Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 François Ricard

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Marie
Zen littéraire
Marie


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MessageSujet: François Ricard   François Ricard EmptyJeu 8 Nov 2007 - 19:35

François Ricard Ricard10


Il est natif de Shawinigan où il fait des études classiques au Petit Séminaire. Il obtient sa maîtrise de l'Université McGill en 1968 et son doctorat de l'Université d'Aix-en-Provence (France) en 1971. De retour au pays, il enseigne les lettres françaises à l'Université McGill et collabore à la revue «Liberté». Il publie un essai consacré à Gabrielle Roy en 1975 et écrit deux oeuvres de fiction : «Le Prince et la Ténèbre» (1980) et «L'Incroyable Odyssée» (1981). Il est aussi l'auteur de «La Littérature contre elle-même» (1985), «Histoire du Québec contemporain» (1986) et «La Génération lyrique» (1992). Il reçoit le prix du gouverneur général du Canada en 1985 pour son essai «La littérature contre elle-même».
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Marie
Zen littéraire
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MessageSujet: Re: François Ricard   François Ricard EmptyJeu 8 Nov 2007 - 19:41

Zazoom et Gabrielle Roy m'ont fait penser à ces chroniques de François Ricard dont j'avais recopié des extraits ailleurs...Le titre m'avait attirée, Chroniques d'un temps loufoque
Je rapatrie!

"La chronique est un art mineur.Et même doublement mineur, si cela est possible, puisqu'elle n'est qu'une des "petites formes" d'un art littéraire lui même marginal, l'art de l'essai.
C'est que la chronique n'est rien d'autre, par définition, que de l'écriture de circonstance. Son seul propos est de ne pas en avoir, ou du moins d'en changer constamment, au gré du temps qui passe, et de ne jamais s'appesantir.C'est de la littérature non sérieuse, de la pensée provisoire et fragmentaire, qui ne souffre ni la lourdeur, ni les épanchements.
Le chroniqueur est il un écrivain? A peine. Tandis que le Poète est à l'écoute de son imaginaire ou de son être intérieur, le chroniqueur n'est à l'écoute que du monde autour de lui. Il n'a pas vraiment d'imagination, et son être varie comme le vent, selon que le hasard l'entraine ici ou là, selon que son humeur le porte au rire ou à la nostalgie. Le monde qui l'intéresse n'est jamais le Monde avec une majuscule, celui des grandes idées et des phénomènes généraux, mais l'univers le plus proche, le plus voisin, celui de sa vie quotidienne , pleine de rencontres, de lectures et de curiosités dont il se délecte parce qu'elles sont rarement importantes mais toujours imprévues. Le chroniqueur, en somme, écrit et pense comme un myope, en se tenant tout près des choses et en se méfiant de la profondeur.Il ne faut pas compter sur lui pour tirer de vastes conclusions.Tout ce qu'il sait faire, c'est remarquer certains détails, des incongruités, des bizarreries, souvent bien banales, du reste, et s'en étonner ou s'en amuser, cela dépend de sa disposition du moment. En tout cas, l'affliction n'est pas son fort, non plus que l'indignation ou la colère, et encore moins le désespoir.
Au point de vue sentimental comme au point de vue métaphysique ou politique, le chroniqueur est quelqu'un de réservé, qui n'aime pas beaucoup le bruit, ni les foules, ni les partis, ni les grandes causes, quelles qu'elles soient. Par principe- et peut être un peu par paresse- c'est un solitaire et un sceptique.
Bref, il est difficile d'être chroniqueur si l'on n'a pas passablement vécu, et si l'on n'a pas compris que le loufoque est la catégorie moderne par excellence, celle qui- comme le "tragique" , le "divin" ou l"héroïque" en d'autres époques- convient le mieux au monde dans lequel nous voici tenus de vivre. Or ce temps loufoque, cette humanité loufoque qu'il partage avec ses semblables, le chroniqueur n'a d'autre ambition que d'en faire découvrir, par des aperçus furtifs, non seulement l'étendue, la profondeur et l'extraordinaire diversité, mais aussi la beauté. Car oui, il y a une beauté du loufoque, une splendeur propre à cette recontre unique du risible et du pitoyable qui, lorsqu'elle atteint un certain degré de perfection, procure au coeur et à l'esprit du chroniqueur une satisfaction, voire une exaltation proche de celle que produisait chez l'homme de l'âge classique ce qu'il appelait le sublime.Et si le chroniqueur, malgré les efforts que cela lui coûte, continue à écrire, c'est pour que cette beauté loufoque,ou cette vérité loufoque, peut être, ne cesse de scintiller.

...

Je ne suis pas romancier. Et pourtant, je le suis, d'une certaine manière, dans la mesure où j'habite depuis toujours le pays du roman, comme "liseur", selon la belle expression de Thibaudet, comme critique, comme enseignant et comme éditeur, mais aussi comme simple mortel dont la conscience qu'il a du monde et de sa propre vie est toute entière modelée , imprégnée par l'esprit du roman. En ce sens, Don Quichotte et Emma Bovary, c'est moi.
Ou plutôt Cervantes et Flaubert, c'est à dire leur regard de romanciers sur Don Quichotte et sur Emma, créatures nées de leur amour et de leur mépris du monde, de leur pitié complice, de leur ironie mêlée de compassion. Mais Cervantes et Flaubert ne sont pas moi, bien sûr, autant que je suis eux, m'efforçant non tant de leur ressembler ( à quoi bon?) que de les comprendre, de me mettre à leur place, d'entrer dans la pensée qui les conduit là où ils conduisent Don Quichotte et Emma et d'apprendre ainsi ce vers quoi je suis moi même conduit par la condition qui est la mienne et que je partage avec ces êtres de leur imagination, mes semblables, mes frères. Cervantes et Flaubert, donc. Avec Balzac, Musil, Gombrowicz, Malaparte, Philip Roth, Saul Bellow et Kundera. Avec aussi Gabrielle Roy, Réjean Ducharme et Mordecai Richter, mes compatriotes. Tous sont des maîtres. D'art et d'écriture bien sûr, mais tout autant de pensée et de vie. Car il y a bien une manière proprement romanesque- ou mieux: " romancière"- de vivre et de penser, une manière que seule la fréquentation et la méditation des grands romans permettent de découvrir et de faire entrer en soi, jusqu'au fond de soi, au point que ceux-ci deviennent la forme même de son être et de son sens de l'existence. A côté de cette expérience à la fois la plus intime et la moins subjective du roman- du roman comme "art", au sens plein du terme, c'est à dire comme interprétation totale et unique, comme l'interprétation moderne par excellence du monde et de la vie- les prétendues recherches des savants ( à qui leurs théories apprennent d'avance ce qu'ils vont trouver), la peine ( feinte) qu'ils se donnent pour réduire le roman à un "genre", un "texte" ou un "discours" quelconque, c'est à dire un "objet" parmi la variété des objets littéraires, justiciable comme tous les autres d'analyses qui ne peuvent qu'ignorer sa spécificité essentielle et sa vraie portée, paraissent sans poids et sans valeur. Seuls les grands romanciers , seuls les grands romans savent ce qu'est le roman. Et peuvent nous l'apprendre..........

....


Depuis sa naissance, le roman est là, d'abord et avant tout, pour une chose: nous sauver de la poésie.
De la poésie, c'est à dire de tout ce qui, sans que nous le sachions, tend à nous faire oublier qui nous sommes, ce que nous faisons réellement quand nous croyons faire ce que nous voulons faire et ce qu'est réellement le monde dans lequel nous vivons. Ce qui fait du roman, de l'analyse critique, de la recherche de vérité, du rire et de l'incroyance fondamentale qui le définissent, la seule défense que nous puissions opposer aujourd'hui au monde qui nous entoure, monde dans lequel les forces poétiques ou poétifiantes sont devenues plus puissantes, plus envahissantes, plus péremptoires, peut-être qu'elles ne l'ont jamais été jusqu'ici dans l'histoire.C'est que l'ubris poétique ,aujourd'hui, c'est à dire le sentiment de la liberté et de la bonté illimitées de l'homme, de sa grandeur et de son innocence, non seulement ne recontre plus d'obstacle et survit à tous les démentis, mais est devenu le fondement de notre identité moderne, répandant partout dans les âmes et dans les discours une bonne conscience agressive qui prend tantôt la forme de l'ivresse, tantôt celle de la rage, et veut transformer nos vies en une lutte et une victoire perpétuelles, emplissant nos âmes d'un désir de fête et de transgression joyeuse de tous les interdits d'autant plus lancinant qu'il se sait investi du bon droit le plus incontestable et le plus absolu.
Assumé et alimenté par les médias, par l'école, par la politique, par la philosophie même et par ce qu'on appelle la culture populaire, ce sentiment emplit toutes les sphères de notre existence: le fonctionnement de nos sociétés comme celui de nos amours, l'aménagement de nos villes comme celui de nos pensées, notre rapport avec le passé comme avec l'avenir, nos guerres et nos bonnes oeuvres, notre sens du temps, notre usage de l'art. Tout, autour de nous et en nous-mêmes, conspire à nous persuader que nous pouvons avoir raison de l'erreur, de la désunion, de la misère de vivre et de la mort, ces archaïsmes hérités de la vieille humanité chrétienne, patriarcale, homophobe et antidémocratique qui le monde radieux qui demande à naître va enfin sauver de ses ignorances et de ses fautes. la mort de Dieu, la fin des Grands Récits, l'entrée dans l"ère du vide" , paradoxalement, au lieu de nous plonger dans le désespoir et la perplexité, ne font chaque jour que nous livrer davantage à l'admiration de nous-mêmes et à cette extase à la fois candide et dévastatrice qu'est le "désenchantement " post moderne.
C'est dire à quel point le roman, à quel point la prose et l'incroyance radicale du roman nous sont plus nécessaires aujourd'hui que jamais. Car si le roman vient à nous faire défaut, que restera t'il pour nous réveiller de la poésie et nous rappeler à notre simple humanité?....
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Marie
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MessageSujet: Re: François Ricard   François Ricard EmptyJeu 8 Nov 2007 - 19:44

Depuis que Rabelais lui a ouvert la voie, le roman a accompagné l'homme des Temps modernes comme son ombre. Le reflétant, lui et les autres autour de lui, i lui permettait de se connaitre et de connaitre sa situation dans le monde. L'imaginant, il lui apprenait des possibilités de lui même que lui même ne soupçonnait pas. Et se détachant de lui, surtout, il le délivrait de lui même, le déplaçait vers ce point de son espace mental d'où il pouvait apercevoir ( pour ne plus jamais les oublier) non pas l'horreur de sa condition ( c'est là l'expérience tragique), mais bien plutôt sa propre incertitude, son irrémédiable aveuglement, sa légéreté ontologique à la fois insoutenable et loufoque. Sa folie ( Cervantes). Sa bêtise ( Flaubert) . Sa vanité ( Proust). Son kitsch ( Kundera). A la grandeur du sujet moderne, le roman offrait le miroir de sa petitesse; à son orgueuil, celui de son ignorance et de sa fatuité; et devant ce miroir, l'homme se mettait à rire du bouffon qui le regardait droit dans les yeux. "Je crois, disait Saul Bellow, que les romanciers qui adoptent la vision la plus amère de notre condition moderne ( the bitterest view of our modern condition) tirent le meilleur parti de l'art du roman." La beauté romanesque est une beauté burlesque et "amère".....
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