Dennis Hopper

"Easy rider" ailleurs, l'artiste ... ... il appartient aux êtres rares qui me manquent, alors que je ne les ai jamais rencontrés ...



L'un de mes premiers chocs cinématographiques :

bix229 a écrit:

La mort déguisée en crabe a finir par avoir sa peau...

Goodbye Dennis !

Il manquera cet homme qui a incarné des personnages parfois inquiétants et qui dans la vie semblait si généreux et sensible. Dennis !

j'ai aussi adoré le photographe






j'espère qu'un de ces jours le livre chez Taschen va avoir un prix raisonable pour que les mortels ordinaires auont aussi une chance de l'acheter
(pour l'instant c'est une série limitée à 750 Euro )

A défaut de pouvoir acquérir l'ouvrage paru chez Taschen, on peut malgré tout le feuilleter : ICI


Je me suis laissée prendre par la beauté des photos, et j'ai tourné les pages jusqu'au bout ...

c'est pas mal ce panorama en petit (et ça me rappelle l'expo vue en compagnie parfumée). ça serait bien qu'on est droit à des ressorties de films...

Constance a écrit:

A défaut de pouvoir acquérir l'ouvrage paru chez Taschen, on peut malgré tout le feuilleter : ICI


Je me suis laissée prendre par la beauté des photos, et j'ai tourné les pages jusqu'au bout ...

merci pour ce lien.. je ne pensais pas qu'il serait en ligne.. et tout comme toi, j'ai tourné les pages jusqu'au bout.. trop bon..

c'est la radio qui m'a mis la puce à l'oreille hier nous bénéficions semble-t-il maintenant d'un dvd de chez nous pour Out of the blue (réédition d'une sortie de 2010 ?)

c'est une bonne nouvelle.

Out of the blue.


Je ne sais pas trop quoi en penser de ce film, je l'ai trouvé très inégal. des moments où c'est le creux du vide total (scène où le père fait des petits tours dans sa décharge), des moments qui se veulent signifiants et qui sont très bien filmés mais qui manquent d'un petit quelque chose (les déambulations de fugue de la fille), et des moments vraiment très très forts (toute la dernière demie heure, qui monte en crescendo d'intensité, de glauque, de tension, de tendresse, de perdition).


J'ai trouvé les acteurs malmenés : un coup très dedans, et d'autres fois un peu en dehors. Peut-être paumés dans le bordel.

Par contre, comme le dit Aériale, la musique de Neil Young a une vraie place qui donne une densité sombre au film. Et les titres d'Elvis Presley, aussi, collent bien.

Filmé en quelques semaines, au départ ça devait être un scénario différent, ceci explique peut-être les faiblesses que j'ai ressenti en voyant Out of the blue.

profité de la diffusion récente (et toujours visible !) pour le revoir ce Out of the blue. parce que je l'aime bien ce film, j'en garde un souvenir très fort. Et je l'aime encore plus maintenant, c'est un film à vous glacer le sang et les méninges mais il est beau.

Il paraitrait que Dennis Hopper considérait son personnage de Don routier alcoolique et père d'une adolescente comme une suite de son personnage de Easy Rider. Mais le film s'attache à la gamine séparée de son père par un accident qui a emmené son père en prison pour cinq ans et séparée de sa mère avec laquelle elle vit par... on pourrait dire l'alcool, l'héroïne et ses amants mais ça ne serait pas tout à fait complet pour cette ambiance de petite ville perdue et pauvre. Il lui reste les icônes du rock et du punk et son ours.

Le film est ponctué par ses errances physiques ou mentales sur le rythme de ces musiques qui se traduisent en monologues hébétés (truc pour lequel Hopper est très fort), à la fois très transparents, des moments d'ouverture et mécaniques. Des monologues comme un retour vers le père qui est un peu une incarnation de ces icônes et un retour vers une certaine sécurité faite de force et de liberté. Force et libertés qui sont d'un monde d'adultes, monde peu inspirant qu'on voit se dissoudre encore plus à travers le regard de cette fille, jusqu'à une fin en impasse complète.

Un film violent, sur une vision très large et culturelle aussi de la violence. Un film absolument déchirant qui confronte une naïveté qui dépasse de loin celle de cette fille à une vision à la fois sinistre et lucide de ce que l'existence peut représenter de faillites. En restant dans le constat, une observation fascinée et inquiète plutôt que dans l'accusation (globale). Le tout sur un panorama très américain, le film propose d'ailleurs beaucoup de paysages américains entre réalisme et naturalisme. Étrangement le film balaye une bonne part de ce qui représente une identité visuelle et culturelle, peut-être, de ce pays. Concrètement ça veut dire que c'est déglingué et désabusé mais d'une très belle sensibilité (je trouve) avec quelques plans et quelques mouvements qui ne peuvent laisser indifférent (comme ce mortel travelling le long du trottoir où des types boxent).

Et Linda Manz est franchement exceptionnelle dans ce personnage demi mimétique.

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Ce que j' ai vu aussi, parce que vraiment ça crève les yeux, c'est que le personnage de l' ado est essentiel dans le film.
Parce qu' on lui a volé son enfance, sa candeur, son besoin terrible d' affection et d' idéal. Or que voyons nous ?
La mère est un personnage certes pathétique, mais faible et vulnérable, incapable de résister à son pochton de mari et à ses copains en déglingue.
Aimante et complice de sa fille, mais absolument incapable de la protéger. Contre la cruauté du monde mais surtout contre son père.
La fille aux yeux du monde qui la voit est vive, intrépide, brise acier et sans complexes. Elle pousse l' identification à son père jusque dans ses comportements et ses folies en jouant les petits mecs....
Mais ce n' est qu' un role qu' elle incare pour les autres. Hyper vulnérable, idéaliste en réalité et aussi, fantastiquement intelligente.
Et qui ne trouve un abri tellement précaire qu' auprès de sa poupée à qui elle parle et auprès de qui elle s' endort en suçant son pouce. Comme tous les enfants du monde.

Oui, mais voilà.

Son héros de père, elle le découvre veule, immature, un anti héros sans morale, sans autre idéal que ce qu' il a pu imaginer à travers ses fuites dans la drogue, l' alccol, un idéal brisé parceque trop confus ...
Un pauvre type et meme un sale type...
Qui essaie d' entrainer ceux qu' il croit aimer dans sa démarche suicidaire.
Elle l' avait placé bien trop haut dans son imagination. Plus dure est la chute. Irrémédiable. Mortelle.

Je ne peux m' empecher de penser que Hopper s' est jugé à travers le personnage qu' il incarne.

ce sont un peu tous des ordures, des épaves au moins mais c'est aussi qu'ils courent, les parents et les autres, ou ont couru après un idéal absent. et le film ferme les deux portes : celle du rêve américain propre comme celle d'une rébellion intoxiquée (je pense aussi qu'il se juge et se cherche entre les deux). et c'est l'enfance qui fait les frais, les gamins du bus comme sa fille, comme les autres gamines. L'absence de jugement, au moins de jugement explicite, et l'absence de solution laisse en suspend comme rarement en fin de compte la question du sens.

la confusion et la perte de soi sent le vécu aussi. c'est peut-être facile, mais je ne peux m'empêcher de repenser à ce que j'ai vu pendant l'exposition qui lui était consacrée, ni de repenser au peu que je sais du bonhomme et certains de ses films, il y a le mélange de recherche (revers de l'instabilité) et de goût et de connaissance pour les images. Je ne peux pas m'empêcher de trouver que c'est un beau film qui choisit ses images et les interroge aussi. et ce n'est pas un film qui fait beaucoup de détours pour en arriver à ce qu'il veut dire, raison pour laquelle il est immédiatement bouleversant finalement.

Je suis d' accord. Il s' est beaucoup malmené Dennis Hopper et il a fini par trouver une certaine sérénité, alors
que personne ne pensait qu' il survivrait à son propre naufrage.
C' est qu' il disait dans son interview d' après Easy Rider à la télé.

Out Of The Blue. Rattrapage sur Arte+7 pour faire plaisir à animal. Une bande son sublime pour le portrait d'une ado qui a grandi avec une image du père excessive (alors que c'est un salaud), projetée sur la scène d'une parentalité défaillante (héroïne, alcoolisme, inceste?) et identification au grand frère Elvis. Survol d'une Amérique qu'on traverse en un road movie qui ferait du sur-place dans un microcosme d'où l'enfant ne pourrait s'échapper, hélas. Le père, on se demande à quoi il ressemblerait, comment ça aurait pu marcher s'il ne buvait pas.
Il manque les motos. Est-ce que les motards ont un profil plus sympa dans Easy rider?
Avec Peter Fonda et Jack Nicholson, je dois le voir...

Easy Rider

Le fil existe, le film n'y est pas encore si présent (dirons que c'est un des bons côtés de notre assemblage bizarre ?). Ce weekend j'ai pu le revoir et surtout le voir sur grand écran. Malgré le son laissant à désirer l'expérience était encore positive et a permis une vision différente, un peu différente des précédentes ? Plus de films vus depuis, plus de choses tout court, plus de lectures, plus d'usure. ça fait partie des films qu'on doit pouvoir voir autrement suivant son instant.

Le point de départ c'est un petit business lucratif de drogue à LA pour deux copains. Rien de très glamour mais de quoi investir dans une paire de motos customs et une traversée du pays avec comme destination Mardi-Gras à la Nouvelle-Orléans. En route une famille de fermiers, une communauté hippie, un avocat alcoolique et des gens de la base, une certaine hostilité pour ces marginaux. Mais si on y regarde bien, il n'y a pas de trame, il y a un voyage au milieu d'un grand vide, une désolation, une méditation qui se change de déserts en verdure étouffantes et ivresses intoxiquées.

Néanmoins il va falloir mettre de côté la recherche d'un message clair, si on tient comme acquis un espoir de tranquillité pour ses cheveux et consommations diverses, les deux motards, l'un fébrile et l'autre plus contemplatif, intérieurement inquiet, donnent un regard distant. A part la violence bien réelle rencontrée on glisse des espoirs d'un repos "juste" des fermiers ou de la communauté à un étouffement plus fort qui s'achève presque, sous acide, dans un cimetière de la Nouvelle-Orléans. La musique et le désarrois ambiant sont peut-être la part la plus politisée du film.

Ce qui fait le film, qu'on ne l'oublie pas, en le revoyant c'est pour moi ce grand vide des paysages désolant et à la fois réjouissant par son apaisement, vide, liberté l'espace et le temps pour exister. Le temps c'est celui des images, les portraits qui durent assez pour qu'un regard se détourne ou qu'on souhaite regarder ailleurs, les paysages, les présences qui durent assez pour devenir un moment d'existence, il y a un juste épuisement de l'instantané. On passe l'image pour la percevoir depuis le vide qui la suit de peu. C'est ce qui fait aussi que les mots et les explications rares ont leur sens, leur mélancolie.

Je n'avais pas autant vu les fois d'avant la différence des caractères, l'inquiétude morbide et l'espérance presque religieuse du personnage de Peter Fonda qui a finalement la première place dans le sens du film (on pourrait y voir un autre beau geste du réalisateur).

Film "de drogués", film de liberté, film qui reste encore assez ailleurs pour ne pas être pop, trop curieux, trop attentif, trop dur aussi (celui qui a du bol et qui pense, l'avocat joué par Nicholson, finit très mal et très injustement). C'est un regard, des zones d'ombres. Pas un film parfait mais une entité cohérente, une vision, qui cacherait son jeu si on pense aux légendes qui entourent le film.

Un beau film en tout cas, un beau mouvement en longueur, un beau geste planqué derrière sa moustache et des sourires édentés.

L'' étrande de l' affaire, c' est que ce film qui porte la mélancolie des reves brisés et des désillusions, a été reçu en France triomphalement par les jeunes de l' époque, pour c' était un bon trip avec des bécanes, de grands espaces, un peu de défonce e,t -of course- beaucoup de rock and roll...
Un vrai décalage spatio-temporel avec les States...