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Sujet: Re: David Cronenberg Lun 2 Juin 2014 - 21:19
Ben cette fois, j'ai compris !
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: David Cronenberg Lun 2 Juin 2014 - 22:44
Je suis aussi impressionné par la manière dont Cronenberg renouvelle sa mise en scène en conservant toujours ses mêmes obsessions : le malaise des corps et leur contamination, l'angoisse d'une décomposition, le déchirement d'une impasse relationnelle. La dimension outrancière du milieu hollywoodien évoqué est déroutante (d'où la légère réserve dans mon enthousiasme) avant de précipiter un chaos qui révèle chaque individu à lui-même, dans une éclatante lucidité.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: David Cronenberg Mar 3 Juin 2014 - 10:00
Marko a écrit:
topocl a écrit:
Marko, j'ai pas tout compris mais j'ai l'impression qu 'on a quand même vu le même film!
Oui je crois Je dis juste que chez Cronenberg il n'y a jamais de réalité concrète véritable. Ces personnages sont comme des excroissances de l'univers hollywoodien qui les a générés. Mais ils s'émancipent!
Ils s'émancipent peut-être, mais par la souffrance, la solitude, la destruction et l'auto-destruction, non ? C'est pas très positif pour l'instant. A moins de croire en un Ailleurs ou une Résurrection.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Mar 3 Juin 2014 - 16:36
Sauf si on considère que les personnages enfermés en boucle dans leurs fictions hollywoodiennes standardisées et répétitives s'en abstraient en ouvrant une brèche vers l'émotion et un ailleurs poétique. Un chemin vers les étoiles. Mais d'un point de vue réaliste c'est beaucoup de souffrance. La dernière scène m'ayant d'ailleurs rappelé la fin de Mysterious Skin qui est aussi un appel douloureux à l'effacement.
Sujet: Re: David Cronenberg Mar 3 Juin 2014 - 16:50
(j'ai oublié la fin de mysterious skin... )
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: David Cronenberg Mar 3 Juin 2014 - 18:06
Maryvonne a écrit:
(j'ai oublié la fin de mysterious skin... )
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: David Cronenberg Mer 4 Juin 2014 - 9:44
Marko a écrit:
Sauf si on considère que les personnages enfermés en boucle dans leurs fictions hollywoodiennes standardisées et répétitives s'en abstraient en ouvrant une brèche vers l'émotion et un ailleurs poétique. Un chemin vers les étoiles. Mais d'un point de vue réaliste c'est beaucoup de souffrance. La dernière scène m'ayant d'ailleurs rappelé la fin de Mysterious Skin qui est aussi un appel douloureux à l'effacement.
L'émotion et la poésie les emmène vers une Liberté. Cette Liberté, dans le film, je ne l'ai vue que représentée par la Destruction ou la Mort. Peut-être que je me trompe. (Et voilà, il faut que je le revois... !)
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: David Cronenberg Mer 4 Juin 2014 - 11:03
Queenie a écrit:
L'émotion et la poésie les emmène vers une Liberté. Cette Liberté, dans le film, je ne l'ai vue que représentée par la Destruction ou la Mort. Peut-être que je me trompe. (Et voilà, il faut que je le revois... !)
C'est mon ressenti aussi. Il n'y a vraiment que le poème pour parler de liberté.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: David Cronenberg Mer 4 Juin 2014 - 11:24
Je parle de 2 strates différentes qui coexistent. Le drame familial de ces personnages qui est concret, douloureux, répétitif (situations en écho) et qui finit dans l'auto destruction. C'est une strate de réalité qui est un peu appuyée et caricaturale dans l'accumulation et dans la théâtralité des symptômes. Et puis il y a une strate plus abstraite qui créé un réseau de correspondances entre les personnages, les films qu'ils doivent interpréter qui sont eux-mêmes des remakes qui jouent avec les conventions mélodramatiques. C'est ce qui fait de ces personnages des pantins formatés par un univers hollywoodien qui sont monstrueux à l'excès et jouent en boucle les mêmes histoires. Le poème d'Eluard surgit alors et circule entre eux de façon quasi télépathique, créé des hallucinations, fait surgit la culpabilité, libère les symptômes en ouvrant un espace vers les étoiles. D'un point de vue rationnel c'est un drame qui s'achève en suicide. De manière plus métaphorique j'ai vu des pantins manipules par leur milieu, leur langage, leurs stéréotypes, s'en affranchir et chercher un ailleurs. Comme le personnage dans Cosmopolis qui pouvait s'humaniser en renonçant au langage formate de son univers gouverne par l'argent. Concrètement ils se foutent en l'air mais en tant que figures ils accèdent à autre chose. Comme si un héros de BD en sortait et accédait à une humanité en s'extrayant du papier et du scénario.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: David Cronenberg Jeu 5 Juin 2014 - 7:40
Donc, d'après toi, ils sont intégralement dans une fiction ? Et ce n'est pas la mort qu'ils trouvent mais un échappatoire. C'est optimiste. Moi je voyais plutôt des personnes tellement détruites, qu'à partir du moment où elles le comprenaient réellement, elles se rendaient également compte qu'il n'y avait pas de "guérison" possible. Leur monde s'écroule et eux avec. Parce qu'ils en font parti. L'espoir est juste de ne pas se voiler la face, la liberté est là. Mais le monde est trop pourri pour y vivre.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: David Cronenberg Jeu 5 Juin 2014 - 8:15
Je vois les 2 en même temps. Un jeu sur les récits hollywoodiens et des drames intimes. Mais s'il n'y avait que la partie réaliste ce serait un peu caricatural quand même. Et ça ne tiendrait pas compte de toute la bizarrerie des échos, répétitions, citations. Sauf si le film se contente d'être une satyre volontairement excessive et monstrueuse pour mieux briser ses personnages après. Avec Cronenberg il est difficile d'envisager une vision aussi concrète des choses. Il aime les monstres et les métamorphoses, les mutations et les glissements entre la réalité et les fantasmes. Je pense qu'ici il y a un jeu de mise en abime de fictions existantes et de remakes. Même certains seconds rôles sont choisis pour évoquer d'autres films qui viendraient hanter celui ci (Le sixième sens par exemple ou Pattinson lui-même encore dans la limousine. Et plein d'autres films plus anciens aussi). L'ado joue quand même un remake débile d'une histoire de baby-sitter comme sa sœur l'a été en manquant de le tuer. Elle porte d'ailleurs au début du film le blouson avec le titre du film en question. Tout est ironique d'un certain côté. Et monstrueux et triste aussi.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: David Cronenberg Jeu 5 Juin 2014 - 8:30
Mais alors, même en mourant, ils ne se libèrent peut-être pas tant que ça du fantasme. Parce qu'après tout, c'est aussi très caricatural la Mort dans de telles conditions, non ? En plus, les morts sont très stylisées et mises en scène, elles font partie du spectacle au final. Donc, personne ne s'en sort. Illusion de l'échappatoire ?
La poésie c'est peut-être beau, mais c'est aussi très cliché.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: David Cronenberg Jeu 5 Juin 2014 - 8:50
Queenie a écrit:
La poésie c'est peut-être beau, mais c'est aussi très cliché.
Si c'est beau, je m'en fiche que ce soit cliché.
Mon impression, c'est que Queenie, tu prends cela comme une histoire réelle. et donc forcément cela coince: , le désespoir , les destins écrits par les générations précédentes, c'est inacceptable. Pour ma part, j'ai vu Hollywood comme un nouvel Olympe; les personnages ne sont pas des hommes , mais sont des dieux et des héros. D'où les excès qui deviennent acceptables, l'hyperbole, la mise ne scène de soi-même et des situations; on est dans un mythe, pas dans une histoire. Et on retrouve tous les grands classiques, d'inceste, de destin auquel on n'échappe pas, de l'éternel retour, de l'amour plus fort que la mort . la mort ici est une sublimation de l'amour, c'est une victoire sur ceux qui le réprouvent : qu'importe de mourir, qu'importe que leur amour condamné ne puisse être charnel, si ainsi, enfin, ils se retrouvent et restent unis.
Le message (l'un des messages) n'est-il pas là: dans un monde si vulgaire qu'il n'est plus capable d'avoir le moindre Olympe, mais lui substitue Hollywood, quel sort pour les amours sublimes?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: David Cronenberg Jeu 5 Juin 2014 - 12:41
Queenie a écrit:
La poésie c'est peut-être beau, mais c'est aussi très cliché.
Je ne sais pas si c'est un cliché mais passer de Bad Baby-Sitter 2 à Eluard ça vaut bien une mort symbolique Un peu comme si des personnages de Marc Levy finissaient par échapper à leur univers pour rejoindre la voix de Virginia Woolf par exemple!
Mais bon, mise en abîme, fantômes, Olympe ou névroses traumatiques bien réelles, chacun son trip. Ce qui est chouette c'est que ce film est jouissif à regarder pour le jeu de massacre et en même temps émouvant malgré ses excès. Je pense qu'il a fait une série B déconnante qui finit par planer. ça me plait.
Au fait Howard Shore a eu le prix de la meilleure musique de film à Cannes. Elle a quelque chose de New Age (tablas indiens, synthés...) et en même temps de mystérieux. Il est bon ce Howard Shore!
Question: Quel(s) sens donnez vous au titre Maps to the stars et pourquoi le "s" à Maps?
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: David Cronenberg Ven 6 Juin 2014 - 10:40
topocl a écrit:
Mon impression, c'est que Queenie, tu prends cela comme une histoire réelle. et donc forcément cela coince: , le désespoir , les destins écrits par les générations précédentes, c'est inacceptable.
Hum... Je ne crois pas que cela "coince". Et j'ai bien compris toute la partie fantasmatique du film (sinon je passerais à côté de tous les films de Cronenberg je pense). Et d'ailleurs ça ne coince pas.
C'est plutôt que là où Marko (et peut-être toi ?) trouve de l'espoir, une forme de libération, je ne vois que destruction et mort. Ce qui est une forme de libération, c'est certain. Et d'ailleurs, souvent employée dans les mythes et légendes. Cela dit, j'ai toujours du mal à trouver cela ... "positif". Et vu le ton de ce film, je vois plutôt les fins comme des constatations devant l'échec. Destin auquel on échappe pas, c'est tout à fait ça, Topocl, je suis d'accord !
La Mort comme une victoire... ou comme un abandon de ce qui ne fonctionne pas ? Le frère (son corps étrange) et la sœur (elle n'a pas les ailes brûlées mais la peau) comme des anges déchus qui n'ont rien changé à rien et retournent, dépités, dans les étoiles ?
Citation :
Le message (l'un des messages) n'est-il pas là: dans un monde si vulgaire qu'il n'est plus capable d'avoir le moindre Olympe, mais lui substitue Hollywood, quel sort pour les amours sublimes?
Oui ! Telle est la question !
Citation :
Question: Quel(s) sens donnez vous au titre Maps to the stars et pourquoi le "s" à Maps?
Bon. Je vais y réfléchir !
(Merci pour vos réponses, ça éclaire bien mes propres réflexions !)