époque, qu'ils soient juifs, polonais ou ukrainiens, qu'il va chercher à reconstituer, soixante ans après les faits, ce qui est advenu de son grand-oncle, de sa femme et de ses quatre filles.
Cette enquête le mènera, bien sûr, en Ukraine dans le village de Bolechow, mais aussi en Australie, en Israël, en Lituanie, en République Tchèque, en Suède et au Danemark. Mais le temps lui est compté, les témoins sont âgés, les souvenirs s'effacent ou se contredisent, les blessures du passé sont encore vives et certains silences, certaines omissions, révèlent plus de choses qu'ils ne veulent en dissimuler. Ainsi, de découvertes en fausses pistes, Daniel Mendelsohn va peu à peu faire la lumière sur les personnalités de son grand-oncle Shmiel, de sa grand-tante Ester et de leurs filles Lorka, Frydka, Ruchele et Bronia. Il va aussi découvrir – par déduction mais aussi à l'aide de témoins, voisins et habitants de Bolechow à l'époque – sur les circonstances de leur mort ainsi que sur les lieux où se sont brutalement achevées leurs vies.
C'est en regardant ces photos jaunies, en visitant ces lieux où ont vécu et où ont souffert les siens que Daniel Mendelsohn va amèrement constater, comme le fait Enée dans le livre premier de l'oeuvre de Virgile, qu' « Il y a des larmes dans les choses » (Sunt lacrimae rerum) et que ces photos, que ces endroits qui pour tant d'autres n'engendrent qu'indifférence, peuvent pour certains être porteurs d'une bouleversante et douloureuse émotion. Tous ces visages, tous ces regards, tous ces sourires figés sur un rectangle de papier ont appartenu à des êtres qui comme nous ont vécu, ri, souffert, aimé.
Comme eux, nous disparaîtront un jour. Certains se souviendront de nous mais avec les années ils seront de plus en plus rares et s'éteindront eux aussi jusqu'au dernier. Ne resteront plus alors, pour témoigner de ce que nous fûmes, que quelques images photographiques, quelques enregistrements qui peu à peu deviendront des énigmes pour celles et ceux qui tenteront de retrouver à qui était ce visage, à qui ce sourire, à qui ce regard ? Nous serons à notre tour devenus des énigmes. Avec « Les Disparus », Daniel Mendelsohn nous entraîne dans une enquête familiale passionnante et bouleversante, un récit poignant où l'on hésite entre le rire et les pleurs, une saga familiale aux dimensions épiques où le merveilleux le dispute à l'atrocité, mais un livre qui est aussi une méditation sur l'Histoire, la destinée et le souvenir.
Au delà du destin particulier d'une famille, « Les Disparus » est un récit qui nous invite à réfléchir sur notre propre passé, sur ceux qui nous ont précédés et nous ont faits tels que nous sommes, mais aussi sur notre devenir et sur les traces que nous laisserons à nos descendants. Ce livre est aussi une interrogation sur cette malédiction attachée à l'espèce humaine, cette malédiction qui fait que, de tous temps l'homme s'évertue à jalouser son prochain, son voisin, son frère, puis à le haïr et finalement à l'exterminer. Un récit poignant, riche en émotions et en questionnements, qui s'annonce comme l'une des oeuvres majeures de la littérature consacrée au drame de la Shoah.
« Les Disparus » a reçu le grand prix du National Jewish Book Award et du National Book Critic's Circle Award. Il a reçu le Prix Medicis Etranger le 12 novembre 2007. (Pas facile de parler de ce livre après tous les superbes commentaires qui précèdent.) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Mer 14 Nov 2007 - 18:35 | |
| Ah je l'attendais avec impatience cette critique du bibliomane |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Mer 14 Nov 2007 - 18:41 | |
| Moi aussi, je l'attendais... Merci Le Bibliomane, tout y est. A lire absolument! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Jeu 15 Nov 2007 - 9:43 | |
| Dans l’hebdomadaire francophone LE JEUDI où j'aime bien les critiques littéraires, il y a eu un article la semaine passée sur le livre de Daniel Mendelsohn. (Cette semaine il y a Philippe Claudel - pas encore en ligne!)
lien | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Jeu 15 Nov 2007 - 22:35 | |
| Merci beaucoup Biblio! En te lisant, je repensais au fait que l'auteur n'a pas été amené à faire des recherches du côté paternel. Il s'en explique à un moment mais très brièvement. Nous savons que son père imprime une laïcité dans le cadre familial. De fait, on ne connait rien de ces Mendelsohn, qui venaient aussi d'Europe centrale. Lors des recherches à l'étranger cependant il vient à citer ce patronyme et il fait une étrange rencontre. A présent, m'étant éloignée de ma lecture, remontent à la surface les émotions suscitées par la recherche-même : une voix au téléphone mais à des milliers de kilomètres, la cachette (boîte) étroite trouvée sous le parquet de la maison de Boleschow, ce village désert lors de leur première visite en hiver et son animation lors de la seconde... | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Mar 4 Déc 2007 - 13:24 | |
| "Les disparus" C'est une incompréhension et une curiosité enfantines qui ont conduit Daniel Mendelsohn dans une grande quête: "Pourquoi les vieilles personnes pleurent-elles en me voyant? Il paraîtrait que je ressemble à une personne de la famille....oncle Schmiel?" Hélas, personne ne souhaite en parler et peu à peu la curiosité de l'enfant devient celle de l'adolescent puis enfin la quête de l'adulte: un silence est tombé sur ce souvenir...que s'est-il vraiment passé? Commence alors une enquête, une quête à travers le temps et le monde. Daniel Mendelsohn emporte son lecteur au coeur de l'Histoire et des histoires des hommes et le fait s'égarer, puis retrouver, dans un récit en apparence labyrinthique. En effet, la Génèse (première partie de l'Ancien Testament) est en filigrane du récit, les aller-retour sans cesse se font entre l'interprétation d'exégètes (en plus de son ressenti) et les recherches sur la famille de Schmiel. Le tout parsemé de galerie de portraits de famille, hauts en couleurs, décrits avec un humour ravageur....on a l'impression d'être parfois dans un film de Woody Allen! L'histoire familiale de Daniel Mendelsohn cache un sentiment de culpabilité: il y aurait eu des tensions entre les frères Jäger (dont le grand-père du narrateur et son frère Schmiel qui retourna en Pologne après un court séjour aux Etats-Unis). Mendelsohn ne peut que rapprocher ces tensions des conflits qu'il a eu avec un de ses frères (il alla jusqu'à lui casser un bras!) et du conflit entre Abel et Caïn: "En dépit de sa raideur archaïque, c'est une histoire qui, pour quiconque a une famille - parents, frères et soeurs, ou les deux -, c'est à dire tout le monde, va paraître étrangement familière. le jeune couple, l'arrivée du premier enfant; l'arrivée du premier frère, impliquant des émotions plus complexes, un certain compromis; les germes d'une obscure compétition; la désapprobation parentale, la honte, les mensonges, les tromperies" (p 112 et 113). Les rancoeurs éprouvées par la famille du grand-père au sujet du mariage arrangé d'une soeur en contrepartie du voyage et de l'émigration vers l'Amérique sont à rapprocher des chamailleries, divergences vécues entre le narrateur et ses frères et soeurs...la vie ordinaire d'une fratrie au sein d'une famille. S'il n'y avait pas eu conflit entre Schmiel et ses frères, il ne serait peut-être pas retourné en Pologne pour y subir ensuite le joug cruel des nazis....l'ombre de l'histoire familiale donne naissance au doute et au sentiment d'avoir commis une faute, culpabilité des vivants vis à vis des disparus de la Shoah, culpabilité qui passe entre les générations. Le lecteur suit les pérégrinations de Mendelsohn à travers le monde. Il suit cette quête en Pologne où l'émotion ressentie par Mendelsohn et ses frères et soeur est indescriptible: les rues, les maisons de Bolechow, les bâtiments officiels renvoient les ultimes souvenirs de la famille décimée de l'oncle Schmiel. Il écoute les longues interviews des personnes qui ont vécu aux côtés de Schmiel qui l'ont connu et qui ont subi le joug idéologique nazi. Il est avide, comme Mendelsohn, de révélations, de détails du quotidien (la couleur d'une chevelure, un rire, une posture, un trait de caractère, un vêtement, une passion, un amour, des pleurs, des livres d'école, un jardin....), ces petits riens qui construisent tout, qui édifient un être humain petit à petit et lui donnent corps. Le lecteur part aussi à la recherche des témoignages des derniers moments de Schmiel et sa famille et comprend, aux côtés du narrateur, combien il est impossible de retranscrire les cris, les pleurs, les angoisses, les sueurs de celles et ceux qui allaient à la mort quand on n'a pas vécu cette sombre période de l'Histoire. Impossible et frustrant pour Daniel Mendelsohn qui ne peut qu'effleurer les fantômes de Schmiel et sa famille. Les témoignages sont souvent contradictoires: l'histoire de Schmiel est tissée par les fils de la mémoire des rescapés, par celle des personnes qui en ont entendu parler par telle ou telle personne, par la mémoire des archives, "Je commençais à prendre conscience de la fragilité de chaque histoire que j'avais entendue" (p 383). Ce tissage s'effectue avec les non-dits, les oublis volontaires ( le souvenir des milices juives est difficile à mettre en mots de même que le fait d'avoir des traits "aryens" permettait de survivre), les demi-vérités ou les pieux mensonges. Restent le souvenir, la recherche des origines et du passé: "Ecoutez, comment quiconque a survécu peut savoir avec certitude? C'est toujours ce que quelqu'un leur a dit. Ils n'y étaient pas. S'ils ont survécu, c'est qu'ils étaient cachés au moment où c'est arrivé..." (p 383). "Les disparus" est un récit au souffle épique et au rythme effréné d'une enquête policière. Les références littéraires et religieuses, loin d'embrouiller le récit par des considérations théoriques, l'éclairent et le magnifient. La quête de Mendelsohn est une histoire à tiroirs: un minuscule bout apparaît au regard du chercheur qui le tire et qui s'aperçoit que c'est un écheveau se déroulant à l'infini ...."Au bout d'un moment, j'ai dit, Oui, c'était comme ça que mon grand-père nous racontait des histoires. La longue préparation, tout l'arrière-plan, toutes ces boîtes chinoises, et puis, soudain, la descente rapide et habile vers le final, la ligne d'arrivée où les liens entre les détails découverts tout du long, les faits apparemment sans intérêt et les anecdotes subsidiaires sur lequels il s'était attardé au début, devenaient brusquement évidents." (p 519) Un récit envoûtant, poignant et percutant...un autre regard sur la Shoah. "Je suis satisfait de ce que je sais, mais à présent je pense beaucoup à tout ce que j'aurais pu savoir, qui aurait été bien plus que tout ce que je peux apprendre maintenant, qui a disparu à jamais maintenant. Ce que je sais à présent, c'est ceci: il y a tant de choses que vous ne voyez pas vraiment, préoccupé comme vous l'êtes de vivre tout simplement; tant de choses que vous ne remarquez pas, jusqu'au moment où, soudain, pour une raison quelconque- vous ressemblez à quelqu'un qui est mort depuis longtemps; vous décidez tout à coup qu'il est important de faire savoir à vos enfants d'où ils viennent - , vous avez besoin de l'information que les gens que vous connaissiez autrefois devaient toujours vous donner, si seulement vous l'aviez demandée. mais au moment où vous pensez à le faire, il est trop tard. (...) Dans mon esprit, le mot disparus faisait référence à la relation qu'ils entretenaient avec le reste de l'histoire et de la mémoire, et pas seulement au fait qu'ils avaient été tués: ils étaient désespérement loin, irrémédiablement." (p 100 et 101) | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Mar 4 Déc 2007 - 13:28 | |
| babelle - Citation :
- la cachette (boîte) étroite trouvée sous le parquet de la maison de Boleschow, ce village désert lors de leur première visite en hiver et son animation lors de la seconde...
J'ai beaucoup aimé le fait que l'auteur s'appuie sur un des textes fondateurs de la Bible, la Génèse, en écrivant le récit de ses recherches et de leurs péripéties. J'ai trouvé très intéressant la mise en abyme de l'Arche de Noé, des wagons, des chambres à gaz, des cachettes dans les maisons, les bois....comme autant de boîtes pouvant autant anéantir, annihiler que sauver. Extraordinaire récit.Merci encore Babelle de m'avoir permis de le lire! | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Lun 14 Jan 2008 - 4:06 | |
| A écouter dans l'émission de Frédéric Mitterrand sur France Culture Daniel Mendelsohn qui parle de son livre, Les disparus ICI | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Lun 14 Jan 2008 - 5:15 | |
| Juste une question, en attendant ma note sur ce livre, incessamment sous peu. Il n'était, pas auparavant, dans la rubrique "livres non romanesques"? Ca me semblerait plus approprié. | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Lun 14 Jan 2008 - 9:24 | |
| Daniel Mendelsohn est journaliste, Américain d'origine juive polonaise. Ses parents ne l'ont pas élevé religieusement mais son grand-père maternel qu'il adorait, lui, était très pratiquant. Très tôt, ce grand-père lui a parlé de sa famille, notamment de son frère Schmiel, resté à Bolechow, la ville d'où viennent les Jäger. La plupart a émigré aux Etats-Unis, échappant ainsi aux massacres de la Guerre. Mais Schmiel, lui, a choisi, dans les années 20, de retourner à Bolechow, après avoir vécu quelque temps en Amérique. Il s'est marié, a eu 4 filles, très jolies dit-on et a connu l'enfer. Il a écrit, souvent, aux membres de sa famille pour que celle-ci fasse le nécessaire pour le sauver, lui et sa famille, pourtant, ils sont tous morts. Daniel Mendelsohn a été, très jeune, obsédé par la vie et la mort de Schmiel Jäger et ses femmes, car personne ne voulait parler d'eux et de toute façon, personne ne savait ce qu'ils étaient devenus, s'ils étaient avaient tués ou s'ils en avaient réchappé.
L'auteur, pendant environ 30 ans, a accumulé les documents concernant les Jäger de Bolechow, cherchant à comprendre, à les connaître afin qu'ils ne soient pas oubliés. Il a accumulé les documents mais a aussi énormément voyagé, des Etats-Unis en Australie, d'Israël en Scandinavie, glanant des témoignages d'anciens habitants juifs de Bolechow, quelques-uns des 48 rescapés. En parallèle,il nous parle de sa lecture de l'Ancien Testament et des diverses explications: Adam et Eve, Abel et Caïn, Abraham...
Au final,on se retrouve avec un pavé de plus de 640 pages dans les mains, passionnant, éprouvant, captivant, qu'on n'a pas envie de lâcher mais qu'en même temps, on lit lentement pour tout intégrer. J'ai mis près d'un mois à lire ce livre, avec une pause de 10 jours pour cause de vacances où il m'était impossible d'emmener cet énorme ouvrage. J'ai eu un peu de mal à me remettre dans l'histoire, à retrouver Mendelsohn et son enquête mais, rapidement, j'ai à nouveau plongé. D'autant que le style, sans être lourd, n'est pas très fluide, avec des phrases à la Proust d'une demi-page, des digressions fréquentes. Mais cela ne m'a en rien dérangée. La seconde Guerre mondiale et la Shoah y sont abordées de façon très personnelle puisque Mendelsohn est directement concerné, bien qu'il n'ait jamais connu Schmiel.Il nous livre toutes ses interrogations, ses pensées, ses remarques, comme s'il écrivait davantage pour lui que pour le lecteur.
Mendelsohn a fait un travail absolument remarquable, tant au niveau des recherches que de l'écriture. Et grâce à ce magnifique document, il a permis à 6 des membres de sa famille de ne pas être oubliés et au contraire, d'être honorés.
Une oeuvre magistrale que je n'oublierai pas de sitôt. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Lun 14 Jan 2008 - 13:15 | |
| - Sophie a écrit:
- Une oeuvre magistrale que je n'oublierai pas de sitôt.
C'est ma prochaine lecture... | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Daniel Mendelsohn Lun 14 Jan 2008 - 19:58 | |
| - Sophie a écrit:
- Juste une question, en attendant ma note sur ce livre, incessamment sous peu. Il n'était, pas auparavant, dans la rubrique "livres non romanesques"? Ca me semblerait plus approprié.
Et bien oui, je le pensais aussi Sophie, mais cela ne me gêne pas non plus de voir Daniel Mendelsohn chez les auteurs américains. Il me semble que c'est à cause des Prix littéraires : Chagrin d'école, qui n'est pas du tout un roman, s'est retrouvé par la fantaisie et le manque de discipline des jurés Renaudot roman, tandis que Les Disparus se voyait attribué le Prix Médicis Roman étranger... C'est à Joan Didion ( L'année de la pensée magique) que revint le Prix Médicis de l'essai. | |
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