Paula Fox

darkanny a écrit:

Arabella il te faut enchaîner sur "Les enfants de la veuve", non je n'ai rien dit......

Je n'ai rien entendu en tous les cas

Trop de trucs en attente

Georges Mecklin,
homme droit mais
apparemment sans grande envergure, enseigne dans une école privée de
Manhattan et vient de s'installer avec sa femme à la
campagne. Un jour, il surprend un adolescent, Ernest, en train de fouiller
dans ses affaires.
Georges, dont l'existence étriquée réclame une 'belle cause', décide de
le prendre sous son aile sans se douter que cette décision va agir comme
un détonateur. Dès lors, on assiste
à l'implosion d'un couple dans un univers où les murmures, les
discussions l'emportent sur une capacité réelle à affronter la vie.

Toujours aussi réjouissant de retrouver cette plume.
Le thème est archi connu, celui de l'étranger qui débarque dans une vie de couple déja bien mise à mal (emménagement à la campagne qui s'avère un choix désastreux surtout pour la femme de Georges, difficulté à joindre les deux bouts donc pas de projection possible, absence d'enfants qui pèse, voisinage peu amène.....)

La vie de Georges s'étiole jusqu'à l'arrivée d'Ernest jeune désoeuvré rebelle et exclus du système scolaire, en qui il voit un moyen de s'élever par un acte de bienfaisance en quelque sorte: lui donner un enseignement privé et le goût d'apprendre.

Débuts difficiles, quelque chose de positif se laisse entrevoir peu à peu mais bien vite tout dérape.

Je n'en dirai pas plus sinon je raconte tout
L'intérêt réside également dans tous ces personnages secondaires (la soeur de Georges et son frappadingue de fils, le collègue de Georges prof de mathématique, les voisins pas plus équilibrés que le couple de Georges) et cette fatalité qui colle à la peau de tous.

Comme toujours d'excellents dialogues et une analyse fine de la société américaine qui ne brille pas sans pour autant être totalement démunie.

Paula FOX : Les enfants de la veuve. - Folio

Ce livre avait déjà été publié en France. Cette fois, les lecteurs lui feront meilleur accueil.

"Un lieu clos, des règlements de comptes familiaux, des silences et des mensonges : l' auteur
signe un livre glaçant sur la manipulation maternelle, le deuil et la filiation.
Superbement cruel." Télérama

-L'hiver le plus froid-

Citation :

J 'étais au centre du monde. J’avais 23 ans.

A partir de cette courte phrase Paula Fox va de son style incisif et assez fragmenté, nous livrer ses souvenirs mêlés d'impressions fugaces, ressenties pêle mêle au hasard de ses rencontres, lorsqu'elle était une toute jeune correspondante envoyée sur le terrain, dans l'Europe d'après guerre. Elle y découvre un univers exsangue, encore endolori, à peine sorti de ses horreurs. Misère, méfiance, pauvreté ou folie, elle va approcher l'envers du décor, des nobles polonais partageant leurs dernières terres, des révolutionnaires espagnols oubliés du monde, ou des juifs errants rescapés du massacre. L'auteure ne s'appesantit pas, tout est dit au travers de ses phrases lapidaires où la poésie s'infiltre parfois comme échappée de la misère ambiante. En touchant du doigt les vestiges d'un monde encore abasourdi, la jeune fille va perdre de son innocence et apprendre à se redéfinir quelques années plus tard.

Citation :

La guerre avait dévasté l'Europe, des millions et des millions de gens avaient été massacrés, et en me montrant à moi aussi qu'il y avait autre chose que ma vie, l'année où j'y avais voyagé m'avait libérée de chaînes dont je n'avais même pas conscience.

Sobre, sans ajout, Paula Fox a toujours l'art de suggérer plus que de s'étendre, mais cela suffit bien pour marquer notre imaginaire...

Merci, Aériale, je l' ai noté !

Et je le note aussi, en plus j'adore le titre et la couv, merci mdame !

J'ai bien aimé parce que pour une fois on en apprend un petit peu plus sur cette auteure peu connue en fait. Mais le roman est très court (12O pages app)
Il devrait vous plaire Bix et Darkanny, mais c'est clair que son style peut paraître assez abrupt à la plupart...

(Sur Amazon on peut le trouver moitié prix au fait )

L'hiver le plus froid

Décidément Paula Fox restera un des mes auteurs préférés.
A travers ce récit elle nous emmène sur les décombres d'une Europe anéantie par la guerre, villes ravagées, trous béants, populations hébétées, presque étonnées d'être là.
Paris, Londres, Varsovie, la Silésie, et enfin Barcelone seront des pied à terre épisodiques ou Paula Fox se charge d'un travail de correspondante de presse.
Sans s'appesantir sur son travail, c'est plus ses rencontres avec des gens de tous horizons qui vont être le terreau de ce récit comme le dit aeriale, sobre, pudique mais Paula Fox, comme toujours, fera preuve d' une grande curiosité humaine, politique, culturelle.

Ce passage en Europe sera salutaire pour cette toute jeune personne de 23 ans car il la délivrera d'une grande angoisse face à son avenir et à sa vie.

C'est touchant sans être larmoyant et ça nous ramène à un passage cruel de l'histoire du XXème siècle.

Merci, Darkanny !  Depuis son enfance, elle a beaucoup bourlingué, Paula Fox. Engrangé des souvenirs,
des bons et des pires... Et elle nous les fait partager.

Les livres sont disponibles en poche - enfin, la plupart - Profitez-en !

J'aime beaucoup aussi Paula Fox, noté, je crois que je suis mal partie, ce matin, j'en ai repéré un autre à noter..

Marie a écrit:

J'aime beaucoup aussi Paula Fox, noté, je crois que je suis mal partie, ce matin, j'en ai repéré un autre à noter..

Tu peu le garder, si tu ne l' as pas lu ! Elle n' a raté aucun de ses livres à ma connaissance...

La légende d'une servante

D'une enfance dans une île des Caraïbes à l'immigration vers New York, Paula Fox construit avec le parcours de Luisa de la Cueva une identité incertaine, en mouvement, en interrogation face au monde. Sa naissance illégitime a transcendé un questionnement alors que sa personnalité fascine par sa sensibilité discrète, son acceptation apparente des tourments d'une vie.
La légende d'une servante s'épanouit dans un renoncement, que l'écriture saisit par une tension constante, fragile et imperturbable. Luisa est en effet toujours confrontée à une solitude : les souvenirs composent et reforment un passé mais ils restent inaccessibles au partage. Ses choix sont le produit d'un déracinement, d'une absence qu'elle ne peut espérer combler. Ce manque de perspectives, davantage qu'une sensation d'échec, renferme une sérénité qui s'exprime dans le refoulement d'une souffrance, le refus d'une complaisance.
La narration maintient en conséquence une distance vis à vis de ses protagonistes et les personnages secondaires manquent de présence, de chair. Le fil directeur du roman reste ainsi d'une grande minceur mais c'est par son attachement exclusif à Luisa que Paula Fox peut saisir une continuité et une cohérence. Cette exploration psychologique, par sa densité et son ambition, maintient jusqu'au bout l'attention même si les évènements chronologiques sont repoussés dans l'ombre.

Personnages désespérés


Le désespoir est assis sur un banc écrivait Prévert ....

Il y a de ça dans ce roman d'une noirceur épouvantable , tout semble figé , statufié .

Paula Fox suit le parcours d'un couple "tout ce qu'il ya de mieux" au sein de la société américaine des années 70: résussite sociale après un parcours estudiantin où ils ont sainement fait leur révolution avec Thoreau comme livre de chevet , confort honnêtement acquis par la suite ....
Oh certes il y aurait à redire ; le quartier où ils se sont installés est désespérément envahi par les détritus et immondices en tous genres , les noirs crient leurs douleurs et on se sent bien impuissants , les amis deviennent désespérément insupportables eux aussi avec leur nombrilisme ....
Alors  ce chat qui s'est attaqué à Sophie alors qu'elle tentait de lui donner à manger vient perturber désagréablement ce désespoir , tout comme la rupture avec son associé et ami oblige Otto à sortir de son désespoir à lui .....
Alors on se prend à réfléchir sur le sens des évènements , on espère .....rien ne va plus si l'espoir s'installe , ça ne fonctionne plus , tant il est vrai que l'absurdité de la vie confère à la vie un confort et un refuge formidablement désespéré .....
Paula Fox nous offre une vision extrêmement complexe de la banalité de la vie ; chaque mot semble contenir une combinaison infinie de sens du non-sens , et avec une écriture à clés multiples , dont les rouages nous échappent trop souvent , elle crée un portrait ....du désespoir assis sur un banc : c'est glacé , d'une esthétique géométrique effrayante , c'est statique et extrêmement frustrant !

Je continuerai malgré tout avec cet écrivain dont l'étrangeté me séduit malgré le sentiment de ne pas accéder totalement à la richesse parfois hermétique de sa plume et qui fait peut-être partie de son indéniable talent !

Je n' ai pas perçu le livre comme toi, Eglantine. Enfin globalement. Mais ton analyse est assez juste et
c' est ta lecture et ce que tu as ressenti, c' est l' essentiel.

En tout cas, il te faut savoir si tu lis d' autres livres de P. Fox, que la matière meme de tous ses livres,
est le désespoir, l' amertume, l' avilissement profond qu' elle a resssenti elle-meme dès l' enfance et la
jeunesse.
On en sait plus en lisant certains romans d' elle, plus autobiographiques. On comprend mieux,
la femme et la romancière. On admire davantage son style et on éprouve beaucoup de compassion
pour la femme.

bix229 a écrit:

Je n' ai pas perçu le livre comme toi, Eglantine. Enfin globalement. Mais ton analyse est assez juste et
c' est ta lecture et ce que tu as ressenti, c' est l' essentiel.

En tout cas, il te faut savoir si tu lis d' autres livres de P. Fox, que la matière meme de tous ses livres,
est le désespoir, l' amertume, l' avilissement profond qu' elle a resssenti elle-meme dès l' enfance et la
jeunesse.
On en sait plus en lisant certains romans d' elle, plus autobiographiques. On comprend mieux,
la femme et la romancière. On admire davantage son style et on éprouve beaucoup de compassion
pour la femme.

C'est typiquement le genre de lectures qui donne lieu à multiples interprétations et c'est bien : le monde de Paula Fox comporte une part de mystère qu'il convient de combler et donc nous n'aurons pas lu le même livre forcément (ce qui est valable pour toute lecture mais encore plus avec ce genre d'écrivains ) . Je reviens de la bibliothèque avec "La légende d'une servante" : à suivre donc , peut-être ou peut-être pas tout de suite .