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| cuisine et littérature | |
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Auteur | Message |
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Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: cuisine et littérature Mer 16 Avr 2008 - 23:46 | |
| Texte extra-ordinaire ! Merci de le faire remonter à la surface Babelle ! | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: cuisine et littérature Mer 16 Avr 2008 - 23:52 | |
| En furetant, j'ai vu que Babelle avait créé un fil sur le même sujet. C'est dans pratique Culturelle. Il a pour nom La cuisine dans la littérature. Peut-être faudrait-il fusionner les deux fils, en laissant Babelle comme auteur du fil ? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: cuisine et littérature Lun 19 Mai 2008 - 12:17 | |
| - kenavo a écrit:
- Cela ne pouvait être que moi - je suis en train de voyager en Hôtels avec vous de pays en pays - et c'est ce livre que j'ai trouvé l'autre jour chez mon libraire
Je viens de voir que Chatperlipopette a succombé lors du Festival à Saint Malo aussi pour ce livre.. il est vraiment trop jolie | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: cuisine et littérature Mer 28 Mai 2008 - 19:16 | |
| Un extrait du Scaphandre et du papillon pour bien vous montrer ce qu'est l'écriture de Jean Dominique Bauby. - Citation :
Chaque jour après la séance de verticalisation, un brancardier me ramène de la salle de kiné et me gare à côté de mon lit en attendant que les aides-soignants viennent me recoucher. Et chaque jour, comme il est midi, le même brancardier me lance un « bon appétit » à la jovialité calculée, manière de prendre congé jusqu’au lendemain. Bien sûr, cela revient à souhaiter « Joyeux Noël » le 15 août ou « Bonne nuit » en plein jour ! Depuis huit mois, j’ai avalé en tout et pour tout quelques gouttes d’eau citronnée et une demi-cuillerée de yaourt qui s’est bruyamment égarée dans les voies respiratoires. L’essai alimentaire, comme on a baptisé ce festin avec emphase, ne s’est pas révélé probant. Qu’on se rassure, je ne suis pas pour autant mort de faim. Par le biais d’une sonde reliée à l’estomac, deux ou trois flacons d’une substance brunâtre m’assurent mon lot quotidien de calories. Pour le plaisir, j’ai recours à la mémoire vive des goûts et des odeurs, un inépuisable réservoir de sensations. Il y avait l’art d’accommoder les restes. Je cultive celui de mitonner les souvenirs. On peut se mettre à table à n’importe quelle heure, sans façon. Si c’est au restaurant, pas besoin de réservation. Si je fais la cuisine, c’est toujours réussi. Le bourguignon est onctueux, le bœuf en gelée translucide, et la tarte à l’abricot a la pointe d’acidité nécessaire. Selon mon humeur je m’offre une douzaine d’escargots, une choucroute garnie et une bouteille de Gewurtztraminer « Cuvée vendanges tardives » à la teinte dorée, ou je déguste un simple œuf à la coque accompagné de mouillettes au beurre salé. Quel régal ! Le jaune d’œuf m’envahit le palais et la gorge en de longues coulées tièdes. Et il n’y a jamais de problèmes de digestion. Evidemment, j’utilise les meilleurs produits : les légumes les plus frais, des poissons qui sortent de l’onde, les viandes les mieux persillées. Tout doit être préparé dans les règles. Pour plus de sûreté, un ami m’a envoyé la recette de la vraie andouillette de Troyes, avec trois viandes différentes entortillées en lanières. De même, je respecte scrupuleusement le rythme des saisons. Pour l’instant je me rafraîchis les papilles à coups de melon et de fruits rouges. Les huîtres et le gibier ce sera pour l’automne si j’en conserve l’envie car je deviens raisonnable, pour ainsi dire ascétique. Au début de mon long jeûne, le manque me poussait à visiter sans cesse mon garde-manger imaginaire. J’étais boulimique. Aujourd’hui, je pourrais presque me contenter du saucisson artisanal enserré dans son filet qui pend toujours dans un coin de ma tête. Une rosette de Lyon à la forme irrégulière, très sèche et hachée gros. Chaque tranche fond un peu sur la langue avant qu’on ne la mâche pour en exprimer toute la saveur. Ce délice est aussi un objet sacré, un fétiche dont l’histoire remonte à près de quarante ans. J’avais encore l’âge des bonbons mais je leur préférais déjà la charcuterie, et l’infirmière de mon grand-père maternel avait remarqué qu’à chacune de mes visites dans le sinistre appartement du boulevard Raspail je lui réclamais du saucisson avec un charmant zézaiement. Habile à flatter la gourmandise des enfants et des vieillards, cette industrieuse gouvernante a fini par faire coup double en m’offrant un saucisson et en épousant mon grand-père juste avant sa mort. La joie de recevoir un tel cadeau fut proportionnelle à l’agacement que ce mariage-surprise causa dans la famille. Du grand-père je n’ai gardé qu’une image assez floue, une silhouette allongée dans la pénombre avec le visage sévère du Victor Hugo des billets de cinq cents anciens francs en usage à cette époque. Je revois beaucoup mieux le saucisson incongru au milieu de mes Dinky-toys et de mes livres de la bibliothèque verte. | |
| | | Lafreizh Envolée postale
Messages : 110 Inscription le : 26/08/2008 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: cuisine et littérature Ven 29 Aoû 2008 - 21:46 | |
| Je reste raccord puisque le festin cubain que je vous propose est arrosé d'un vin rouge roumain, "sec, presque parfait dans la catégorie piquette". Il est extrait de "Passé parfait", roman policier de Léonardo Padura. Son héros récurrent, l'inspecteur Mario Conde, grand admirateur d'Hemingway, est amené à enquêter dans différents milieux, pour une affaire de corruption, un premier janvier. Il est réveillé par son chef alors qu'il tient une cuite phénoménale et ne tient le coup que grâce à la promesse de ce dîner que lui détaille la cuisinière :
"Ecoute bien : les malangas (sorte de patate douce) que tu as rapportées, bouillies, puis accommodées dans leur jus. J'y ai mis pas mal d'ail et de l'orange amère : quelques bonnes petites tranches de porc qui restaient d'hier. Figure-toi qu'elles sont presque cuites par la marinade. Il y en a deux pour chacun : j'ai mis les haricots noirs à feu doux, ils sont délicieux, exactement comme vous les aimez; maintenant, je vais y ajouter un petit filet de l'huile d'olive argentine que j'ai achetée (...). Et la salade : laitue, tomates et petits radis. Ah, et puis, le flan au coco râpé avec du fromage..." | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: cuisine et littérature Ven 29 Aoû 2008 - 23:15 | |
| Ce doit être terrible la littérature gourmande...ça me donnerait toujours faim il me semble... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Lafreizh Envolée postale
Messages : 110 Inscription le : 26/08/2008 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: cuisine et littérature Dim 31 Aoû 2008 - 21:43 | |
| C'est vrai qu'il y a de plantureux repas dans "Mort d'une héroïne rouge", mais mais mes festins chinois préférés se trouvent dans "Vie et passion d'un gastronome chinois", de Lu Wenfu, roman d'initiation qui mêle cuisine et politique (dans cet ordre). | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: cuisine et littérature Dim 31 Aoû 2008 - 21:48 | |
| - Lafreizh a écrit:
- mais mais mes festins chinois préférés se trouvent dans "Vie et passion d'un gastronome chinois", de Lu Wenfu, roman d'initiation qui mêle cuisine et politique (dans cet ordre).
je n'ose presque plus le dire - mais ce livre se trouve dans ma PAL.. et ce serait temps qu'il voit le jour | |
| | | Lafreizh Envolée postale
Messages : 110 Inscription le : 26/08/2008 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: cuisine et littérature Dim 31 Aoû 2008 - 22:13 | |
| PAL : pile à lire ?
Voici un petit extrait de ce roman passionnant de Lu Wenfu, alors, qui recouvre 40 années, et dont les deux héros opposés sont le gastronome du titre (Zhu Ziye, plus apolitique que capitaliste) et un de ses jeunes cousins, qui se sent exploité par son oncle et qui va donc devenir communiste. Zhu Ziye a l'habitude de prendre son petit déjeuner chez Zhu Hongxing, pour profiter des nouilles de "première cuisson", dans la première eau. Il faut préciser que l'eau n'est pas changé de la journée et se charge peu à peu d'amidon.
"Chez "Zhu Hongxing" était un restaurant de nouilles très célèbres. Le restaurant existe toujours. Il est situé en face du jardin de la Tranquillité. Je ne vais pas m'étendre sur le variété, la saveur des nouilles servies chez Zhu Hongxing; il suffit de consulter le menu (...).Je voudrais plutôt parler des rites accompagnant ces nouilles. Parce qu'il y a des rites ? Oui, c'est vrai, pour un même bol de nouilles, chacun avait ses habitudes. Les gastronomes avaient les leurs, bien établies. Un exemple : on s'asseyait à une table et on appelait le serveur : - "Hep ! (à l'époque, on ne disait pas "camarade"), un bol de nouilles de...!" Au bout d'un instant, le garçon répondait d'une voix forte : -"Voilà, j'arrive ! Un bol de nouilles de ...". Pourquoi ne venait-il immédiatement ? Parce qu'il attendait que le client ait précisé : nouilles al dente ou bien cuites, natures ou avec bouillon; vertes ou blanches (avec ou sans ciboule); riches (bien grasses) ou légères (sans graisse); sauce longue (avec plus de sauce que de nouilles) ou sauce courte (avec plus de nouilles que de sauce); nouilles sur l'autre rive : la sauce au lieu d'être versée sur le nouilles, est présentée à part sur une assiette et l'on doit "faire le pont" entre le bol et l'assiette. Quand Zhu Ziye arrivait dans le restaurant, on entendait le serveur prendre son souffle et lancer : "Voilà, je viens ! Un bol de nouilles sautées en accompagnement, nouilles sur l'autre rive, beaucoup de bouillon, vertes, sauce longue, al dente." | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: cuisine et littérature Dim 31 Aoû 2008 - 22:19 | |
| Je ne suis pas très accro à ce genre de Littérature ...ou plutôt je l'évite sinon il me semble que j'aurais toujours faim... Tu connais ça?...J'en ai entendu des extraits ... La vie et la passion de Dodin - BouffantHymne à la gastronomie et à ses apôtres, c'est un livre qu'on lit en se pourléchant les babines. Marcel Rouff écrit avec un bonheur gourmand, cet esthète qui consacra sa vie à un art gastronomique typiquement français. Le pot-au-feu de Dodin Bouffant: "Le pot-au-feu proprement dit, légèrement frotté de salpêtre et passé au sel, était coupé en tranches, et la chair en était si fine que la bouche à l'avance la devinait délicieusement brisante et friable. Les tranches, assez épaisses (...), s'appuyaient mollement sur un oreiller fait d'un large rond de saucisson, haché gros, où le porc était escorté de la chair plus fine du veau. Cette délicate charcuterie, cuite dans le même bouillon que le boeuf, était elle-même soutenue par une ample découpade (...) de blanc de poularde, bouillie en son jus avec un jarret de veau. Et pour étayer cette triple et magique superposition, on avait glissé audacieusement derrière la chair blanche de la volaille (...) le gras et robuste appui d'une confortable couche de foie d'oie frais simplement cuit au chambertin." Ca y est...J'ai faim! | |
| | | Lafreizh Envolée postale
Messages : 110 Inscription le : 26/08/2008 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: cuisine et littérature Lun 1 Sep 2008 - 21:15 | |
| Appétissant ! A relire dans un mois ou deux, quand il commencera à faire vraiment froid ! | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: cuisine et littérature Lun 1 Sep 2008 - 21:25 | |
| moi aussi j'ai faim!!! | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: cuisine et littérature Lun 1 Sep 2008 - 21:26 | |
| - Lafreizh a écrit:
- C'est vrai qu'il y a de plantureux repas dans "Mort d'une héroïne rouge", mais mais mes festins chinois préférés se trouvent dans "Vie et passion d'un gastronome chinois", de Lu Wenfu, roman d'initiation qui mêle cuisine et politique (dans cet ordre).
Je l'ai réservé et devrais le lire d'ici la fin de l'année (il est en prêt dans une autre bibliothèque). | |
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