Murakami Ryu

Eh bien voilà, il ne te reste plus qu'à voir les films réalisés par Murakami Ryu lui-même : Raffles Hotel (1989) et Kyoko (2000).

Pas sûr que ce soit des chefs-d'oeuvre, ni qu'ils soient sortis dans nos contrées...

eXPie a écrit:

Eh bien voilà, il ne te reste plus qu'à voir les films réalisés par Murakami Ryu lui-même : Raffles Hotel (1989) et Kyoko (2000).

Pas sûr que ce soit des chefs-d'oeuvre, ni qu'ils soient sortis dans nos contrées...

moi j'en ai un de lui : tokyo decadence. Un film sur le sado masochisme, avec quelques scènes d'un glauquissime réaliste nauséeux. A ne pas mettre devant tous les yeux.

en allant voir ce site j'ai vu que le film Tokyo decadence était l'adaptation de son roman bleu presque transparent.

Le livre ne valait pas tripette (et la traduction qui parle de "Roman Brand" à la place de Marlon Brando, de "Me and Bobby Maggy" au lieu de " Me and Bobby McGee"... on voit bien que soit les traducteurs étaient musicalement et cinéphiliquement incultes, soit ils n'avaient rien à faire du livre eux non plus), alors je n'ose imaginer le film.

LA grande question est de savoir si ça dégueule plus dans le film que dans le livre...
Zy va que le livre dénonce "l'absence d'âme de la société", si l'on en croit la quatrième de couverture.

Quelle réflexion !

Pas d'accord avec toi eXPie. Même si "Bleu presque transparent" n'est pas le roman de Murakami que je préfère, il s'en dégage quelque chose de sublime. Oui ça dégueule, ça crache, c'est trash et glauque au possible, mais même dans ces moments transparaît encore une beauté que les personnages recherchent désespérément. Un livre qui a assurément inspiré Brett Easton Ellis, mais Murakami, déjà à l'époque allait bien plus loin dans le trash (même si je le répète, assimiler ce livre à de la simple provoc est à mon avis une grosse erreur).

J'ai adoré "Les bébés de la consigne automatique", un livre à la fois aux confins de l'horreur et de l'apocalypse mais également incroyablement touchant. Et une terrible peinture d'une société en déliquescence...

Enfin, "Kyoko" se démarque totalement par rapport à ces deux romans. Une histoire simple, qui pourrait tomber vite dans la niaiserie, mais qui au final est juste magnifique.
Une digression comparable à celle de Lynch et de son "Histoire vraie" qui contraste totalement avec le reste de son oeuvre et qui pourtant est une belle réussite et dans les deux cas la preuve d'un talent certain.
Même si je pense que Lynch c'est quelque peu perdu, mais ça, c'est une autre histoire...

Chinaski a écrit:

Même si je pense que Lynch c'est quelque peu perdu, mais ça, c'est une autre histoire...

Viens donc voir sur le fil de Lynch pour redire qu'il s'est un peu perdu... On va pouvoir se bagarrer!

Ok Pour Les bébés de la consigne automatique! C'est vraiment prenant et réussi.

Faut que j'en lise d'autres de ce Murakami, surtout les Bébés et Bleu... j'en entends parler depuis... 6-7 ans (déjà!!??!!)

De Ryu Murakami j’ai aussi lu seulement „69“ et comme déjà dit, cette oeuvre semble sortir de l’atmosphère des autres livres. C’est, au moins à Tokyo, le temps de la révolte, avec les Stones, Beatles et Compagnie, et chez le héros, le narrateur principale, le souci premier de finalement perdre sa virginité. Pour vue qu’on accepte que dans cette perspectif Ryu subordonne la révolution à la recherche d’une relation amoureuse, on trouvera un livre hilarante à souhait, avec des poules perdues et des infractions rocambolesques à l’école. Il semble que ce livre fut aussi un triomphe au Japon. Et même si je ne suis pas de la même génération, je me sentais rappelé aux temps d’une certaine jeunesse.

Chinaski a écrit:

Pas d'accord avec toi eXPie. Même si "Bleu presque transparent" n'est pas le roman de Murakami que je préfère, il s'en dégage quelque chose de sublime. Oui ça dégueule, ça crache, c'est trash et glauque au possible, mais même dans ces moments transparaît encore une beauté que les personnages recherchent désespérément. Un livre qui a assurément inspiré Brett Easton Ellis, mais Murakami, déjà à l'époque allait bien plus loin dans le trash (même si je le répète, assimiler ce livre à de la simple provoc est à mon avis une grosse erreur).

Il faut vraiment que je le sorte de la bibli, vous m'intriguez trop à en parler ainsi ...
Quant aux bébés de la consigne automatique, idem que Queenie. Les gens qui le conseillent sont carrément emballés.

Connais pas Bleu... (Les Bébés sont pas mal, 1969 est excellent), mais évitez Parasites et Miso Soup, les gens.
Des romans ennuyeux et très décevants.

À côté de 1969 j'ai vraiment bien aimé Raffles Hotel - peut être à cause de ma prédilection pour des romans qui prennent place dans des hôtels.. ou...

Les bébés de la consigne automatique est sûrement son meilleur roman notamment parce que Ryû réussit particulièrement bien ces « bébés » héros, ce qui est moins vrai dans ses autres romans il me semble…
Le sujet, particulièrement émotionnel, est bien exploité et le livre nous tient en haleine.
En effet, comment ne pas être intéressé par le mode de fabrication d’assassins par une société dite civilisée…

Ceci dit, la volonté de pousser toujours plus loin la barre fait que notre auteur la pousse souvent bien trop…c'est dommage.

Chinaski a écrit:

Pas d'accord avec toi eXPie. Même si "Bleu presque transparent" n'est pas le roman de Murakami que je préfère, il s'en dégage quelque chose de sublime. Oui ça dégueule, ça crache, c'est trash et glauque au possible, mais même dans ces moments transparaît encore une beauté que les personnages recherchent désespérément. Un livre qui a assurément inspiré Brett Easton Ellis, mais Murakami, déjà à l'époque allait bien plus loin dans le trash (même si je le répète, assimiler ce livre à de la simple provoc est à mon avis une grosse erreur).

On n'a pas lu le livre de la même façon, c'est sûr, Chinaski !

Me concernant, déjà, le fait que les traducteurs ne "croient" pas au livre qu'ils ont traduit, ça m'a mis dans de mauvaises dispositions (le Roman Brand dont je parlais, c'est limite du je-m'en-foutisme complet... ou alors c'est fait exprès, pour indiquer que les djeunz du bouquin sont des gros nazes incultes ? J'ai un gros doute... ils se sont mis à deux, en plus).

Ensuite, j'avais dû enchaîner quelques monuments de la littérature japonaise "provoc" : "Amère volupté" de Yamada Eimi, et puis "Natural Woman" de Rieko Matsuura (pour ceux qui ne connaissent pas - je peux ouvrir le fil - lesbien, sado-maso provoc-marrant, un grand moment de crudité calibrée.. bref, l'auteur du cultissime - au Japon - Pénis d'Orteil) peu de temps avant, alors j'ai fait une overdose de trucs plus ou moins crad et plus ou moins provoc.
Autre élément d'agacement : à l'époque de ma lecture (il y a quelques années maintenant), les journalistes littéraires ne juraient que par le génial Murakami Ryû, et ne mentionnaient jamais Murakami Haruki. Les choses ont largement changé maintenant, je crois déceler une grosse lassitude devant les dernière productions de Murakami Ryû (corrigez-moi si je dis des bêtises !)... mais je crois qu'on en fait un petit peu trop pour Murakami Haruki, enfin, je ne sais pas...

Pour revenir à Bleu : Un peu de vomi, je veux bien, mais là ça dégueule à presque toutes les pages... Alors, quand on n'entre pas dedans (le bouquin, pas le vomi), on ne peut qu'en rire.
En plus, j'ai l'esprit mal tourné, alors voilà ce que j'ai lu, en filigrane du livre :
"Tu as 24 ans ? Tu veux qu'on te remarque ? Tu veux qu'on parle de toi ? Rien de plus facile : écris un livre de jeunes pleine de scènes de partouzes bien crues, picouzes, vomissures... Ton histoire est creuse et patine ? Qu'à cela ne tienne : la vacuité de ton histoire reflète le vide de ta vie et celle de ta génération... c'est creux mais du cou vachement profond... et rajoute encore quelques scènes de partouzes, il n'y en a jamais assez, et ça remplit des pages."

Alors, certes, j'ai entendu dire que Les Bébés sont mieux. Je le lirai sans doute un jour. J'ai vraiment beaucoup aimé 1969 (lu grâce à la critique Nezumienne).
Remarquons que Murakami Ryu ne publie pratiquement plus rien depuis 2001. La fin d'une carrière d'écrivain en échange d'une vraie carrière de réalisateur ?

Encore une fois, Chinaski, je comprends totalement qu'on puisse lire Bleu différemment. La lecture d'un livre dépend tellement de son passé de lecteur et des circonstances... et je ne suis pas du tout un spécialiste Murakamien Ryuien.

Les bébés de la consigne automatique

Ce livre a eu un drôle d'effet sur moi. Je l'ai lu très vite car l'histoire et la fluidité (simplicité?) de l'écriture m'ont aspiré comme un rouleau compresseur. C'est comme si tout au long du roman, l'auteur entretenait une curiosité malsaine jamais assouvie. Seulement, c'est vers la fin, dans les 50 dernières pages qu'une grosse lassitude m'a assailli, me révélant les limites de l'oeuvre: une certaine gratuité dans l'horreur qui n'aboutit finalement à rien (à mon avis).
Certes, c'est un reflet viscéral d'un monde en déchéance, ou tout ce qu'on voudra, mais à quoi bon? Je n'ai, à bien y réfléchir, jamais éprouvé de grand attachement pour Hashi et Kiku, les deux fameux bébés de la consigne. Leur histoire est trop extravagante pour convaincre. Bien sûr on rétorquera que c'est de la fiction, mais je trouve cette fiction trop "facile".

Je me suis donc laissé allègrement prendre au "piège" du livre. J'ai apprécié la lecture dans une certaine mesure. Cependant, je ne trouve pas que ça soit un très bon livre, ni même un bon livre au regard d'autres auteurs majeurs de l'archipel, contemporains ou pas. Du coup je ne pense pas m'intéresser aux autres livres du "côté obscur murakamien", surtout si ce roman-ci est considéré comme son chef-d'oeuvre. Je préfère, et de loin, même si la comparaison n'a sûrement lieu d'être que dans la mesure où les deux auteurs ont le même nom, me replonger dans les bébés d'Haruki.

Tant que j'y suis, je repense au rapprochement fait précédemment entre Mishima et Murakami Ryu sur une facette résolument obscure de la littérature. Je trouve personnellement infiniment plus de classe (désolé du mot ) et de profondeur chez Mishima qui dégage une personnalité vraiment singulière et complètement étrangère à cet espèce de voile d'"horreur facile" qui en met plein la vue.

Bleu presque transparent, ça fait à peine deux cents pages, c'est vite lu.
Ce n'est pas comme Les Bébés, qui font dans les 500 pages. Alors, s'il n'y a que les derniers 10% en trop...

La comparaison avec Mishima, c'est aussi une facilité journalistique, non ? Ca évite de vraiment creuser (et ça gomme par la même occasion ce qu'il peut y avoir d'éclectisme dans l'oeuvre de Mishima).
Hirano Keiichirô aussi a été comparé avec Mishima, et il doit bien y avoir plusieurs dizaines d'écrivains qui ont également été comparés avec Mishima.

Décrire l'horreur de notre monde en y rajoutant de l'horreur, c'est comme Oliver Stone qui fait un film super violent pour dénoncer la violence (Tueurs Nés).
Ca ne dénonce rien, ça en ajoute.
Le monde, c'est caca, on le sait bien. Quand je suis d'humeur joyeuse, je mets les infos sur TF1, je vois quelques corps explosés, quelques raz-de-marées... Pas besoin de Murakami Ryu pour ça.


Et qu'on ne me parle pas de "réflexion", parce que ça, c'est une tarte à la crème. Combien de livres ont été qualifiés de "reflexion sur le thème de..." (ajouter : la violence, la religion, l'amour...).
Mais il en ressort quoi, de cette "réflexion" ?
Une réflexion qui ne débouche sur rien, c'est comme deux miroirs qui se regardent.

Je faisais un blocage sur cet auteur, comme cela m'arrive parfois, ça me disais rien mais rien de rien de le lire sans vraiment savoir clairement pourquoi. Grâce à certains de vos commentaires j'ai toujours pas envie mais j'ai l'impression que c'est pour de bonnes raisons, et je suis à peu près certaines que je n'aimerais pas.
Merci