Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 cuisine et littérature

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colimasson
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyDim 17 Juin 2012 - 21:33

Sympas ces gâteaux.

Puisque je viens de terminer ma lecture de la Commedia des ratés de Benacquista, je me sens obligée de vous faire partager deux grands moments épiques concernant les... pâtes ! Faisons dans l'originalité italienne !

Cours sur les rigatonis :

Citation :
Les rigatonis sont des pâtes larges, trouées et striées afin de mieux s’imprégner de sauce. Un calibre assez gros pour diviser une famille en deux, les pour et les contre, et chez nous, mon père à lui seul se chargeait du contre. Il a toujours détesté les pâtes qu’on mange une à une et qui remplissent la bouche. Il est fervent défenseur des capellinis, le plus fin des spaghettis, cassés en trois et qui cuisent en quelques secondes. Est-ce pour le geste agile de la fourchette slalomant dans une entropie frétillante, ou bien cet étrange sentiment de fluidité dans le palais, mais il n’en démord pas.

Les secrets d'une sauce à l'arrabbiata par une italienne pure souche :

Citation :
- […] Tenez, je vais vous apprendre à faire une sauce à l’arrabbiata. Il est dix-neuf heures quarante-cinq. Mettez la R.A.I.
Un jingle qui annonce une série de publicités.
- Mettez votre eau à bouillir, et au même moment, faites revenir une gousse d’ail entière dans une poêle bien chaude sur le feu d’à côté, jusqu’à la fin des pubs.
L’odeur de l’ail frémissant arrive jusqu’à moi. Les pubs se terminent. Elle me demande de zapper sur la Cinq, où un gars devant une carte de l’Italie nous prévoit 35° pour demain.
- Dès qu’il commence la météo vous pouvez enlever la gousse de l’huile. On en a plus besoin, l’huile a pris tout son goût. Jetez vos tomates pelées dans la poêle. Quand il a terminé la météo, l’eau bout, vous y jetez les pennes. Mettez la Quatre.
Un présentateur de jeux, du public, des hôtesses, des dés géants, des chiffres qui s’allument, des candidats excités.
- Quand ils donnent le résultat du tirage au sort, vous pouvez tourner un peu la sauce, et rajouter une petite boîte de concentré de tomates, juste pour donner un peu de couleur, deux petits piments, pas plus, laissez le feu bien fort, évitez de couvrir, ça va gicler partout mais on dit qu’une sauce all’arrabbiata est réussie quand la cuisine est constellée de rouge. Passez sur la Deux.
Un feuilleton brésilien tourné en vidéo, deux amants compassés s’engueulent dans un living.
- A la fin de l’épisode ce sera le journal télévisé et on pourra passer à table. La sauce et les pâtes seront prêts exactement en même temps. Quinze minutes. Vous avez retenu ?"

Ca me ferait presque aimer les pâtes tiens...
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Queenie
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyDim 17 Juin 2012 - 22:35

Marrant ce chronométrage télévisuel !
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyDim 17 Juin 2012 - 22:39

Queenie a écrit:
Marrant ce chronométrage télévisuel !
Hé hé, oui !
Il ne faut pas qu'ils suppriment les pubs, à la RAI, sinon les pâtes seront ratées !
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyLun 18 Juin 2012 - 15:31

colimasson a écrit:

Les secrets d'une sauce à l'arrabbiata par une italienne pure souche :

Citation :
- […] Tenez, je vais vous apprendre à faire une sauce à l’arrabbiata. Il est dix-neuf heures quarante-cinq. Mettez la R.A.I.
Un jingle qui annonce une série de publicités.
- Mettez votre eau à bouillir, et au même moment, faites revenir une gousse d’ail entière dans une poêle bien chaude sur le feu d’à côté, jusqu’à la fin des pubs.
L’odeur de l’ail frémissant arrive jusqu’à moi. Les pubs se terminent. Elle me demande de zapper sur la Cinq, où un gars devant une carte de l’Italie nous prévoit 35° pour demain.
- Dès qu’il commence la météo vous pouvez enlever la gousse de l’huile. On en a plus besoin, l’huile a pris tout son goût. Jetez vos tomates pelées dans la poêle. Quand il a terminé la météo, l’eau bout, vous y jetez les pennes. Mettez la Quatre.
Un présentateur de jeux, du public, des hôtesses, des dés géants, des chiffres qui s’allument, des candidats excités.
- Quand ils donnent le résultat du tirage au sort, vous pouvez tourner un peu la sauce, et rajouter une petite boîte de concentré de tomates, juste pour donner un peu de couleur, deux petits piments, pas plus, laissez le feu bien fort, évitez de couvrir, ça va gicler partout mais on dit qu’une sauce all’arrabbiata est réussie quand la cuisine est constellée de rouge. Passez sur la Deux.
Un feuilleton brésilien tourné en vidéo, deux amants compassés s’engueulent dans un living.
- A la fin de l’épisode ce sera le journal télévisé et on pourra passer à table. La sauce et les pâtes seront prêts exactement en même temps. Quinze minutes. Vous avez retenu ?"
Excellent !
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colimasson
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyLun 18 Juin 2012 - 21:17

Ca m'a fait penser à du Raymond Calbuth : l'excellence dans le domaine de la routine et des tâches ménagères peut conduire à des merveilles Laughing

Sinon, toujours dans la Commedia des ratés, il y a aussi le secret des cafés d'Antonio:

Citation :
« Certains auraient pris une cuite, moi je fais un café qu’il aurait bu en connaisseur. De l’eau minérale, avec juste une toute petite pincée de sel. Le café, un mélange colombien, que je mouds assez gros, à cause du temps chaud. Je pose le filtre dans le réservoir et visse le couvercle. Qu’est-ce que tu dis de ça, Dario ? Ça t’étonne que je sois aussi méticuleux avec le café. Tu penses qu’un bon seau de lavasse me suffirait ? Tu ne vas pas me croire, mais l’expresso, c’est la dernière chose qui me rattache au pays. Phase délicate : déposer une larme d’eau dans le réservoir pour que les toutes premières gouttes de café qui vont sortir –les plus noires- ne s’évaporent pas sur le métal brûlant. Dès qu’elles apparaissent, je les verse sur un sucre posé dans une tasse, et mélange très fort pour avoir une belle émulsion brune. Quand le reste du café est sorti je remplis une tasse entière et y dépose l’émulsion qui reste en suspension et donne ce goût introuvable de ce côté-ci des Alpes. »
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyLun 18 Juin 2012 - 23:42

Décidément, il faut que je le remonte ce livre, ça fait des années qu'il est tout au fond de ma PAL.
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyDim 8 Juil 2012 - 22:23

N'est-ce pas appétissant ?

« Mais c’était surtout sur la table que les fromages s’empilaient. Là, à côté des pains de beurre à la livre, dans des feuilles de poirée, s’élargissait un cantal géant, comme fendu à coups de hache ; puis venaient un chester, couleur d’or, un gruyère, pareil à une roue tombée de quelque char barbare, des hollande, ronds comme des têtes coupées, barbouillées de sang séché, avec cette dureté de crâne vide qui les fait nommer têtes-de-mort. Un parmesan, au milieu de cette lourdeur de pâte cuite, ajoutait sa pointe d’odeur aromatique. Troie brie, sur des planches rondes, avaient des mélancolies de lunes éteintes ; deux, très secs, étaient dans leur plein ; le troisième, dans son deuxième quartier, coulait, se vidait d’une crème blanche, étalée en lac, ravageant les minces planchettes, à l’aide desquelles on avait vainement essayé de le contenir. Des port-salut, semblables à des disques antiques, montraient en exergue le nom imprimé des fabricants. Un romantour, vêtu de son papier d’argent, donnait le rêve d’une barre de nougat, d’un fromage sucré, égaré parmi ces fermentations âcres. Les roquefort, eux aussi, sous des cloches de cristal, prenaient des mines princières, des faces marbrées et grasses, veinées de bleu et de jaune, comme attaquées d’une maladie honteuse de gens riches qui ont trop mangé de truffes ; tandis que, dans un plat à côté, des fromages de chèvres, gros comme un poing d’enfant, durs et grisâtres, rappelaient les cailloux que les boucs, menant leur troupeau, font rouler aux coudes des sentiers pierreux. »

Emile Zola, le Ventre de Paris
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyLun 9 Juil 2012 - 16:10

colimasson a écrit:
N'est-ce pas appétissant ?

« Mais c’était surtout sur la table que les fromages s’empilaient. Là, à côté des pains de beurre à la livre, dans des feuilles de poirée, s’élargissait un cantal géant, comme fendu à coups de hache ; puis venaient un chester, couleur d’or, un gruyère, pareil à une roue tombée de quelque char barbare, des hollande, ronds comme des têtes coupées, barbouillées de sang séché, avec cette dureté de crâne vide qui les fait nommer têtes-de-mort. Un parmesan, au milieu de cette lourdeur de pâte cuite, ajoutait sa pointe d’odeur aromatique. Troie brie, sur des planches rondes, avaient des mélancolies de lunes éteintes ; deux, très secs, étaient dans leur plein ; le troisième, dans son deuxième quartier, coulait, se vidait d’une crème blanche, étalée en lac, ravageant les minces planchettes, à l’aide desquelles on avait vainement essayé de le contenir. Des port-salut, semblables à des disques antiques, montraient en exergue le nom imprimé des fabricants. Un romantour, vêtu de son papier d’argent, donnait le rêve d’une barre de nougat, d’un fromage sucré, égaré parmi ces fermentations âcres. Les roquefort, eux aussi, sous des cloches de cristal, prenaient des mines princières, des faces marbrées et grasses, veinées de bleu et de jaune, comme attaquées d’une maladie honteuse de gens riches qui ont trop mangé de truffes ; tandis que, dans un plat à côté, des fromages de chèvres, gros comme un poing d’enfant, durs et grisâtres, rappelaient les cailloux que les boucs, menant leur troupeau, font rouler aux coudes des sentiers pierreux. »

Emile Zola, le Ventre de Paris

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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyLun 9 Juil 2012 - 16:38

Quand j'étais ado je trouvais la lecture du Ventre de Paris très appétissante moi, à tel point que je mangeais toujours (généralement des sandwiches au fromage cuisine - cuisine et littérature - Page 13 937463 ) en le lisant et le relisant...
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyMar 10 Juil 2012 - 22:11

Ah oui, mais moi aussi je trouve sincèrement ce passage très appétissant (contrairement à ce qu'a l'air d'en penser Zazy...)

Elle est magnifique cette description des fromages ! Pleine d'inventivité !
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyMar 10 Juil 2012 - 22:41

Jean-Jacques Rousseau dans la Nouvelle Héloïse :

« En général, je pense qu’on pourrait souvent trouver quelque indice du caractère des gens dans le choix des aliments qu’ils préfèrent. Les Italiens, qui vivent beaucoup d’herbages, sont efféminés et mous. Vous autres, Anglais, grands mangeurs de viande, vous avez dans vos inflexibles vertus quelque chose de dur et qui tient de la barbarie. Le Suisse, naturellement froid, paisible et simple, mais violent et emporté dans la colère, aime à la fois l’un et l’autre aliment, et boit du laitage et du vin. Le Français, souple et changeant, vit de tous les mets et se plie à tous les caractères. Julie, elle-même, pourrait me servir d’exemple ; car, quoique sensuelle et gourmande, dans ses repas, elle n’aime ni la viande, ni les ragoûts, ni le sel et n’a jamais goûté de vin pur : d’excellents légumes, les œufs, la crème, les fruits, voilà sa nourriture ordinaire ; et sans le poisson, qu’elle aime aussi beaucoup, elle serait une véritable pythagoricienne. »


Je me demande ce qu'il entend par "pythagoricienne"...

Allez, dites-moi ce que vous mangez, je vous dirai qui vous êtes...
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyMar 10 Juil 2012 - 23:10

Les pythagoriciens étaient végétariens, à cause de la théorie de la réincarnation. Et dans le passage que tu cites, je crois que c'est à cet aspect de la pensée pythagoricienne que se réfère Rousseau.
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyMer 11 Juil 2012 - 21:38

Et cette théorie de la réincarnation stipulait que la consommation de viande empêchait le processus de se réaliser, alors ?

L'article sur Wikipédia fournit pas mal de détails, mais peu sur le fonctionnement général de cette école. Ils avaient l'air de bien se marrer pourtant.
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyMer 11 Juil 2012 - 22:29

Il faut déjà préciser, que pour les présocratiques dont fait en principe partie Pythagore, on sait peu de choses de première main, c'est à dire par des textes des intéressées eux-mêmes. L'interdiction de manger de la viande est citée, Pythagore l'appliquait à lui-même, mais il semble que quelques disciples illustres la transgressaient. Et donc les justifications donnée à la règle, ne sont pas forcément certaines. Il pourrait s'agir toute simplement de la crainte de manger un parent ou ami réincarné.
Et en effet, le fait de manger un animal peut perturber le processus, puisque la réincarnation a pour but de permettre à l'âme d'expier les fautes commises dans les vies antérieures, ce qui est indispensable pour pouvoir être libéré de la roue de l'existence et connaître une immortelle vie divine. Interrompre prématurément une vie, c'est l'empêcher d'expier et d'avancer dans la bonne voie.

Je ne sais pas s'ils se marraient tellement, pour moi cela ressemblait vraiment à une secte. Et le principe de ce genre de groupe, c'est justement de tenir un certain nombre de choses secrètes.
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MessageSujet: Re: cuisine et littérature   cuisine - cuisine et littérature - Page 13 EmptyJeu 12 Juil 2012 - 10:39

Merci Arabella, très intéressant tout ça.

Arabella a écrit:


Je ne sais pas s'ils se marraient tellement, pour moi cela ressemblait vraiment à une secte. Et le principe de ce genre de groupe, c'est justement de tenir un certain nombre de choses secrètes.

Uch, j'imagine bien. Je disais cela justement parce que les règles qui régissaient ce groupe me semblaient assez rigides et complexes...

Et pour en revenir à la cuisine, un ouvrage qui vaut le coup d'oeil :

Mots en bouche: La gastronomie : une petite anthologie littéraire (1998) sous la direction de Florence Trébaol

cuisine - cuisine et littérature - Page 13 Cvt_mo10

Gastronomie et littérature font bon ménage… Lorsque les mises en bouche culinaires semblent avoir révélé aux papilles toutes leurs subtilités, un texte éclairé sur un mets ou la description d’un festin permettent au lecteur d’appréhender différemment ce qu’il croyait avoir acquis en certitudes sur le goût et les techniques de préparation.

Cette anthologie littéraire se présente sous la forme d’un pavé apte à impressionner le plus vorace des lecteurs. Toutes les différentes facettes de la gastronomie –considérée comme l’art de faire bonne chère- sont abordées et triées en chapitres thématiques : qu’il s’agisse des comportements alimentaires (« De la Gourmandise »), de l’art de bien recevoir (« Du bon usage de la table », « Du savoir-faire »…), des aspects socio-historiques (« Des traditions », « Des origines »…) ou des catégories substantielles d’aliments (« Du bon usage du poisson », « De la charcuterie », « Des légumes du potager »…), rien ne semble avoir été oublié. On peut éventuellement regretter la place trop importante accordée aux descriptions de repas ou de fêtes qui s’attardent sur des scènes présentant les enjeux dramatiques pouvant parfois s’établir entre commensaux : hors contexte, ces extraits n’ont pas vraiment de pertinence et peinent à susciter l’intérêt.

De même, on pourra regretter le peu de diversité des références littéraires invoquées dans cette anthologie pourtant considérable. Les siècles traversés s’étirent du XVIe avec Rabelais jusqu’au début du XXe siècle. Pas de dépaysement non plus car l’origine ethnique des références ne s’éloigne guère de la France. Disons qu’on se limite ici à de la gastronomie traditionnelle : pas d’exotisme ni de cuisine moléculaire, mais que des valeurs sûres à base de ragoûts, de patates (pommes de terre à la maître d’hôtel, pomme de terre à la parisienne, pommes de terre à l’italienne, pommes de terre au lard…), de sangliers et de lièvres… N’oublions pas les quelques douceurs qui sauront ravir ces dames et les quelques messieurs au tempérament douillet…A défaut de voyage à travers d’autres cultures, ou d’ouvertures sur l’avenir de la gastronomie, cette Anthologie permettra de faire le point sur nos traditions culinaires et de savourer quelques délicieux textes aussi savamment mijotés qu’un rôti d’Alexandre Dumas…

C'est de cet ouvrage que j'ai tiré mes précédents extraits, de Zola et de Rousseau. Un autre pour le plaisir :

Citation :
« Chaque foyer, aisé ou pauvre, pratiquait dans mon village natal une gastronomie qui s’ignorait, la vraie gastronomie, celle qui sait tirer, de tout produit modeste, le meilleur parti. Le légume d’hiver, la pomme de terre, se faisait friandise, parce qu’elle cuisait au sein d’une cendre tamisée et brûlante, qui ne quittait pas un chaudron de fonte noire. Les tubercules sortaient de là blancs comme neige, farineux, et nous les mangions en guise de goûter, poudrés de sel, creusés, et dans la cavité nous enfouissions de petits dés de beurre, tout frais et bien froid. »
Colette, Paysages et portraits

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